La
dépression
Les maquettes des
concours de recrutement des enseignants sont mis en
place. Comme nous l'avions prévu
(La
réforme de la formation des
maîtres),
"ces maquettes répondent au souci de
séparer clairement la logique de validation
universitaire (le master) et la logique de
recrutement (le concours). Il s'agit de "mieux
distinguer ce qui relève des
universités qui ont la responsabilité
de la formation initiale de tous les
étudiants se destinant au professorat
jusquau niveau du master et ce qui
relève de lEducation nationale qui a
la responsabilité du recrutement, de
ladaptation au métier et de la
formation continue des professeurs". En clair
l'Etat abandonne la formation des enseignants aux
universités. A elles de se
débrouiller pour former des candidats
conformes aux exigences des concours et
particulièrement d'effectuer sur le temps
universitaire la formation professionnelle"
cafépedagogique
Cette
réforme des concours de recrutement est
inquiétante dans la mesure où elle ne
paraît pas entraîner une adaptation de
la formation aux nouvelles conditions de
l'enseignement.
La maquette des
concours conditionne, en effet, la formation qui
sera donnée dans les Universités, or
si ces maquettes évoluent bien en donnant
une place plus grande à la didactique des
disciplines, aux " connaissances du candidat
relatives aux valeurs et aux exigences du service
public, au système éducatif et
à ses institutions", la "dimension
relationnelle" est complètement absente!
On dit (H.C.E....)
que les compétences de gestion de la classe,
les compétences à faire face à
la violence, à entrer en relation avec les
parents, sont nécessaires...Or rien ne
permettra dans ces concours de juger de ces
capacités chez les candidats et donc la
formation à ces mêmes capacités
risque d'être peu prise en compte dans la
formation universitaire. Ne parlons pas de la
conservation de deux concours de recrurtement
(capes, agrégation) pour un même
métier: professeur de lycée; ni de
l'immuabilité de l'agrégation,
considérant que, naturellement, ce qui est
important ne nécessite aucun changement !
La dimension
relationnelle est toujours niée (pour ne pas
inquiéter peut-être ?). On pense
parfois qu'elle ne peut pas être prise en
considération car il serait impossible
d'apprécier "le mode de relation" d'un
candidat. C'est évident si on ne s'en
donne pas les moyens contrairement à ce qui
se passe dans certains recrutements
d'ingénieurs ou autres. (Voir: "Et si l'Etat
recrutait différemment?" Le Monde
4/03/08).
C'est curieux de
voir à quelle allure le monde change et
combien l'enseignement a du mal a s'adapter
à ces changements. Evidemment le changement
en soi est anxiogène et à des effets
sur tous. Un exemple: la crise financière;
elle << ne constitue pas seulement une
menace pour l'économie mondiale. Elle
inquiète aussi l'Organisation mondiale de la
santé (OMS). «Nous ne devrions pas
sous-estimer les turbulences et les
conséquences probables de la crise
financière», a expliqué la
directrice générale de l'OMS,
Margaret Chan, lors d'une rencontre avec des
spécialistes des troubles mentaux. «Il
ne faudra pas être surpris de voir plus de
personnes stressées, plus de suicides et
plus de désordres mentaux», a-t-elle
insisté.>> Le
Figaro 11/10/2008
Qu'il s'agisse des
changements dans l'école, des crises dans la
société, nous ne sommes pas à
l'abri de leurs effets sur notre moral, sur notre
psychisme. Voici un mail reçu:
<<L'économie libérale est en
pleine déprime si on lui donne le sens de
"à la baisse", oui, mais l'inquiétude
des gens pour leur avenir proche est-elle de la
dépression? On dit que le moral est en
baisse en général mais est-ce de la
déprime? La prudence, le retrait devant un
obstacle sont-ils de la dépression? Je crois
qu'"on"(les politiques, les médias, les
économistes s'y relaient) veut nous faire
croire que nous sommes malades alors que c'est une
attitude de simple bon sens. Et je trouve que les
mots dépression et déprime sont
employés à tort et à travers
par tout le monde et chacun de nous, si nous n'y
faisons pas attention. Avis de littéraire un
peu linguiste :) L'époque est un peu folle
mais sommes-nous malades, tous autant que nous
sommes, pour autant? Bon, j'arrête là
mes élucubrations...>>
Effectivement ce n'est pas parce que nous sommes
influencés par ce qui nous entoure que nous
sommes "malades" et le risque de
"médicalisation" existe. Or il y a
parmi les enseignants "une population en
situation professionnelle dramatique et en grande
souffrance personnelle : sentiment
dêtre en danger, incapacité
à gérer ses tâches, déni
de reconnaissance, absence de régulation,
difficultés relationnelles." voir l'
enquête
du SGEN.
Comme le dit notre
interlocutrice il est bon d'y voir plus clair sur
les différentes formes de la
"dépression", c'est l'objet du dossier de ce
mois.
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Adresse
stable
Au moment des
réformes il est utile de
réfléchir sur les processus par
lesquels les enseignants apprennent leur
métier
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