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Face au groupe-classe

Catherine Yelnik

 

Editions l'Harmattan. Col. Savoir et Formation. ISBN:2-296-00247-1 (2006) 25 €

Dernière de couverture

 « Cage aux lions », « cirque », « masse », « magma », « meute »... les mots des professeurs pour parler de leurs classes ou de leurs élèves traduisent l'angoisse et l'incompréhension que suscitent chez eux les phénomènes de groupe.

Alors même que l'enseignement s'exerce dans des groupes d'enfants et d'adolescents, il est surprenant de constater à quel point les dimensions groupales sont ignorées dans le monde scolaire.

L'auteure a demandé à des professeurs de collège et de lycée de parler librement de ce que la notion de groupe évoquait pour eux. Les propos recueillis lors de ces entretiens laissent entendre ce qui est en jeu, pour ces professeurs, dans leur rapport à leur métier et leurs élèves. Dans une perspective psychanalytique, se dégagent des « fantasmatiques », des enjeux psychiques inconscients qui constituent un « rapport au groupe ».

De ces configurations singulières émergent des thèmes communs, qui permettent de comprendre, plus généralement, ce qui est en jeu dans la manière dont les professeurs abordent les groupes d'élèves.

Catherine YELNIK, enseignante, formatrice à l'Université Paris X-Nanterre, docteure en sciences de l'éducation, conduit des actions de formation continue pour les personnels de l'éducation nationale sur des dimensions relationnelles, psychosociologiques. Ce livre s'adresse aux professeurs, .formateurs, éducateurs et tous ceux qui s'intéressent à l'école, plus particulièrement aux articulations entre d'une part, ce qui sous-tend l'investissement psychique des individus dans l'enseignement, et de !'autre, les fonctionnements collectifs et institutionnels.

Table des matières

Préface de Claudine Blanchard-Laville

Pourquoi le groupe ?

Des entretiens cliniques de recherche

Dix professeurs parlent du groupe

Gérard : une parole contrainte

Françoise : le groupe porteur

Michel : le désir et l'abjection

Monique : un enfant est exclu

Colette : le pouvoir de l'amour

Ali : « tous sur le même piédestal »

Corinne : des regards qui dévorent

Évelyne : l'enfant timide

Antoine : le totem et la loi

Laurène : du « magma » au groupe de travail

Affronter le groupe : enjeux narcissiques

Le psychisme dans le social

Culture scolaire

Épilogue : le « chaînon manquant »

Bibliographie

Un passage

<<Conflit de réseaux

Probablement parce que l'activité du professeur s'exerce dans une relation intergénérationnelle, entre un adulte, qui seul détient le savoir et qui a l'autorité (statutaire), et des enfants ou des personnes mises dans une position équivalente, « trop petits », « ignorants », l'apprentissage relève de la seule action de l'enseignant. Ce qu'on appelle communément « faire un cours » ou « une leçon » consiste essentiellement dans une transmission d'informations à chaque élève individuellement. On apprend en écoutant un discours : explications, réponses aux questions (que dans la plupart des cas, on ne s'est pas posées, ainsi que le rappelait J. Dewey). Cela présuppose une conception des savoirs comme des informations qu'on détient et qu'on peut, tels des objets, passer d'une personne à l'autre, celui-ci étant une sorte de réceptacle.

Or, dans les classes, comme dans tous les groupes opérationnels, il y a, non seulement des communications qui concernent la tâche (des « informations », les contenus de savoirs mais aussi l'organisation du travail), mais aussi d'autres qui concernent les relations, correspondent à la « structure socio-affective ». Les élèves, du seul fait de leur co-présence, ont inévitablement, entre eux, des communications « horizontales » ou « latérales », verbales ou non, bruyantes ou silencieuses, qui forment un réseau de lignes entremêlées, partant de chaque membre vers tous les autres. Le réseau de transmission des savoirs étant, lui, « en étoile », partant d'un point unique, les deux réseaux ne coïncident pas. Bien qu'ils interfèrent, qu'ils correspondent à deux niveaux de la vie d'un groupe et que chacun ait un effet sur l'autre, on les considère, en général, comme s'excluant l'un l'autre (Ferry, Filloux J.-C.. Ardoino). Les communications entre élèves sont réprimées comme incompatibles avec la transmission du savoir et n'ayant pas lieu d'être dans l'espace pédagogique.

Le rôle du groupe

Le groupe ne joue guère de rôle dans le processus enseigner-apprendre ; il semble inconcevable que les élèves puissent apprendre les uns des autres, c'est-à-dire que des communications latérales servent aussi à faire circuler les savoirs. Selon les uns, dans la mesure où apprendre est un acte individuel, qui a lieu sous la conduite, l'influence du professeur, le groupe-classe est une contrainte, plutôt source d'obstacles à l'enseignement : l'idéal serait même un enseignement individuel. Pour d'autres, il a son importance en tant qu'environnement ; le climat affectif a un effet sur l'efficacité du travail, il faut que les personnes se sentent en sécurité et valorisées, pour être productives. Pour ceux qui accordent une place centrale à l'activité et à l'expérience des élèves, il est essentiel de créer des situations les permettant. Pour d'autres, enfin, plus rares, la situation de groupe est considérée comme une ressource, participant à la construction des savoirs ; on s'appuie sur les relations transversales, les interactions, la coopération pour favoriser l'apprentissage.>> p.250

Commentaire

Un livre facile à lire et permettant de comprendre les résistances que nous avons tous à travailler en groupe malgré les avantages que nous pourrions en tirer. La dimension groupale est une dimension importante à découvrir. Ce livre peut y participer.

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