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Les représentations du cours "idéal"

Thèse de Stéphanie LELOUP (p. 278-283)  

Les représentations du cours "idéal"

Le cours « idéal » selon les élèves

Caractéristiques du cours
Nombre de citations
Relevant

du

prof

Il est structuré

Il est synthétique, mais pas trop.

II suit une démarche pédagogique particulière

Il permet d'atteindre certains objectifs

Il utilise des supports particuliers

Il comporte des applications

Total

14

3

5

 

2

2

4

30 (30%)

Relevant

de

l'interaction

prof - élèves

Les élèves participent, il y a un échange entre le prof et les élèves

Il n'y a pas de problème de discipline

Il y a une bonne ambiance de travail

Il permet une progression

Il donne une impression d'achèvement

Il s'adapte aux élèves, dans son fond et dans sa forme.

Total
8

 

19

6

3

1

7

44 (44%)

Relevant

des

élèves

Il a été compris par les élèves

Les élèves y ont appris des choses

Les sujets abordés intéressaient les élèves

Le temps passe vite pour les élèves

Total
9

3

6

8

26 (26%)

Le cours « idéal » selon les enseignants

Caractéristiques du cours
Nombre de citations
Relevant

du

prof

Il est structuré

Il permet d'atteindre certains objectifs.

Le professeur a pris plaisir au cours

 

 

 

 

Total 

1

2

4

 

 

 

 

7 (13%)

Relevant

de l'interaction

prof - élèves

Les élèves participent, il y a un échange entre le prof et les élèves

Il n'y a pas de problème de discipline

Il y a une bonne ambiance de travail

Il permet une progression

 

 

 

Total

 

13

2

4

3

 

 

 

22 (40,7%)

Relevant

des

élèves

Il a été compris par les élèves

Les élèves y ont appris des choses

Les sujets abordés intéressaient les élèves

Le temps passe vite pour les élèves

Total

8

4

9

4

25 (46,3%)

D'une manière général, un cours "idéal" naît de l'interaction des élèves et des enseignants,

il n'est pas le seul fait du professeur ou des élèves.

            Pour les élèves, un "bon" cours, c'est tout d'abord un cours où il n'y a pas de problème de discipline. Les élèves insistent particulièrement sur ce préalable à tout enseignement. Puis, en deuxième position, la structure du cours est aussi très importante. A peu près à égalité, on retrouve au 3 ème rang, le fait que les élèves comprennent le cours, qu'ils puissent y participer, et qu'ils aient l'impression que le temps passe vite, c'est-à-dire plus exactement quand ils estiment que les activités sont variées au sein d'une même heure de cours, et qu'ils y font beaucoup de choses différentes. Il faut aussi qu'ils aient le sentiment d'avoir avancé, que ce soit dans le programme ou dans la maîtrise de certaines compétences.

            Il faut aussi que le cours soit adapté aux élèves, ils entendent par là que le cours doit être assez souple pour intégrer la discussion sur un sujet d'actualité si l'occasion se présente, ou pour permettre une participation de leur part. Le cours doit se dérouler à la fois dans une ambiance de détente et de travail, et si possible aborder des sujets « intéressants », c'est-à-dire, dans la plupart des cas, des sujets qui rencontrent leurs préoccupations personnelles.

            Le fait que le cours suive une démarche particulière (cours magistral dialogué, cours basé sur l'inductif) a une importance plus secondaire, tout comme le fait qu'il utilise des supports particuliers (informatique, audiovisuel principalement). Par contre, le fait qu'il comporte des applications, bien que cette idée n'ait été citée que quatre fois, n'est peut-être pas si négligeable que cela, car cet item est tout de même à rapprocher de celui qui veut que « le cours ait été compris par les élèves » : les exercices, les applications ont souvent été présentés comme des moyens de mieux s'approprier le cours. Certains élèves ont aussi insisté sur le point suivant : il faut leur donner le minimum indispensable du savoir à acquérir. Enfin, le cours doit avoir un sens et le fait de ne pas terminer une leçon laisse toujours un sentiment d'inachèvement et donc d'inutilité.

            Pour les enseignants, d'une manière générale, là encore, le cours « idéal » relève de l'interaction des élèves et des enseignants. Ce résultat n'a rien de surprenant. Ainsi, Lessard et Tardif [1999, p. 281] avaient déjà indiqué que la relation aux élèves était centrale dans le travail enseignant au quotidien. Par ailleurs, pour qu'un cours soit considéré comme satisfaisant, il faut tout d'abord que les élèves y participent, puis que ce qui se fait en classe intéresse les élèves et enfin que ceux-ci comprennent le cours, item que l'on peut rapprocher de « Les élèves y ont appris des choses ». Là encore, ce n'est guère étonnant, puisque l'imaginaire enseignant associe fréquemment le « mauvais » cours au cours « ennuyeux », comme le montre par exemple le titre de l'article suivant : « Le mauvais cours, le cours de l'ennui » [1999, p. 35]

            Le fait que le cours soit structuré, qu'il ait des objectifs, qu'il donne le sentiment d'avancer et qu'il n'y ait pas de problème de discipline semble moins important à côté des trois points suivants : il faut que le professeur ait la conviction intime que son cours est bien, qu'il y ait eu une bonne ambiance et que le temps soit passé vite.

