En
avant! vers le passé ou l'avenir?
La réforme des programmes du primaire:
"Revenir aux fondamentaux".
Qui peut être contre l'enseignement des
fondamentaux à l'école primaire? Mais
REVENIR ! N'est-ce pas déjà ce qui se
fait? Et c'est surtout orienter les enseignants
vers le PASSE et de plus vers un
PASSE MYTHIQUE. La question n'est pas de
REVENIR mais de trouver les méthodologies
efficaces pour les enfants de notre
époque et ceux de demain. Or "Le
projet de programme réduit le plus souvent
lacte denseigner à la mise en
place dautomatismes et à la
mémorisation...(il) privilégie une
vision mécanique des apprentissages. Il
constitue, en l'état, un retour en
arrière qui fait fi de l'expérience
des enseignants et des travaux de recherche
pédagogique" déclare le SNUIPP.
En effet, c'est bien une conception
mécaniste de l'apprentissage qui est
sous-jacente; elle fait abstraction de l'importance
du sens, de l'investissement de l'enfant. (Voir
le
texte d'Hubert Montagner). C'est
également une conception passée de
l'enfant découpé en tranches et la
croyance à la possibilité de
travailler sur la mémoire
indépendamment des autres facteurs de la
personnalité de l'enfant et, en particulier,
de son intérêt; alors qu'il existe
maintenant une
autre conception plus globale de la personne.
Du reste chercher à détailler des
programmes par discipline c'est déjà
faire fi de la vie de l'enfant qui est beaucoup
plus globale et liée à ce qui
l'entoure, dans sa classe, sa maison, son quartier,
sa ville... Ce découpage peut être
rassurant pour le Ministère et pour certains
enseignants mais bien loin des recommandations
d'Edgar
Morin qui nous invite constamment à
relier les connaissances entre elles,
à les "tisser" ensemble. C'est cela
l'AVENIR.
Au lieu de tourner les enseignants vers le PASSE
il serait préférable,à notre
avis, de les préparer à
l'AVENIR; aux bouleversements qui se
préparent dans les méthodes
d'enseignement. Je pense ainsi qu'on n'a pas encore
saisi l'importance de la révolution
apportée par Internet. On n'en est qu'au
début des conséquences. Il est
nécessaire évidemment qu'Internet se
propage comme ce fut le cas pour la
télévision ou le
téléphone (taux de 84% pour le
téléphone mobile fin 2007! ; pour
Internet taux de 24,6% en 2005 puis maintenant
35,7%" (Le monde 1/3/2008)). C'est donc une
affaire de quelques années, mais quand
pratiquement tout le monde aura Internet chez soi
comme la télévision ou le
téléphone, qu'est-ce que cela
changera pour l'école? Par exemple:
-chaque parent pourra
vérifier en temps réel, la
présence de son enfant à
l'école, ses évaluations, il pourra
correspondre d'un clic avec ses enseignants.
- les élèves auront chez
eux un centre de documentation ouvert nuit et jour;
ils pourront avoir un suivi personnalisé au
moyen de messages envoyés par l'enseignant.
Ils pourront, par petits groupes, préparer
des documents sur un espace informatique de
travail. Ces élèves auront
également leur "porto folio" individuel
qu'ils construiront progressivement au cours des
années, visible par les parents et leurs
enseignants au fur et à mesure des
années.
-les enseignants pourront
communiquer aux élèves des textes,
corrections, remarques chez eux.
Sur des espaces
de travail qui leur seront propres, ils pourront
mettre en commun par discipline ou par thème
commun des travaux qu'ils auront faits et voudront
partager.
On
voit que ceci ne peut rester sans
conséquences sur les méthodes
pédagogiques:
- L'apport
d'information sera secondaire par rapport à
l'apprentissage du tri et de la recherche de la
valeur de cette information;
- La notion de
classe disparaîtra, peut être par
moments, au profit de groupes de travail sur un
thème donné ou un document à
faire sur un espace de travail.
- Les heures de
présence à l'école seront
davantage consacrées à
l'écoute personnalisée , à
l'aide méthodologique, à la
stimulation des élèves ou de petits
groupes, qu'à des cours ex cathedra sur un
sujet déjà traité dans un
document distribué aux élèves
sur leur espace informatique de travail ou sur un
site indiqué par l'enseignant.
- Une attention
plus grande et plus longue pourra donc être
portée aux élèves en
difficultés. Ce qui demandera une formation
particulière des enseignants aux obstacles
à l'apprentissage et à la relation
d'aide. (voir le
livre de Madeleine
Khalifa)
- Des relations
s'institueront entre élèves de
différents pays par des Blogs permettant des
comparaisons d'enseignements, des échanges
d'informations sur les différents
pays.
C'est
à l'AVENIR qu'il faut penser et non au PASSE
!
<<Il
faut d'abord rappeler que la France a un
sérieux retard en matière
d'usages des tice. Ainsi l'enquête
Pisa 2000 classait le pays au dernier rang
pour les usages en classe, alors que le
niveau d'équipement était
supérieur à la moyenne
européenne. Plus récemment,
une étude du Credoc montre que les
usages en classe restent faibles et
diminuent. C'est finalement au primaire,
là où l'équipement
est le moins bon que les usages en classe
sont les plus nombreux. C'est dire que la
tentation de chercher le "bon logiciel" ou
"le bon matériel" capables de
changer les pratiques de classe risque de
se fracasser sur une réalité
plus complexe. ...Intégrer les tice
c'est bousculer une machine
éducative qui sait trouver au mieux
un équilibre entre un programme, un
horaire et un lieu. C'est peut-être
aussi altérer le rapport à
l'enseignant.
>>
Cafepedagogique.net
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