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                     Dans le parcours
                  d'une vie de la naissance à la mort, la
                  violence se faufile au quotidien, contenue souvent,
                  nous dépassant parfois en faisant irruption
                  dans l'inattendu de nos comportements.
                        | 
 |      
                            
                           Traversant
                           le temps et l'espace, elle imprègne
                           les cultures et les civilisations et
                           s'inscrit dans les récits religieux
                           ou les mythes les plus anciens.
                           Omniprésente, épousant
                           l'évolution des
                           sociétés et se
                           déclinant sous des formes
                           variées, elle développe sa
                           formidable énergie : violence de la
                           nature et violence sociale, violence
                           économique et violence religieuse,
                           violence privée et violence
                           publique, violence physique et violence
                           psychologique, violence du chaos ou
                           violence de l'ordre établi,
                           violence des actes ou violence des mots,
                           violence du numérique et violence
                           de l'illettrisme, violence des
                           incivilités et violence du
                           terrorisme, violence de la transparence et
                           même violence de l'espérance
                           (Apollinaire), sans compter cet
                           énigmatique oxymore que constitue
                           la " douce violence ".   |            
                    Arrêtons-le
                  déroulé de cette psalmodie
                  décourageante à laquelle l'Ecole
                  n'échappe pas, et qu'elle souhaite remplacer
                  par des " bonnes
                  pratiques ", celles
                  des élèves et des personnels.
                  Psalmodie à laquelle pourtant, nous
                  survivons et qui ne date pas d'aujourd'hui :
                   
                     
                        |           
                             "A
                           tous ceux qui crevèrent
                           d'ennui
                           au collège ou qu'on fit pleurer
                           dans la famille, qui, pendant leur
                           enfance, furent tyrannisés par
                           leurs maîtres ou rossés par
                           leurs parents "....in L'Ee Jules
                           Valles, 1881. |   nfant d Qu'est ce qui
                  est violent ?La
                  première éducation commence par le
                  derrière (ma grand -
                  mère)           
                    C'était le
                  bon temps. Celui où l'on pouvait fesser le
                  garnement récalcitrant sans risquer la garde
                  à vue, talocher le voleur de cerises sans se
                  trouver traduit en comparution immédiate Qui
                  aurait alors parlé de violences sur enfants
                  ? Si la maltraitance était évidente
                  chez Victor Hugo, avec Cosette ou Gavroche, chez la
                  comtesse de Ségur ou dans le bagne d'enfants
                  de Belle-Ile-e- Mer (voir Prévert) ou dans
                  les portraits des marâtres chez Grimm ou
                  Perrault attestant de violences existantes qui
                  avaient la couleur de la méchanceté
                  ou du sadisme, mais jamais dénoncées
                  sous le vocable.  
                     
                        |        
                           "Trois
                           jours de silence au réfectoire et
                           des coups de férule à tout
                           propos." James Joyce Dedalus,
                           1914. |  Quel sens
                  donnons-nous aux violences aujourd'hui
                  ?           
                    Par un effet de
                  civilisation en marche, et la montée en
                  puissance du droit : droit des peuples,
                  droits
                  des enfants, droits
                  des femmes, droits des usagers etc., elles sont
                  plus visibles désormais, plus souvent
                  dénoncées grâce aux
                  associations et à l'arsenal juridique
                  déployé contre les violences
                  conjugales ou celles envers les enfants, celles
                  à l'égard des cultures ou envers des
                  religions différentes, sans compter les
                  violences
                  du harcèlement à
                  l'école ou
                  au
                  travail. Et les
                  critères qui définissent ce qui est
                  violent ont eux aussi évolué :
                  oppressions ou incivilités, chantages ou
                  harcèlements, injures raciales ou
                  maltraitances
                  de personnes âgées
                  sont apparus dans le
                  champ nouveau des interdits éthiques et
                  juridiques. 
                     La violence
                  EST.
                        |         
                             Les
                           guerres interminables ou nouvelles
                           constituent dans l'actualité un
                           consternant leitmotiv qui émousse
                           notre capacité d'indignation et
                           pourtant, jamais les violences qu'elles
                           génèrent, n'ont
                           été autant
                           médiatisées en temps
                           réel.            
                             Par
                           ailleurs, on ne compte plus les
                           séries violentes ou les
                           séquences de
                           téléréalités
                           sur les chaines de
                           télévision, sans oublier les
                           ressources du numérique qui
                           suscitent l'addiction des jeunes à
                           la brutalité de certains jeux.
                            | 
 |            
                    Comme autant
                  d'antidotes émergents des associations, des
                  ONG, des courants contre la violence qui regroupent
                  des mouvements humanistes, religieux,
                  écologiques, alternatifs, avec même
                  des salons internationaux comme ceux des " Acteurs
                  de paix pour une culture
                  de non-violence ".
                           
