PLAN
DU SITE
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FINKIELKRAUT
et MEIRIEU
Comparons
deux polarités de pensée,
représentées par ces
personnes; elles ne sont, pour moi ici,
que des symboles de positions que nous
prenons tous plus ou moins, c'est pourquoi
je les nomme par des lettres M et F pour
rappeler que nous sommes tous
impliqués par ces divers
positionnements.
Ce
travail veut montrer que l'opposition
entre partisans du "savoir" et partisans
de la "pédagogie" souvent
présentée par les
médias est fausse. Elle cache des
positions multiples, de chacun d'entre
nous, qui peuvent se situer sur au moins
trois axes:
|
|
|
*
Un
axe qui différencie par les
représentations du fonctionnement
des "personnes"
*Un
axe qui différencie,
également, par une importance plus
ou moins grande accordée aux liens
paradigmatiques ou syntagmatiques (ou
liens dans le temps et liens dans
l'espace)
*
Un
axe qui différencie, encore, par la
pensée d'une dynamique inverse dans
le mouvement
(idéal-réalité)
|
(La mise en gras
de certains mots est de moi) Voir
méthodologie
utilisée
|
1
er axe: Les représentations des
"personnes"
L'objectif
de l'école
pour
le
Pôle
F
du premier axe
c'est la
<<formation des
esprits>>(r),
ceci se
fait par "l'instruction"
qui<<est la condition de
l'indépendance de jugement qu'une
société démocratique
attend de ses
membres>>(cf);
On pense
que <<l'abandon progressif de la
glose (poussiéreuse) et du
commentaire (académique) pour les
exercices d'imagination
débouche sur le triomphe sans
partage de la doxa>>(f).
On accuse
le Pôle M
de penser que <<l'instruction
serait une "fiction" injuste et
inefficace, la vraie modernité
consisterait à renoncer à
cette fiction. Le bonheur est dans
"l'adaptation".
Le
renoncement, tel est le ressort des
réformes, enrobé dans la
démagogie de l'innovation"
pédagogique" et de
l'égalitarisme>>(cf).
On
proteste contre <<l'abandon des fins
de l'école, au profit d'un
improbable mélange
d'hédonisme (chacun doit
s'épanouir tout seul, sans
subir l'autorité éducative)
>> et contre <<le modernisme
incontinent (par exemple: l'enseignement
par discipline est
dépassé, vive
l'interdisciplinarité>>(cf).
On
rappelle encore que l'avant-dernier
Ministre <<nageait dans le sens du
courant :"Il y a dans l'enseignement
une tendance archaïque que l'on peut
résumer ainsi: ils n'ont
qu'à m'écouter, c'est moi
qui sais. Sauf que c'est fini, les
jeunes (et même les très
jeunes) n'en veulent plus. Ce qu'ils
veulent, c'est
interréagir.">>(f).
Enfin, on
fait confiance aux enseignants qui
<<s'obstinent envers et contre tout
à maintenir l'école dans sa
mission première de transmission
des connaissances et de formation de
l'intelligence.>>(cf)
|
Dans le
Pôle
M
du premier axe
<<la
culture et la raison, à
elles seules, ne délivrent pas de
la barbarie. Voilà qui est
devenu une triste
banalité!>>(m).
Et puisque
la culture n'est pas incompatible avec
l'expression personnelle: <<Qui
a jamais dit que la culture interdisait
l'expression personnelle?>>(m), il
est bon de favoriser
l"épanouissement" des jeunes car un
des objectifs de l'école est de
former <<des citoyens autonomes
(donc pourvus d'esprit critique) et des
êtres humains
épanouis>>(t).
Le plaisir
a sa place à l'école:
<<Les élèves qui
arrivent aujourd'hui au collège,
voire au lycée, n'ont pas tous la
passion de la lecture, loin de là.
Il faut les inciter à prendre
l'habitude de lire et les aider à
se rendre compte que la lecture peut
être non seulement un exercice
imposé, mais aussi un
plaisir. Ce mot choque nos
professeurs de vertu, qui s'imaginent
aussitôt qu'on cherche à
introduire à l'école quelque
expérience sexuelle
interdite>>(t).
