Une autre
école pour nos enfants André
Giordan Collection: Questions
d'éducation Édition Delagrave
(2002)
ISBN 2-206-08621-2 Dernière de
couverture Les débats
sur l'école ces dernières
années ont été plutôt
chiches. Le plus souvent, ils se sont
limités à quelques oppositions duales
et stériles : les républicains contre
les « pédagogos », les
décentralisateurs contre les
centralisateurs. Quelques beaux esprits ont pu
exister en faisant un peu de bruit. Ils ont bien
amusé la galerie ; mais en terme
d'efficacité... On évite
ainsi de poser les questions indispensables au
débat de fond : Qu'apprendre à nos
enfants ? Et pourquoi ? Tout simplement parce que
ces questions ne sont pas simples, pas
immédiates. Surtout, on
néglige la réflexion en amont, sur la
place et les missions de l'école dans une
société en mutation, sur la
connaissance du citoyen de base de notre
démocratie et sur les modes d'appropriation
- et non de transmission. Ce livre n'est
toutefois pas une proposition de programme pour
l'école. Une de plus ! II est seulement une
contribution au débat national, voire
européen, dont on ne peut plus faire
l'économie sur l'avenir de l'école.
II pose les enjeux et propose des
possibles. André
Giordan est professeur de didactique et
épistémologie des sciences à
l'université de Genève et directeur
du LDES (Laboratoire de Didactique et
Épistémologie des Sciences). Par
ailleurs, il est concepteur de textes de
vulgarisation, d'émissions de
télévision, de pièces de
théâtre et d'expositions
scientifiques. Table
des matières Introduction
Première
partie :
Pourquoi apprendre ? De l'homo habilis à
l'homo cocacolensis Chapitre 1 :
Le monde bouge Chapitre 2 :
Penser l'apprendre ? Chapitre 3 :
Pourquoi les jeunes perdent-ils l'envie d'apprendre
? Deuxième
partie :
Quoi apprendre ? Les essentiels
Chapitre 4 :
S'approprier les démarches Chapitre 5 :
Contre le savoir en miettes: les concepts
organisateurs Chapitre 6 :
Quatre attitudes à cultiver Chapitre 7 :
Méthodes de travail et savoir-vivre...
ensemble Chapitre 8 :
Méfions-nous de nos réflexes de
pensée Troisième partie
:
Comment apprendre ? Comment faire
évoluer l'école pour apprendre ? Mais
pas seulement l'école Chapitre 9 :
Les regards transversaux Chapitre 10
: Repenser les programmes disciplinaires Chapitre 11
: Repenser les pédagogies de
l'apprendre Chapitre 12
: Des lieux pour apprendre Chapitre 13
: Les studioli Chapitre 14
: Les échanges de savoirs Conclusion Un passage <<Pourquoi,
brusquement, une telle poussée de panique ?
L'épizootie est officiellement
dépistée en 1985. Les cas de maladie
humaine Creutzfeldt-Jakob d'origine bovine sont
donc relativement rares. Le nombre total de
victimes, Outre-Manche, sur plusieurs dizaines
d'années, à supposer que la
durée d'incubation moyenne varie de 20
à 60 ans selon les individus, oscille entre
100 et 6 000. En France, où l'ingestion de
viande contaminée a été 20
à 30 fois moins importante, on estime
à 300 environ le nombre de victimes sur une
période de temps équivalente. Soit,
en moyenne, 2 à 3 cas par an dans les
décennies à venir. N'empêche :
l'angoisse collective enfle alors que d'autres
fléaux, avérés, ne provoquent
aucune réaction. Les mêmes qui
conduisent le cur léger à 160
km/h, cigarette au bec et portable à
l'oreille, n'osent plus planter leur couteau dans
un steak ! Avant de faire
appel aux seules connaissances cognitives, c'est
à la psychologie qu'il faut se
référer (remarquons au passage que
cette discipline n'est toujours pas au programme de
l'école). Nos réactions face à
l'angoisse n'ont rien d'objectif, de
réfléchi ; elle est d'autant plus
profonde que le risque est caché,
inédit ou nimbé de mystère. Et
son intensité redouble si nous avons le
sentiment de n'avoir aucune prise sur ses causes,
ni sur ses effets. Sans compter que des morts sont
là, devant nous. La crise de la vache folle
réunit tous les ingrédients pour que
surgisse et se répande une peur maximale,
attisée et renforcée par la
cacophonie ambiante qui tient lieu de débat
public.>>p.79 <<Ces
différents concepts, noeuds d'un
réseau cognitif, s'enrichissent mutuellement
par leurs interactions et leurs
rétroactions. Le concept « organisation
» est relié à « interaction
» et « régulation ». Ces
derniers apportent en retour à «
organisation » des propriétés
explicatives plus larges. Comme le précise
encore Edgard Morin dans le livre cité,
« concevoir la circularité, c'est
dès lors ouvrir la possibilité d'une
méthode qui, en faisant interagir les termes
qui se renvoient les uns aux autres, deviendrait
productive, à travers ces processus et
échanges, d'une connaissance complexe
comportant sa propre réflexivité
». Une organisation n'est plus conçue
comme une simple association
d'éléments indépendants.
À partir des interactions entre ses parties,
de nouvelles caractéristiques
émergent qui font qu'une organisation
devient une entité spécifique. Pensez
à ce que peut faire un État ou une
entreprise. Le concept de
frontière, dans son double sens de fermeture
(elle est ce qui sépare) mais
également, autre paradoxe, d'ouverture,
vient compléter l'ensemble. Si une
frontière permet de délimiter un
territoire, d'en définir certaines
caractéristiques, elle est en même
temps le lieu d'échange entre deux
environnements, le lieu de communication, d'osmose.
Une frontière, aussi hermétique
soit-elle, demeure un filtre qui, à la fois,
refoule et laisse passer. Encore faut-il concevoir
la frontière, non comme un mur, mais comme
la frontière, cellulaire, là
où se trouvent les capteurs et même
des molécules particulières propres
à faire entrer le nutriments dont la cellule
a besoin.>>p.108 Commentaires
A travers
l'exemple de la "vache folle ", entre autres,
Giordan nous fait entrevoir tout les changements
qui doivent intervenir dans l'école pour une
adaptation à notre époque, à
la nature de la science actuelle et au monde en
mouvement. C'est un livre
qui donne une vision d'ensemble et permet de
replacer dans un contexte général les
évolutions disparates actuelle
(TPE etc..). Autrement dit il donne du sens
à ce que l'on nous demande souvent sans
explications.