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Du Coachingpour les Chefs d'établissement?

 Marie-Françoise Bonicel 

 

             Le coaching peut s'effectuer en groupe ou individuellement. En groupe il s'apparente aux GAPP (Groupe d'analyse de la pratique).

             Marie Françoise BONICEL a l'expérience de ces deux formes pour Chef d'établissement.

Un exemple:

             Jeanne est adjointe dans un collège dont le Principal - c'est le nom officiel - est aussi une femme. Elle nous parle de sa difficulté relationnelle avec elle, difficulté à trouver sa place, à faire son territoire. Ses prérogatives sont de plus en plus amputées. Pourtant, son Principal lui dit sa confiance et sa sympathie. " C'est de plus en plus stressant, je me sens menacée dans mon image vis-à-vis des collègues, j'en rêve la nuit, je fais de moins en moins de choses et du coup elle s'approprie les dossiers les plus intéressants ". Une première expérience d'adjointe avec un homme s'était bien passée. Plusieurs pistes de compréhension s'ouvrent, autour de la rivalité fraternelle ou avec sa mère. " Elle me fait de l'ombre " dit-elle en parlant de cette collègue.

             J'opte pour rester sur ce qui se passe dans cet espace où Jeanne se trouve avec ses pairs et avec moi-même et en me déplaçant -avec son accord - je lui fais de l'ombre. Je lui propose de faire varier cette distance elle-même, et nous observons que plus nous sommes proches, plus l'ombre est grande. Elle découvre aussi que cette ombre menaçante a ses avantages puisqu'elle lui permet de ne pas être trop exposée aux jugements. J'invite Jeanne à explorer d'autres possibilités : c'est ma chaise vide en face d'elle qu'elle va s'approprier pour sa plus grande satisfaction ! J'insiste sur le fait que je n'avais pas exclu cette hypothèse et que je lui déléguais volontiers un temps d'animation et…. ma chaise provisoirement. Son plaisir a disparu puisque la place n'est plus à prendre !

             A la fin de l'année, Jeanne nous annonce qu'elle a obtenu sa mutation pour un poste de Principal où elle est sûre d'assurer sa place légale.  

 

Les chefs d'établissement sont soumis à des perturbations

Ces perturbations sont liées:

- au temps : de préférence celui qui manque !

- à l'espace : comment prendre ma place ?

- aux pressions de l'environnement : les élèves, les parents, les collaborateurs, les syndicats, le patron ou l'adjoint, les casseurs, les media et L'Administration !

- aux décalages entre les valeurs personnelles et celles qui peuvent traverser le système ou une simple circulaire.

- aux messages paradoxaux : soyez efficaces comme des chefs d'entreprise et au nom de l'égalité, n'oubliez personne…

- à l'ombre des inspecteurs et du supérieur hiérarchique, le Recteur, le Ministre…

- à l'image de soi : être à la hauteur (de qui ou de quoi? ), craint, respecté, et pour les plus inconscients, être aimés !

- à la difficulté de vivre les changements et pour les nouveaux, d'assumer cette nouvelle " casquette " qui fait quitter l'espace des " pairs " enseignants.

- aux résurgences du passé particulièrement riches dans le corps des inspecteurs et notamment des situations inachevées.

- plus rarement, heureusement, à des situations extrêmes de violences physiques pouvant conduire à des suites judiciaires au mieux, à des décès, au pire. Nous n'évoquerons sur ce dernier point que des réflexions générales. Compte tenu de leur caractère exceptionnel, il serait impossible en effet, de garder l'anonymat sur des affaires de suicide, pédophilie ou de meurtre à caractère local. Si l'on sait qu'un tiers des personnels de direction a choisi ce métier par goût pour le management, un tiers pour évoluer dans sa carrière et un tiers pour quitter les conflits dans sa classe, il n'est pas étonnant que sur les échelles de stress, ils se situent dans les " barreaux " les plus exposés, ces motivations se cumulant la plupart du temps et se confrontant le plus souvent à un décalage important avec la représentation du métier.