La
construction de la Loi <<qui
s'impose de manière transcendante
et au nom de l'universalité de
l'humain, aux groupes affinitaires, aux
clans et tribus de toutes
sortes>>(m) (dans le pôle F on
parlera plutôt de
l'Autorité du Maître),
est aussi importante que le
<<pouvoir unificateur de
l'art en deçà et au
delà de toutes différences
qui séparent les
hommes>>(m).
|
Je
poserai ici comme
hypothèse:
que les
différences entre les
positionnements
proviennent
en grande partie des différences
entre les représentations du
fonctionnement des
personnes.
|
-Dans
le Pôle F, de l'axe 1 la
personne est conçue comme un
ensemble de fonctions (perception,
émotion, motivation,
volonté, imagination,
intelligence...) qui peuvent être
considérées
indépendamment les unes des
l'autres. Il en résulte qu'on
peut donner à l'école pour
seul objectif de "former
l'intelligence" pour
"instruire" les
élèves par "la
transmission des connaissances", des
disciplines que possède le
Maître. D'où l'importance des
exercices de gnose, de
dissertation... pour la rencontre
des intelligences du maître et des
élèves.
|
|
-Dans
le Pôle M, du premier axe
la personne est conçue comme un
ensemble de fonctions ou de
polarités en interaction
continuelle. L'émotion
intervient sur la mémoire, la
mémoire et les émotions
interviennent sur l'intelligence, etc...
Il n'est plus question de s'occuper d'un
aspect, mais de s'intéresser
à l'ensemble de la personne de
l'élève. Ce n'est plus
une "rencontre d'intelligences" qui a lieu
en classe, mais une "rencontre de
personnes" avec tout ce que cela
implique. C'est l'élève qui
"construit ses
connaissances" dans cette rencontre
avec la personne de l'enseignant.
Dans l'enseignement des
disciplines, on sera sensible à
leur interaction
(Interdisciplinarité;
Travaux personnels
encadrés).
|
|
Ceci n'est pas sans conséquences,
pour chacun d'entre nous, sur la façon dont
on conçoit le "métier
d'enseignant".
Les
différences s'observent dans la part plus ou
moins grande que l'on accorde:
soit aux
disciplines
car elles seules
comptent
pour la formation
de l'intelligence
|
soit
à
la
professionnalisation
car elle seule
permet de former à un métier
tourné
vers le jeune dans son
ensemble.
|
Dans
le Pôle F de ce premier
axe
on dira par exemple:<<Attaques
contre les professeurs, suppressions
massives d'heures de cours au
lycée,
"professionnalisation" du
CAPES qui consiste à caporaliser
les professeurs des lycées et
collèges et à les priver de
l'enseignement universitaire
indispensable à une
véritable formation: les
réformes Allègre se
poursuivent>>(cf).
<<Pour
les partisans de l'innovation, les
professeurs trop attachés à
leur discipline et à leur
bibliothèque, sont
simultanément coupables
d'archaïsme, d'égoïsme et
d'élitisme. Ils avaient
choisi un vieux métier humaniste,
on les enjoint désormais d'exercer
un nouveau métier humanitaire
>>(f).
|
Dans
le Pôle M de cet axe 1
ce
sera:<<Plus que jamais,
l'école doit aujourd'hui engager un
effort important pour préparer les
jeunes à être des citoyens
accomplis dans un monde en
perpétuelle évolution...Cela
ne pourra pas se faire sans des
évolutions profondes des pratiques
d'enseignement et des modes
d'organisation du système
scolaire>>(cm).
|
Il est bien
évident que ces différences de
représentations ont aussi des incidences sur
la conception des modes de recrutement des
enseignants..!
|
2
ème axe : LES LIENS
Les
deux pôles dans cet axe
reconnaissent l'importance de
l'établissement de liens pour la
formation des jeunes, mais ils mettent
l'accent sur des types de liens
différents:
|
-
Pour
le pôle
F
de
l'axe 2
les liens privilégiés
sont sur un axe paradigmatique (ou axe du
temps), ils sont de l'ordre de
l'enracinement (se former en prenant
racine). Ils sont encore de l'ordre d'une
recherche généalogique.
S'enrichir de tout ce que le monde a
accumulé de connaissances et de
valeurs au travers des siècles. La
valeur privilégiée est ici
"la reconnaissance et la sauvegarde de
l'héritages des ancêtres"qui
doit être "transmise".
