PLAN
DU SITE
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Savoir,
apprendre, transmettre
Une approche
psychanalytique du rapport au savoir
Françoise
Hatchuel
Editions La
découverte (2005).
ISBN:
2-7071-4474-6 (12 €)
2
éme édition: Collection :
La Découverte Poche / Sciences humaines et
sociales n°250 (8 €)
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Dernière de
couverture
Que
représente le savoir pour chacun et chacune
d'entre nous ? Que pensons-nous, ressentons-nous,
vivons-nous lorsque nous savons, croyons savoir ou
ne pas savoir, apprenons, essayons ou refusons
d'apprendre, enseignons, produisons un savoir ? A
quoi nous renvoie notre apprentissage ou notre
non-apprentissage, que cherchons-nous à
travers le savoir, quels compromis tissons-nous
avec lui ? Désirs, blocages,
résistances, avidité, sentiment
d'étrangeté ?
Depuis quinze ans,
le collectif « Savoirs et rapport au savoir
>> de l'université Paris-X-Nanterre
s'interroge à partir de ces questions dans
une perspective à la fois scientifique et
militante : mieux comprendre le psychisme humain,
c'est aussi contribuer à libérer
l'individu des dominations internes et externes
dans lesquelles il se laisse enfermer. A cet
égard, la notion de rapport au savoir, en
nous aidant à mieux comprendre notre rapport
aux autres via la médiation du savoir, se
révèle particulièrement
pertinente. A l'heure où l'on tend de plus
en plus à confondre savoir et information,
il n'est pas inutile de s'interroger sur les
transformations de soi auxquelles doit faire face
le sujet qui apprend et de rappeler la force de la
pensée face à
l'immédiateté de l'image.
Cet ouvrage se veut
également un hommage au savoir produit
collectivement par une équipe qui en sait le
prix. dans le souci de mettre certains de ses
résultats à la portée du plus
grand nombre.
Françoise
Hatchuel, maîtresse de conférence
en sciences de l'éducation à
l'université Paris-X-Nanterre et militante
féministe s'intéresse
particulièrement au rapport au savoir des
jeunes, dans une perspective anthropologique et
psychanalytique. Elle a publié Apprendre
à aimer les mathématiques (PUF;2000)
et a collaboré à de nombreux ouvrages
collectifs dont Formes et formations du rapport au
savoir (2000), Une séance de cours
ordinaire, Mélanie, tiens, passe au tableau
(2003) et Autobiographie de Carl Rogers : lectures
plurielles (2003), tous trois chez
L'Harmattan.
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Table des
matières
Avertissement et
remerciements
Introduction
1. Le rapport au
savoir, une notion récente
« Rapport
» et « savoir »
Lacan et les
psychanalystes
Les auteurs
d'inspiration marxiste et la sociologie critique
Le champ de la
formation d'adultes
Savoir et
autorité
2. Pouvoir et
place du savoir
Savoirs et
émancipation
Les savoirs
à l'école
Rapport individuel
au savoir
3. Inconscient
et savoir
Fondements
Savoir et
socialisation
Actes et
savoirs
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4. La
construction du rapport au savoir dans la famille.
Une illustration
à travers les langues vivantes
Eugénie :
« Devenir professeur de cheval
»
Magali,
mademoiselle « quand même
»
5. Savoir et
exclusion : l'exemple des femmes
L'exclusion
explicite
L'exclusion
implicite : la fausse mixité du
système scolaire
Des pratiques
d'enseignement également sélectives
L'exclusion des
femmes adultes
Les
représentations : une réponse sociale
à des questions psychiques
6. Le rapport au
savoir dans les
autobiographies
Simone de Beauvoir
: les Mémoires d'une jeune fille
rangée
Caris Rogers : une
théorie pédagogique comme
réponse aux conflits psychiques
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7. Des
élèves dans leur rapport au
savoir
La
fréquentation d'un atelier
mathématique: un espace possible pour la
construction d'un rapport au savoir serein
Deux types de
plaisir
Des pistes pour
l'enseignement: une observation de
classe
8. Enseignants
et enseignantes en relation
pédagogique
L'inconscient au
travail
Tenir sa place
La fonction
contenante
Transfert,
contre-transfert et enveloppe psychique
Conclusion
Post-scriptum
:
À propos de transmission
Index
alphabétique des principales
références
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Un passage
<<Découvrir
d'où l'on vient, fantasmer l'objet manquant,
accepter de s'approprier un attribut parental,
concevoir un monde dans lequel la place du sujet
soit celle qui nous convient, écrire pour
exister à l'égal des hommes, faire ce
qu'on nous dit pour ne pas prendre le risque de
« mal faire », s'identifier à un
parent ou à un autre, explorer ses propres
possibilités, autant d'enjeux qui peuvent
être celui du sujet apprenant et montrent que
la question du rapport au savoir est avant tout
celle du lien et de l'autonomie du sujet. Questions
pour les-quelles chacun ou chacune construit une
réponse qui lui est propre, en fonction de
son parcours et des ressources culturelles dont il
ou elle dispose. Ce sont ces enjeux autour du
savoir qui rendent probablement si difficile la
perception des enjeux d'autrui : lorsqu'un objet
contribue profondément à notre
équilibre psychique, on conçoit qu'il
soit difficile de lui imaginer une autre place que
celle que nous lui avons attribuée. C'est ce
qui explique, sans doute, malgré la
fécondité de la notion depuis
quelques années, le petit nombre de
recherches l'abordant d'un point de vue
psychanalytique.
