Quelles
que seront ces mesures (et seront-elles
"mesurées"?) gageons qu'elles ne pourront se
dispenser de répondre à notre besoin
de "bon sens": au moins si nous ne le
détournons pas en prétentions, comme
a su, finement, nous le reprocher le bon et
méthodique Descartes!
Convenons consensuellement, - serait ce possible?-
, que rien ne se fera de fécond et d'utile
dans la vie quotidienne de notre Ecole, sans :
1) la confiance et le respect
témoignés à tous
les acteurs du système éducatif et
scolaire, adultes et jeunes;
2) la responsabilisation et la
professionnalisation soutenues chez les
personnels en service, mais aussi les
élèves en vue de leur
orientation;
3) la solidarité de tout
l'environnement de l'Ecole et la
coopération compréhensive des
parents d'élèves ;
4) le développement de la
Recherche pédagogique et didactique
ainsi qu'une considération
honnête accordée aux Sciences de
l'éducation dans l'Université
et l'Opinion.
A titre indicatif, on peut saupoudrer ci-dessous
quelques dispositions et précautions autant
symboliques que pragmatiques, signifiantes!
1) Confiance et
respect
1-1 Le
gouvernement pourrait d'aventure se garder de
considérer de haut les personnels de
l'Ecole, a fortiori de les agresser ! Il doit
s'abstenir de tout décider à
distance, "jacobinement", et doit s'engager
à décentraliser, autant que possible,
jusqu'aux établissements, les moyens et les
choix d'organisation des études ainsi
que l'interprétation sage des
programmes.
Il
doit enfin, à coté du "socle"
des connaissances et compétences
rigoureusement exigées, veiller à ce
que soient protégées les options
(interdisciplinaires ou non) proposées
aux élèves ou étudiants, et
aussi réduit le nombre de disciplines
(quatorze? quinze? plus?) imposées en
inflation d'exigences à tous.
Le quantitatif
("pseudo-encyclopédique" et
"consumériste") ne doit pas l'emporter sur
le qualitatif (culturel et civique)!
1-2 Dans les
Etablissements, chaque enseignant ou cadre
doit avoir les conditions de travail dignes
: entre autres mesures (outre les
rémunérations!) , la disposition
d'un bureau personnel (avec
téléphone, moyens informatiques et
documentaires), ainsi que de possibilités
d'accueil convenable des élèves
et des familles. Il faut en finir avec le parcage
des enseignants dans une "salle des profs" souvent
peu reluisante! Pourquoi pas aussi prévoir
un "centre de documentation professorale" (C.D.P.),
distincte du C.D.I., et alimenté en ouvrages
ou moyens audiovisuels par les autorités
responsables? Respect!
1-3 Chaque élève ou
étudiant doit aussi pouvoir disposer
d'un lieu personnel de rangement de ses
affaires ainsi que d'accés
facilités aux C.D.I., aux moyens
informatiques et audiovisuels et
artistiques. Il doit pouvoir
bénéficier du soutien
institutionalisé d'un "tuteur" et/ou
"moniteur" adulte ou jeune, de son âge
ou plus âgé (ainsi en collège,
élève de troisième pour un
élève de sixième; ou doctorant
pour jeune étudiant .etc...)
1-4 Les chefs d'établissement
ont pour mission primordiale de consolider
la cohésion, la solidarité
entre tous les acteurs de l'Enseignement
républicain.
Ils doivent faciliter la reconnaissance
mutuelle entre les diverses disciplines et
titres (!), ainsi que les possibilités
d'organisations souples dans des petits
groupes d'enseignants , notamment pour assurer
les remplacements sécurisants pour les
élèves en cas d'indisposition ou
d'absence pour formation.
Il leur importe d'associer ,
responsablement, les élèves
à la sécurité, au
bon ordre, aux médiations et
à la solidarité, dans les
établissement et à l'extérieur
suivant des rôles reconnus et assortis de
formation adéquates.
1-5 Les corps d'inspection ont la
responsabilité d'accompagner et de
soutenir la confiance et la reconnaissance
des personnels dans leurs missions et
valeurs respectives, mais non point à
distance et en rareté ou en
sévérité inutile! Les
métiers de l'Enseignement et de l'Education
sont difficiles, usants psychologiquement; leur
accomplissement requiert, de la part des cadres
supérieurs, entrain, bonne humeur, ainsi
qu'apport de références ouvrant les
esprits. Le "contrôle" se doit
d'être entrainant, créateur,
rassurant! Mais oui! ...et responsabilisant.