Une transmission dans le temps.
|
|
C'est
pourquoi dans ce pôle on
défendra:
-
les langues anciennes, grec et latin:
<<La politique aujourd'hui conduite et que
nous dénonçons consiste à
effacer lentement, avec patience et
détermination, les langues anciennes
de nos programmes>> (r);
-et
tout ce que nous a apporté la tradition: la
littérature: <<Et quand une
pétition dénonce l'effacement de
la littérature "comme un coup de chiffon
sur un tableau noir", le parti de la réforme
s'étonne de voir des intellectuels
éminents ajouter foi à des
rumeurs>>(f)
-la
dissertation:<<Vous vous
inquiétez pour la dissertation, on
vous répond qu'il n'a jamais
été question de supprimer cet
exercice>>(f)
-la
culture en général {à
l'opposé de" la
cuculture"(f)}<<Jaurès ne
voyait pas "en vertu de quel
préjugé nous refuserions aux enfants
du peuple une culture équivalente
à celle que reçoivent les enfants de
la bourgeoisie". Marie-Danielle
Pierrelée ne voit pas en vertu de quel
préjugé nous le leur
donnerions.>>(f).
Il
nous faut donc préserver ce qui vient du
passé:
-les
horaires: Finkielkraut accuse de vouloir
<<réduire à 15 heures
hebdomadaires la part des cours obligatoires pour
les collèges>>(f),
-les
disciplines telles qu'elles existent dans la
mesure où ce dernier accuse l'autre position
de vouloir <<desserrer l'étau de la
culture scolaire sur l'enseignement en
combattant les "lobbies
disciplinaires", en renversant la
tendance des concours de recrutement "à
favoriser les grosses têtes, les
érudits, les passionnés d'une
discipline au détriment des
pédagogues" et en tablant sur le
multimédia. Bienvenue dans la
vie.com.>>(f)
La
réforme devient alors un concept
chargé de sens<<On prend, de nos jours
un risque considérable à se
présenter comme l'adversaire d'une
réforme quelle qu'elle
soit. Dans le monde affairé et
fébrile du mouvement pour le mouvement,
réforme est le mot le plus
convoité du vocabulaire politique. Le
concept d'action est tout entier occupé par
la réforme, comme si, pour
préserver, il suffisait de laisser faire,
comme si sauvegarder une institution, un
paysage, un principe ou une relation avec les
morts, ce n'était pas
agir>>(f).
Relation
avec les morts, relation avec le
passé, enracinement; tout cela s'oppose
à réformer. Du reste
réformer est le véritable
conservatisme:<<L'orientation de la
réforme est-elle bonne? Peut importe,
la question ne sera pas posée,
"réformer" est devenu un verbe
intransitif. Voilà le vrai
conservatisme.>>(cf)
Dans
le pôle M de l'axe
2,
au contraire, la réforme est
indispensable: <<Il faut
éviter l'immobilisme,
péril grave qui menace aujourd'hui
l'école publique. Il faut
soutenir les
réformes>>(cm).
La
culture n'est plus le seul lien
important: <<Comment parvenir ici
à une culture commune? Les
tenants de la contre-réforme ont
trouvé la recette: il suffit que
les "jeunes immigrés" apprennent le
grec et le latin pour qu'ils "ouvrent les
yeux sur l'unité de cette culture
méditerranéenne qui est
à la fois la leur et la
nôtre"; il suffit qu'ils
accèdent aux oeuvres classiques:
c'est "la seule manière de les
arracher aux ghettos". Si l'on comprend
bien, les jeunes issus de l'immigration
maghrébine (et que deviennent les
autres?) doivent apprendre à lire
Aristote et Augustin dans le texte pour
accéder à leurs
racines et ne plus se
révolter. On croit
rêver. Cette solution n'est
peut être pas à
écarter, après tout; mais
pourquoi faut-il que ce soit la
seule?>>(t).
|
On
voit déjà ici une inflexion:
on passe d'une "culture racine"
à la recherche d'une "culture
commune".
En
effet dans le pôle M les liens
recherchés sont sur un autre axe,
un axe syntagmatique ou axe de l'espace.
Ils
sont à chercher, prioritairment,
avec les autres qui nous entourent, avec
notre époque. La valeur
privilégiée est ici "la
solidarité". Il s'agit d'une
transmission
entre
les personnes dans l'espace
actuel.
|
|
Solidarité
qui ne peut être comprise dans le pôle
F:<<Il
s'agit de substituer des moniteurs aux professeurs,
et de punir ces derniers de s'accrocher aux
"vieilles lunes" du savoir et de la culture,
en leur faisant supporter le poids d'une mesure de
solidarité nationale qu'il eût
été plus juste, à ce titre, de
financer par
l'impôt>>(cf)
Différence
encore plus perceptible dans: <<La
réforme ne parle pas la langue sordide de
l'intérêt: elle parle le langage du
coeur. Elle fait le procès de
l'intellectualisme au nom de la
fraternité>>(f).
