Professeur de
Sciences de l'Education, Paris X Dans ce
site:
Que
les recherches sur les pratiques enseignantes nous
aident à comprendre comment les enseignants
contribuent à construire le rapport au
savoir de leurs élèves, tout en nous
sensibilisent aux répercussions dans les
espaces denseignement des
phénomènes de déliaison
sociale, et quelles singénient
à repérer les organisations
didactiques les plus performantes, ne doit pas nous
faire oublier que, dans ce métier de
lhumain par excellence quest
lenseignement, si nous ne travaillons pas
à favoriser linstauration et le
maintien de liens psychiques bien
tempérés entre les
élèves et les enseignants, toute
transmission deviendra impossible. Si nous voulons
que les forces de liaison soient le plus souvent
gagnantes, transmettons aux enseignants de demain,
en le partageant avec eux, le geste de construire
un cadre approprié pour que ces liens
puissent vivre et croître, accompagnons-les
pour soutenir une posture intérieure
adéquate par rapport aux difficiles
conditions actuelles dexercice de ce
métier. Transmettre
:
illusion,
défi, ou acte d'espérance
?
Des
auteurs se sont aventurés à ajouter
des chapitres au livre fétiche de Kahlil
Gibran" le Prophète".Je prendrais bien la
liberté de faire de même : " Monsieur le
Président ou Madame la Présidente qui
voulez être élu (e), parlez-nous de
l'Ecole".Et le (la )Président
(e)répondit : " Il appartient
à l'Ecole :
De passer du réalisme utopique
à l'utopisme en action .
De préparer l'élève
à anticiper et à intérioriser
l'imprévisible, à favoriser son
autonomie tout en lui faisant découvrir la
fertilité de l'autorité, de lui faire
traverser l'expérience de
l'hétérogène et de la
cohésion dans un univers complexe afin de
l'aider à développer son
identité terrienne dans la
coopération et la solidarité .
D'aider les personnels, les
élèves et leurs familles à
sortir de la culture de la plainte pour entrer dans
la culture du désir, pour le futur mais
aussi pour le présent .
De leur permettre de partager des projets
plutôt que des problèmes et d'
envisager une autre manière de
recréer des liens sociaux et des liens de
pensée, notamment en favorisant
l'apprentissage de la communication et en
créant des lieux et des temps de partage et
de fraternité.
De renoncer à réclamer des
moyens supplémentaires, en redistribuant
judicieusement ceux qui existent et en passant d'un
ajustement conservateur à un ajustement
créateur favorisant l'innovation,
l'expérimentation, la création,
puisque comme le dit Hannah Arendt "une crise ne
devient catastrophique que si nous y
répondons par des idées toutes
faites".
" Je m'y engage
", ajouta le (la) président (e) !
" Neuropsychiatre Accompagnement
d'enfants et d'adolescents en difficulté
scolaire
Forcerions-nous
nos enfants à manger des noix sans casser la
coquille ? Une telle question ne saurait être
le produit que d'un cerveau malade. Et pourtant, la
pratique de l'enseignement, non seulement chez
nous, mais dans tous les pays dits
évolués, nous démontre que
cette manière de procéder n'est pas
exceptionnelle. Les mots sont des noix : pour que
le son devienne sens, pour que le signifiant
accouche d'un signifié, autrement dit, pour
qu'il y ait compréhension, il faut briser la
coquille : non seulement expliquer le sens des
mots, mais veiller à ce que l'explication
elle-même soit donnée en termes
intelligibles pour un public donné. Enfin,
s'assurer que la définition puisse
être reprise par l'apprenant dans des termes
prouvant qu'il a compris. La difficulté
provient de ce que nombre d'enfants, ayant appris
le mot s'imaginent avoir compris la chose, mais un
test rapide montrerait qu'un grand nombre
d'élèves sont incapables, mettons au
niveau 5ème, de définir ce qu'est une
bissectrice, un adverbe, une assemblée
constituante, un affluent, un
dénominateur... Ce flou, cet
à-peu-près dans les connaissances est
non seulement un facteur important de
l'échec scolaire, mais aussi la cause d'un
découragement
généralisé devant toute forme
de discours théorique ou explicatif. Encore
les termes cités plus haut, si
rébarbatifs qu'ils paraissent à
certains, sont-ils nécessaires ; mais que
penser du " champ lexical " ou du " schéma
narratif ", concepts qui semblent destinés
à stériliser toute émotion et
à tuer dans l'oeuf tout plaisir
esthétique ? Finalement l'idée que
les mots sont des mots et qu'il n'y a rien à
comprendre s'insinue dans les esprits qui ne sont
plus capables de comprendre que les
énoncés les plus simplistes et les
plus passionnels. Maître de
conférence - Université de Provence -
Marseille
Jai
l'impression que tout à été
déjà dit sur l'école, mais
souvent, trop souvent, sur le ton de la
polémique.
Cependant, dans un groupe AGSAS pas plus
tard que Samedi à Montpellier, nous nous
demandions pourquoi les Professeurs d'école
ne recevaient pas une formation
véritablement professionnelle, par exemple
sur la base de la formation des "Maîtres AIS"
où sont fournis des moyens d'analyse des
difficultés d'apprentissage et "à
grandir" des enfants dans les différents
temps de leur croissance.
Mais il est sans aucun doute possible d'en
dire autant pour les professeurs de collège
et de lycées : surtout ceux de
collège d'ailleurs car de mon point de vue,
c'est en ces temps de croissance que se joue
beaucoup de choses.
Ne pourrait-on pas reprendre quelques
idées du Plan Langevin-Wallon (n'ayons pas
peur d'être "rétro") où le
travail sur projet est à même de
donner sens aux apprentissages, et puis si on est
vraiment "rétro", nous pourrions aussi aller
chercher dans les "Pédagogies nouvelles" qui
ont bientôt 100 ans, dans lesquelles le
projet et les activités coopératives
sont au centre de l'organisation des apprentissages
?
Quand arrêtera-t-on de
sélectionner les professeurs d'école
avec des problèmes de mathématiques
aussi bêtes que le suivant : << un nombre
est composé de trois chiffres dont la somme
est X, si on intervertit les chiffres des centaines
et des dizaines ce nombre augmente de Y et si on
intervertit les chiffres des centaines et des
unités ce nombre augmente de Z : trouver ce
nombre !>> (Il y a peut-être une erreur
dans l'énoncé, mais c'est à
peu près cela).
Celui qui a "réussi" cet exploit
sera-t-il un "bon" professeur de
mathématiques au "primaire" ?
Tu vois, j'ai écrit, au bout du
compte, quelques lignes un peu décousues,
mais dont la trame est sans doute la réforme
profonde des objectifs de formation et de
sélection des maîtres de tout
niveau. Professeur des
universités Université de
Provence (IUFM)
À
l'instar d'autres institutions à la fois
familières et vieillies, l'École
souffre d'un mal cruel : nécrose du sens.
Elle est là, posée comme un gros
caillou dans le paysage de nos
sociétés. Mais ses raisons
d'être se sont élidées :
situation dévastatrice. Expérience de
pensée : appelons-la de son nom grec,
skholè. Pourquoi, alors, la
skholè?
Question première, qui commande toute
interrogation sérieuse sur la " chose "
École.
Réponse : la skholè, lieu
voué à l'étude d'uvres
existantes ou possibles (c'est-à-dire de
manières de faire ceci ou cela et de penser
ceci ou cela), en tant que ces uvres
répondent à des questions
ombilicales, grandes et petites, faisant saillie
sur l'ordinaire des travaux et des jours. Fort
bien, diront certains, qui croient tout comprendre
; mais l'École est désormais une
skholè d'opérette,
dénuée d'efficace ; c'est
l'entreprise qui, aujourd'hui, est la vraie
skholè !
Deuxième question, donc : où
situer la skholè de la République,
qui satisfasse l'indépassable obligation
d'instruction des citoyens ?
Réponse : dans un lieu où l'on
étudie résolument, et tous ensemble,
ces questions dont un pédagogue
inspiré disait naguère que, dans une
démocratie moderne, chacun a le droit qu'on
lui interdise de ne pas les rencontrer (has the
right not to be allowed to avoid). Exit donc
l'entreprise comme école première.
Mais l'École - l'école pour tous,
tous ensemble - répond-elle aujourd'hui
à ce critère ? La racine du mal est
là, silencieusement : dans le " choix " des
questions et des uvres qu'on y étudie
ou qu'on y évite. L'aggiornamento de
l'École, qui la sauvera, doit commencer par
là. Condition sine qua non, qui seule peut
redonner sens et énergie à
l'engagement des professeurs, à l'effort des
élèves, au souci des parents,
à la volonté des citoyens de faire
école pour faire société.