            Si l'on cherche à comparer les représentations des élèves et des enseignants, on s'aperçoit qu'un grand nombre d'items (10 sur 17 au total) sont communs aussi bien aux élèves qu'aux enseignants. En particulier, un « mauvais » cours est un cours où l'on s'ennuie, conclusion déjà avancée par J. Castany [1999]. On peut donc penser que les élèves et les professeurs ont des représentations assez proches de ce que doit être un cours «idéal» Cette conclusion doit être nuancée par les deux constats suivants

- les thèmes cités n'ont pas la même importance pour les deux catégories d'acteurs ;

- les thèmes cités ne sont pas analysés de la même façon par les élèves et les professeurs.

            Deux items seulement ont été beaucoup plus cités par les élèves que par les enseignants, mais ces deux items sont les deux premières exigences des élèves: - Il n'y a pas de problème de discipline - Il est structuré

            A première vue, les enseignants semblent minorer les problèmes liés à la discipline, et à l'organisation des cours.

            En effet, seul un jeune professeur évoque dans ses réponses la structure du cours. A l'inverse, pour l'enseignant 3, qui ne compte pourtant que deux années d'ancienneté,

« un bon cours, pour moi, ce n'est pas forcément un cours qui serait bien pensé, bien structuré, présenté d'une manière méthodique, organisé, planifié

            Professeurs et élèves ont été d'accord pour estimer qu'un « bon » cours, c'est un cours où « le temps passe vite » et qui « permet une progression », cependant ces deux idées n'ont pas exactement la même signification.

            Ainsi, pour les élèves, le temps passe vite quand on change souvent d'activités et qu'ils ont l'impression qu'ils font plein de choses différentes dans une même heure. Ainsi, l'élève 19, quand on lui demandera de décrire un cours qu'il apprécie particulièrement répondra :

« Et bien ce prof-là en une heure de temps, à la fois il arrivait à nous faire un TP, une interro, du cours, on faisait tout. C'était une interro assez courte, 20 minutes environ, après on se mettait en binôme pour faire le TP. Je me demande comment il arrivait à faire tout cela en une heure. »

            Par contre, pour les enseignants, c'est surtout le fait que les élèves s'investissent dans une seule tâche ou s'intéressent à un sujet en particulier qui crée le sentiment que le temps passe vite, comme le pense l'enseignant 13 :

 

« Le cours où quand cela sonne, ils me demandent de finir. C'est les cours où il y vraiment eu un dialogue entre eux et moi, où ils ont posé des questions, où il y a une curiosité sur le texte ».

            Cela ne signifie pas que les enseignants n'essaient pas de varier les activités au sein d'un même cours : plus de la moitié des enseignants de l'échantillon le fait. Mais trois de ces enseignants reconnaissent que c'est surtout pour vérifier que les élèves ont bien compris qu'ils leur font faire des applications, plus que pour éviter que les élèves relâchent leur attention.

 

            Enseignants et élèves veulent aussi avoir le sentiment d'avoir progressé en sortant d'un cours. Mais là où les enseignants pensent plutôt à un avancement de leur programme, les élèves veulent surtout maîtriser des compétences différentes, sinon ils ont l'impression qu'on leur rabâche toujours la même chose. Ainsi, un professeur de français peut estimer qu'il « avance » en expliquant une grande partie du texte étudié, alors que l'élève, lui, pensera qu'il stagne parce que c'est toujours la même chose :

« Par contre en français, on fait tout le temps des textes. Bon, on les lit. Après elle nous pose des questions. On doit répondre au brouillon. Après on répond. C'est approximatif, on va dire. » (élève 2)

 

            Un certain nombre de représentations sont toutefois non partagées. Un item en particulier, évoqué par les élèves, « Il s'adapte aux élèves, dans son fond et dans sa forme », a une certaine importance. Cité sept fois, il rappelle d'une part que si les élèves apprécient les cours structurés, il ne faut pas que cela en vienne au point qu'il n'y ait plus aucune vie dans le cours, et d'autre part que l'enseignant doit tenir compte de son public, une caractéristique de l'enseignant ennuyeux type étant de faire cours comme il le ferait devant une salle vide :

« [Un prof ennuyeux, c'est ] quelqu'un qui fait cours pour lui-même. Il fait cours parce qu'il doit faire son heure de cours. Il ferait cours à une classe vide, cela serait pareil. » (élève 9).

 

            Un seul item n'apparaît que chez les enseignants : « Le professeur a pris plaisir au cours ». Un « bon » cours pour certains enseignants c'est finalement un cours d'où ils sortent contents.