On retrouve
l'opposition
intelligence/solidarité.
Dans
le pôle M de l'axe
2
un objectif important de l'école est, entre
autres, d'apprendre à communiquer avec
les autres ; un des buts du français est
donc :<<d'abord, d'apprendre aux
élèves à s'exprimer
clairement, oralement et par écrit,
à être capables de bien
comprendre ce qu'ils lisent ou
entendent>>(t).
De
même l'objectif de l'école est de
"former à l'exercice de la
démocratie"(m) , <<préparer
les jeunes à être citoyens
accomplis dans un monde en perpétuelle
évolution.>>(cm).
Ces
différences ont aussi des incidences sur la
façon dont est ressentie
l'hétérogénéité":
Pour
le pôle F de l'axe 2
<<Les
gardes rouges de la cuculture ne désarment
pas pour autant. Ils redoublent de
colère et ils incriminent le sabotage des
professeurs ou les manoeuvres inciviques des
parents bourgeois pour soustraire leur
progéniture aux bienfaits de
l'hétérogénéité>>(f).
Au
contraire, pour le
pôle M de l'axe2,
l'hétérogénéité
n'est-elle pas la condition d'une solidarité
et d'une connaissance de l'autre
"différent"?
Hétérogénéité,
citoyenneté: liens avec les autres; mais
aussi liens avec son temps dans l'espace actuel
du monde: <<un effort important en faveur
d'Internet et des nouvelles technologies de
l'école à
l'Université>>(cm) doit être
fait.
Liens
racines ou liens solidarités?
Peut-on séparer les
deux?
I
l
me semble qu'il n'y a pas de culture
commune possible si chacun ne s'enracine
pas dans la connaissance la plus profonde
de ses racines qu'il pourra confronter.
Mais c'est cette culture commune qui est
importante à construire
justement.
|
|
3
ème axe : La dynamique
idéal/réalité
L'éducation
des jeunes est une confrontation d'une
réalité avec un devenir idéal
désiré pour ces
jeunes.
-Les uns
partent de cet idéal
pour chercher
à y amener les
jeunes.
|
__
|
-Les autres
partent de la réalité des
jeunes
pour chercher
à les amener à cet
idéal.
|
La dynamique est
différente.
Pour le
pôle F de l'axe 3,
c'est
l'idéal qui est important, et tout
ce qui pourra paraître l'amoindrir
ne sera pas
accepté:
|
<<De
sorte, on s'acharne à rendre
inintelligible et impraticable
l'idéal qui définit
l'institution scolaire, alors que notre
devoir civique et politique est de
repenser et de reformuler cet
idéal, de l'inscrire dans des
conditions sociales et anthropologiques
certes nouvelles, mais ni plus ni moins
défavorables à
l'éducation en
démocratie>>(cf).
|
Le mot
"adaptation"définit alors le
lieu de la différence des
dynamiques. On le voit dans le reproche
fait par Finkielkraut à la F.C.P.E.
<<Le jeune, lit-on dans leurs
brochures, doit être acteur
de son éducation, de sa
formation, de son projet personnel,
de son propre changement, de sa propre
construction de savoirs:
"l'accent doit être
mis dès sa naissance sur
ses
potentialités, sur ses
capacités propres, sur son
initiative...Centré sur
l'enfant et non sur les disciplines
enseignées,
c'est à l'école de
s'adapter à l'élève
et non l'inverse." Nous ne sommes
pas fous. Nous sommes même en
droit de dire qu'il n'est pas de
précédent dans l'histoire
européenne à la haine des
maîtres et à la
détestation de
l'école manifestée
aujourd'hui par l'institution scolaire
elle-même et par les forces
soi-disant vives de la
société>>(f).
|
Si partir
de l'élève c'est haïr
le maître et détester
l'école, on comprend que la
diminution des horaires,
l'allégement des programmes soient
ressentis comme une diminution de cet
idéal vers lequel il faut amener
les élèves. Mais est-ce
vraiment cela?
|
Pour le
pôle M, de l'axe
3
il semble que l'accent soit mis sur
l'élève et donc,
prioritairment, sur la prise en compte de
ce qu'il est.
|
<<Des
corporatistes étroits ont
empêché la loi de 1989 qui
place l'élève au centre
du système éducatif et
qui fait des parents des partenaires
à part entière de
l'école, de s'appliquer
pleinement>>(cm).