Objet social avant
de devenir celui d'un sujet singulier, le savoir
peut donc être considéré comme
un objet transitionnel, support d'une
médiation entre soi et l'autre, et qui
questionne notre relation aux autres, telle que
nous l'avons construite au cours de notre histoire
personnelle et telle que nous la vivons au
quotidien. C'est pourquoi il n'est pas
étonnant que la notion ait
émergé simultanément dans les
trois champs de la psychanalyse, de la sociologie
de la domination et de la recherche sur la
formation des adultes, au cours d'une
décennie qui a bouleversé les notions
d'autorité et de rapport à
l'autre.
Car apprendre,
c'est avant tout accepter de recevoir de l'autre :
même les autodidactes savent que le savoir
qu'ils et elles découvrent, s'il ne leur est
pas transmis par une personne donnée, a bien
été élaboré par autrui.
Un savoir est donc toujours un don émanant
d'un autre, réel ou fantasmatique, et il met
en dette celui ou celle qui le reçoit. Or,
pour la psychanalyste Félicie Nayrou,
être en dette, c'est se retrouver dans la
position de l'enfant incapable de rendre, et qui ne
peut que recevoir. Sentiment de dépendance
insupportable pour le psychisme, qui devra donc se
défendre de cette dette. Un de ces modes de
défense peut résider dans la croyance
que le savoir a été volé, et
non reçu (c'est ce que nous enseignent de
nombreux mythes autour du savoir, de
Prométhée à Adam et
Ève) ou que celui qui nous a
été donné n'est pas tout
à fait celui que nous recevons, que nous
ferons différemment, à notre
manière, par et pour nous-mêmes...
Peut-être peut-on trouver là quelques
explications à ces savoirs parfois «
fantaisistes » et pourtant
persistants.
Dans tous les cas,
il faut s'interroger sur ce que cet autrui,
réel ou imaginaire, à qui nous devons
ou volons le savoir, va nous demander d'en faire,
sur ces motivations à nous le transmettre ou
au contraire à vouloir le garder pour lui ou
elle, et sur la liberté qui nous sera
laissée d'en faire ce que nous voulons.
C'est pourquoi le savoir ne peut s'entendre sans le
rapport au savoir, c'est-à-dire, entre
autres, la perception que nous avons de
l'utilisation du savoir nouvellement acquis.
Faut-il se soumettre à la logique d'un
nouveau savoir ou le faire entrer dans la
nôtre ? Peut-on oublier ce que l'on sait ?
Peut-on savoir et ne pas faire ? Garder un savoir
pour nous sans le transmettre ? L'utiliser à
mauvais escient ? Devient-on, par ce que l'on sait,
tributaires de celui ou celle qui nous a
formés, bien souvent dans l'attente,
ensuite, d'une conduite donnée de notre part
? Bref, quel est, finalement, le prix à
payer pour savoir ? S'il apparaît comme trop
élevé, il y a fort à parier
que l'on préférera s'abstenir.
D'où l'importance de l'accompagnement de
tout apprentissage, dont on peut penser qu'il est
ce qui donnera à l'apprenant des
indications, conscientes et inconscientes, de ce
prix à payer. Pour ce qui concerne les plus
jeunes, ceci nous incite à nous montrer
particulièrement attentifs et attentives aux
réponses que les adultes donneront, dans les
pratiques qu'ils et elles mettront en place,
puisque ce sont ces réponses qui pourront
encourager ou non les mouvements d'autonomisation
psychique tentés par les jeunes, ou au
contraire les conforter dans une position
régressive rassurante mais peu
émancipatrice.>> p.137
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Commentaire
Un livre bien
actuel car abordant les questions du rapport au
savoir et de sa relation à
l'agressivité, au sexe, à
l'autorité, au plaisir, à la
souffrance. L'auteure en tire des
conséquences pour la formation des
maîtres. Des exemples et une écriture
lisible. Un livre à lire.
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