             La " brûlure de l'idéal ", pour reprendre une expression de l'ouvrage " Le coût de l'excellence " est au bout du chemin…

 

             On peut ainsi comprendre que les chefs d'établissement aient parfois besoin d'une aide pour faire face aux situations rencontrées.

Le coaching peut être un moyen de trouver cette aide.

 

 
Une expérience de coaching

             L'expérience dont je me propose de retracer l'origine, le cadre, le fonctionnement et les résultats a vu le jour dans l'académie de Reims et s'est étendue sur deux années

 

             Elle est issue de la rencontre de plusieurs observations :

 - le constat fait par la directrice des ressources humaines de la solitude des chefs d'établissement au sortir de leur formation de l'École des cadres, et de leur difficulté à trouver un lieu ultérieurement, au cours de leur carrière, pour partager interrogations, échecs ou expériences ;

 -le plaisir et l'intérêt manifestés par eux dans les nombreux stages de formation à la relation ou à la communication inter catégoriels que j'ai eu l'occasion d'animer avec mon équipe ;

 - l'investissement de ces chefs d'établissement dans des stages de formation continue qui leur étaient proposés sur les thèmes du management, de la gestion des conflits, de la conduite de réunion, de la médiation, de la gestion du stress, soit au sortir de leur formation soit dans le cadre de leur formation continue.

 

 
La méthode:

1 - Les objectifs

             Ils sont issus de mes observations dans les stages de formation et des rencontres individuelles qui s'ensuivirent et peuvent se regrouper sous quelques points :

 - permettre l'écoute et l'expression des difficultés de la vie professionnelle, avec les collaborateurs, les enseignants, les élèves, les parents, les partenaires de l'Éducation nationale ;

 - aider à l'élargissement des solutions utilisées jusque là, grâce à la créativité du groupe et à des changements de représentations ;

 - approfondir la compréhension des phénomènes relationnels ;

 - favoriser le réflexe d'un travail en équipe au sein des établissements.

              Il est bien évident qu'au cours de ces séances de travail peuvent émerger des problèmes personnels mais ils ne sont pas « travaillés ». Ils sont « entendus » et reliés à la vie professionnelle avec laquelle ils sont en interaction et ne doivent pas induire de confusion avec un quelconque travail thérapeutique, même si tout acte de formation réussi peut conduire à des changements personnels, parfois en profondeur. « C'est en profondeur seulement que les distances se raccourcissent. » Paul Ricoeur

 

2 - Le cadre de fonctionnement

             Pour permettre aux participants du groupe d'analyse de la pratique professionnelle (GAPP) de travailler la relation à leur métier et de s'appuyer sur l'expérience des autres, leurs difficultés et leurs réussites, un cadre sécurisant est indispensable. Ce cadre est élaboré sur le principe des stages de formation que j'anime régulièrement et comporte des spécificité liées aux objectifs.

             Bien entendu, ce groupe ne peut être composé que de volontaires, même si des suggestions peuvent être faites avec profit pour inciter des chefs d'établissement à aller se ressourcer dans une structure de ce type.

             Un proviseur ou un principal ne peuvent participer au même groupe que leurs adjoints. Il est tout aussi évident à l'expérience, que là comme ailleurs, ce ne sont pas ceux qui sont les plus en difficulté qui y participent.

A - Un cadre spatial

              Il est utile d'adopter un lieu neutre où aucun des participants n'a de responsabilité, sous peine d'être sollicité et dérangé par l'institution. Les téléphones portables sont invités à se mettre en veille.

B - Un cadre temporel

             Étant donné le caractère expérimental de ce travail nous avions prévu une journée de 7 heures par trimestre pour ne pas trop alourdir la charge des participants et tenir compte de la longueur des déplacements dans une académie étendue.