 

.
Les représentations du cours « réel »

 

Le cours « réel » vu par les élèves
Caractéristiques du cours
Nombre de citations
Les élèves saluent l'enseignant

Les élèves ne travaillent pas toujours

Les élèves travaillent à partir de documents ou de leur manuel

Les élèves approfondissent les notions acquises. Les élèves posent des questions

Les élèves répondent aux questions du prof. Les élèves écoutent

Les élèves écrivent une synthèse sous la dictée ou en prenant des notes

Les élèves apprennent. Le prof explique

C'est une certaine ambiance

C'est plus ou moins intéressant

1

3

2

2

3

3

11

6

2

2

7

4

Le cours « réel » vu par les enseignants
Caractéristiques du cours
Nombre de citations
Le prof salue les élèves

Il effectue des tâches administratives

Il force les élèves à travailler

Il rappelle ou fait rappeler ce qui a été vu.

Il introduit ce qui va être fait durant l'heure.

Les élèves et/ou le prof corrigent le travail fait à la maison.

Les élèves travaillent à partir de documents ou de leur manuel

Le prof passe dans les rangs

Les élèves répondent aux questions du prof

Les élèves et/ou le prof corrigent les exercices ou les questions

Le prof écrit au tableau Les élèves écoutent

Les élèves écrivent une synthèse sous la dictée ou en prenant des notes

Les élèves font la synthèse par eux-mêmes

Les élèves approfondissent les notions apprises

Le prof donne le travail à faire

Les élèves et le prof discutent ensemble

4

8

4

7

5

4

13

 

3

10

3

4

3

14

4

2

1

1

            Les élèves semblent partager l'opinion que l'heure en classe se déroule souvent sous forme de cours magistral dialogué. Ils insistent sur le fait qu'ils doivent écouter énormément, et écrire fréquemment.

            Cependant, certains élèves ont souligné le fait qu'ils pouvaient poser des questions. Par ailleurs, d'autres élèves ont estimé qu'ils ne travaillaient pas toujours, parce que les cours étaient souvent agités. On retrouve le thème de la discipline évoqué plus haut.

            Leur description du cours est plus empreinte d'émotions que celle des enseignants : le cours, c'est avant tout une « ambiance », et c'est plus ou moins intéressant selon les sujets abordés.

 

            Selon les enseignants, ce que les élèves font le plus, c'est écrire, travailler à partir de documents ou de manuels, et répondre aux questions posées. La forme du cours semble ressembler, dans la plupart des cas, à un cours magistral dialogué. La description du cours se fait d'ailleurs essentiellement par l'énumération chronologique des différentes tâches que les élèves et le professeur effectuent durant l'heure de cours. Là encore, ce n'est pas vraiment une surprise, car selon M.T Estrela [1994, p.45] : « Malgré les profondes modifications que l'école a subies durant l'époque contemporaine, l'héritage du « magistocentrisme » y subsiste, résistant au changement des temps et des volontés. » Le cours magistral a donc encore de beaux jours devant lui.

            Les enseignants font-ils vraiment autant participer les élèves qu'ils le prétendent ? Pour le savoir, nous leur avions posé la question : « Sollicitez-vous beaucoup la participation des élèves ? » La totalité des interviewés répondent par l'affirmative, mais une fraction non négligeable de l'échantillon (5 enseignants) y met cependant des réserves. Les uns soulignent que la participation est parfois difficile à encadrer, d'autres pensent que leur matière s'y prête moins et les interventions des élèves restent alors marginales.

.

Comparons maintenant les représentations des élèves à celles des professeurs.

 

 

            Alors que pour les élèves, l'aspect « affectif » est prégnant, puisque le cours « réel » se définit en terme d'ambiance et d'intérêt, les enseignants insistent, eux, sur l'aspect cognitif: le cours « réel » se définit comme un enchaînement logique de tâches ayant un sens. On peut cependant penser que cette description des cours « réels » par les enseignants, qui met en évidence le côté rationnel et la maîtrise du professeur, est plus utopique qu'effective. En effet, cette présentation des choses permet aux enseignants de paraître conformes à ce qu'ils imaginent être le rôle social de «professeur ».

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Commentaire

Thèse de Stéphanie LELOUP
SOMMAIRE
Formes de l'ennui
Étude de cas
Décalage entre les représentations des élèves et celle des enseignants
Analyse des écarts
Remèdes à l'ennui scolaire
Le cours
Le professeur
L'élève
Le lycée

Réaction

<<Je ne suis pas sûr qu’on fasse le même métier quand on enseigne des disciplines différentes. Il faudrait en tenir compte. Quant au choix cognitif il est fortement recommandé lors des stages de formation où sont souvent prônés des schémas passablement bétonnés. Pour rejoindre votre propos il est vraisemblable que beaucoup de profs gomment leur affectivité.Pour ma part je suis tres affectif de nature (prof d anglais) mais je m astreins à une démarche plutôt cognitive, du fait de ma formation , et aussi de mon experience (j ai 57 ans). Beaucoup d entre nous se méfient du syndrome Keating (cercle des poetes disparus). Quand un prof a suscité un très grande sympathie il n’a pas intérêt à déchoir. J ai été l objet d un "culte" avec une classe de seconde il y a quelques années, l une des élèves est tombée "amoureuse" de moi. j ai eu le malheur de la retrouver l’année suivante dans une nouvelle classe. Bien evidemment c etait different et elle m en a voulu terriblement. Ca a bien pourri l ambiance.>>

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