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DU SITE
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Malaise dans la
formation des enseignants
Sous la
direction de:
Claudine Blanchard-Laville
et Suzanne Nadot
Edition L'Hamattan.
(2001)
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Dernière de
couverture
<<Angoisse,
plaintes, déception, reproches à la
formation et aux formateurs, c'est souvent ainsi
que s'exprime le malaise des jeunes enseignants en
formation initiale tout au long de leur
discours.
Plutôt que de
prendre ces plaintes au pied de la lettre et
d'incriminer la formation dispensée en IUFM,
les chercheurs de cet ouvrage ont voulu comprendre
ce que signifient ces manifestations.
Pour eux, elles
relèvent d'une crise identitaire
professionnelle vécue au cours de la
formation initiale.
Il s'agit alors de
trouver comment accompagner ces futurs enseignants
à traverser au mieux ce temps d'adolescence
professionnelle.
Les auteurs :
Michèle
AYRAUD, Claudine BLANCHARD-LAVILLE, LouisMarie
BOSSARD, Jocelyne CHARTIER, Jean GUGLIELMI, Pascal
GUIBERT, Suzanne NADOT, Christiane PERDON, JeanLuc
RINAUDO, Betty TOUX-ALAVOINE.>>
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Table des
matières
Préface
Jean
Guglielmi
Introduction
Claudine
Blanchard-Laville, Suzanne Nadot
Contexte
général des recherches sur la
formation des enseignants
Claudine
BlanchardLaville, Louis-Marie Bossard
Au-delà de l'analyse
des besoins en formation
Claudine
Blanchard-Laville
Choix
méthodologiques
Claudine
Blanchard-Laville, Suzanne Nadot
Angoisse, prévention
et prise de risque
Jocelyne
Chartier
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La crise identitaire
Louis-Marie Bossard
L'espace psychique de
formation
Jean-Luc Rinaudo
Le temps de
formation
Claudine
BlanchardLaville, Betty Toux-Alavoine
Des savoirs à la
pratique
Suzanne Nadot
Constructions identitaires
Michèle
Ayraud, Pascal Guibert
Lettre ouverte aux
enseignants et aux
formateurs
Christiane
Perdon
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Un
passage
<<Passer
le concours et exercer professionnellement : deux
situations différentes
En nous
plaçant du point de vue d'un même
sujet qui est successivement un étudiant
passant le concours puis un professeur stagiaire
exerçant professionnellement, nous pourrions
schématiquement décrire ainsi les
deux actions. Dans la situation de concours,
l'étudiant qui a appris doit attester son
acquisition de connaissances devant des
examinateurs qui savent. Dans la situation de
pratique professionnelle, l'enseignant qui sait
doit mettre en place des situations permettant
l'acquisition de connaissances pour des
élèves qui ne savent pas. Nous
notons, au passage, que la réussite au
concours affirme que l'étudiant sait et
c'est cela qui lui confère d'ailleurs le
titre d'enseignant.
Pour identifier ces
deux situations en terme d'activité
cognitive, nous pourrions avancer qu'il s'agit dans
les deux cas, d'une activité de
communication de savoirs dont l'instrument
principal est le discours. Ces situations
pourraient alors être
considérées semblables dans la mesure
où il y a, énoncés par un
même sujet, des discours dont les contenus
proviennent d'un même domaine, par exemple
les mathématiques. De là à
conclure que celui qui aurait su tenir un solide et
rigoureux discours en mathématiques à
des spécialistes membres du jury, devrait, a
fortiori, pouvoir en tenir un devant des
élèves, il n'y a qu'un
pas.
Les propos
relevés dans les entretiens nous montrent
que ce pas est de toute évidence très
difficile à franchir. Plusieurs professeurs
stagiaires témoignent de leur
difficulté à enseigner et ils nous
disent le désarroi dans lequel ils se sont
trouvés durant les premiers jours de leur
activité professionnelle. D'autres ne nous
en disent rien mais la demande exacerbée de
formation utile nous laisse penser qu'ils sont eux
aussi plutôt démunis. La
capacité à réussir le concours
ne garantit donc vraisemblablement pas d'une
capacité à enseigner et le
rapprochement tel que nous l'avons avancé,
apparaît artificiel : la seule dimension du
message et du locuteur du discours n'est donc pas
suffisante. D'ailleurs, lorsque les professeurs
stagiaires évoquent leur activité
d'enseignant, ils en parlent bien
différemment que lorsqu'ils
témoignent de ce qu'a été le
concours et ce sont principalement des
éléments du contexte dans lequel se
tiennent les discours qui sont mis en avant. Les
caractéristiques de l'environnement de la
communication ainsi que l'inscription dans une
durée conséquente apparaissent de
bien meilleurs descripteurs des deux
activités.
Le lieu et le temps
du concours sont sans surprise, les
événements y sont prévisibles
et la prise de décision fortement
anticipée. Les étudiants sont
principalement soucieux de pouvoir répondre
aux questions qui leur seront posées. Ils
s'y préparent précisément et
aucun n'évoque le contexte du concours. A
contrario, les professeurs stagiaires parlent
abondamment du milieu et de la temporalité
de leur activité d'enseignant. Ils disent,
pour pouvoir enseigner, devoir établir un
climat propice à l'étude. Ils parlent
aussi de participer à des décisions
collectives comme l'orientation des
élèves ou la résolution de cas
difficiles. Ils nous montrent qu'ils ont à
prendre bien des décisions autres que celles
qui procéderaient d'une communication
didactique pouvant s'abstraire de ses
destinataires, qu'ils appréhendent de se
tromper et de devoir dans les temps qui suivent en
assumer les conséquences.
La
complexité de l'environnement et la
temporalité de l'action séparent
nettement ces deux activités et conduisent
à des prises de décisions très
différentes : décider pour
communiquer en situation de concours et en
situation professionnelle n'est pas comparable. Les
rapprochements qui peuvent être faits
apparaissent très partiels, voire même
trompeurs et nous pouvons comprendre les points de
vue des professeurs stagiaires lorsqu'ils
évoquent la rupture entre les deux
années de formation Pour qu'un
lauréat des concours devienne enseignant il
faut plus que quelques adaptations ; cela exige
l'acquisition de schèmes d'action
probablement très nouveaux dans la mesure
où ils n'étaient pas
nécessaires aux activités
précédemment attendues d'un
étudiant.>>(p.193-195)
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Commentaires
Ce livre est
indispensable à tout formateur d'I.U.F.M.,
d'I.R.E.M. etc... qui désire prendre un peu
de distance par rapport à sa pratique
quotidienne. Fait par une équipe
multidisciplinaire de chercheurs sur la formation
en I.U.F.M. il permet de ne pas en rester à
des impressions, des intuitions mais de
réfléchir au processus même de
formation. Il permet, entre autre, de comprendre
les attitudes et demandes contradictoires des
stagiaires et de pouvoir trouver l'attitude juste
à leur égard.
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