2) Responsabilisation et
Professionnalisation
2-1 La
continuité de la formation
professionnelle de tous les responsables de
l'Ecole doit être assurée
impérativement, et en première
nécessité, en cas de toute
modification institutionnelle. Ainsi que cela avait
été amorcé en 1982, deux
semaines de formation continue (ou
continuée) doivent être garanties,
chaque année, à chaque adulte
présent dans l'institution scolaire ou
universitaire: dont quelques jours obligatoires
pour les projets de modification
institutionnelle. Il faut y arriver!
2-2 La formation initiale comme la
formation continue doivent essentiellement
porter sur le développement et le
renouvellement des pratiques
professionnelles, ainsi que sur l'acquisition
ou l'enrichissement par expérimentation et
échanges entre collègues ou
transposition d'une ingénierie: de
méthodes et de moyens, d'instruments
multiples et de références larges, de
techniques diverses et de dispositions de la classe
évinçant les risques de monotonie (et
d'ennui pour tous!). Il faut écarter de
ces formations les supputations abstraites et
anxieuses ainsi que le ressasement inquiet des
savoirs supposés acquis avant les
recrutements.
2-3 Justement les recrutements
d'enseignants devront s'effectuer
académiquement, entre des candidats
ayant obtenu un master (ou
maîtrise), ou bien une licence et
un deug (en deux disciplines; en vue de poste
dans les petits collèges). Il s'agit
ensuite, dans les formations initiales, en vue de
rehausser l'attention aux
élèves , et sa
réciproque, de disposer de deux
années vraies consacrées à
des théorisations et à des stages
expérientiels: afin de doter les jeunes
professeurs d'une variété de
possibilités pédagogiques et
de modélisations didactiques.
2-4 Le "service" des enseignants
ne devrait plus être défini en seules
heures d'enseignement, omettant les contraintes
horaires de préparations, de corrections de
copies, de rencontre de collègues, d'accueil
des élèves ou des familles-
Clarté et Confiance se conjuguent! Mais en
justice. Est-il encore admissible que, pour un
service identique devant les mêmes
élèves, un agrégé soit
payé davantage à condition de
consacrer moins de temps et de travailler
moins?
2-5 Notre procédure
d'évaluation doit être
sérieusement amendée! Elle reste
élitairemnt plombée, contrairement
à l'éthymologie ("faire sortir les
valeurs" pour chacun), par d'inadéquates et
obsessionelles comparaisons entre
élèves et, en conséquence, par
d'incessantes sélections
prématurées. Des
échecs multiples sont mis en exergue pour
honorer des réussites
raréfiées, vaniteusement ! :est-ce
utile, tolérable? comme c'était la
règle avant 1968, les compétitions
entre élèves d'une classe, dont les
résultats sont publiquement annoncés,
devraient être limitées à une
seule composition par discipline et par
trimestre. En revanche, les évaluations
quotidiennes ou hebdomadaires,
différenciées et ajustées
à chaque élève pour le situer
dans ses possibilités de progrès
à faire le plus facilement pour lui, doivent
rester confidentielles (secret
professionnel) . Ces déceptions
accusées devant les camarades sont
contre-productives.. En troisième lieu,
les élèves doivent être
associés à leur
évaluation personnelle par procédures
d'auto-évaluation; et même de
co-évaluation, assistées par des
moyens informatiques, notamment par la
vérification de savoirs sur des Q.C.M.
informatisés jusqu'à l'obtention
de niveaux exigés différentiellement
de chaque élève: économisant
de la sorte un excès des travaux de
correction de copies et des interventions
d'enseignants. Ajoutons que le terme de "nul"
doit être exclu et des repérages par
"profils" doivent être
préférés à des
contractions sur des "moyennes" qui
émasculent les résultats valables par
le "rasoir" des insuffisances ou
découragements.
3 Solidarité et
Coopération
3-1 Le soutien de tout
l'environnement doit se faire sentir et
s'exprimer autour et à l'intérieur
des établissements: suivant la mise
à disposition accrue par les
autorités (communales,
départementales ou régionales, sinon
nationales) : d'auxiliaires d'enseignement
et de surveillance; de personnels
d'éducation, de santé
et d'orientation; d'animateurs
artistiques, sportifs, culturels; de moyens
d'entrainement, d'audio-visuels, d'informatique, de
publications ; les uns et les autres en
possibilité d'utilisation à la suite
des heures de cours et dans les congés ou
vacances.
