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Quand
on parle des blogs, on l'assimile le plus souvent
à un " journal intime " mis en ligne et au
monde des adolescents, étant les principaux
utilisateurs.
Les blogs s’intègrent
dans les outils communicationnels du web. Ils sont
en pleine explosion depuis quelques années
avec plus de 12 millions de création de
blogs en 2005 dont la moitié sont à
des adolescents. Dans une étude
intitulé Du weblog aux blogs adolescents71,
on constate que dans 82% des cas de blogs
observés (sur 400 blogs bretons) servent de
mise en scène de soi. Le blog, contraction
de web et de log, (littéralement «
carnet de bord ») désigne une page
personnelle interactive. C’est un site web sur
lequel un internaute publie ce qu’il veut :
ses pensées, ses idées, ses
photos...il se résume souvent en une seule
page où figure les messages ou les textes
publiés, présentés du plus
récent au plus ancien.
Les
jeunes de la PPE ont
des parcours de vie difficiles. Beaucoup de
facteurs les freinent dans leurs orientations
professionnelles ou dans leurs recherches
d’emploi. Le blog me paraît
intéressant, en tant que support, pour
libérer leurs paroles, leur permettrent de
s’exprimer et se confronter aux
autres.
Ces jeunes vivent
dans la société actuelle, or celle-ci
est inondée de technologies qui
créent de nouvelles formes de
marginalisation. La maîtrise des technologies
est devenue un enjeu. Rien que pour une
recherche d’emploi, les jeunes devront savoir
maîtriser Internet pour se rendre sur le site
de l’ANPE et naviguer pour chercher une
annonce. Rappelons que l’ANPE a
exclusivement mis en ligne toutes les offres
d’emploi par souci d’accessibilité
et de modernité. Le fait de vouloir donner
l’accès au plus grand nombre de
demandeurs d’emploi par le «
médium » Internet en exclu
forcément certains.
En
m’intéressant plus en profondeur «
aux mondes » des blogs, j’ai
découvert d’autres aspects qui peuvent
justifier leur mise en pratique dans un programme
de formation.
Par la pratique du blog,
l’internaute ne navigue pas seulement, mais il
devient producteur de contenu avec tous les
aléas que cela peut entraîner. Il peut
ainsi se « réapproprier »
l’espace. Les jeunes de la PPE sont pour la
plupart mis à l’écart de
l’espace Web. Le blog pourrait être un
moyen de les familiariser avec celui-ci, de se
l’approprier (en aménageant leur blog
à leur façon), de devenir «
créateur » en le modelant à leur
guise.
Le blog c'est
aussi un espace d'expression où les
jeunes se confrontent aux autres par le biais des
commentaires laissés. Se confronter aux
autres est nécessaire pour la construction
de son identité, surtout à la
période de l'adolescence. Les commentaires
sont très importants pour un adolescent qui
possède un blog, ceux-ci font acte de
reconnaissance sociale. Les adolescents s'amusent
à y modeler leur identité en
choisissant des pseudos ou des avatars qui les
personnalisent. Les jeunes vont chercher à
se valoriser auprès de la communauté.
Ils vont également s'autoriser à dire
des choses qu'ils ne s'autorisent pas
confrontés physiquement à la
présence des autres. Ils ne cherchent pas
pour autant à y montrer le meilleur
d'eux-mêmes, bien au contraire ! C'est
surtout ce qui pose problème chez eux qui
est mis en avant comme le pseudo de ce bloggeur "
je suis le jardinier de l'amour, celui qui ne roule
pas beaucoup de pèles, mais qui
maîtrise le râteau " (en
référence à l'expression " se
prendre un râteau "). Ce qui est important
n'est pas d'être valorisé par les
autres mais d'être lu et commenté.
Le
psychanalyste Serge Tisseron
("L’intimité surexposé", Paris:
Ramsay. 2001 ) parle d’ « extimité
». Il s’agit du mouvement qui pousse
chacun à mettre en avant une partie de sa
vie intime, autant physique que psychique. Cela
démontre le désir de communiquer
à propos de son monde intérieur en
mettant son intimité au vu et au su de tous.
Ce qu’on appelle généralement
l’ « intériorité »,
dirige les récits des blogueurs.
L’auteur nous dit que les jeunes «
expriment » certains éléments de
leur vie, pour mieux se les approprier et dans un
second temps, pour les intérioriser sur un
autre mode grâce aux réactions
qu’ils suscitent chez leurs lecteurs. Un
double mouvement se produit alors pour qu’il y
ait un échange : identifier l’autre
à soi et s’identifier à lui. On
retrouve ici ce que Jean Piaget, spécialiste
de la psychologie appelle « assimilation
» et « accommodation ».