Vaste problème, sans doute, mais qui a des
solutions. Et que nous sommes condamnés
à résoudre. Philosophe et
sociologue Construire
une Europe des échanges Construire
son identité, aujourd'hui, dans les
banlieues du monde 1/ Une «
éducation à lespace
planétaire » composant nos
enracinements régionaux, nationaux et nos
horizons continentaux et mondiaux permettant
déviter tout fondamentalisme, ancien
ou nouveau, toute pensée unique. 2/ Une «
éducation à lhistoire
planétaire » et au riche patrimoine
culturel de lhumanité, à
développer encore pour faire face aux
nouveaux défis du futur. 3/ Une «
éducation à la reliance »
des individus, des groupes, des
sociétés dans une espèce
humaine ouverte à son contexte cosmique et
à la diversité biologique, animale et
végétale. 4/ Une «
éducation aux oppositions et aux conflits
», pas toujours source de violences
extrêmes mais pouvant, aussi, pouvant
stimuler linvention de nouvelles
coopérations indispensables entre individus,
groupes et sociétés.
Le Monde
autour de nous change: et vite, très vite!
On le sait... mais l'Ecole; en France,
bougerait-elle? Naturellemnt, oui! Tout le monde
chez nous, attend impatienmment, en se chamaillant
comme à l'habitude, des mesures de
réorganisation et de " mise-à-jour"
dans nos institutions scolaires et universitaires;
tout juste à la sortie des Urnes! On
verra ce qu'on verra...
Quelles que seront ces mesures (et
seront-elles "mesurées"?) gageons qu'elles
ne pourront se dispenser de répondre
à notre besoin de "bon sens": au moins si
nous ne le détournons pas en
prétentions, comme a su, finement, nous le
reprocher le bon et méthodique
Descarte!
Convenons consensuellement, - serait -ce
possible?- , que rien ne se fera de fécond
et d'utile dans la vie quotidienne de notre Ecole,
sans : 1) la confiance
et le respect témoignés
à tous les acteurs du système
éducatif et scolaire, adultes et
jeunes; 2) la
responsabilisation et professionnalisation
soutenues chez les personnels en
service, mais aussi les élèves
en vue de leur orientation; 3) la
solidarité de tout l'environnement de
l'Ecole et la coopération
compréhensive des parents
d'élèves ; 4) le
développement de la recherche
pédagogique et didactique ainsi qu'une
considération honnête accordée
aux Sciences de l'Education dans
l'Université et l'Opinion.
A titre indicatif, on peut saupoudrer
ci-dessous quelques dispositions et
précautions autant symboliques que
pragmatiques, signifiantes! Professeur de
sociologie à l'Université
Bordeaux-II, Directeur d'études
à l'EHESS
Plutôt
que de dire ce qu'il faudrait faire à
l'école, je voudrais me poser la question de
savoir pourquoi les candidats à
l'élection en disent si peu. En fait de
politique scolaire, tout se passe comme si les
candidats ne cherchaient qu'à séduire
les électeurs enseignants : un peu d'appel
à l'ordre à droite, beaucoup de
moyens et pas de réformes à
l'extrême gauche, un peu des deux à
gauche
Et plus la campagne avance, moins on
en dit. En fait, tout se passe comme si
l'école n'appartenait qu'aux membres de
l'Education Nationale, dont je fais partie, et
comme si, ceux-ci incarnaient naturellement
l'intérêt général. Je
souhaite donc que le débat ne s'organise pas
sur tel ou tel point " technique ", mais sur la
question de savoir si notre société a
la capacité de maîtriser les
politiques scolaires ou si, définitivement,
celles-ci lui échappent. Enseignant-chercheur
en Sciences de l'Education
Si je
devais faire des propositions sans moyens
financiers supplémentaires pour que le monde
de l'enseignement remplisse mieux ses engagements
éducatifs, transmettre des savoirs et des
valeurs, former des citoyens, je me focaliserais
sur trois points : 1 - Ayant pu
constater que beaucoup d'enseignants sont à
titre individuel partagés entre deux
systèmes de valeur apparemment peu
compatibles : -celui (dominant)
de la société marchande qui a
imposé comme valeur le "toujours plus !"
avec les comportements addictifs associés
à la croissance et à toutes les
formes de compétition, la logique de
l'exclusion, (cela ne peut pas être du
"toujours plus pour tout le monde") et
l'irresponsabilité liée à
l'obtention du plaisir immédiat et sans
limite ; -et celui des
valeurs de la République qui implique la
solidarité, la logique de l'inclusion
(chaque élève est important) et la
laïcité pour développer la
résistance du futur citoyen à
l'emprise et à la manipulation. Il s'agit
d'éduquer ici à la
responsabilité par rapport à soi, aux
autres et à l'environnement avec comme
valeur : le " encore mieux ! ".
Il en résulte une tension inhibitrice
de l'action. Les enseignants doutent : doivent-ils
adapter ou désadapter les
élèves à la
société marchande ?
Ma proposition serait que dans chaque
établissement soit pris sur le temps
professionnel, celui d'une réflexion sur les
valeurs qui déchirent notre
société au-delà des
idéologies de droite et de gauche. Cela
permettrait de prendre conscience de cette tension
et du coup faire un choix conscient et collectif
des valeurs au service desquelles chacun mettrait
son engagement professionnel. Cet engagement
pourrait faire l'objet d'une charte qui
expliciterait ce à quoi les enseignants
disent OUI et serait donnée aux
élèves et à leurs parents.
J'ai pu vérifier que ce travail
d'explicitation des valeurs soude l'équipe
enseignante et permet à chacun de retrouver
de l'énergie lorsque l'angle entre ses
valeurs profondes et ses comportements devient de
plus en plus aigu. Le travail collectif permet
alors, si c'est un choix, de s'affranchir du
système de valeur dominant. D'autant plus
que dans le cas présent, ce n'est pas
être rebelle que de vouloir la
solidarité sociale, la coopération
interindividuelle, et des élèves dont
on a favorisé l'esprit critique, c'est la
mission officielle des enseignants français
! 2 - Il est
habituel d'attendre du ministère la
réforme, le cahier des charges, la lettre de
cadrage, l'instruction qui va solutionner le
problème et une fois qu'on l'a eu d'en voir
tous les défauts. Je suis persuadé
que cette pratique infantilisante pourrait
être amendée si on demandait
officiellement aux enseignants de donner leur avis
sur ce qui ne va pas à l'école en
séparant ce qui demande des moyens
supplémentaires (postes,
crédits
) et ce qui n'en demande pas.
Ce second point repose sur cette idée simple
que ce sont les enseignants qui sont le mieux
placés pour identifier les problèmes
et proposer des solutions. On aurait suite à
cette enquête nationale deux listes : ce qui
dépend des enseignants et ce qui
dépend du gouvernement. Ils s'en suivrait
une responsabilisation des uns et des autres dont
les premiers bénéficiaires seraient
les enseignants et les seconds, les
élèves. 3 - Il
existe une ressource précieuse (mais
dédaignée) dans notre pays : les
enseignants retraités en pleine
santé, bourrés de savoir faire et qui
sont prêts à offrir quelques heures
par semaine pour aider des collègues,
participer à la formation des enseignants,
intervenir auprès d'élèves ou
des parents d'élèves pour peu que les
lois, les règles, l'inspection
académique, le rectorat ne rendent pas les
choses trop difficiles. Danièle,
ex-principale de collège en zone sensible,
pourrait former des enseignants à la
médiation ; Aline, ex-formatrice, sait
donner envie d'écrire aux
élèves d'origine gitane ; Allen,
ex-agrégé de physique, sait rendre
"appétantes" la physique et les
maths
Grâce à eux l'école
offrirait un meilleur service public, grâce
à l'article de loi qui rendrait leur
intervention légale, ils pourraient
continuer à se sentir utiles dans la
société et transmettre dans des
conditions idéales le meilleur
d'eux-mêmes. Inspecteur
général de l'administration de
l'Education Nationale et de la
Recherche
Les
politiques éducatives des dix prochaines
années sont-elles condamnées à
ressasser les thèmes du dernier quart du
vingtième siècle ? De nouvelles
perspectives sont pourtant devenues
nécessaires : Psychologue
clinicien, psychothérapeute, fondateur de
lÉcole Parisienne de Gestalt (EPG)
Dans ce
site: En
quoi les enseignants sont-ils concernés par
la psychothérapie ?
Ségolène
Royal, dans son « pacte », vient de
souligner à nouveau avec passion
quelle plaçait léducation
au centre de son programme.
Et dans léducation, que placer
au centre du programme ?
Certainement pas lacquisition de
connaissances, mais la relation humaine entre
lenseignant et les
élèves.
La connaissance aujourdhui est
accessible sans effort, à travers les livres
et à travers linternet. Elle ne manque
pas ; elle est en surabondance.
Il ne faut pas enseigner des connaissances,
mais apprendre à les trouver, et surtout
à trier parmi les connaissances.
Tout cela implique que lécole
stimule non seulement lintellect mais la
personnalité des élèves,
quelle développe non les fonctions
corticales du cerveau, mais notre cerveau
émotionnel limbique profond, non seulement
notre hémisphère gauche rationnel,
mais aussi notre hémisphère droit
artistique et émotionnel. Arrêtons de
fabriquer des « hémiplégiques
», intelligents mais incapables de partager
une vie sociale épanouie.