                    La
                  Décennie
                  pour la Paix est
                  exemplaire d'une synergie de convictions plurielles
                  et déborde de messages optimistes concernant
                  tel ou tel programme contre la violence à
                  l'Ecole : médiations, campagne contre le
                  harcèlement, formation des
                  élèves ou des équipes
                  pédagogiques
           
                    Publications,
                  livres et symposiums, fleurissent entre convictions
                  et adhésion à " l'air du temps ",
                  entre efficacité et effets cathartiques,
                  entre incantations et recettes imparables.
                  Et pourtant
 ?     La
                  violence à l'école et le syndrome de
                  Tocqueville.   
                     
                        |         
                             " Un
                           jour, je me sentis débordé.
                           Mon étude était en pleine
                           révolte et je n'avais plus de
                           munitions pour faire face à
                           l'émeute [...] Et les
                           encriers pleuvaient et les papiers
                           mâchés s'épataient sur
                           mon pupitre et tous ces petits monstres-
                           sous prétexte de
                           réclamations - se pendaient
                           à ma chaire avec des hurlements de
                           macaques. " In Le Petit Chose
                           d'Alphonse Daudet. 1868. |  
                     
                        | 
 |          
                             Dans une
                           de ses acceptions, le paradoxe dit de
                           Tocqueville rend compte de cette
                           capacité de la violence à
                           occuper l'espace de nos représentations
                           au fur et à mesure de son
                           éradication :           
                                   "
                                 Il se passe
                                 peut-être un
                                 phénomène similaire
                                 à propos de la violence :
                                 plus nous vivons dans des
                                 sociétés tranquilles
                                 et sécurisées, moins
                                 nous supportons - et plus nous
                                 amplifions - les endroits où
                                 elle demeure encore ou ses
                                 manifestations
                                 résurgentes. Et
                                 c'est bien autour de ces trois
                                 grandes questions - violence et
                                 civilisation, violence et
                                 souffrance, violences
                                 résiduelles ou nouvelles
                                 violences - que la majorité
                                 des analyses et des débats
                                 s'articulent aujourd'hui. "
                                 (www.lecavalierbleu.com/images/30/extrait_106.pdf?)
                                 in La violence, de Véronique
                                 Le Goaziou, collection Idées
                                 reçues Ed. Le Cavalier Bleu,
                                 2004.
 |          
                             Mais qui
                           est violent ? L'enfant,
                           l'élève, le directeur, le
                           recteur, le ministre, le voisin, le
                           conjoint, le braqueur, le raciste
                           L'autre de
                           préférence.
   Violence
                  à l'Ecole, violence de l'Ecole : à
                  chacun sa stratégie   
                     
                        |          
                             " Je
                           m'adosserais à ce tableau comme une
                           armée en déroute s'adosse
                           à la mer. Vaincre ou mourir. Quand
                           je me retournerais, j'offrirais aux foules
                           un derrière blanc. C'est peut -
                           être sur ce tableau que mes
                           élèves écriraient des
                           pamphlets. " Paul Guth, Le Naïf
                           aux 40 enfants, 1955. |  
                     
