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Rapport au savoir des filles et des garçons ?

Françoise Hatchuel  

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             Dans toutes les sociétés, des dispositifs (tutelle, apprentissage, parrainages, adoption partielle, etc.) sont mis en place pour que les enfants ne soient pas élevés uniquement par leur famille.

             L'anthropologue Suzanne Lallemand estime même que la circulation des enfants est, à l'égal des mariages, un des moyens pour favoriser l'échange et les liens entre différents groupes sociaux, afin notamment d'éviter le repli sur soi du groupe familial.

             Sur un plan plus psychanalytique, on peut considérer que ces dispositifs sont nécessaires pour se prémunir de ce que j'appelle " la tentation du clone " c'est-à-dire le désir de se reproduire à l'identique qui risque d'empêcher l'enfant de se construire et s'autonomiser en-dehors du psychisme de ses parents.

             Chez nous, c'est bien l'école qui joue ce rôle, même s'il ne faut pas négliger les différents adultes en contact avec l'enfant (grands-parents, oncles et tantes, parents et marraines, nounous, beaux-parents, ami-e-s des parents, etc.). C'est l'école qui " socialise " le rapport au savoir de l'enfant, en insérant ses " objets de savoir privés " (l'expression est de Nicole Mosconi) dans une culture commune.

             Il me semble donc indispensable de replacer notre rôle d'enseignant et d'enseignante dans son contexte anthropologique, afin de sortir de la relation duelle avec l'élève : nous ne sommes pas là à cause du bon vouloir ou du désir de l'un-e ou l'autre, mais parce que toutes les sociétés ont besoin d'adultes autres que les parents pour faire grandir les enfants. Nous ne sommes donc pas là dans un face-à-face avec l'enfant, mais bien en tant qu'être humain chargé de l'insérer dans l'histoire humaine. Adopter une telle posture peut également être un bon moyen de nous prémunir, nous aussi, de la " tentation du clone ", dont les enseignant-e-s ne sont évidemment pas plus indemnes que les parents !

 

Filles et garçons : une socialisation et donc un rapport au savoir différents

             Filles et garçons ne sont pas socialisés de la même façon, n'apprennent pas de la même façon, non pas parce qu'ils et elles n'ont pas, au départ, les même " gènes " ou les mêmes " compétences ", mais bien parce qu'on ne leur enseigne pas la même chose, et pas de la même façon.

             Je rends compte dans Savoir, apprendre, transmettre de plusieurs résultats sur ce thème. Par exemple, dans Variations sur une leçon de mathématiques, publié en 1997 sous la direction de Claudine Blanchard-Laville, l'apport de didacticiens et didacticiennes nous permet de montrer que les filles, habituées à s'exprimer clairement et selon les normes scolaires, sont davantage sollicitées pour rappeler les règles acquises antérieurement (ce que la didactique appelle " la mémoire didactique ") alors que les garçons entrent en scène lorsqu'il s'agit d'explorer une nouvelle notion (ou de " faire avancer le temps didactique ").

             Bref, les filles sont formées à répéter et les garçons à chercher, ce qui correspond bien à la division sociale du savoir dans nos sociétés.

 

Complément

Filles / Garçons que faisons-nous de la différence?

http://www.acelf.ca/c/revue/sommaire.php?id=17

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