Seule une formation «
expérientielle » vécue du
maître, à travers des stages et
séminaires dimplication personnelle,
lui permettra de mieux saisir la psychologie de ses
élèves et non des cours
théoriques sur la grammaire, les
mathématiques, ou même sur les
méthodes denseignement ou sur la
psychologie. Professeur,
Directeur du Laboratoire de Didactique et
Epistémologie des Sciences,
Université de
Genève
Les savoirs
importants pour décoder le monde ne sont pas
à l'école. Enseigner n'est pas
automatiquement faire apprendre Apprendre est trop
complexe pour se résoudre par une seule
méthode. Beaucoup de chantiers sont à
mettre en place si l'on ne veut pas que
l'école ne disparaisse à la
manière du Mur de Berlin durant la
décennie qui vient.
Mais surtout que le prochain ministre de
l'Education ne propose pas à son tour sa
réformette personnelle : une supposée
nouvelle loi d'orientation. Un peu de recul sur un
passé récent montrerait que le
changement de l'école ne se
légifère pas... et que le changement
ne vient jamais d'en haut ! Trente ans de
réformes successives non
préparées, non partagées,
inachevées, pas évaluées ont
fini par bloquer le système.
Cette difficulté de mutation n'est
pas l'apanage de l'école : toute
organisation réagit de la sorte. Dans tout
système humain (individu, service,
entreprise, institution), le fait de
légiférer ou de
décréter un changement
immédiat et brutal est ressenti par ses
éléments ou ses membres comme un
diktat. Tous le vivent comme une agression et
réagissent immédiatement en opposant
toute l'énergie de leurs
résistances. Maîtresse
de conférences en Sciences de
lEducation. Université Paris
X
"L'école
du futur, ce serait une école où
enfants et adultes pourraient se reconnaître
mutuellement comme sujets, c'est-à-dire
comme êtres humains porteurs de
questionnements, de doutes, de désirs et
d'histoires souvent difficiles à
déchiffrer et à faire vivre. Si
l'école de la République s'est
instituée sur la base d'une négation
de la singularité à l'heure où
le positivisme triomphant permettait de croire en
un salut par la rationnalité, à
l'heure aussi où la France se constituait en
nation, nous en avons vu aujourd'hui les impasses
et il me semble que l'école ne peut survivre
que si elle accepte de retravailler la place du
savoir : non plus une certitude instituante mais un
ensemble de réponses, forcément
partielles mais néanmoins précieuses,
aux questions qui se posent depuis toujours
à l'humanité. Cela demande
probablement d'aider chacun-e à retravailler
son rapport à l'autre et au
savoir". Enseignant,
psychologue scolaire, fondateur-animateur de
l'association-réseau REVEIL Dans ce
site:
3
propositions en 5 à 10 lignes, c'est un peu
une gageure. Ce ne peut être que
lapidaire.
Voici donc, brut de décoffrage, 3
points qui me paraissent importants - sans
être les seuls ! 1.
redéfinir les valeurs qui fondent notre
éducation : je partage totalement l'avis de
Daniel Favre. J'ajouterai cependant que cette
redéfinition, pour qu'elle soit
démocratique, ne peut se limiter à la
confrontation d'opinions, mais doit émerger
d'une réflexion approfondie, d'un
débat argumenté, prolongé dans
le temps, auquel les enseignants seront
invités à participer, mais aussi,
parallèlement ou dans un deuxième
temps, l'ensemble des citoyens. Car
redéfinir les valeurs conduit à
redéfinir les missions de l'Ecole (au sens
le plus large) et donc à faire un choix de
société. 2. partir de
la base : l'école primaire. Relancer la
Charte pour bâtir l'Ecole du 21e
siècle (jamais abrogée). Sur le
modèle du projet d'expérimentation
concernant l'aménagement du temps de
l'enfant lancé par Guy Drut en 1995, lancer
un appel en vue de la constitution de sites pilotes
de l'éducation chargés, sur la
durée d'une législature, par exemple,
d'explorer des voies d'application de cette Charte.
3. favoriser
et valoriser l'expérimentation
pédagogique en rapprochant les chercheurs
universitaires, les formateurs des IUFM, les
mouvements pédagogiques, mais aussi les
praticiens de terrain (recherche-action). Relier
effectivement les formations initiales et
continuées à la recherche
pédagogique permanente. Transformer les
Inspecteurs en incitateurs et coordonnateurs des
recherches-actions (relire ce qu'en dit le plan
Langevin Wallon à ce sujet).
Et, si un 4e point peut être
évoqué :
Amorcer réflexions,
expérimentations, recherches (notamment
historiques - et à l'étranger) en vue
de relier l'ensemble de le scolarité
obligatoire en un établissement unique et
diversifié : l'école fondamentale. Ce
point prolongeant le n°3. Professeur de
philosophie
L'école
française ne s'est jamais vraiment remise de
la critique sociologique qui l'a secouée
dans les années soixante, soixante-dix. A
tel point qu'elle ose à peine revendiquer
encore sa vocation d'institution de l'homme
démocratique comme le faisait sans
équivoque Jules Ferry. Cette critique a eu
un double effet chez les enseignants : d'un
côté un désenchantement source
de malaise identitaire, de l'autre une crispation
sur une forme scolaire obsolète et largement
fantasmée, l'école de la
IIIème République.
Pourtant, aucune Ecole ne peut avoir de sens
sans porter conjointement dans son horizon un
idéal d'homme et de société.
Pour autant, comme le remarquait déjà
Durkheim, l'école n'a pas le pouvoir de
façonner de toutes pièces un nouvel
homme et un nouveau monde mais elle peut seulement
- ce qui n'est déjà pas une mince
affaire - uvrer pour que la
société s'accorde petit à
petit avec les valeurs qui la fondent. Quelles sont
ces valeurs dans une société
démocratique ? La solidarité dans la
liberté, l'égalité dans la
différence. L'homme qui se situe à
l'horizon des sociétés
démocratiques est donc un individu libre et
singulier uni à ses semblables dans des
liens de coopération vivants et respectueux
qui se tissent dans la parole
échangée. Et de manière
symétrique, la société
démocratique est un organisme dont la
vitalité s'accroît dans la mesure
où s'accroît celle de chacun de ses
membres. Une école démocratique a
vocation à instituer ce monde, c'est en cela
que réside sa justice.
Mais l'Ecole ne pourra instituer des
individus singuliers, sachant faire preuve
d'initiative, de responsabilité et de sens
de l'action collective qu'à condition que
ceux qui la font, les enseignants, soient
eux-mêmes de tels individus. Et cela n'est
possible qu'en changeant l'organisation des
établissements et en redéfinissant
les diverses dimensions du métier
d'enseignant. C'est ce pari qu'ont engagé
tous ceux qui ont fait le CLE depuis vingt -cinq
ans. Professeur des
Universités. Didactique des
Mathématiques.
Dans un
contexte de libéralisme et
d'intégration européenne, les hommes
et femmes politiques français ont
découvert à la fois leur relative
impuissance à apporter des solutions aux
attentes des citoyens dans les domaines
économiques et sociaux, et
l'intérêt électoral que
présentent pour eux les " questions de
société ". Après le cancer et
la violence routière, les apprentissages
scolaires constituent leur prochain horizon. Ainsi
voit-on le titulaire actuel du Ministère de
l'Education prétendre réformer
l'enseignement des Mathématiques à
l'école primaire après celui du
Français. Un candidat se prononce quant
à lieu sur les contenus mathématiques
qui seraient formateurs " dans la
société que nous voulons
".
En tant que citoyen je
préférerais voir les hommes et femmes
politiques affronter les questions
financières liées au choix d'un
enseignement démocratique de masse. En tant
que chercheur en didactique, il ne m'est pas
possible de refuser le débat sur les
contenus. La façon dont ce débat est
abordé dans les deux exemples dont je viens
de parler montre bien à quel point la
société est peu sensibilisée
à une approche scientifique des questions
d'éducation : la nostalgie pour un type
d'apprentissage adapté à la
société des années 1950 tient
lieu de discours de référence. La
réaction de la communauté
scientifique (voir http://educmath.inrp.fr/) pour
appropriée qu'elle soit, me semble se situer
davantage au plan technique qu'à celui des
questions de société. Si les hommes
politiques peuvent à ce point ignorer les
travaux sur l'Education, c'est peut-être que
ceux-ci ne prennent pas assez en compte la question
des rapports de la société aux
savoirs. Pour développer ce point de vue, je
vais prendre l'exemple du calcul.
Le calcul est aujourd'hui partout dans le
moindre des dispositifs que nous utilisons. Pendant
que j'écris sur ce traitement de texte, une
boucle de programme compte l'espace pris par les
caractères tapés depuis le
début de la ligne. Quand cet espace est
suffisant pour remplir une ligne, le système
opère une césure judicieuse du texte
et calcule une répartition agréable
des espaces entre mots. En tant qu'utilisateur, je
n'ai pas de calcul proprement dit à faire,
mais il me faut agir sur le calcul qu'opère
la machine, en changeant de police, de longueur de
marge, en positionnant judicieusement des
tabulateurs
Comme autrefois, l'apprentissage du calcul
à l'école doit permettre aux
élèves à la fois des pratiques
sociales et l'entrée dans les
mathématiques. L'évolution
technologique marque une modification profonde des
pratiques sociales du calcul, et des modes
d'entrées dans les mathématiques. En
dehors de l'école, le calcul est partout,
intégré et opéré
automatiquement dans des systèmes
finalisés. Ces systèmes permettent
à l'utilisateur un pilotage externe du
calcul par un paramétrage qui prend sens en
fonction des finalités du système. De
même la façon de faire des
mathématiques a profondément
changé avec les logiciels
dédiés. Qui aura le courage de
rejeter la nostalgie d'un âge supposé
idyllique et donnera sa place aux apprentissages de
la société d'aujourd'hui ?