                        |          
                             La
                           terminologie est combative dans cet
                           extrait mais aussi dans le vocabulaire
                           contemporain pour agir face à la
                           violence : fustiger, réprimer,
                           lutter contre, éradiquer
                           même, la violence et
                           
peut-être même les
                           violents !           
                             "
                           Prévenir et lutter contre la
                           violence à l'École est une
                           des conditions de réussite des
                           élèves, qui ont besoin de
                           travailler dans un climat serein pour
                           réussir " affirme le
                           Ministère après la tenue des
                           États généraux de la
                           sécurité à
                           l'École, réunis en Sorbonne
                           en avril 2010, qui ont permis
                           l'émergence de pistes d'actions
                           pour faire reculer la violence en milieu
                           scolaire  | 
 |  Mesurer
                           le climat et la violence dans les
                           établissements scolaires
                           
                           Renforcer la
                           présence des adultes dans les
                           établissements  Former
                           les enseignants et les personnels de
                           l'Éducation
                           nationale Renforcer le plan de
                           sécurisation des
                           établissements scolaires Redonner
                           du sens aux sanctions
                           scolaires Accueillir les
                           élèves les plus
                           perturbateurs Lutter
                           contre le harcèlement à
                           l'École Prévenir les
                           jeux dangereux
             
                    Le programme est
                  dense, ce qui est louable, mais nous le voyons dans
                  cette énumération, centré sur
                  la violence elle-même, ce qui me semble une
                  perspective trop restreinte.          
                    Voix discordante,
                  dans un entretien au journal La Vie, la sociologue
                  Cécile Carra reste sceptique sur le tout
                  sécuritaire qui referme
                  l'établissement sur lui-même, et
                  risque de provoquer des réactions
                  contre-productives. Elle insiste sur l'importance
                  de favoriser les apprentissages en leur donnant du
                  sens et ceci dès l'école
                  élémentaire, préconisant aussi
                  une pédagogie
                  moins violente (voir
                  aussi Cécile Carra : Violences à
                  l'école élémentaire.
                  L'expérience des élèves er des
                  enseignants, PUF, coll. " Education et
                  société ", 2009.)   Et si nous
                  écoutions notre propre violence
                  ?           
                    " Lorsqu'on
                  remonte à l'origine de la violence, c'est sa
                  propre violence qu'on finit par rencontrer
                  [...] Une violence sans bornes ni limites,
                  une violence qui chemine sourdement à
                  travers les époques, levant par instants sa
                  tête sifflante et serpentine.
                  "           
                    C'est ainsi que
                  s'exprime dans le roman de Fabrice Humbert "
                  L'origine de la violence ", le héros, un
                  jeune professeur, qui a l'occasion d'un voyage
                  à Buchenwald
                  rencontre à
                  travers un secret de famille, le mal radical
                  (terminologie de Kant) qui creuse son espace en
                  chacun de nous et dans chaque institution. Hannah
                  Arendt avait, quant à elle,
                  dénoncé à la fois le mal
                  radical (enraciné) et la banalité du
                  mal qui se développe comme un champignon, en
                  surface.            
                    La violence
                  relève de ce double mouvement d'enracinement
                  fondamental et de diffusion contagieuse, entre
                  essence et expressions culturelles, et s'inscrit en
                  chacun de nous selon ces deux modalités.
                  Violence essentielle, violence diffusée,
                  mimétique ( René Girard), qui font
                  irruption à la fois dans le processus de
                  civilisation par des phénomènes
                  collectifs et en
                  chacun de nous, à bas bruit ou sous forme de
                  passages
                  à l'acte
                  ponctuels et spectaculaires. Dans ces deux champs
                  se livre un combat jamais totalement gagné
                  pour la contenir ou la transformer, et qu'il
                  convient d'aborder tant par l'individu que par son
                  environnement familial, social, institutionnel :
                  Alors fatalité ou prise en compte d'une
                  réalité ?             
                    " La violence
                  est une modalité de la vie. Cela signifie
                  que la vie se donne, s'exerce et se retire dans la
                  violence. Une naissance, même sans douleur,
                  est violente. Ce serait appauvrissant - comme nous
                  le faisons aujourd'hui dans nos
                  sociétés - de fustiger la violence
                  pour l'écarter de la vie (comme
                  écarter le mal pour faire en sorte qu'il n'y
                  ait que le bien, écarter le salé pour
                  ne garder que le sucré
) Le
                  résultat est forcément
                  étouffant donc, à terme, violent.
                  L'essentiel de la violence quotidienne vient du
                  refus d'envisager la violence qui était
                  déjà là et qui, c'est ma
                  thèse, signalait une rencontre
                  nécessaire avec l'autre, un affrontement
                  indispensable, mais qui s'est
                  révélé impossible. "
                  (Daniel Sibony : Violences. Traversées.
                  Seuil, 1999.)           
                    Alors
                  fatalité ou prise en compte d'une
                  réalité ? L'association
                  Interaction
                  TP-TS (initiée
                  par J.Robin, P. Viveret, P. Merlant et L.Baranski)
                  a uvré pendant 10 ans à
                  promouvoir dans la société et dans
                  l'Ecole, l'idée qu'aucune transformation
                  sociale ne pouvait se conforter dans le temps, sans
                  une transformation personnelle des individus. Se
                  former à " une écoute
                  imaginative " pour entendre chez l'autre les traces
                  de ses propres blessures dont la
                  réactivation va déclencher une
                  réaction souvent disproportionnée
                  avec l'élément déclencheur,
                  c'est passer par une phase préalable
                  d'écoute lucide de nos blessures
                  sollicitées par le comportement des autres
                  et qui génèrent nos propres
                  violences.           
                    C'est en se sens
                  que va également le sociologue et
                  thérapeute Charles Rozman qui repère
                  4 grandes blessures d'enfance (abandon,
                  humiliation, maltraitance culpabilité),
                  là où le psychosociologue
                  Jacques
                  Salomé
                  énumère 6 blessures archaïques
                  (abandon, trahison, rejet, injustice, intrusion,
                  impuissance).            
                    Nous pourrions en
                  effet dans notre
                  expérience de
                  formatrice et
                  d'enseignante évoquer des exemples et
                  situations illustrant chacune de ces blessures qui
                  se rouvrent au présent. Deux exemples
                  viennent les éclairer. 
                           