3-2 Les relations avec les parents
d'élèves doivent faire l'objet
d'attentions marquant la solidarité et le
respect réciproque avec les personnels des
établissements. Des espaces de
rencontre, dignes, doivent être
aménagés, permettant des expositions
des travaux d'élèves; des
réunions festives et des repas
méritent d'êtres organisés avec
l'aide des familles et la présence
d'autorités-Cela s'est fait (Ah! Saint
Charlemagne d'antan! ) et se fait toujours ou
s'essaie! "Toujours plus" conviendrait ( n'en
déplaise à De Closets! )
3-3 Il convient de faire recours, aussi
fréquemment que possible, aux nombreuses
personnes-ressources qui se trouvent habiter
ou travailler dans le voisinage ou non de chaque
établissement: artisans, commerçants,
pompiers, cadres, responsables d'association,
entrepreneurs, chercheurs, écrivains,
artistes, acteurs, historiens, et même
savants (Charpack!). Il importe aux
enseignants de savoir demander leur concours : au
sujet de leurs compétences et connaissances;
à propos de leur expérience sur les
besoins ou possibilités de la
société; en vue d'illustrer ou
d'agrémenter les cours; pour motiver les
élèves et créer des
surprises. Toute la société doit
être en soutien de l'Ecole.
3-4 Le recours aux ressources de
l'environnement doit aussi être requis pour
éclairer progressivement les
élèves sur la
variété des orientations
professionnelles possibles. En toute
hypothèse, nos personnels d'orientation
"conseillers d'orientation-psychologues,"
sont en nombre insuffisant actuellement, il faut
tripler leurs effectifs. Et il faut aussi
entretenir l'information des enseignants (et leur
formation) sur les problématiques
d'insertion et d'orientation, pour mieux
préparer l'avenir des jeunes avec les
jeunes. Et que nulle destination
professionnelle, fut-elle manuelle, ne soit plus
dépréciée devant eux, leurs
camarades et leurs familles !! Honneur à la
"tête" aussi bien qu'aux "mains". Et haro sur
toute morgue éliticienne!
3-5 Il sera fructueux que les rapports
entre une variété
d'établissements scolaires et
universitaires, proches ou étrangers, soient
développés et
réhaussés: par des rencontres
culturelles; par des concours multiples (et
ingénieux); par des matches (avec
élèves et professeurs); par des
"républiques de sports"; par la
célébration de grands "anciens" ou
d'évènements intéressants; par
tournage de films par les élèves ou
l'enrégistrement d'émissions pour la
radio; par le soutien d'option d'expression
(artistique, informatique, musicale, plastique,
scientifique, théatrale...) selon des liens
avec les journalistes et médias. Que de
possibles stimulants existent pour
l'assiduité et la participation des jeunes
à leurs acquisitions de savoirs et à
leurs apprentissages! Et comme il importe que leurs
groupements scolaires et universitaires soient
étayés sur des répartitions de
rôles responsables et réciproques,
tournants! Et des associations!
4 - Recherche et Sciences de
l'Education
4-1 Des crédits sérieux
doivent être accordés, sans
délai, aux recherches en sciences de
l'éducation , notamment dans le domaine
des applications: l'organisation
différenciée des parcours scolaires
et universitaires; sur les modalités
didactiques; sur la différenciation
pédagogique; sur les
interdisciplinarités; sur les
multiréférentialités; sur
des répartitions diversifiées et
mobiles des effectifs dans les
établissements.
4-2 Les chercheurs qui
s'intéressent aux aspects complexes
des réalités de l'instruction, de
l'éducation, de toute formation et de tout
apprentissage, doivent être
associés de plus en plus près
à la vie concrète des
établissements. Sans leur
coopération, aucun changement
évolutif ne saurait se
préparer. Leur présence serait
utile dans les zones difficiles
4-3 Les travaux des
enseignants-chercheurs en sciences de
l'éducation doivent être reconnus,
et non plus ignorés sinon méconnus et
méprisés dans le cadre de
l'Université française, ou parmi les
clans "d'intellos" imbus du "catastrophisme",
endémique, selon eux, dans l'école,
et payant pour leurs poses suffisantes devant les
Médias.
4-4 Les "Universités
d'été" rassemblant, sur leurs
vacances, enseignants, cadres, chercheurs,
responsables associatifs, invités
étrangers et représentants des
autorités doivent impérativement
à nouveau se voir multipliées et
dotées de crédits honorables et
substanciels.
4-5 Les innovations de toutes
natures, effectuées dans les divers
établissements, doivent se voir
valorisées toujours davantage, et
largement communiquées,
régionalement et nationalement et
internationalement, avec le soutien des
chercheurs.
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