Martine
LANI-BAYLE Professeur en
Sciences de l'éducation,
Université de Nantes; Rédactrice
en chef de la revue "Chemins de
formation"
Nous
avons tous besoin de sécurité,
afin que l'angoisse d'apprendre ne l'emporte sur le
désir et le plaisir de savoir. Nous avons
tous besoin d'une école où les
adultes forment une équipe solidaire
en mesure d'accompagner des enfants solidaires (et
non pas en compétition) à
dépasser leurs peurs, l'inquiétude
face à l'inconnu, les interdits de savoir,
les détournements de mémoire,
l'impasse à comprendre
les tensions
abrutissantes.
D'un espace habitable et à sa mesure
où l'élève, acteur de ses
découvertes, expérimente, interroge,
avec des enseignants passionnés, des
savoirs décloisonnés ; d'un
espace où se développent une zone de
curiosité et un partenariat de construction
partagés.
D'un creuset d'humanité et
d'émulation joyeuse, contrastant avec une
ambiance de violences et autres
dégradations. Professeur
émérite, Université d'Aix
-Marseille "Modélisation de la
CompleXité"
Par
quel Sujet -Problème ? Celui de l'inculture
épistémologique de trop de chercheurs
scientifiques et, par là de trop
d'enseignants de tous types et niveaux. Toutes nos
institutions scientifiques sont
imprégnées par cette inculture (ou
cette monoculture) post scientiste, qui facilite
l'exercice corporatif des carriérismes
dé-civilisateurs. Ainsi se légitime
croit-on, la césure entre celui qui sait et
celui qui fait.
il s'agit de rendre possible la boucle
fondatrice de la culture humaine : transformer
l'expérience en science avec conscience.
Autrement dit ne plus séparer Pragmatique,
Épistémique et Ethique. Ou encore,
rester sans cesse attentif à la
légitimité socio-ulturelle des
connaissances que nous produisons-transformons et
que nous enseignons.
Il faut que nous nous
répétions sans cesse "l'expert est
aveugle sans les lunettes du citoyen",
Alors que les experts (scientifiques,
enseignants) continuent à expliquer aux
politiques et au peuple: 'le citoyen est aveugle
sans les lunettes de l'expert.", (LE MONDE |
23.01.07 ), ce qui justifie à leurs yeux
leur chasse aux crédits et aux postes que
nul 'Serment de
Responsabilité-Solidarité'* ne
régule *
Pourquoi par exemple ne demande-t-on pas aux
chercheurs de méditer quelques § de la
remarquable introduction du Schéma
Stratégique 2002 du CNRS presque totalement
ignoré par tous, alors qu'il est depuis 5
ans document contractuel État-CNRS? On le
trouve aisément en cliquant
sur:
http://www.cnrs.fr/strategie/projet.html
On pourrait au moins lire un §
clé :
Sattacher à la
complexité, cest introduire une
certaine manière de traiter le réel
et définir un rapport particulier à
lobjet, rapport qui vaut dans chaque domaine
de la science, de la cosmologie à la
biologie des molécules, de
linformatique à la sociologie.
Cest
reconnaître que la modélisation se
construit comme un point de vue pris sur le
réel, à partir duquel un travail de
mise en ordre, partiel et continuellement
remaniable, peut être mis en uvre. Dans
cette perspective, l'exploration de la
complexité se présente comme le
projet de maintenir ouverte en permanence, dans le
travail dexplication scientifique
lui-même, la reconnaissance de la dimension
de limprédictibilité.
Professeur
agrégé, Directeur de
l'enseignement scientifique d'une école
d'ingénieur"
Concernant
l'Ecole et les méthodes de formation, de
nombreuses idées germent dans les esprits
mais souvent, elles sont semées par des
politiciens et pas par des formateurs. Or, ces
élus n'ont souvent qu'une vision personnelle
et donc partielle de la formation.
Depuis que je pratique l'enseignement, j'ai
la sensation d'une dévalorisation
progressive du métier et de la mission. Mon
avis est qu'il faut reconsidérer l'Education
et l'Enseignement dans le contexte sociétal
actuel. Il est nécessaire de trouver une
manière de re-responsabiliser les parents
sur la formation de leur progéniture, et de
redonner aux enseignants le respect qu'ils
meritent, necessaire à la réalisation
de leur mission. Pour regagner le respect et la
reconnaissance de la mission au sein de la
société, il faut entre autres passer
par une étape de réévaluation
des statuts, de la gestion des carrières et
de la rémunération (nos
élèves sont mieux payés que
certains de leurs professeurs (Maitres de
conférences débutants) )!
Dans l'enseignement supérieur et dans
le cadre du processus de Bologne (LMD), la bataille
franco-française université/grandes
écoles est tabou alors que les deux
systèmes sont complémentaires et
devraient unir leurs forces dans cette
compétition internationale de la formation.
La France dispose d'un potentiel très
important mais mal géré. Cette
réflexion globale sur l'Ecole doit passer
par une reconstruction de l'Eduction Nationale, par
la mise en place d'évaluations
pédagogiques des enseignants du
supérieur, à minima la mise en place
de stages pédagogiques obligatoires. De
même le statut des enseignants-chercheurs
doit être plus flexible et permettre à
ceux qui le souhaitent de s'investir davantage dans
l'administration ou la pédagogie tandis que
d'autres feront plus de recherche.
Même si l'Education et la formation
des jeunes a lieu en continu jusqu'au premier
emploi, il me semble intéressant pour en
optimiser le fonctionnement, d'envisager de marquer
des cissions entre les cycles de formation en
donnant des objectifs différents à
chaque période de formation : primaire,
collège, lycée, L, M, D. Chaque cycle
étant géré
séparément pour que les objectifs et
les compétences des enseignants soient
adaptés. Je prône la gestion des
enseignants par les compétences et pas par
les statuts ou par le cycle dans lequel ils
enseignent.
De même, il me semble que
l'enseignement en collège doit être
beaucoup plus pratique avec des mises en situation
plus nombreuses. Le sens pratique est souvent
absent de nos enseignements et les
élèves ont souvent du mal a faire le
lien entre la théorie et la pratique, le
cours dans la classe et la "vraie vie" dans la
rue. Philosophe Voir dans ce
site: Bachelard
entre
théorème
et poème
Il est
beaucoup question de participation dans cette
campagne pour les présidentielles. On se met
à rêver d'une démocratie
directe comblant la distance entre les politiques
et les " gens " tout en pestant contre le manque
d'idées des premiers, obligés d'aller
les chercher chez les seconds.
Mais la participation n'est qu'une forme
particulière d'exercice d'un pouvoir qui
fonctionne sur ce mécanisme. Alors qu'on
envisage ordinairement le pouvoir comme
répression et notamment répression de
la parole, Michel Foucault a substitué
à cette vision négative,une vision
positive du pouvoir qui passe par la production de
discours. " Partout, écrivait-il à
propos de la sexualité, ont
été aménagées des
incitations à parler, partout des
dispositifs à entendre et enregistrer,
interroger et formuler ". Aujourd'hui, il ne s'agit
plus seulement de sexualité mais de la vie
entière des individus. Débats
participatifs,
télé-réalité, questions
directes aux candidats à l'élection
présidentielle
partout ils sont
contraints, avec leur assentiment, à mettre
leur vie en discours. Ils sont
débusqués dans leurs moindres
recoins, dans le moindre pli de leur
intimité. Il est pris prétexte d'une
réduction au silence de " la France d'en bas
" pour la faire parler et l'affranchir en lui
donnant la parole.
Objectif louable que d'aller à la
rencontre des gens, de les écouter. Mais,
poursuit Foucault, " il faut se faire une
représentation bien inversée du
pouvoir pour croire que nous parlent de
liberté toutes ces voix qui, depuis tant de
temps, dans notre civilisation, ressassent la
formidable injonction d'avoir à dire ce
qu'on est, ce qu'on a fait, ce dont on se souvient
et ce qu'on a oublié, ce qu'on cache et ce
qui se cache, ce à quoi on ne pense pas et
ce qu'on pense ne pas penser. Immense ouvrage
auquel l'Occident a plié des
générations pour produire
[
] l'assujettissement des hommes ;
[
] leur constitution comme " sujets "
au deux sens du mot ". A bon parleur, salut
! Professeur de
philosophie à l'IUFM de
Lille
-
Faut-il
réellement continuer à performer
l'école au nom de "l'égalité
des chances", étant donné qu'il
s'agit d'un concept libéral et concervateur,
générateur d'inégalités
maintenues, mais légitimées
entièrement? Ne convient-il pas d'INVALIDER
cette notion pour lui subsistuer le droit à
l'éducation qui fasse droit à
l'obligation de réussite de tous?
