Notre
institution: L'Education Nationale
Contrairement
à ce qui est dit parfois nous ne
sommes pas les seuls maîtres
à bord dans notre classe. Nous
appartenons, en effet, à une
institution et par ce fait nous sommes
tributaires des décisions, des
idéologies, des imaginaires
collectifs qui y circulent Cette
institution, comme toute institution, nous
"protège", c'est-à-dire
qu'elle est le plus souvent du
côté de nos défenses
et de notre désir de ne rien
changer. Seule la
réalité (notre
environnement) qui nous entoure, fait
pression pour le changement et
l'adaptation aux nouvelles conditions
créées. Connaître
cette institution, son imaginaire
collectif nous redonne une marge de
liberté pour agir. Comparons
deux polarités de
pensée,
représentées par
ces personnes; elles ne sont,
pour moi ici, que des symboles de
positions que nous prenons tous
plus ou moins, c'est pourquoi je
les nomme par des lettres M et F
pour rappeler que nous sommes
tous impliqués par ces
divers
positionnements. Il
y a ceux qui sont dedans et ceux
qui sont dehors. Il y a ceux qui
désespèrent et ceux
qui s'aveuglent encore sur des
pratiques caduques et
pathétiques. Il y a ceux
qui s'accrochent avec
ténacité et
enthousiasme et ceux qui s'en
tiennent aux
bonnes-vieilles-méthodes-d'autrefois,
"moi d'ailleurs je n'ai pas de
problème dans ma
classe
" Je
serais tenté, comme
beaucoup d'autres, de me
contenter de critiquer cette loi.
Pourtant l'ambiance pessimiste
qui règne un peu partout
me met en garde contre ce
sentiment. J'ai donc envie de
m'essayer à une approche
plus complexe, une analyse plus
systémique qui
apporterait, peut être, une
mise en cause plus fondamentale
et quelques espoirs. Une
évolution importante est
en train de se développer
sous nos yeux. La communication,
l'information dans l'école
(comme dans le reste de la
société) ont
souvent une dimension
hiérarchique
verticale.Fréquemment,
dans les entreprises et ailleurs,
le pouvoir s'est construit en
"gardant l'information". Depuis
quelques temps se créent
des réseaux de pairs
où circule horizontalement
l'information sans passer par la
hiérarchie. <<Nous
ne sommes pas reconnus, nous ne
sommes pas écoutés,
notre compétence n'est pas
reconnue, on est jamais
encouragé,
complimenté. Il faut une
haute estime de soi pour
résister. La
hiérarchie n'a pas
d'intérêt pour les
problèmes humains; ils
nient tous la parole des gens. Il
n'y a pas de travail collectif,
d'où l'indifférence
générale; chacun
est dans son coin. On est des
simples exécutants. On a
une tâche à faire et
elle n'a plus de sens. Si on
rouspète, on vous dit
"vous n'avez qu'à
partir".>> J'ai
mis en gras ce qui avait eu un
écho particulier en moi et
mis sur le côté
droit quelques remarques et
renvois possibles dans le
site. Les
idées associées au
désir, au plaisir,
à la motivation, à
la passion, à l'envie sont
presque souvent
présentées comme
invalidées dans le cadre
du lycée. L'ennui
apparaît important, mais il
est souvent justifié par
des arguments " logiques "
(importance de la matière
pour le diplôme, pour avoir
un métier plus
tard
). Les
élèves reprennent
en fait le discours de
l'institution, et leurs discours
apparaissent comme
aseptisés. Une
réforme institutionnelle
n'est pas sans
conséquences sur
l'équilibre des
enseignants... La
loi étant votée
comment réagir maintenant?
D'abord et avant tout, il faut
l'appliquer. Ceci étant
dit, appliquer la loi ne veut pas
dire "la durcir". Combien
de fois n'avons-nous pas
"râlé" contre
l'administration qui ne
comprenait rien à nos
façons de faire , aux
"réalités du
terrain". Combien de fois
n'avons-nous pas souffert de son
"manque de reconnaissance" de nos
efforts dès qu'il s'agit
d'améliorer notre
enseignement par des innovations
dans notre classe ou notre
établissement:
l'innovation suscite des craintes
chez les administratifs
L'opposition
entre les professionnels qui
sont, dans leur ensemble, contre
cet apprentissage et l'opinion
public qui, elle, est
majoritairement pour, au moins
pour les enfants des autres! nous
oblige à
réfléchir et
à complexifier la question
en la replaçant dans un
contexte plus large. Il ne suffit
pas d'être "pour" ou
"contre" mais il faut essayer de
comprendre ce qui se joue
là. J'observe deux
phénomènes
concernant les "âges de la
vie"( la scolarisation, le
travail et la retraite), la
variation de leur durée et
la remise en cause de leur
étanchéité. "Dans
un monde qui bouge, l'immobilisme
est un
désordre" Des
"bonnes idées"
apparaissent dans des cercles de
chercheurs, de praticiens ou
d'acteurs du terrain, elles font
du "buzz", comme on dirait
maintenant, puis elles sont
reprises par les responsables
(ministère, inspection
...) et deviennent
"officielles". Depuis
longtemps on s'applique à
diviser pour expliquer: diviser
la connaissance en disciplines
distinctes (mathématiques,
physique, biologie, etc.);
diviser chaque discipline en
chapitres séparés
s'enchaînant
linéairement. Tout ceci a
pour résultat de rendre
difficiles les vues
synthétiques, les
interrelations entre des
phénomènes
appartenant à des
disciplines différentes
(par exemple, la médecine
et la psychologie, les
mathématique et la
physique etc...). Quelques
propositions pour la question 22
du débat sur
l'école, toujours
valables Souvent
dans l'Education Nationale on a
pris l'habitude de baptiser
"formateur" toute personne
à qui on demande d'animer
un groupe sur un sujet
quelconque, ou d'organiser une
formation particulière
pour des enseignants. Dans ce cas
on agit en fonction de certaines
règles implicites qu'on
pourrait énoncer de la
façon suivante: Ce
qui se joue à travers ces
conflits sur la formation des
maîtres, c'est la
représentation du
fonctionnement qui animera
l'institution E.N dans
l'avenir. Deux
problèmes se posent
1°) La peur que provoque le
mot psychologie 2°) Les
modes d'apprentissage habituels
de la psychologie La
suite des réformes des
I.U.F.M. avec des
commentaires Je
voudrais réfléchir
avec vous à ce que la
notion de management sous-entend
quand nous l'appliquons au monde
de l'école et voir ensuite
dans quelles directions nous
pouvons penser pour exercer notre
métier avec la plus grande
sérénité
possible. Je dis " nous " parce
que je ne me situe pas au-dessus
de vous, mais avec vous dans le
souci de la conduite aussi bonne
que possible d'un
établissement . Je vous
livre ainsi mes convictions et
mes questions comme autant
d'incitations à penser
par Jeanne Moll