Faudrait-il
alors s'adapter, avec tout ce que ce terme
renferme de renoncement?
|
<<Il
ne s'agit du reste pas de s'adapter
mais de prendre en
considération: à quoi sert
de fermer les yeux devant la
réalité des faits?
L'école ne doit pas renoncer
à son idéal, mais elle a
tout intérêt à
connaître exactement la distance qui
l'en sépare>>(t).
<<Ignorer
la diversité des
élèves repartis dans les
classes d'enseignement
général, technologique et
professionnel, faire comme si l'on avait
en face de soi un seul type
d'élève idéal,
prêt à recevoir la parole du
maître, est certes facile sur le
papier. Mais dans les salles de
classe on est bien obligé de
partir des élèves
réels, d'une extrême
diversité>>(t).
Il se
crée alors un double
mouvement dû à une double
dissymétrie: <<La parole de
l'éducateur est
première. Son
antériorité n'est pas
seulement chronologique, elle est aussi
ontologique: il porte et
présente le monde à
ceux qui arrivent. Mais la parole de
l'éducateur n'est pas
"dernière": en effet, son projet
est bien de susciter une autre
parole dont le texte ne soit pas
écrit à l'avance. Il
n'y a pas d'équivalence" entre
l'éducateur et
l'éduqué, mais bien une
double dissymétrie:
dissymétrie de l'enseignement qui
place l'éducateur en amont et au
dessus de l'éduqué;
dissymétrie de l'apprentissage qui
place l'éduqué en position
de s'approprier, de prolonger et de
démentir ce qui lui a
été
enseigné. C'est cette seconde
dissymétrie qui permet à
l'éducation de n'être pas
seulement
reproduction>>(m).
|
Dans ce
pôle "l'élève est au
centre du système" et "l'aide
individualisée" représente
une avancée importante.
|
|
Il
semble que l'on puisse dire que ces
pôles de l'axe 3
représentent la tension normale
entre un idéal et la
réalité.
|
Pour le
pôle F de l'axe 3:
-
idéal
de l'intelligence comme fonction
supérieure de l'être humain, le
distinguant des animaux;
-
idéal
de la culture, somme de tout ce que
l'humanité (nos ancêtres auxquels nous
sommes redevables) a pu construire tout au long des
siècles.
-
idéal de
la transmission intergénérationnelle
du maître à
l'élève.
Et ne pourrait-on
rajouter:
-
idéal
d'un petit groupe (l'élite)
chargé de montrer la voie et de garder
cet héritage et dont la formation est
fondamentale: d'où l'importance des Grands
Lycées Parisiens, des Grandes Écoles
et de l'Agrégation. chargés de former
cette élite idéale.
|
Pour le
pôle M de l'axe 3:
-
complexité de la
réalité
de la personne humaine, à la fois
dans son fonctionnement interne et dans sa
diversité externe.
-
complexité de la
réalité
des liens entre des êtres
différents, entre des cultures
différentes, entre les êtres et les
progrès techniques si rapides.
-
complexité des stratégies
d'enseignement, de la recherche
d'efficacité pour donner ses chances
à tous dans un idéal
d'égalité.
|
En
définitive
Chacun
d'entre nous se situe en un point de cette
espace à trois dimensions
défini par les axes:
représentation
globale de l'élève
<-------> représentation de
l'élève comme ensemble de
fonctions
liens
avec le passé, la tradition
<-------> liens aves les autres dans
le présent
désir
de privilégier l'idéal pour
modeler la réalité à
cet idéal <----->
désir de tenir compte
prioritairement de la
réalité de
l'élève pour aller vers un
idéal
On est
loin de cette simple opposition entre
savoir et
pédagogie!
|
Mais
qu'il s'agisse de représentations
de la personne, de liens, de dynamique,
l'important
n'est-il pas la prise en compte de ces
deux pôles, de ces deux dimensions
et d'éviter "l'exclusion" de l'un
par l'injure, ou le discrédit
jeté sur l'autre?
|
Et pour
conclure cette phrase de Nathalie Guibert
(Le Monde du
13/06/2000)
<<Ni
retour en arrière, ni fuite en
avant, ni invectives: une réflexion
collective pour que la
société regarde son
école en face>>.