                              | "J. Grand
                                 formateur, expert en relations
                                 humaine, anime un groupe d'adultes.
                                 Une stagiaire, M. par jeu,
                                 détourne le processus d'un
                                 exercice-jeu pédagogique,
                                 mettant l'animateur en échec
                                 (provisoire) et déclenchant
                                 chez lui une colère
                                 disproportionnée, du moins
                                 c'est l'avis de M. et des membres du
                                 groupe. J. finit par partager avec
                                 le groupe sa
                                 vulnérabilité à
                                 propos des comportements pervers
                                 (psychiques) qu'il a subit enfant,
                                 et ceux pratiqués par
                                 l'institutrice de sa fille à
                                 laquelle il n'a pas
                                 hésité à dire "
                                 si vous continuez ainsi avec ma
                                 fille, je vous tue ".
                                 Expérience féconde
                                 pour M., jamais oubliée, de
                                 cette mise en mots. "Jeu de
                                 rôle en formation " Faire face
                                 à la violence " : L. est une
                                 enseignante qui se consacre à
                                 son métier avec passion,
                                 tentant de donner à ses
                                 élèves ce que ses
                                 origines sociales lui ont
                                 péniblement accordé.
                                 Ne comptant pas son temps, soucieuse
                                 de pédagogie
                                 différenciée elle
                                 apporte son soutien à chaque
                                 élève en
                                 difficulté et notamment
                                 à N. Ce dernier, qui a
                                 été d'échec en
                                 échec est en rejet du
                                 système scolaire et
                                 malgré la demande
                                 réitérée de
                                 l'enseignante de fournir un travail
                                 précis, rend un document
                                 qu'il sait médiocre en
                                 adressant des propos agressifs
                                 à l'enseignante, en
                                 lançant sa copie et en
                                 évoquant " des enseignants
                                 qui se la coulent douce, eux ".
                                 L. vit de façon très
                                 injuste cette brutalité des
                                 mots et des gestes, et sent sa
                                 réaction se former sur un
                                 mode réactif très
                                 violent.  |          
                          Dans le
                        jeu
                        de rôle,
                        la perception de l'écho de cette
                        injustice, l'invite à sortir de la
                        spirale de la violence (exclusion de
                        l'élève envisagée) en
                        permettant à l'élève de
                        dire ses ressentis et en évitant " la
                        tentative destructrice de panser nos
                        blessures et de retrouver du pouvoir "
                        sur l'autre, comme le rappelle Charles Rozman
                        évoquant aussi Jung qui estimait que
                        " le médecin qui se savait malade,
                        réveillait le médecin
                        intérieur du patient ".
           