- L'école pour accomplir ses
missions, notamment le développement de la
personne et l'éducation citoyenne, ne
doit-elle pas songer à réformer la
formation des enseignants, en incluant à
coté des compétences didactiques,
pédagogiques, discipinaires, des
compétences psychologiques et
éthiques?
- N'y a-t-il pas lieu de penser, voir de
revendiquer que l'Ecole de la République
mette en avant la fraternité autant que la
liberté et l'égalité des
droits, (et pas des chances)? Fondateur de la
chaîne d'éducation
CAP
CANAL Dans ce
site:
Et si la
meilleure manière daborder
lavenir de lécole était
la question de LEXIGENCE ? Histoire de ne pas
laisser ce terme aux nostalgiques. De tenter de
montrer que la réflexion pédagogique
ne peut se réduire à un affrontement
caricatural entre le prétendu laxisme des
novateurs et lautoritarisme, plus ou moins
affirmé, des traditionalistes...
On pourrait, alors, sinterroger sur
les conditions dun enseignement exigeant, qui
invite lélève à
linvestissement, à la concentration et
à leffort. On pourrait aussi montrer
à quel point lévaluation
marchande qui met une mauvaise note à
lélève qui a bâclé
son devoir quand il faudrait laider
à le remettre en chantier - est une forme de
démission. On devrait
réfléchir également à
la diversification des formes dexcellence
pour cesser de privilégier abusivement
lintelligence académique et aider
chacun à aller jusquau chef
doeuvre qui permet dapprendre et
de grandir en même temps. On serait
amené, enfin, à sinterroger sur
la dimension éthique du métier
denseignant : la nécessité du
pari positif sur lélève et du
principe de léducabilité de
tous...
Et, plus que tout, on cesserait de poser des
actes de renoncement éducatif, en
manifestant à légard du
système éducatif de notre pays la
même exigence que celui-ci manifesté
auprès de ses élèves :
lexigence du dépassement, de
linvention, de la perfection. Vice-présidente
de l'AGSAS
Je
rêve d'une école qui serait une vraie
maison d'école, attentive à l'accueil
de chacun des nouveaux venus et sachant la
difficulté des passages : de la famille
à l'école, de l'enfance à
l'adolescence, le passage d'une classe à
l'autre, d'un établissement à un
autre.
Une maison d'école où
l'équipe des enseignants entraînerait
les élèves à la conquête
des savoirs en respectant leur diversité et
leurs rythmes, et où elle saurait le prix
des échanges et des rencontres, avec les
parents aussi qu'elle associerait à sa
mission ainsi qu'avec tous ceux qui se
préoccupent d'éducation dans les
quartiers.
Je rêve d'une école qui , au
développement de l'intelligence abstraite
oserait grandement associer celui de l'intelligence
relationnelle, de la sensibilité artistique,
de l'intelligence pratique , bref, des talents
multiples que possèdent les enfants - une
école qui aurait à cur de
former des personnalités soucieuses de
construire ensemble un monde plus juste, plus
humain. Agrégé
dhistoire. Coordonnateur académique "
Innovations pédagogiques"
A
la manière d'un exercice de style
littéraire, livrons-nous ensemble à
un acrostiche en guise de message.
Evaluation : trop
d'évaluations et pas assez de valeurs ; les
contrôles ont saturé le temps, les
travaux, les esprits et la vie des familles.
Retravaillons sur le concept et pas sur un mode
technocratique !
Débutants : l'Education doit
renouveler plus de la moitié de ses
effectifs dans les toutes prochaines années
; priorité absolue à la formation
repensée, modernisée et
professionnalisée, continuée
!
Urgence : l'édifice est
ébranlé par ses controverses, ses
retours en arrière, ses ponctions ; pour
changer, les personnels, les familles ont besoin de
réassurance et de confiance.
Compétence : clé de la
formation, des élèves comme des
enseignants ; elle invite aussi à une
valorisation des parcours et des
possibilités de diversification ; à
quand une vraie DRH ?
Autorité : le mode de "
gouvernance " doit être revu pour enfin
dépasser l'infantilisation, le
contrôle de conformité et le "
prescriptisme ". Les enseignants, les chefs
d'établissement sont des cadres
responsables. Donnons- leur une vraie
liberté, c'est-à-dire des
responsabilités, des choix à
opérer. Autorité signifie augmenter
les potentialités, non
contraindre.
Temps : le temps de formation, le
temps pédagogique, le temps d'un projet sont
des temps longs ; dépassons les injonctions,
fixons des objectifs fermes et à moyen terme
; et libérons les
..
Initiative : chaque enseignant
possède un potentiel d'intervention
auprès des jeunes ; faisons en sorte que ce
potentiel soit développé, soutenu,
positivé, accompagné ; que se
développe le conseil.
Orientation : les dispositifs
d'orientation sont une priorité ; conseil,
diversité, proximité,
rapidité, efficacité !
Non-défensivité :
s'engager dans des évolutions fortes, c'est
aussi accepter d'avancer ensemble en évitant
de s'arc-bouter en présentant ses
épines, tels les porcs-épics.
Privilégions le dialogue et apprenons la
négociation sociale et convenable dans cette
institution.
Et pour vous,
ce serait quoi ? Inspecteur
Général
Honoraire La
nécessité de ne pas confier
aveuglément trop de pouvoirs à la
machine.
Le
rôle évidemment très
récent et très nouveau joué
par internet dans la société
apparaît de plus en plus évident aux
yeux de tous. Ce qui n'était pour beaucoup
qu'une brume lointaine, il y a quelques
années à peine, se
révèle aujourd'hui comme un
instrument redoutable, capable de changer les
comportements individuels et collectifs et
même de structurer les esprits. Internet est
le premier instrument de la mondialisation en
mesure, pour l'instant, d'être utilisé
par tous ceux qui ont (encore ?) la chance de
pouvoir bénéficier des ressources
nécessaires à son utilisation. Il
donne en principe à chacun le pouvoir
d'accéder et de participer à la
diffusion de l'information à
l'échelle mondiale.
Comment l'école pourrait-elle
échapper à son emprise ? Non
seulement comme outil technologique, mais plus
encore par les possibilités qu'il imposera
en matière d'organisation et de transports,
de méthodes de travail et d'accès au
savoir, de rythmes d'apprentissage et de partage
des connaissances. Les questions que soulève
internet en matière de philosophie, de
sociologie, de psychologie, de
sécurité et de contrôles sont
présentes dans tous les esprits. Les
réponses qu'il peut apporter en
matière d'économies d'énergie
méritent être étudiées.
Le nouveau grand défi se trouve à
l'évidence dans une réflexion de fond
sur la structure et la nature même de
l'école de demain. Penser que l'école
pourra longtemps continuer à fonctionner
avec son organisation, ses structures et ses
méthodes héritées du XIX°
siècle serait un faux-sens lourd de
conséquences, non seulement pour les
candidats à l'élection, mais surtout
pour l'avenir de notre société tout
entière. Agrégée
de lettres classiques,
retraitée Hérouville
Saint-Clair
Elèves
comme enseignants sont d'abord des personnes, il
serait temps d'en tirer les conséquences. Si
l'on veut que l'école soit plus juste et
plus efficace, il faut libérer les
initiatives, laisser les enseignants construire
eux-mêmes le projet d'établissement
qui contribuera le mieux à la
réussite de chaque élève et
qui sera forcément différent selon
les lieux et les moments. A l'Etat de poser les
valeurs, de fixer les objectifs et les programmes,
de veiller à une juste distribution des
ressources et d'exercer un contrôle a
posteriori pour éviter les dérives
éventuelles. Pour le reste, l'autonomie des
établissements et le travail en
équipe, avec la concertation et la
responsabilisation des enseignants,
l'évaluation et la reconnaissance de leur
travail qu'ils impliquent, permettraient d'apporter
les améliorations décisives qu'aucune
réforme de l'Education Nationale n'a pu
obtenir jusqu'à présent. C'est ce que
montrent les vingt-cinq années de
fonctionnement du collège lycée
expérimental d'Hérouville-Saint-Clair
qui s'est attaché à construire une
école non pas " libérale " au sens
économique actuel mais authentiquement
démocratique. IEN
retraité
La
confusion et le malentendu caractérisent le
fonctionnement de l'Education nationale. Le
ministre, les chercheurs, la hiérarchie, les
enseignants, les parents errent de conserve dans un
maquis de textes, de recommandations, d'opinions,
d'injonctions et de stéréotypes. En
réponse à cette confusion, il
convient de développer l'autonomie, celle
des élèves autant que celle des
personnels. On n'en a jamais autant parlé
mais chaque instance hiérarchique s'efforce
à la brider, dans la classe, comme dans les
métiers de l'enseignement. Les valeurs
traditionnelles de l'école sont
bafouées par les faits :
l'égalité des chances, la
méritocratie, la mixité sociale, la
laïcité. Faute d'être
travaillées, elles opèrent sans
cohérence, à tout propos. Au bout du
compte, il est souhaitable que chacun puisse
échapper à la disqualification ou
à la mystification d'une communication
paradoxale de valeurs considérées
comme sacrées.