Ou
encore celle d'Antoine PROST (Le Monde du
22/6/2000):
<<Il
peut y avoir dans l'enseignement des
dérives qu'il faut combattre; mais
pas avant d'avoir reconnu et mesuré
l'ampleur des difficultés. Or
elles tiennent aux
élèves. Non qu'ils
soient moins vifs ou moins intelligents;
ce n'est pas une question de niveau mais
de comportement. Beaucoup d'entre eux
ne se comportent plus comme des
élèves; on ne sait plus
comment les faire travailler et, sans
travail, quelque chose d'essentiel se
défait, qui est grave pour la
société toute
entière. Cette situation
radicalement nouvelle n'appelle pas des
diatribes, mais un travail d'analyse et
d'explication qu'il n'y a pas plusieurs
façons d'entreprendre; la
méthode est la même que pour
tout travail
universitaire.>>
....et par
cet éditorial, j'ai souhaité
participer à cette réflexion
collective.
|
|
Réactions:
<<Quel
travail ! Encore Merci.>>
<< Merci de
nous remetre à jour avec ce texte complexe
mais qui résume toute
lambiguité dans laquelle nous nous
trouvons! il faut oser aller de lavant,se
remetre en question pour un resultat profitable
à tous. cordialement >>
<< Bonjour et
merci pour votre analyse. Si lon veut sortir
de lopposition stérile entre savoirs
et pédagogie, il faut quand même
préciser que, si les pédagogues (le
« pôle M ») ne se sont jamais
positionnés en hostilité par rapport
aux savoirs, linverse nest pas vrai, le
« pôle F », parfois curieusement
qualifié de « républicain
», manifestant une aversion jamais
démentie et toujours renouvelée
contre la pédagogie. La prochaine
rentrée verra comme toutes les autres une
nouvelle livraison de libelles «
anti-pédagogistes », qui se
caractérisent, de façon assez
systématique, par labsence de notes de
bas de page et de bibliographie, signe dune
analyse pour le moins sommaire. Quant à
faire dériver lenfant-roi de
lélève au centre, cela
relève me semble-t-il
dune double méprise : lenfant
est-il vraiment roi dans un pays, la France, qui va
bientôt rester lun des seuls en Europe
à autoriser les châtiments corporels ?
Le thème de lélève au
centre, avatar dune loi dorientation
déjà ancienne mais très peu
appliquée, appartient davantage au domaine
du mythe que de la réalité
éducative : plus de 20 ans après la
Déclaration des droits de lenfant, on
attend toujours quelque chose qui ressemblerait
à un début de réflexion sur
les droits de lélève. »
Ceci étant dit en dehors de tout esprit
polémique, qui nest pas le style de la
maison. Cordialement.>>
<<Comme
proviseur, je travaille avec des enseignants qui se
situent entre ces deux pôles
Jappartenais, moi-même, comme
enseignant au « pôle M ».
Aujourdhui, il marrive de soutenir
parfois F contre M : résultats au BAC
obligent
! Dernièrement, jai
vécu une contradiction, au sujet de
lexpérimentation des rythmes
scolaires
Jétais favorable
à cette expérience et je lai
proposé au Conseil
dadministration
Lopposition est
venue de profs tendance F ( normal .. ! ) pour tous
les arguments que vous citez
Mais, un
argument fort a semé le
trouble dans mon esprit, par ailleurs très
bien défendu par une enseignante dHist
Géo. Il sest cristallisée
autour de la spécialisation
demandée aux enseignants, face
à lentrée _ dans ce sanctuaire
quest le lycée _ de personnes
extérieures comme : _ les associations (
sport et culture ), _ les étudiants ou
retraités ( soutien
)
Bref,
tout ce qui provient de lextérieur,
démantèle le service public. De plus,
cela se passerait au sein même des cours,
puisque le réforme des lycées
prévoit de laccompagnement
personnalisé dun
côté avec un enseignant qui peut
être différent, des Enseignements
dexploration ( qui ne sont plus des
enseignements, puisque privés de
savoir
), de laide _ avec
dautres personnes ( AED , ..etc )
alors
que cette professeure estimait que le tout devait
faire partie de son cours ( méthodes,
travaux encadrés, aide
etc ) , et
quelle navait pas envie ( à
terme ) de déléguer quoi que ce soit,
et finalement de devoir faire un cours magistral en
amphi. ( économie de postes ! ). Bien
sûr, je regretterais que lon en arrive
là
! Je suis conscient que le service
public est malmené , que le collège ,
encore plus que le lycée, devient
difficilement gérable, parce que nous ne
pouvons plus tenir nos objectifs, et en particulier
ce qui touche la sécurité des biens
et des personnes.. ! Face à ce constat qui
se dégrade dannée en
année : comment avancer une réforme
sans avoir le sentiment dabandonner une
partie de notre mission, en particulier celle qui
touche aux savoirs .. ? Le
parti F , a beau jeu de nous reprocher
dabandonner du terrain « à
lignorance » au profit du « bien
être de lenfant_roi »
Les
parents nétant pas nos meilleurs
alliés ! Merci Jacques Nimier pour votre
site>>
<<Derrière
cette querelle ce cache quand même notre
vision du monde ! Depuis quand un enfant dicte ce
quil croit être bien pour lui.