                    Et d'ajouter dans
                  un entretien à Psychologie.com. (Travailler
                  sur sa violence avec la thérapie sociale) :
                  " On aimerait pouvoir se prémunir de la
                  peur en rejetant l'autre, le différent,
                  l'imparfait, à l'extérieur du
                  système. Mon espoir est que la
                  thérapie sociale nous rende,
                  individuellement et collectivement, capables
                  d'assumer nos imperfections pour parvenir à
                  vivre ensemble ".     Penser global,
                  agir local : l'Etablissement, creuset idéal
                  pour une démarche complexe.           
                    On se souvient de
                  cette préconisation de René Dubos au
                  premier sommet de la terre en 1972. Ce slogan a
                  servi depuis aux réflexions et pratiques du
                  développement durable mais a essaimé
                  tant dans le milieu entrepreneurial que dans les
                  associations humanitaires ou les institutions
                  publiques.           
                    Les initiatives
                  ministérielles globales qui sollicitent les
                  acteurs multiples qui uvrent dans l'Education
                  nationale ou gravitent dans sa
                  périphérie sont porteuses de
                  volonté et de soutien. Certains trouveront
                  qu'elles sont inopérantes, d'autres qu'elles
                  ne sont pas adaptées ou qu'elles ne sont pas
                  accompagnées des fameux "
                  moyens-supplémentaires " dont le
                  sociologue Raymond Boudon disait qu'ils
                  étaient inutiles car utilisés aux
                  mauvais endroits.           
                    Elles ont le
                  mérite cependant de définir des axes
                  de réflexion et de pratique qui peuvent
                  irriguer les innovations du local (voir
                  le
                  Haut et le Bas)             
                    Sans
                  prétendre à une quelconque
                  exhaustivité, je perçois trois
                  stratégies dans les démarches qui
                  visent le champ social, mais ici plus
                  spécifiquement l'Education Nationale, dont
                  le grand intérêt serait qu'elles
                  s'articulent dans une perspective
                  systémique qui
                  réponde à la complexité du
                  sujet.   -
                  La première
                  consiste à ce centrer sur la violence en
                  travaillant à réduire les facteurs
                  endémiques (économiques, sociaux,
                  urbains, organisationnels) , relevant le plus
                  souvent du politique, en travaillant sur l'amont
                  social des phénomènes, mais aussi en
                  anticipant par des pratiques
                  pédagogiques moins
                  violentes (notations,
                  évaluations, coopérations etc.) , et
                  en repérant les facteurs déclencheurs
                  des passages
                  à l'acte.           
                    En mettant en
                  place des approches de résolutions des
                  conflits pour la prévenir, en favorisant
                  la
                  médiation par les
                  pairs, ou par
                  l'éducation
                  à la
                  citoyenneté se
                  développent en abondance des
                  stratégies qui visent à la contenir
                  ou à la réguler. Voir notamment
                  le
                  site Ecole, Changer de cap
                  qui mutualise ces approches autour de l'acquisition
                  de compétence psycho-sociales)   - La seconde resitue
                  plutôt la violence dans l' ensemble de la
                  relation et de la pathologie du lien.
                     " Une approche globale de
                  la personne dans ses différentes dimensions
                  intellectuelles, émotionnelles et
                  corporelles " C'est dans un document de
                  travail, une des préconisations de la
                  délégation ministérielle
                  chargée de la prévention et de la
                  lutte contre les violences en milieu
                  scolaire.           
                    Daniel Sibony en
                  est convaincu par sa pratique de clinicien
                  :  " L'essentiel de la
                  violence quotidienne vient du refus d'envisager la
                  violence qui était déjà
                  là et qui, c'est ma thèse, signalait
                  une rencontre nécessaire avec l'autre, un
                  affrontement indispensable, mais qui s'est
                  révélé impossible. La peur de
                  cet affrontement, donc la peur de cette violence,
                  produit une violence encore plus grande
                  [
] essayer de comprendre et
                  d'interpréter la violence subie pour la
                  transformer en action, pour la dépasser
                  ".             