 C - Un cadre d'attitudes

             Il est sous-tendu par les références théoriques et les valeurs éthiques auxquelles je me réfère et que je veille à mettre en pratique dans l'animation : l'écoute bienveillante, le respect de la confidentialité, l'implication contrôlée, le respect des limites de chacun. Cette manière d'être, adoptée aussi par les stagiaires, ouvre ainsi sur un climat de confiance et par isomorphisme amène à transférer cet esprit dans les relations au sein de l'établissement de rattachement.

 

D - Un cadre théorique

             L'approche globale de la personne, du groupe et de l'institution est fondée sur une conception systémique inspirée de l'École de Palo-Alto et qui ouvre sur les théories de la complexité proposées par Edgar Morin.

             L'accueil et l'écoute bienveillante renvoient à Carl Rogers dont s'est beaucoup inspiré André de Peretti ; l'écoute de l'inconscient des personnes et du groupe s'appuie sur la théorie psychanalytique.

             La Gestalt, à la fois dans ses fondements de référence au personnalisme et à l'existentialisme fournit un appui conceptuel qui met en valeur la responsabilisation des personnes et la prise en compte de la globalité de la personne dans « l'ici et le maintenant » du groupe et dans ses contacts avec les différents champs.

 E - Un cadre méthodologique

             La méthodologie de travail s'appuie pour l'essentiel sur des cas apportés par les stagiaires et analysés avec différents outils. Un temps de parole libre sans jugement est toujours réservé après chaque travail et des pointages de « théorie vivante » sont apportés selon la demande.

             Pour explorer ces situations, j'utilise des outils adaptés issus de mon expérience et de mes différentes formations et références théoriques. L'approche globale de la personne et de l'institution amène à mettre en jeu des représentations actives des conflits internes et externes qui animent le participant : jeu de rôles et psychodrame, repérage des ressources de la personne avec utilisation des outils de visualisation externe de Louis Schorderet

 

 

 Un autre exemple où ces méthodes sont appliquées

St Bernard en mission.

 

             Bernard est fraîchement nommé dans un collège d'une petite ville paisible. En partant, son prédécesseur lui décrit l'établissement sous des dehors engageants. Un seul problème : le professeur de sciences boit . Tout le collège porte ce problème, des inspections ont eu lieu, des parents se sont plaints, les collègues traquent tout signe d'alcool, fouillent ses affaires. Le Principal est quant à lui " emporté " par ce courant : il délaisse les autres préoccupations, inquiet, craignant à la fois des accusations de négligence de la part de ses supérieurs, le suicide potentiel de ce professeur, les manifestations des parents, et les perturbations apportées aux élèves. Toute l'activité du collège semble consacrée au salut de ce professeur. Utilisant les ressources du groupe, je lui propose de visualiser et de représenter les éléments qui caractérisent la personne-problème : ses qualités , ses défauts . Curieusement , il choisira pour représenter l'alcoolisme, la stagiaire la plus petite et la plus menue. L'abondance de qualités symbolisées finit par engloutir cette dernière. L'expérience suit le même processus quand je suggère à Bernard de représenter le " problème " dans l'ensemble des activités et préoccupations que Bernard doit normalement assumer.

             En remaniant les figures sur le fond, Bernard va très vite cesser d'être envahi et d'envahir son entourage avec cette situation. Ce sera le cas également dans le groupe de travail que j'animais où il occupait tout l'espace. La pression s'est relâchée au collège et si le professeur de sciences naturelles boit toujours, il est le seul désormais à avoir un ulcère à l'estomac et envisage d'entreprendre une thérapie !

 

Quels effets sur les participants ?