Cest la victoire de lInné sur
lAcquis ! Alors que lécole
cest avant tout le lieu de
lapprentissage culturel et donc
civilisationnel. Si lon veut
développer ses penchants innés, il y
a un lieu tout naturel cest la famille. Dans
une société qui se communautarisme a
vitesse de la lumière, on voit bien que
lécole devient le socle naturel qui
justifie lappartenance communautaire et non
plus lappartenance a un groupe national.
Cest la volonté affiche de faire un
homme nouveau détaché de ces racines
nationales, mais non ethnique. Cest la vision
du village planétaire, du citoyen moderne,
dont ces racines, ca culture na plus lieu
dêtre. Seul compte sa capacité a
consommer et a avaler sans distinction la bouillie
médiatique quotidienne. >>
On fait des
cerveaux tout juste éduquée pour les
préparés a accepter le monde meilleur
a venir. Pas desprit critique par malheur,
ils pourraient se révolter. Il faut de toute
manière faire rendre gorge a ces vieilles
civilisations qui résistent ! Un monde
néolibéral ou lon commence la
rééducation en appauvrissant
lécole de son contenue. Une
éducation « mainstream » pour une
classe moyenne mondiale
néo-prolétaire, des
diplômés sans culture, des esclaves de
la doxa dominante, des déculturés
sous-prozac. Lécole du 21 eme
siècle cest bienvenue dans le meilleur
des mondes et 1984, sous les aspects de
lenfant roi. Une société qui
soppose a toute forme de sagesse et qui ne
résistera pas longtemps a une
réalité toute Hobbesienne : «
lhomme reste toujours un loup pour
lhomme » !
<<Merci pour
cet effort de synthèse de ce débat
contradictoire et parfois si virulent quon en
perdrait presque de vue les finalités. Pour
ma part je pense que la position enseignante la
plus satisfaisante se situe entre ces deux
positions, allant tantôt du côté
de lécoute de
lélève et de ses attentes de
façon à lui donner une place plus
active en classe, telle que le préconise PH.
Mérieu, sans hésiter à avoir
recours dès que possible à des
méthodes denseignement plus classiques
dont les élèves sont aussi
demandeurs, dès lors quils se sentent
en confiance>>.
<<Merci aussi
de la richesse de votre site et la clarté de
vos analyses qui permettent souvent de clarifier
des situations complexes. J'ai
particulièrement apprécié dans
cet article votre choix d'éviter la
personnification du débat pour s'en tenir
aux seules idées : j'ai pu me rendre compte
qu'il y avait donc finalement quelques bonnes
choses à prendre aussi chez Finkielkraut
>>
<<Eurêka
! merci pour ces axes de réflexion! Quelle
énergie créée par cette
opposition! La différence entre ces deux
polarités de pensée est d'une
richesse sans fin. Les racines mais aussi les
feuilles. Racine et Jamel Debouze. Molière
et Diam's. Socrate et moi. Je crois qu'on ne peut
penser l'école sans le lien du passé
et sans le lien au présent.Quand je pense au
massacre des Indiens d'Amérique, je
n'imagine pas qu'on puisse à ce point
s'enferrer dans le refus de l'autre ou de la
découverte. Enterrons la hache de guerre?
