PLAN
DU SITE
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Le peuple de
l'école
Jacques
Salomé
Il y a
ceux qui sont dedans et ceux qui sont
dehors.
Il y a
ceux qui désespèrent et ceux
qui s'aveuglent encore sur des pratiques
caduques et
pathétiques.
Il y a
ceux qui s'accrochent avec
ténacité et enthousiasme et
ceux qui s'en tiennent aux
bonnes-vieilles-méthodes-d'autrefois,
"moi
d'ailleurs je n'ai pas de problème
dans ma classe
"
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Ces
derniers ne s'interrogeant jamais sur ce qui se
passe
dans l'heure qui suit, hors de
l'école ou avec le collègue qui prend
la suite !
Il y a les
utopiques (j'en suis), les dérangeurs (j'en
suis aussi) qui voudraient qu'on arrête de
faire des réformes en aval, pour proposer et
uvrer en amont
Il y a les inquiets
(qui sont peut-être les mêmes) qui se
demandent combien de temps, à quel prix ils
vont tenir, et comment vont-ils continuer de
transmettre, d'exercer cette profession
extraordinaire, dans laquelle ils ont mis
l'essentiel de leurs valeurs et parfois de leur vie
: enseigner et former.
Il y a
les enfants et l'immense vague de leurs attentes,
leurs maladresses, leurs violences aussi, avec des
besoins qui sont trop souvent confondus avec leurs
désirs.
Il y
a les parents avec leurs inquiétudes, leurs
doutes et au-delà de leurs réactions
passionnées ou passionnelles parfois
à l'encontre des enseignants, leur
désir profond d'un univers scolaire
meilleur, plus sécurisant, plus interactif
avec leurs enfants.
Il y a
tous ceux qui de près ou de loin coexistent
avec l'école, qui s'en servent ou qui la
maltraitent, ceux qui glosent sur ce qu'elle
devrait être, ceux qui l'attaquent parce
qu'elle les menace, ceux qui la manipulent pour des
enjeux quelquefois suspects.
Il y
a aussi bien sûr les politiques. Et je
voudrais distinguer les institutions et les
personnes. C'est avec les personnes que les choses
bougent. C'est avec tel élu, tel
fonctionnaire qui s'engage, qui prend sur lui
d'affronter le maquis des règlements, les
marécages des lieux communs, la jungle
épaisse des habitudes ou les savanes
stériles des commissions, pour
défendre, soutenir une avancée
significative, un projet, un changement dans
l'univers de l'École. C'est telle personne
et j'en connais, qui au-delà de sa fonction,
parmi toutes les priorités, soutient,
dynamise une idée et la lance dans la vie en
uvrant pour qu'elle ne se banalise pas, pour
qu'elle ne se dévitalise pas, pour qu'elle
reste passionnante et efficiente !
Il y a
les syndicats ! Ah ! les syndicats
d'enseignants, sans lesquels rien ne semble
possible, avec lesquels rien n'est facile
avec lesquels rien n'est possible si on les braque,
si on leur impose, si on ne les sensibilise pas.
Mais eux aussi changent, évoluent,
s'intéressent de plus en plus au
pédagogique et au relationnel, s'ouvrent et
prolongent leurs réflexions sur le sens de
l'école d'aujourd'hui et par
là-même sur la finalité de leur
action et de leur engagement.
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L'immense
peuple de l'école qui rassemble des
gens d'horizons, de cultures si
différents, ce peuple de
l'école si passionné, si
antagoniste par moment, si divisé,
si perplexe et pourtant si désirant
de quelque chose d'autre, de quelque chose
de nouveau, pour aller au-delà
d'une espérance et d'une promesse
vers une école qui socialise, qui
renforce l'autonomie des enfants, qui leur
permette de trouver une place dans le
concret de la vie.
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L'école
doit changer, c'est une banalité de le
dire, chacun en est
persuadé,
mais personne ne
semble s'accorder encore: sur le comment,
dans quelle direction et avec quels
moyens
Quelques
antiennes reviennent souvent ; la formation des
enseignants, qu'on a cru réglée en
France, par la mise en place des IUFM et la
création d'une nouvelle étiquette :
Professeur d'école, l'augmentation du nombre
des professeurs, une décentration possible,
une gestion plus rigoureuse du matériel, des
novations technologiques
Les
colmatages sur le bateau-École sont
fréquents, parfois efficaces
circonstanciellement, ponctuellement, mais toujours
limités par le court terme, apaisants tout
au plus, dérisoires souvent par rapport aux
problématiques du terrain. Les enseignants
hésitent entre la séduction
pédagogiste (prenant appui sur des
techniques audio-visuelles, sur la technologie
avancée Internet et autre médias) et
la tentation répressive avec le retour
à des contraintes, des exigences plus
coercitives. Peut-être faudra-t-il trouver
une troisième voie : la voie du milieu :
cohérence, rigueur, affirmation de valeur et
engagement.
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I
Si
je poursuis l'image, il faudrait pour le
bateau-École une révolution
équivalente à celle des
multicoques dans l'univers de la
voile.
Un
changement de regard, de concepts, une
dynamique nouvelle
pour
faire de l'univers scolaire une
école de vie.
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Il y a
deux ans, une émission diffusée un
dimanche soir, juste après le film, sur
France 2 présentait un reportage sur "les
professeurs qui réussissent". Ce qui m'a
frappé, c'est la cohérence qu'il y
avait entre ces enseignants qui ne se connaissaient
pas et qui cependant, avec des modalités
différentes, proposaient des points communs,
des attitudes et des comportements, qui m'ont
semblé poser des jalons possibles pour une
autre pédagogie,
une
pédagogie que j'appelle de
l'implication.