L'égalité des chances
présuppose que chacun soit en situation
d'égalité face aux savoirs et que
chacun saisisse la (seule) chance qui lui soit
offerte. L'égalité des autonomies
vise le développement de
l'élève comme celui des personnels.
L'autonomie, c'est l'auto-limitation de sa
liberté, dans le cadre de la loi.
L'égalité des autonomies, c'est une
culture de la différence pour que chacun se
situe à la fois dans la cohésion de
savoirs communs, pour que chacun se trouve dans une
conformité qui ne soit pas conformiste. Mais
l'égalité des autonomies, c'est aussi
une valeur qui développe la
singularité, celle qui assure au sujet le
pouvoir de choisir ses appartenances.
Première étape de la
visée d'autonomie : peu de textes, mais
applicables et appliqués. Seconde
étape : engager l'accompagnement, celui des
élèves comme celui des personnels,
à tous les niveaux. S'il convient de
conserver une hiérarchie fonctionnelle, il
est important de renverser la pyramide. Comme
l'enseignant qui doit avoir le soin de l'autonomie
des élèves, il appartient aux
inspecteurs, aux recteurs, aux directeurs de
prendre soin de l'autonomie du personnel et du
public. L'accompagnement par la hiérarchie
est une des valeurs centrales d'un nouveau service
public qui réalise l'égalité
des autonomies. Professeur
agrégé d'espagnol Quelques
notes " autobiographiques ", en guise de
contribution à une éthique de
l'éducation
Tous les
acteurs de la relation éducative :
élèves, parents
d'élèves, professeurs, chefs
d'établissements et inspecteurs, pourquoi
pas ? se sentent isolés, seuls,
s'interrogent sur le sens de leur pratique
respective, souffrent et se rendent parfois,
mutuellement, la vie impossible. Le malheur rend
méchant, on le sait. L'angoisse, le
stress, le découragement et la fatigue
récurrente (burn-out) sont
omniprésents, l'angoisse et le stress des
uns alimentant l'angoisse et le stress des autres,
en un cycle infernal. On parle parfois de " crise "
de l'École !
Pourtant, il ne s'agit pas de se lamenter,
de céder à " la culture de la plainte
" et du ressentiment ou à la révolte
vaine, ni surtout de rester prisonnier du mythe
prométhéen " progressiste " et
vertuiste propre à la Modernité en
train d'agoniser sous nos yeux perplexes, inquiets
ou pleins d'espérance, au contraire.
il ne s'agit ni de changer radicalement ni de
" guérir " l'École des maux dont elle
souffre, et nous avec elle. Ce qui me semble
être à l'ordre du jour, d'un point de
vue archétypique (Jung), c'est une "
révolution " anthropologique profonde (une
metanoia sociale, un renversement de " valeurs " ou
de paradigme) susceptible de réenchanter
l'École, le monde et les acteurs, à
partir de la reviviscence de mythes
anciens/nouveaux : Pan, le Trickster (ou
Fripon-Divin), Dionysos, Eros, Hermès,
etc. Psychosociologue,
diplômé de l'Ecole des Hautes
Études en Sciences Sociales de
Paris Dans ce
site:
Durant
l'année 2006, j'ai eu l'occasion de
rencontrer à différentes reprises de
nombreux collégiens et lycéens tant
en France, qu'en Belgique ou en Suisse, pour leur
parler (en moyenne durant trois heures) de
communication et des origines de la violence.
Le message qu'il me paraissait important de
transmettre à ces adolescents et donc
à des futurs adultes était
double. * leur rappeler que
lorsqu'on n'utilise pas les mots, on en est
réduit à utiliser des maux: sur les
autres (violence) et sur soi
(auto-violence) * qu'il est
possible d'apprendre à communiquer, c'est -
à - dire à mettre en commun à
partir de règles d'hygiène
relationnelles simples accessibles à chacun
et surtout transmissibles. Transmissibles en
particulier à leurs copains et à
leurs parents.
J'ai tenté de leur faire partager une
de mes convictions: La conviction profonde que la
communication relationnelle (celle qui nous relie
et nous prolonge) est le seul rempart contre la
violence. De leur montrer que le seul antidote non
violent à la violence passe par un double
apprentissage : 1- Celui
d'une mise en mots sur cinq registres
possibles. · le registre
des idées, celles qui nous sont propres et
celles auxquelles on adhère · le registre
du ressenti, à partir de notre
vécu · le registre
des sentiments, qui sont les nôtres; le
registre des émotions, qui sont le langage
de ce qui résonne, retentit en nous dans une
rencontre·; le registre des croyances
auxquelles nous tenons. 2- Celui
d'une écoute tolérante et active
autour des cinq registres cités plus
haut.
Je ne crois pas aux vertus de la
répression en matière
d'éducation, car toute répression est
une violence susceptible de susciter d'autres
violences.
Je crois à la sanction, c'est -
à- dire à la nécessité
de confronter un enfant aux conséquences de
la transgression qu'il a commise ou du comportement
déviant qui a pu semer un trouble chez
autrui. Toute sanction suppose 3 conditions
: * de
connaître ce qui est permis et ce qui ne
l'est pas et donc le rappel fréquent
à une référence ( loi ou
règlement). * d'avoir une
personne de référence qui sera garant
du respect du règlement, qui
témoignera de la transgression commise et
confrontera l'enfant à une
sanction. * d'ajuster la
sanction à l'acte
répréhensible, ce qui suppose
l'idée d'une personnalisation pour
déboucher sur une
réparation.
L'utopie que je défends depuis un
quart de siècle (c'est peu au regard de
l'évolution d'une culture), c'est qu'un jour
la communication relationnelle puisse être
enseignée dans les écoles comme une
discipline à part entière.
Non seulement je suis persuadé que
cela est possible, mais je pense qu'il y a une
urgence. Car nous sommes actuellement à
l'intérieur d'une spirale ascendante de
violence tout azimut, qui s'élargit à
toutes les classes sociales, qui touche tous les
âges, qui contamine tous les niveaux de la
vie intime et sociale.
Je crois que les "adultes " et j'implique
dans ce terme tous les parents, tous les
enseignants, toutes les personnes
décisionnelles de ce pays vont comprendre
qu'il ne suffit pas de répondre aux besoins
de survie d'un enfant (nourriture, vêture,
sécurité physique, santé) mais
qu'il est important de répondre aussi
à ses besoins relationnels (besoin de se
dire, d'être entendu, d'être reconnu,
d'être valorisé, d'avoir une
intimité et de pouvoir rêver que
demain sera meilleur qu'aujourd'hui !). Qu'il ne
suffit donc pas que l'école transmette du
savoir et du savoir faire, mais qu'elle puisse
aussi transmettre du savoir être, du savoir
devenir et du savoir être. Ces trois
dernières propositions concernent la
communication, c'est - à - dire le fait de
pouvoir échanger, partager, dynamiser une
mise en commun qui débouche sur des
relations vivantes et en santé, que ce soit
entre les enfants et les adultes mais aussi les
enfants entre eux.
Je crois en cette possibilité et je
suis persuadé que, comme le combat pour une
écologie au quotidien, pour laquelle notre
sensibilité s'est réveillée
depuis quelques années et qui s'affirme
cette année avec des propositions
très concrètes, il y aura une
sensibilisation à l'écologie
relationnelle dans tous les actes de la vie.
Professeur de
psychopathologie sociale, Université
d'Angers
Modifier
la structure d'autorité de l'école et
instituer des lieux pour penser ce que l'on vit et
ce que l'on fait
Les jeunes sont sensibles aux insuffisances
des institutions et de ceux qui les
représentent, bien plus qu'on ne le croit,
en famille ou à l'école, les deux
institutions de base de la société.
Beaucoup plus qu'on ne l'imagine, ils ressentent
toutes les manuvres d'instrumentalisation
dont ils sont l'objet. Ils peuvent alors entrer
précocement dans ce jeu dangereux :
instrumentaliser autrui, pour éviter de
l'être soi-même.
Certes, grandir suppose qu'on cesse
d'attendre que parents, maîtres, ou
responsables publics soient parfaits. Mais, entre
l'idéal et l'insuffisance grave, il y a de
la marge, et c'est dans cette marge que
s'inscrivent les possibilités de changement.
Cependant la complexité des structures
sociales et culturelles actuelles est telle
qu'elles ne peuvent être
appréhendées ni modifiées par
un seul ; pour les penser et pour y agir, des
instances collectives sont nécessaires.
C'est pourquoi une nouvelle politique pour
l'école consisterait à donner plus
d'autorité à chacun sur l'ensemble
des dimensions de l'institution scolaire. C'est
à cette condition que peut
s'élaborer, pour chaque professeur et pour
chaque élève, le sentiment
d'appartenance à son école, sentiment
qui est la marque du lien social possible, sans
lequel la transmission du patrimoine intellectuel
et culturel ne peut prendre sens.