                    C'est vrai pour
                  les élèves, mais cela l'est tout
                  autant pour les adultes concernés qui
                  gravitent autour d'eux : enseignants, mais aussi
                  les personnels éducatifs, de santé et
                  du social, sans oublier les équipes de
                  direction.           
                    Car il serait peu
                  cohérent de centrer les actions sur les
                  enfants sans opérer un travail sur soi pour
                  les adultes qui constituent des
                  références, des modèles (ou
                  contre-modèles) et qui sont garant d'un
                  cadre légal et du respect de valeurs
                  partagées             
                    Cela ne peut se
                  faire sans un
                  travail sur soi qui
                  permet au parent, à l'enseignant, à
                  l'éducateur d'écouter en lui le
                  bruissement, parfois le bouillonnement de sa propre
                  violence, de ce qui la déclenche chez
                  l'autre, et aussi de comprendre par analogie ce qui
                  peut provoquer des frustrations, des peurs chez
                  l'autre, collègue ou élève
                  avec son cortèges de réactions
                  agressives, brutales dans les gestes et les
                  mots.             
                    Des formations de
                  sensibilisation puis d'approfondissement à
                  la relation, à l'écoute, à la
                  communication relationnelle sont incontournables
                  pour resituer la question de la violence
                  (évidente ou relative) dans un processus
                  relationnel. Si la violence
                  est un langage
                  à décoder, ce décryptage ne
                  peut s'obtenir que dans le cadre de formations
                  progressives.           
                    Il faut pour cela
                  des
                  formations suffisamment
                  longues, en formation
                  initiale et continue pour les personnels de
                  l'Education Nationale. Formations inter
                  catégorielles dans l'établissement ou
                  inter-établissements.            
                    Des groupes
                  d'analyse
                  de la pratique (voir)
                  offrent aussi des espaces
                  de paroles dont les
                  bénéfices sont reconnus,
                  validés partout où ils sont
                  implantés avec des personnes formées
                  à la méthode où peuvent se
                  consolider les acquis de ces formations, où
                  peuvent se dire les fragilités, les
                  échecs.           
                    Les
                  stages FNTE (Formation aux nouvelles techniques
                  d'enseignement), mis
                  en place en Champagne-Ardenne par le Pr Jacques
                  Nimier et son équipe, ont pendant plus de 15
                  ans, accueilli des centaines d'enseignants, des
                  personnels de direction, éducatifs ou de
                  santé, et des psychologues scolaires.
                  L'originalité et le succès de ces
                  stages et de leurs résultats tient notamment
                  dans la mise en perspective de parcours de
                  formation sur une longue durée, avec
                  des
                  modules de base et des modules
                  complémentaires "
                  à la carte ". L'un d'entre eux " faire face
                  à la violence " répond bien à
                  la préoccupation du moment, mais prenait
                  alors toute sa vigueur et son efficacité en
                  s'inscrivant dans un ensemble de travail sur la
                  relation après 15 jours de stages sur la
                  relation à soi-même, à l'autre,
                  sur l'écoute et la gestion de groupes et
                  ceci sur deux ou trois ans.           
                    Nous avons
                  transféré ce concept de formation
                  dans la durée au Luxembourg, durant plus de
                  dix ans, dans des établissements et dans des
                  formations de formateurs inter-
                  catégorielles et inter-établissements
                  et toujours en prenant en compte la
                  globalité de la
                  personne dans son
                  contexte.( Voir " Une utopie à
                  réalisation vérifiable au Luxembourg
                  ", par MF Bonicel, in "Revue de psychologie de la
                  motivation" n°31, (Juin 2001)           
                    L'Institut
                  ESPERE®
                  créé par Jacques
                  Salomé vise
                  avec d'autres styles et des publics variés,
                  à des parcours de formation qui abordent la
                  personne dans sa globalité, y compris dans
                  les établissements scolaires, et avec des
                  propositions dans la durée.   - La troisième vise
                  à développer une culture de paix
                             