non! Transformons-la ! En plume?>>
<< Tres
interessant surtout quand on réalise qu'au
final on cautionne tour à tour chacune des
théories comme autant de cultures
personnelles (tantôt les racines tantot la
solidarité) et qu'à l'arrivée
nos enfants nous mettent precisement en echec sur
les points que l'on pensait aquis comme la
necessite de travailler ou la necessite à ne
pas aller vers la paresse ou encore le relationnel
à l'enseignant que l'on ne peut
eviter.>>
<<Etant
enseignante cinquantenaire ( bac 68 ), j'approuve
entièrement l'internaute qui déclare
que l'école est devenue "un lieu de vie et
de paresse pour enfants rois" .Chaque année,
au collège , je vois se dégrader
davantage les conditions pour que chaque enfant
puisse faire un apprentissage qui puisse l'amener
à une réelle culture lui permettant
de développer un esprit critique et devenir
un adulte doué de réflexion et non
pas une cible pour notre société
consumériste .. Comment ne pas devenir un
objet de manipulation sans
çelà?>>
<<Merci de
rendre publique par internet vos études et
approfondissements en matières
éducatives. Je m' étonne tant de voir
encore à quel point la
psychopédagogie révèle des
violences de rejet comme si décortiquer le
fonctionnement de l'enfant , de l'
élève faisait une peur bleue à
beaucoup, le pouvoir des élites semble
s'appuyer sur des bases si difficilement aquises ou
si inégalitairement acquises qu'il provoque
un rejet encore important des pratiques scolaires
dites évolutives (par moi). Je suis chaque
jour en recherche de 'comment lutter contre l'
echec scolaire' et vous lire me rend forte de mes
interrogations et recherches et me font regretter
de ne pas avoir embrassé la carrière
enseignante, seulement je viens d'une
génération d'enseignants pour qui le
savoir et la connaissance passainet par la
contraite et la violence et j'ai rejetté ce
monde pour moi; j'en paie les conséquences
aujourd'hui car mes garçons sont dans le
refus de l'utilsation de leur intellect ...merci de
vos travaux.>>
<<la
méthode MEIRIEU a en 30 ans donné la
profondeur de sa faillite totale. Nous avions la
meilleure école du monde, aujourd'hui nous
pleurons notre culture.Le petit de L'HOMME est le
seul à naitre IMMATURE , quelle
hérésie de penser qu'il grandira tout
seul!!! D'autres part , Monsieur A.PROST semble
déplorer que les élèves ne
veulent plus travailler , merçi à la
méthode MEIRIEU d'avoir sacrifier des
générations d'élèves ,
par pure DEMAGOGIE.L'ECOLE est d'abord devenu un
lieu de vie puis un lieu de PARESSE pour
ENFANTS-ROIS.>>
<<Votre
analyse - c'est votre droit - penche nettement pour
Meirieu comme le confirme la citation finale de
Prost . Mes expériences , mes pratiques ,
mes connaissances , mes constatations
professionnelles de plus de 35 ans de terrain me
font redouter de voir un jour mes éventuels
petits-enfants confiés à des adeptes
des théories de Meirieu. Pourquoi ne pas
offrir dans un même secteur
géographique le choix des 2 écoles
aux parents? Les demandes de dérogations
diminueraient et les hypocrites de l'institution
qui tiennent 2 discours (un pour leurs propres
enfants et un pour les enfants des autres) seraient
contraints de se découvrir . A
l'école de la charité
préconisée par Meirieu permettez
qu'on préfère celle de la
dignité qui s'impose d'offrir à
chaque élève une qualité d'
instruction émancipatrice aussi
poussée que le lui permettent ses
capacités et de ses efforts Martine Hello
Institutrice républicaine>>
<<Super lien
qui ne sert pas l'invective, mais l'analyse. A lire
donc, comme ressource pour mieux comprendre. Merci
monsieur Nimier. Bonnes Vacances JDC
Scritch>>
<<Bonjour
Monsieur, Je regardais ce soir l'émission
d'Ardisson dans laquelle Alain Finkielkraut
intervenait en marge de la sortie de son dernier
bouquin. Et c'est en tapant "Finkielkraut" dans
google que je suis tombé (et resté
accroché) sur votre site. J'ai passé
un bien agréable moment à lire les
pages 56 et suivantes (les 2 "pôles") et je
tenais à vous en faire part. Je ne suis
qu'un employé de 34 ans nullement
impliqué dans les domaines
évoqués mais leur lecture m'a
néanmoins plu...>> Nicolas DECK
Belgique.
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