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J'ai retenu
quelques points qui paraissaient leur
être communs.
* Ils
étaient la plupart du temps dans la
salle et non au tableau ou à leur
bureau.
* Ils
avaient un contact physique ludique,
chaleureux et bienveillant avec les
élèves.
* Ils
introduisaient des échanges
personnalisés, sorte de sauce, de
liant qui donnait à la
matière transmise une vie, un
goût, une odeur, une densité
particulière.
* Ils
s'appuyaient sur les compétences de
la classe. Avant de répondre ils
recherchaient un appui chez les autres
élèves.
* Ils
étaient manifestement
passionnés par la matière
qu'ils avaient à
transmettre.
* Ils
cultivaient tous une dimension inter et
intra relationnelle qui allait
au-delà de la relation
fonctionnelle visant à la
transmission et à
l'intégration d'un savoir ou d'un
savoir-faire, pour développer ce
qui m'a semblé relever plus du
savoir-être, du savoir-créer
et du savoir-devenir.
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Je me
situe pour ma part, dans la catégorie des
praticiens utopiques, un peu monomanes,
c'est-à-dire fixé, accroché
à une seule idée de base, qui
s'appuie sur une croyance confirmée par
l'expérience :
la
nécessité d'apprendre la
communication relationnelle dans tout le cursus
scolaire, comme une matière à part
entière.
Aux
quatre matières de base : lire,
écrire, compter, s'exprimer en
ajouter une cinquième :
communiquer.
En
proposant inlassablement d'introduire un
apprentissage de la communication au
même titre que les matières
de base : le calcul, le français,
l'histoire, la géographie, la
biologie, avec une méthodologie de
base accessible et transmissible à
chacun.
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Dans la
foulée des travaux de Françoise
Dolto, qui a suscité, nous en
bénéficions tous les jours, beaucoup
de changements dans les crèches, dans les
maternelles, dans les conduites parentales de la
petite enfance, mais qui a buté semble-t-il
sur les changements touchant à "la grande
école, aux collèges et aux
lycées." qui n'a pas induit à mon
avis suffisamment de changements dans les conduites
pédagogiques du primaire et du secondaire,
qui n'a pas éveillé chez les
enseignants l'implication personnelle qui
supposerait la remise en cause de leur
positionnement relationnel en situation de classe.
Je me situe comme un pédagogue de la
relation, faisant le pari qu'il est possible de
transmettre des règles d'hygiène
relationnelle plus dynamiques et structurantes
que l'improvisation, le spontanéisme
chaotique ou la simple bonne volonté et les
bonnes intentions (qui s'apparentent à des
vux pieux) qui sévissent massivement
actuellement.
Je
propose que l'on puisse enseigner la communication
à la fois comme outil (directement
exploitable dans le contexte scolaire) et comme une
pratique concrète, s'appuyant sur le
vécu immédiat (avec toutes ses
implications dans l'univers de l'enfant : loisirs,
famille, société proche et
élargie.
Je crois
cela possible, nécessaire et urgent pour
rassembler, pour donner au peuple de
l'école, une cohérence plus grande
à partir d'un langage commun,
intégrant des pratiques différentes
mais articulées autour de quelques bases
repérables qui serviront de balises. En
rappelant qu'une balise ne vous dit pas d'aller
à tel ou à tel endroit, mais vous
indique que si vous avez envie d'aller à tel
endroit, c'est dans cette direction et que tant de
kilomètres vous attendent.
En
cessant donc de proposer des réformes en
aval pour introduire une réforme
structurante en amont, en enseignant la
communication de l'implication et donc promouvoir
pour cela des enseignants relationnels et engager
plus l'école dans la voie d'une ouverture et
d'une inscription dans une vie en devenir, dont les
mutations rapides qui, même si elles sont
insécurisantes, peuvent être aussi
très
stimulantes.
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Pour
approfondir
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Lire:
SALOMÉ(J.) Charte de vie
relationnelle à l'école.
Édition: Albin Michel, Paris
(1995)
SALOMÉ(J.)
Pour ne plus vivre sur la Planète
Taire. (Des Outils pour mieux
communiquer). Ed. Albin Michel (1997)
Regarder
une
Vidéo-cassette:
SALOMÉ(J.)
Un Jour à l'école...
-Principes de base pour un apprentissage
de la communication à
l'école -avec un livret ( par
Marie-Françoise
BONICEL).
Deux modules de 90' CRDP - BP.387 - 51063
REIMS cedex
Voir:
le
site de Jacques
Salomé
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Réaction
<<bonjour et
merci de ces textes déjà connus mais
qu'il est bon de relire . Je fais partie de ces
professeurs qui ont un contact étroit et
chaleureux avec leur classe, je risque de
m'éparpiller dans mon discours ! j'aurais
tellement de choses à dire ou a vous
demander mais la rentrée et sa cohorte de
cours et projets à mettre en place ne ma
laissent pas le temps de le faire... j'enseigne les
biotechnologies en LP à des BEP MHPE afin de
les motiver j'aimerais les emmener en milieu
hospitalier ds la cadre d'un PPCP c'est une
galère d'organisation !!! il faudra du temps
pour parvenir à ce nouvel enseignement
voilà c(était juste un commentaire
salutations>>
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