Manager un
établissementscolaire, qu'est-ce
à dire ? Jeanne
Moll
Je
voudrais réfléchir avec vous à
ce que la notion de management sous-entend
quand nous l'appliquons au monde de l'école
et voir ensuite dans quelles directions nous
pouvons penser pour exercer notre métier
avec la plus grande sérénité
possible. Je dis " nous " parce que je ne me situe
pas au-dessus de vous, mais avec vous dans le souci
de la conduite aussi bonne que possible d'un
établissement . Je vous livre ainsi mes
convictions et mes questions comme autant
d'incitations à penser.
D'après le dictionnaire,
le management est d'abord
l'ensemble des connaissances concernant
l'organisation et la gestion d'une
entreprise ; c'est ensuite la façon
d'appliquer ces connaissances sur le
terrain en fonction du projet qu'on s'est
donné et des moyens dont on
dispose, c'est par conséquent
définir des méthodes et
choisir des techniques pour atteindre les
objectifs qu'on s'est fixés, c'est
également l'art d'utiliser au mieux
les compétences des hommes et des
femmes au service de l'entreprise afin que
celle-ci réalise les meilleures
performances possible. Il s'en suit que
les salariés et les cadres,
considérés comme des "
ressources " auxquelles on a ajouté
le noble qualificatif d'" humaines ",
peuvent être sacrifiés sur
l'autel du profit si la politique
économique l'exige. Le très
beau film de Laurent Cantet
intitulé " Ressources humaines "
justement exprime de manière
convaincante le dilemme, voire le drame de
ceux qui ne veulent pas céder sur
le respect de la dignité
humaine.
Voilà bien là la
différence essentielle :
l'établissement scolaire n'est
pas une entreprise visant une
meilleure productivité et dont les
hommes ne sont que des moyens, mais une
institution au service des jeunes
générations, de leur
instruction et de leur éducation .
A côté de la famille, elle
est un lieu et une structure complexe
à qui il revient d'instituer
l'humain , c'est-à-dire de le
mettre debout, de permettre son
dépassement de l'état de
nature pour qu'il s'inscrive dans la
culture (Voir la fin du roman de F.
Mauriac : Le sagouin ) . Aussi la
génération des
aînés a-t-elle une fonction
de transmission culturelle auprès
des jeunes générations; elle
a pour mission d'élever les enfants
et les adolescents , de les aider à
se civiliser en même temps que de
les protéger in ( Voir H. Arendt, La crise
de la culture, folio essais, 1989) ;
l'éducation est en effet au service de
l'uvre de civilisation et nous avons à
la reprendre assablement à chaque
génération pour que
l'animalité ne l'emporte pas, pour que le
monde ne s'enfonce pas davantage dans la barbarie.
C'est une uvre qui exige du temps, ce que
malheureusement nous refusons trop souvent de
prendre en compte, de même que nous ne
prenons pas assez en considération l'infinie
diversité des élèves , de leur
rythme et de leurs talents. Non, - même si
les réflexions actuelles sur le management
et l'introduction de l'éthique dans
l'entreprise peuvent donner à penser aux
chefs d'établissement d'aujourd'hui et de
demain - on ne peut pas manager un collège
ou un lycée comme une entreprise, parce que
leur public, leurs champs d'intervention et surtout
leur finalité diffèrent
radicalement.[...]
Nous sommes loin de l'entreprise et du
management des affaires et des hommes , car si
la nouvelle pratique du coaching
est centrée sur la personne et le
développement de sa performance , si elle
est un accompagnement personnalisé qui vise
à favoriser l'autonomie, la
responsabilité et la mobilisation de toutes
les ressources des collaborateurs du manager ( D.
Noyé, Coacher vos collaborateurs , Insep
Consulting, 2002), je rappelle encore une fois
qu'elle recherche une meilleure
productivité.Loin de moi l'idée de
vouloir diaboliser le monde de l'entreprise, il a
sa logique, sa cohérence et sa
nécessité au service du
développement économique de notre
pays ; de plus il donne des idées utiles au
monde de l'éducation ! Mais sachons
différencier les deux univers !
