L'ennui des
lycéens Du manque de
motivation au décalage des
attentes
Stéphanie LELOUP a
soutenu le 21 Mars 2003 une thèse
de Doctorat à l'Université
de Reims sous la direction de
Gilles BAILLAT Professeur de sciences de
l'éducation à L'I.U.F.M. de
Reims. Le jury était composé
des Professeurs Philippe MEIRIEU
(Université Lumière-Lyon 2,
Danielle POTOCKI-MALICET
(Université de Reims), Jean Yves
ROCHEX (Université de Paris VIII),
Jean Louis WOLFS (Université Libre
de Bruxelles). Il n'est pas possible de
retranscrire cette thèse en entier
malgré son intérêt
.
Comme
nous avions envisagé l'ennui
scolaire, non comme un simple manque
de motivation, mais aussi et
surtout comme un phénomène
de décalage entre les désirs
des élèves et la
réalité de leur vécu,
nous avons cherché à savoir,
lors de l'analyse empirique, de
quel type de décalage il
était question. Était-ce un
décalage en terme de
représentations
d'idéaux-type ? Par exemple,
élèves et enseignants
étaient-ils d'accord sur ce que
devrait être la mission du
lycée ? Est-ce un décalage
en terme de différence entre
l'idéal et la
réalité ? Par exemple, si
élèves et professeurs
étaient plus ou moins d'accord sur
le rôle que doit jouer un
élève « idéal
», la description d'un
élève « réel
» ne risquait-elle pas
d'être très
différente, selon que l'on se place
du point de vue de l'enseignant ou de
l'élève ?
L'élève adaptait-il son
comportement en fonction de ce qu'il
imaginait être « l'idéal
» du professeur ? Si
décalage il y avait, sur quel
point, les différences sont-elles
les plus flagrantes ?
Était-ce sur la conception de
l'élève, du professeur, du
cours, du lycée ?
(p.230) <<L'analyse
des entretiens avec les
élèves nous a permis par la
suite de proposer une typologie des formes
de l'ennui, de présenter les causes
de l'ennui et de la réussite
scolaire, et de nous interroger sur le
lien entre l'ennui et la performance
scolaire.>>p.218 (p.263-270)
La distinction entre ces
différents types d'ennui est un peu
schématique. La plupart du temps,
chez les lycéens, ces formes se
combinent entre elles à des
degrés divers. Si l'on veut
vraiment comprendre ce qu'est l'ennui des
élèves, il convient de
considérer la singularité
des histoires individuelles. Cette
présentation ne pourra être
exhaustive. Néanmoins, nous allons
essayer de présenter maintenant
quelques configurations
particulièrement significatives. A
dessein, nous avons choisi trois
élèves a priori atypiques :
le premier dit s'ennuyer beaucoup à
l'école, mais il est très
impliqué dans la vie scolaire, et
certains de ses professeurs le
considèrent comme motivé
intrinsèquement. Le second nous
avait été décrit par
ses enseignants comme très attentif
dans une classe, qui, dans l'ensemble, ne
l'était pas. Pourtant, ce sera le
seul à interrompre ses
études après son
année de première. Quant au
troisième, il ne s'ennuie pas au
lycée. Pourtant, il ne paraît
guère mobilisé sur les
savoirs. (p.270-278)
Cette première approche
de l'ennui scolaire, que ce soit d'un
point de vue macrosociologique ou
microsociologique, restait dans la
lignée de la conception
traditionnelle de l'ennui, défini
comme un manque de
motivation.
Cette définition de
l'ennui est-elle suffisante pour
comprendre ce phénomène ?
Rien n'est moins sûr. En effet, lors
de l'analyse des questionnaires issus de
la consultation nationale, nous avions
remarqué qu'un certain nombre de
lycéens semblaient en
décalage par rapport aux attentes
de l'institution. Quels liens peut-on
établir entre le décalage
observé et l'ennui'? De quel type
de décalage peut-il s'agir
?
Pour vérifier qu'un tel
décalage existe, nous avons
identifié, pour chaque
catégorie (le cours, le prof, le
lycée, et l'élève),
les représentations des
élèves et des enseignants.
Ce travail nous a permis de
déterminer les
représentations communes et les
représentations non
partagées. Selon
les catégories
considérées
(l'élève, le prof, le cours,
le lycée), l'ennui pourrait
naître de deux
sources:
Un
décalage entre l'idéal et la
réalité.
Un
décalage entre les conceptions des
élèves et celles des
enseignants.
Causes et remèdes se
présentent comme les deux faces
d'un même problème. Les
facteurs de l'ennui, ainsi que les
solutions envisageables, admettent
d'ailleurs un certain nombre de
caractéristiques communes : ils
dépendent fréquemment du
sexe et de la situation scolaire de
l'individu qui les mentionne, ils sont
souvent relatifs à une discipline
scolaire en particulier. Les uns et les
autres apparaissent comme multiples. Nous
allons voir que cette apparente
diversité n'est peut-être
qu'un moyen de cacher les tensions qui
animent les acteurs. L'ennui
à l'école est le résultat d'un
vide relationnel http://education.devenir.free.fr/Documents/manifestenote6ennui.pdf
Réaction <<
Merci. Très intéressant, il est vrai
et cela pose de nombreuses questions à tous
les niveaux. En formation d'adultes, on pourrait
transférer les mêmes
problématiques : perte de motivation,
recherche de l'"utilitarisme"... Pour
poursuivre la référence de
l'excellente présentation de Jacques Nimier,
on peut aussi retrouver un texte de
Stéphanie Leloup (2004).
Thèse
de Docde S
téphanie LELOUPLes choix des parties et les
découpages
nécess
aires,
la présentation, les couleurs
sont
Voir également:
onc
de ma
responsabilité