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N’oublions
pas non plus le pouvoir de
l’écriture. Ecrire peut
être un moyen
thérapeutique. Ce qui ne se dit
pas, peut s’écrire. Je
souhaite que les jeunes écrivent
leur vie et leur quotidien. Ecrire,
c’est aussi prendre du recul avec ce
que l’on vit, ou au contraire en
prendre conscience, c’est adopter une
position réflexive. L’art du
récit et de mettre en mot,
dénotent notre capacité
d’abstraction de notre quotidien.
Tout ne devient pas récit. Nous
mettons en récit ce qui fait sens
à nos yeux. Le blog est une forme
de récit mis en mots. Mais pas
n’importe quels mots ni maux puisque
ce sont les leurs.
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<<Jouer
pour mieux parler à son
psy, c'est le pari de la Clinique
du virtuel qui devrait ouvrir
à Paris en
Avril. Encadrés par
trois personnes à temps
plein, dont une
pédopsychiatre, quinze
psychologues, formés aux
jeu vidéo, recevront
enfants et adolescents en
difficulté psychologique,
familiale ou en situation
d'échec scolaire. Les
jeunes patients seront
reçus dans des cabinets
d'un genre nouveau, pourvus d'un
écran géant , d'un
accès Internet et de
toutes les consoles de jeux
disponibles sur le
marché.>> Le Monde
5/3/08 p.27
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Les blogs, ce
n'est pas la jungle comme on pourrait le penser !
Il y a des règles, des normes et des valeurs
à respecter si l'on veut se faire accepter
dans la communauté des " blogueur ".
De ce fait, les
jeunes se confrontent à un véritable
système social, tout comme dans leur vie
quotidienne au sein de la société. La
notion de « jeu » prend tout son sens et
c’est aussi une des raisons pour laquelle les
blogs et les communautés virtuelles
m’interrogent. Je fais appel aussi à la
symbolique du jeu, et plus
précisément celle du jeu
de rôle,
puisqu’il s’agit de se mettre en
scène, de se « travestir », comme
certains auteurs l’évoquent comme H.
Rheingold. L’individu qui pratique les
communautés virtuelles devient alors une
sorte d’artiste, de créateur de sa
propre simulation.
Une comparaison
entre la mise en scène de soi sur les blogs
et un jeu de rôle peut être faite. Anne
Schutzenberg, évoque la notion de jeu de
rôle. Elle peut paraître ambiguë.
Cependant, il est important de rappeler que, sans
le savoir, nous tenons dans notre vie quotidienne,
des rôles que nous jouons plus ou moins bien.
(voir: Tension
entre rôle et personne).
Selon l’auteur, le jeu de rôle repose
sur deux données fondamentales : le fait
qu’aucun sujet humain ne se possède
pleinement lui-même, et l’«
extraversion », c'est-à-dire le
mouvement vers les autres, qui rendra possible la
découverte de soi et des autres. Par le jeu
de rôle, «il s’agit de vivre en
groupe une situation passée, présente
ou future, non pas en la racontant mais dans un
agir improvisé » (Schutzemberg, 1975,
p.39) Le jeu n’a pas de scénario
établi. Le héros ou le protagoniste
principal exprime ses sentiments, et met en
scène la situation, avec l’aide de tous
les personnages nécessaires à
l’action et qui lui donneront la
réplique.
Par
rapport à notre
thématique, le héros
serait l’internaute connecté
à une communauté virtuelle.
Il met en scène son propre
personnage, dans une scène plus
vaste, qu’est la «
territorialité » nouvelle
(pour reprendre le terme de Lemos) de la
communauté virtuelle. Il «
joue » ainsi son identité.
Ceci est encore une fois très
important pour la construction de soi chez
des jeunes en pleine quête
identitaire.
Le blog est un
formidable support pour familiariser les jeunes
avec les nouvelles technologies. De plus, il
permet d'entamer un travail sur l'écriture
(sur la mise en page et la rédaction d'un
article par exemple).
Les jeunes
peuvent aussi faire appel à leur pouvoir de
création en modifiant à leur
guise leur blog, en y ajoutant des photos par
exemple ou en écrivant des articles sur
divers sujets.
Pour
résumé, le blog est un
outil et un support à
l'enseignement non négligeable.
Il permet d'entamer un travail
d'écriture, d'échange et
de création sur un mode plus
ludique.
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