                    " C'est en
                  faisant croître la lumière que l'on
                  triomphe de l'obscurité et non en lui
                  livrant combat ". Charif Bouzouk, philosophe
                  kabyle.   Que pourrait
                  être en fait le contraire de la violence
                  à l'école ?            
                    Posant cette
                  question à deux intellectuels pétris
                  d'humanisme, l'un m'a répondu par un mot au
                  charme désuet qui avait disparu du champ
                  lexical et ne figurait que dans les beaux
                  écrits littéraires :
                  l'aménité (la langue courante
                  conservait l'adjectif amène), attitude de
                  profonde bienveillance à l'égard de
                  l'autre. On l'appliquait aussi à la douceur
                  d'un paysage ou d' moment précieux.
                             
                    Curieusement ce
                  mot est réapparu pour une seconde vie dans
                  le champ écologique et dans les programmes
                  de développement durable : les
                  aménités environnementales ont le
                  vent en poupe et traduisent le souci d'apporter aux
                  habitants des conditions de vie " bienveillantes
                  ".           
                    Si la violence a
                  ses périmètres et ses circonstances,
                  ses déclinaisons et ses
                  métamorphoses, j'ai tendance en effet
                  à penser que son contraire n'est pas d'abord
                  la non-violence (un état), mais une culture
                  de paix, (un processus jamais achevé).
                  Imaginer la Paix selon Paul Ricur, n'est pas
                  de l'ordre du rêve, mais d'une
                  création continue.           
                    Pour vivre au
                  mieux dans les établissements scolaires, il
                  semble évident que ces trois voies
                  d'entrée doivent se conjuguer. Bien entendu,
                  on ne peut demander à tous les acteurs
                  d'avoir des compétences dans les
                  différents champs, mais il importe qu'ils
                  interviennent en ayant tous en toile de fond, ce
                  paysage pluriel. Si la violence crée le
                  chaos et l'ordre crée la violence, comme
                  l'affirme Daniel Sibony, il importe de sortir de ce
                  paradoxe en faisant en sorte que l'Ecole soit un
                  lieu de transformation de cette énergie
                  dévoyée." La vie, plutôt
                  que l'harmonie, la liberté plutôt que
                  la perfection ". Louis
                  Schorderet. |