Enseigner en ce début de vingt et
unième siècle nécessite du
travail d'équipe. C'est le travail
d'équipe et en équipe qui fait
institution par l'ensemble des paroles
échangées régulièrement
sur les actes d'apprendre, d'enseigner et
d'éduquer. Pour entretenir cette
coopération malgré les
inévitables confrontations à
l'altérité et à la
conflictualité, pour analyser ce qui se
trame entre les générations, dans le
rapport au savoir et dans le rapport que chacun
entretient à ses origines
singulières, des lieux spécifiques de
parole et d'élaboration sont
nécessaires. Ils permettent de se
décaler périodiquement des
opérations du quotidien et de penser ce que
l'on vit et ce que l'on fait avec d'autres, pour
d'autres.
L'ouvrage collectif qui paraît sur le
CLE d'Hérouville-Saint-Clair montre comment
un collège ou un lycée peuvent
s'engager dans cette voie. Directeur de la
revue de psychologie de la
Motivation
Il
ne saurait pas y avoir de politique pertinente
d'éducation sans une interrogation sur la
vision de l'être humain vers lequel nous
tendons. Les questions de l'école, de la
société, de l'évolution de
l'humanité sont liées. Les bons
apprentissages pour l'école le demeurent
pour la vie : apprendre à connaître,
apprendre à faire, apprendre à se
connaître, apprendre à vivre ensemble.
Ces quatre voies d'une éducation
humanisante, au plein sens du terme,
définies par l'Unesco, auxquelles s'ajoute
aujourd'hui la voie écologique, devraient
constituer la trame et la chair de toutes les
formations de 7 à 77 ans
C'est à toute la
société, et non seulement à
l'école, qui en est l'émanation mais
qui, en retour, l'influence, qu'incombe la
responsabilité de repenser les principes,
valeurs et modes d'action par lesquels elle
répond ou non à ces besoins
anthropologiques de base.
Ce que l'on voudrait trouver dans les choix
politiques pour les cinq ans à venir ce sont
des projets et des programmes de
développement individuel et collectif
fondés sur : -une vision
écologique énonçant les
conditions de survie de l'espèce (ce que
satisfait en principe le " Pacte écologique
" de Nicolas Hulot) -une vision
anthropologique fondée sur une meilleure
définition du processus d'humanisation,
c'est-à-dire de maturation mentale et
émotionnelle de l'espèce. -une vision
psychologique concernant la maturation des
personnes, nourrie des connaissances des sciences
humaines accumulées depuis plus d'un
siècle (incluant l'éthologie humaine
et les neuro-sciences). -une vision sociale
elle aussi fondée sur ces sciences et
permettant des apprentissages innovants et
féconds d'un meilleur vivre-ensemble. Les
voies d'actions et les outils existent qui sont
ignorés ou négligés, où
même rencontrent des sourdes
résistances. (*)
Cela apparaît bien faiblement au
cur des programmes politiques qui nous sont
proposés : la dimension anthropologique, la
connaissance de soi, la relation à autrui,
la capacité à coopérer sont
loin de prévaloir à l'école et
dans la société. Elles ne sont pas
identifiées et reconnues, "
sacralisées " comme les autres savoirs (en
France en particulier). A l'école tout
autant que dans la société,
l'excellence ne se juge que sur la capacité
de surpasser les autres et non dans
l'émulation constructive face à des
compétences ou des savoirs à
acquérir.
Dans une orientation générale
qui prendrait en compte la nécessité
de ces finalités fondamentales, on pourrait
proposer cinq mesures essentielles, parmi d'autres,
dont l'efficacité psychopédagogique
est largement vérifiée : 1-
officialiser le développement des
capacités de coopération, de travail
en équipe des adultes comme des
élèves, et assurer
aux-enseignants-éducateurs les formations
appropriées à cette fin ; 2-
abandonner progressivement, au profit de modes
d'évaluation novateurs et auto-formateurs,
les modes d'évaluation stigmatisants, plus
ou moins arbitraires, qui fragilisent la confiance
de l'enfant dans ses capacités, exacerbent
l'esprit d'hyper-compétition et
pervertissent le désir et les raisons
d'apprendre. A cet égard, le modèle
finlandais, élaboré et
expérimenté au long des trois
dernières décennies, en
démontre les gains humains et scolaires
; 3- repenser
fondamentalement le statut de l'erreur dans les
processus d'apprentissage et de formation. C'est
une question centrale. 4- assurer
les apprentissages en cycles de maturation et non,
rigidement, par année d'âge, qui
conduit à faire avancer au même pas
les élèves nés en janvier et
d'autres nés en décembre de la
même année. C'est sans doute un
élément plus déterminant dans
les difficultés et échecs scolaires
que l'influence de telle ou telle méthode
d'apprentissage. 5- assurer
la formation à " la médiation et
à la résolution des conflits " pour
les élèves comme pour les
adultes.
Sans sous-estimer la complexité des
facteurs en jeu, ces cinq mesures obtiendraient
sans trop de peine un large consensus et pourraient
susciter, à travers leur intégration
dans les pratiques quotidiennes, des effets
systémiques sur les représentations
comme sur les valeurs implicitement transmises.
Elles contribueraient à remotiver les
élèves, à éviter leur
désinvestissement ou ennui en classe, voire
leur entraînement dans des spirales
d'échec dont on sait les conséquences
spectaculaires, mais trop peu les souffrances
intimes. De nature à apaiser le climat de la
classe, elles entraîneraient une
économie d'énergie et de temps perdu
à obtenir l'attention des
élèves. Elles auraient naturellement
tendance à diffuser dans le corps social,
à féconder les comportements
politiques, et à s'intégrer dans une
culture commune. On l'observe dans les pays
nordiques souvent cités, à juste
titre, comme des exemples.
Leur étude et formation dans les IUFM
devraient tenir une place égale aux autres
disciplines. Il faut noter avec espoir qu'elles
apparaissent dans les instructions officielles et
plus récemment dans les " Recommandations du
Haut Conseil de l'Education " (octobre 2006).
Conseiller
Maître à la Cour des
comptes L'évaluation
dans le système éducatif:
pour
quoi faire ? A quelles conditions
l'évaluation est-elle utile
?
La question
éducative aujourd'hui se résume
à une seule exigence : faire réussir
tous les élèves et étudiants.
Ce qui a plusieurs conséquences : -le faire vraiment,
et pas seulement le proclamer, d'où une
politique éducative qui doit être
repensée pour satisfaire cet objectif
; -tous les
élèves et étudiants, et en
particulier ceux qui ont du mal à
réussir seuls ou aidés par leur
famille ; -reconnaître
que réussir signifie un mélange de
deux choses : une maîtrise de fondamentaux
(un socle) sans lesquels ni les études
ultérieures, ni la vie professionnelle et
sociale ne seront réussies, et une meilleure
adaptation de l'école aux talents, souhaits
et projets des jeunes, ce qui suppose de mieux les
éduquer aux choix et les
orienter.
Cette exigence centrale impose de
transformer en profondeur le métier des deux
catégories de personnes qui importent le
plus dans la réussite : les enseignants et
les chefs d'établissement. Repenser leur
métier, leur formation, leur recrutement,
leur évaluation et les conséquences
qu'on en tire, pour que les uns comme les autres
soient, beaucoup plus qu'aujourd'hui,
orientés vers l'accompagnement collectif et
individuel de tous les élèves et
étudiants, assurant ainsi mieux leur
réussite, c'est-à-dire leurs
progrès.
Il ne faut pas croire que ces
transformations puissent attendre : notre
système éducatif ne progresse plus,
et sur certains points recule, y compris par
rapport à l'étranger. Il faut prendre
conscience qu'il y a là une urgence, ne
serait-ce que parce que la qualification des futurs
salariés et non salariés du pays en
dépend étroitement,
c'est-à-dire la clef de notre
compétitivité. D'où la
nécessité d'engager les
transformations nécessaires dès les
premiers mois du nouveau quinquennat. Directeur de
recherche émérite au
CNRS Ancien directeur
du Groupement de Recherche " Didactique et
acquisition des connaissances scientifiques
" LES
COMPETENCES, BRAVO ! MAIS ENCORE
?
L'école
est à la fois culture et investissement.
Oublier l'une, c'est compromettre l'autre. Parmi
les problèmes de société qui
ont surgi en France au cours des trente
dernières années, je mets au premier
plan la faible ouverture offerte aux jeunes pour
entrer dans les entreprises et les administrations,
et la mauvaise représentation chez les
politiques des rapports entre culture et
développement. C'est la question des valeurs
; sans tomber dans le moralisme, elle devrait avoir
davantage d'importance dans les débats
politiques.
L'école est un facteur essentiel du
développement des forces productives. La
compétence des jeunes est à moyen
terme le premier facteur de développement.
Il ne s'agit pas seulement de leur
compétence scientifique et technique, mais
aussi de leur compétence sociale et de leur
souci d'autrui. La créativité
s'alimente à la fois aux qualités et
aux désirs individuels, et au bonheur que
trouvent les individus à travailler ensemble
et à faire aboutir un projet collectif. La
culture littéraire, artistique et
philosophique est un ciment essentiel de la vie
ensemble. Enseignante
à l'Université
ParisX-Nanterre Idéal
du professeur, réalité du
groupe Fantasmatiques,
scénarios inconscients dans le rapport au
groupe
Ce
sur quoi, entre autres choses, j'aimerais attirer
l'attention des candidats à
l'élection
présidentielle.