Ce groupe d'analyse de la pratique professionnelle pour chef d'établissement a eu pour effets:

 - de sortir les chefs d'établissement de leur isolement dans lequel ils s'enferment trop souvent débordés par le quotidien «la solitude appelle à la solidarité »

 - de leur permettre de travailler les représentations de leur rôle (et de leurs rôles) en les confrontant avec celles de leurs collègues ;

 -de leur faciliter la relation à leur fonction d'autorité souvent délicate, notamment dans leur première affectation où la confrontation avec les collègues enseignants dont ils viennent à peine de quitter le « corps » ;

 - D'arriver à mettre en place un fonctionnement d'équipe et les délégations nécessaires ;

 - de leur permettre de développer leurs fonctions d'animation vis-à-vis de leurs collaborateurs ;

 - de sortir du « boulevard de la plainte » pour reprendre une image de Louis Schorderet, pour être plus acteur de changement;

- d'augmenter leur capacité à être alternativement les hommes qui séparent pour mieux relier ;

 - de pouvoir affronter les situations de stress liées aux pressions multiples et contradictoires qu'ils vivent au quotidien (enseignants, élèves, parents, syndicats, organismes de tutelle ou partenaires... la liste est longue...) et de vivre moins douloureusement certaines situations où les conflits internes sont lourds, comme les signalements, les drames vécus dans les établissements, la gestion de personnels en grande difficulté... ;

 - de bénéficier d'effets imprévus sur leur vie personnelle.

 

Des conditions

Un groupe ne peut s'ouvrir qu'avec des animateurs très formés.

             Balint faisait appel à des médecins -psychanalystes compte tenu du contexte de l'époque. Je suggère en tous cas des personnes formées à l'écoute des personnes et du groupe, appartenant ou non à l'Éducation nationale. Un groupe de ce genre ne peut être animé dans l'amateurisme.

             Les participants doivent être volontaires et s'engager à suivre toutes les séances ce qui amène déjà à une évolution de leurs représentations de l'urgence, de la hiérarchisation de leurs obligations et de leur capacité à déléguer et le rythme des séances doit tenir compte des réalités géographiques et des spécificités locales.

             Nous sommes actuellement sur des projets en Suisse, au Luxembourg et dans l'enseignement privé sous contrat, qui semblent demandeurs de cette mise en place et je me réjouis de voir que cette initiative régionale fait école.

 

             Face à un monde qui bouge, les chefs d'établissements doivent affronter comme d'autres catégories de populations, l'incertitude et les ruptures". Cet outil parmi d'autres est un levier précieux pour devenir acteur et non victime du changement.

             Les entreprises n'ont rien fait d'autre en proposant à leurs dirigeants et cadres du coaching individuel ou en groupe. La dénomination a seulement répondu aux exigences de la modernité

 

Pour aprofondir voir:
L'auteur de la page
LIVRES:

COACHING

SITES:

Le chef d’établissement et l’analyse des pratiques: cahiers-pedagogiques.com

http://www.coach-gestalt.org/

Qu'est ce que le coaching?

Qui est

Marie-Françoise BONICEL?

 

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Commentaire

Commentaires:

<<Chère Madame Bonicel, Je me réjouis d'avoir trouvé votre site. Je suis médecin psychiatre, psychothérapeute cognitiviste-comportementaliste et spécialiste en thérapie systémique, à Strasbourg. J'ai fait du coaching (par exemple à ARTE), et j'ai toujours eu envie de faire des séances de supervision-coaching pour les enseignants qui consultent nombreux chez moi, eu égard aux problèmes énormes auxquels ils sont confrontés. Ma question est d'ordre pratique: les enseignants sont, individuellement, très intéressés par de telles séances, mais ils me font remarquer que cela ne peut se faire dans le cadre de l'Education Nationale. Quand je vous lis, je remarque que cela est pourtant possible. Quelle est la filière à suivre? Qui donne le feu vert? A qui s'adresser? Merci pour votre aide. Je pense que j'aurai d'autres questions, au fur et à mesure que les choses se mettront en place. Veuillez recevoir, Madame Bonicel, l'expression de mes sentiments les meilleurs.>>

<<Bonjour Madame Bonicel, j'apprécie chaque fois que je me retrouve avec un discours aussi humanisant. Une question: Dans ma commission scolaire, certains cadres qui m'apparaissent des êtres plutôt de "pouvoir" ont une influence parfois désastreuse sur des chefs d'établissement. Qu'est-ce qu'une enseignante consciente de ces attitudes peut faire pour aider? Toutes mes amitiés!>>

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