Réaction: <<alors je
vous prie de croire ma joie de voir un thème
sur le management dans les établissements
scolaires: c'est ma spé!.J'ai lu avec
beaucoup d'insert l'article de Mme MOLL et je vous
avoue que son approche ne me satisfait pas , mais
pas du tout. Dans un premier temps elle aborde la
problématique du management et de la
ressource humaine sur des fondements liées
aux entreprises : graves erreurs . Je le regrette
car son introduction me semblait bien
débuter. En effet, l'approche management
entreprise est une déclinaison parmi d'autre
du management. Il est nécessaire d'adopter
au préalable une méthode pour d'une
part définir les personnels visées
par le management et le différentier selon
les catégories professionnelles sur la bases
de leurs objectifs respectifs:- l'administration -
le soutien logistique de l'établissement
s'il est intégré ou sous
traité - les enseignants. Chaque
catégories possèdent ces valences et
aspirations. A partir de la définition des
espaces que nous élaborons au travers de ces
différents types de salariées, on
crée une stratégie de management
différenciée, qui sur les fondement
sont similaires à ceux de l'entreprise (les
grands principes) mais qui sont différents
dans leur processus et buts à atteindre. La
grosse erreur est d'appliquer le management comme
une recette de cuisine prise dans le manuel du
gentil entrepreneur. Malheureusement, c'est une
pratique courante dans les cabinet de management et
recrutement, c'est une des batailles continuelles
de l'université des arts et métier,
mais elle semble vaine. Cette assimilation faite
à l'entreprise par la transposition des
objectifs de rendement est une erreur. Le
management comme le souligne donc l'auteur passe
par l'organisation et la gestion de la ressource
humaine, cette gestion a pour objectif premier la
réussite des élève: c'est le
fondement même de l'enseignement, il doit
bien sur respecter des ratios qui sont à
faire, mais il demeure pas moins que
l'efficacité d'un enseignant passe par sa
capacité à enseigner. le
caractère économique est plus
discernable dans la gestion d'une cantine.Mais, je
m'autorise un petit débordement, je pense
que les enseignant se sont installer dans un
confort professionnel et ne supporte pas que l'on
puisse menacé leur ego en matière de
qualité d'enseignement: je le comprend mais
ne l'admet pas: il est là le point saillant
du management: la performance dans la
qualité de l'enseignement, il y a les bons
profs et les mauvais profs. je vous pose la
question suivantes; ne faut il pas
réformé le CAPES et le recrutement
des enseignants qui aujourd'hui sont
recrutés en auto alimentation, ce qui nous
amène à avoir des perroquets, on est
loin de l'instituteur de village , témoin de
la vie du village!amicalement>>
Hervé
L'introduction du terme de management
dans le vocabulaire de la formation au sein de
l'Education nationale est significatif d'une
volonté louable de rationalisation et de
modernisation dans l'organisation de la vie de
l'établissement scolaire . Mais ce dernier
ne peut être comparé à une
entreprise , même si un PDG et un proviseur
de lycée ou un principal de collège
ont en commun de poursuivre des objectifs ,
d'appliquer des méthodes , d'animer des
équipes, etc. et de devoir gérer des
conflits. Parler de rendement scolaire n'est-il pas
un abus de langage ? Et vouloir briller au
palmarès des lycées en affichant les
meilleurs résultats au bac ne revient-il pas
à réduire les élèves
à n'être ou plutôt à ne
se comporter que comme des consommateurs
d'école ? Entendons-nous bien : je ne nie
absolument pas la mission des établissements
scolaires qui consiste à promouvoir la
réussite du plus grand nombre, mais cette
préoccupation , ce souci légitime
d'évaluation quantitative devrait
toujours aller de pair avec, voire être
subordonné au souci d'aider les jeunes
à grandir, à construire leur
personnalité en devenir, de les aider
à mieux se comprendre, eux-mêmes, les
autres et le monde où ils sont
appelés à prendre leur place. Car les
élèves sont aussi des adolescents qui
ont besoin d'adultes à leurs
côtés , des adultes assurés en
eux-mêmes , c'est-à-dire ne craignant
pas d'assumer leurs responsabilités
auprès de la jeune
génération.