Dans les écoles, collèges et
lycées, qui accueillent des enfants et
adolescents de toutes origines sociales - et ce
principe doit être défendu - les
professeurs contribuent à l'éducation
des élèves, les aident à
grandir et à devenir des acteurs dans la
collectivité scolaire, avant de le devenir
dans la société. Cela n'advient pas
en écoutant des leçons.
L'établissement scolaire ne peut plus
être un local abritant des suites de cours,
il doit constituer un milieu de socialisation dans
lequel les élèves agissent, exercent,
dans des situations diverses, leur
créativité, coopèrent avec les
autres, assument des responsabilités
à leur mesure, réfléchissent
avec les adultes aux questions liées
à la vie collective, aux valeurs, aux normes
de conduite, aux droits et
devoirs,
Ce rôle, comme bien des textes
officiels ainsi que des études sur la
prévention de la violence l'énoncent
depuis des décennies, s'exerce
nécessairement en équipe(s), en
coopération avec les autres adultes. Le
travail d'un enseignant ne se limite pas aux
préparations de cours et aux corrections, il
comporte de multiples tâches, que de nombreux
professeurs assument déjà -
entretiens avec des élèves, des
parents, concertations avec les autres acteurs de
l'établissement, heures de vie de classe,
aides, activités culturelles
Il
requiert des compétences multiples, qui
dépassent la seule maîtrise des
savoirs à enseigner. La formation
professionnelle, initiale et continue doit les
prendre en compte, elle doit préparer et
aider les professeurs à tenir une position
d'autorité éducative, à
instaurer un cadre sécurisant et contenant
pour les élèves, ce qui suppose
d'intégrer les dimensions relationnelles et
groupales. Elle doit leur donner des outils
conceptuels pour comprendre ce qui se joue dans
leurs relations avec les élèves, non
seulement sur le plan cognitif, mais aussi
psychique, elle doit les accompagner et les
soutenir dans la durée, leur permettre de se
perfectionner mais aussi de se ressourcer, de
trouver un étayage pour faire face aux
difficultés.
Il est heureux que le cahier des charges de
la formation des maîtres en IUFM
(Arrêté du 19 décembre 2006 JO
du 28 décembre 2006) mentionne notamment,
parmi " les compétences professionnelles des
maîtres " (§3) " les fondements de la
psychologie de l'enfant, de l'adolescent et du
jeune adulte, les processus d'apprentissage ", des
" connaissances et des capacités relatives
à la gestion des groupes et des conflits ",
Il est temps que toutes ces "
capacités " et " attitudes " soient
officiellement reconnues comme nécessaires
et intégrées dans les missions du
professeur. Encore faut-il en tirer les
conséquences sur les modalités de
recrutement et sur la définition du service,
c'est-à-dire diminuer le nombre d'heures de
cours qui étaient jusqu'à
présent la seule unité de mesure du
temps de travail. Professeur de
collège en ZEP, formateur à
lIUFM de lAcadémie dAmiens
et membre de la rédaction des Cahiers
pédagogiques
Plus
que jamais, il est nécessaire de
développer la dimension culturelle des
savoirs scolaires. En particulier en visant,
à travers le travail sur la " culture " dans
sa diversité, la conjugaison du
passé, du présent et du futur. C'est
bien en aidant les élèves à
comprendre d'où ils viennent, quel est leur
héritage qu'ils pourront affronter les
problèmes du présent et surtout
s'ouvrir à un futur qui parait aujourd'hui
menaçant, alors qu'il peut être
promesse et motivation à agir. Et
inversement. Ni nostalgie (mortifère), du
passé ni exaltation (irresponsable) de
l'avenir, mais encouragement à faire preuve
d'esprit civique et critique, en utilisant les
armes que nous fournit la culture, d'hier et
d'aujourd'hui. <<J'ai lu
avec intérêt les réponses des
personnalités que vous avez contactés
au sujet de l'école du futur., Je me permets
de vous donner aussi mon avis: <<je n'ai pas
encore lu toutes les contributions mais je suis
emerveillée devant la "finesse" de certaines
( et surement de toutes) . Ce qui m'inquiète
est que, malgré qu'il soit porté (
depuis pas mal de temps, a mon avis) un diagnostic
si pertinent sur la (les)problematique(s) de
l'Ecole, "un" traitement ait tant de difficultes
à se mettre ( ou etre mis)en place et les
effets..n'en parlons pas !! >> Sylvie
03/07 <<Il me
semble qu'un élément a
échappé aux brillantes analyses de
vos correspondants. La cause essentielle de
l'échec scolaire me semble trouver son
origine dans les lacunes linguistiques et
culturelles des enfants. L'école ne se
préoccupe pas suffisamment de ce
problème, ne comble pas les lacunes en
donnant des nourritures langagières et
culturelles suffisantes à tous les
enfants>> <<"L'école
ne se préoccupe pas suffisamment de ce
problème, ne comble pas les lacunes en
donnant des nourritures langagières et
culturelles suffisantes à tous les
enfants" Relisez l'intervention du Dr Cyrille
CAHEN et son : "Les mots sont des noix : pour que
le son devienne sens, pour que le signifiant
accouche d'un signifié, autrement dit, pour
qu'il y ait compréhension, il faut briser la
coquille : non seulement expliquer le sens des
mots, mais veiller à ce que l'explication
elle-même soit donnée en termes
intelligibles pour un public donné"..Je
pense que "l'ecole donne des nourritures
langagieres et culturelles suffisantes" a ses
eleves mais elle ne travaille pas assez sur la
digestion chez eux et peut-etre que les plats ne
sont pas a leur gouts (un peu trop epicés
parfois ou alors sans aucun gout !)
>> <<Excellente
initiative que ce "brain storming" sur
l'école et son avenir. Manifestement "nous"
ne manquons pas d'idées ...alors c'est
peut-être le pétrole qui fait
défaut, autrement dit l'énergie et la
volonté de réussir vraiment ?
>>JLB <<"l'énergie
et la volonté de réussir
vraiment" y sont mais elles ne doivent plus
venir du pétrole mais d'energies
alternatives... on sait bien que, Aujourd'HuI, le
pétrole, c'est plus l'AvenIr ..>>
3/07 <Merci de votre
fructueuse collaboration, qui est très utile
à notre Institut d'Educateurs (au
Liban)>> <<Je ne sais
pas si l'on peut donner des liens ici mais vous
avez sur le site du café pédagogique
un "très bon"article d'Evelyne Charmeux sur
une lecon de mots http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/200307Article-dossier-lecondemots-charmeux2.aspx
"...Les travaux menés sur le
fonctionnement de la communication
démontrent qu'on ne communique jamais pour
dire, mais pour agir sur celui ou ceux avec qui on
communique. Plus que le sujet de la communication,
ce sont ses enjeux qui sont déterminants. Le
choix des mots est dirigé par l'effet que
l'on veut produire et le résultat que l'on
attend. Lorsque Alexandre Dumas écrit, dans
ses « Mémoires » : « Je fus
réveillé par mon valet qui criait
d'une façon chromatique : monsieur,
monsieur, monsieur. », il ne veut nullement
dire que le valet montait d'un demi ton
précisément à chaque «
monsieur ». Le terme technique, parfaitement
inattendu ici, produit par son inadaptation un
effet comique bien évidemment voulu par
l'auteur. Maîtriser le vocabulaire, c'est
connaître parfaitement les effets que peuvent
produire les mots et savoir en jouer, en fonction
des effets à produire..." Je crois que
l'"ampleur" qu'a pris le prblème vient
surement de la fragilité de la
communication... entre: les eleves et les
enseignants, les enfants et les parents, les
enseignants et les parents, les pedagos entre eux,
ministere et personnels, personnels et personnels.
On ne s'entend plus ! (surtout lorsque l'internet
s'en mele et que , là, on est certain de pas
avoir le son ! )>> Sylvie <<Vous n'avez
pas l'impresson d'avoir accouché d'un
sondage singulièrement monochrome ? Quasi
auto-caricatural, parfois ? mais sans ironie, ce
qui gâche un peu? Allez, on ne vous en veut
pas, chacun fait ce qu'il peut?>>
JPB << Bref,
c'est l'école d'Amélie Poulain que
vous voulez construire ?>> <<J'ai lu
avec intérêt les réponses au
projet d'école du futur. Et j'ai envie
d'ajouter et si nous bâtissions tout
simplement une école de la confiance: *
Confiance dans chaque enfant et son potentiel
*Confiance dans les enseignants qui ne sont pas que
des fonctionnaires mais d'abord et surtout des gens
passionnés par leur métier et des
professionnels. *Confiance dans les choix
pédagogiques des maîtres: ce ne sont
pas des kamiquazes qui feraient exprès
d'utiliser des méthodes qu'ils croiraient
dommageables pour leurs élèves. *
Confiance dans les parents qui ne sont pas tous des
juges, des sources de problème * Confiance
dans chaque équipe et communauté
d'école. * Faire confiance: peut-être
la clé de la réussite.>>
B.F
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