Les textes de
Marie-Françoise Bonicel sur
PedagoPsy.eu Diplômée
de sciences politiques et Economiques,
psychologue et psychothérapeute,
Marie-Françoise Bonicel est
maître de conférence en
psychologie sociale clinique à
l'IUT de Troyes. Elle a participé
à la mise en place de l'IUFM
expérimental de Reims et
assuré pendant plusieurs
années la coordination de la
formation psychologique des personnels de
l'Education nationale de Champagne-Ardenne
. Jeanne
est adjointe dans un
collège dont le Principal
- c'est le nom officiel - est
aussi une femme. Elle nous parle
de sa difficulté
relationnelle avec elle,
difficulté à
trouver sa place, à faire
son territoire.... Derrière
ce titre à la Clint
Eastwood, ( je fais là
allusion au filme culte la
Bête, le Bon et le Truand)
se dessinent trois pôles
qui permettent dans
l'accompagnement de ceux qu'avec
affection, j'appelle les
"cabossés de la vie
", de tricoter une alliance ou
d'inventer une alchimie qui donne
toutes les chances au jeune de
devenir un partenaire de
réussite. J'aime ces
images qui fait rêver de
transformer du plomb en or ou qui
suggèrent dans un habile
parfilage de tirer parti du
meilleur d'une étoffe
maltraitée en
récupérant les fils
d'or pour en confectionner un
tissage rénové.
Quelle
belle image vraiment que celle de
l'étymologie de ce terme :
" marcher avec un
compagnon ". Compagnon : cum
panis, " partager le pain avec
l'autre". ! ... Les
postures que nous adoptons en
tant qu'accompagnants,
dépendent bien
évidemment de
différents facteurs :
des
personnes accompagnées,
individuellement ou en groupe, de
l'alchimie relationnelle des deux
partenaires, du champ dans lequel
s'exerce l'activité, des
objectifs fixés, et du
style personnel des accompagnants
qui renvoie à leur
structure profonde.... Réfléchir
au handicap, c'est s'aventurer
dans une parole risquée.
Chaque expression étant
chargée d'une posture
idéologique, que signifie
le fait de se
référer à la
notion de handicap, de personnes
handicapées ou de
personnes ayant un handicap ? Et
de quel handicap parle-t-on ?
Si
nous nous interrogeons sur les
chemins, les contours, les
contenus et les moyens d'une
transmission réussie,
c'est bien parce que toute
société, pour
perdurer, doit permettre à
l'individu de s'inscrire dans une
communauté humaine, dans
des lieux et liens communs,
à la croisée de ce
qui constitue sa filiation et son
affiliation en faisant circuler
ce qui est d'abord une relation,
plutôt qu'un contenu
fossilisé. Vertige
de transmettre, tentative de tous
les temps dans le paradoxal :
transmettre la vie, les savoirs,
les croyances ou les patrimoines,
lutter contre l'oubli. Alors que
le passé ne semble plus "
faire tremplin ", les
musées connus ou
méconnus, la conservation
du patrimoine, le recyclage des
produits jetables, les recherches
généalogiques, " le
goût de l'archive " (voir
l'historienne Arlette Farge)
tentent de contrebalancer
l'éphémère. L'école
est en effet une
communauté humaine, et
comme telle, traversée par
la violence interne à
chaque individu, aux groupes
sociaux qui la composent et
à sa propre violence
institutionnelle. Organisme
vivant et poreux, elle est aussi
contaminée par la violence
endémique
externe, La
violence EST. Ne bougeons plus,
nous sommes cernés
! <<Oui,
je te tourmente. Mais ce n'est
pas mon but. Je ne veux savoir
qu'une seule chose : quand
j'enfonce toutes ces paroles en
toi tels des couteaux, qu'est-ce
que tu ressens ? Qu'est-ce qui se
passe en toi ? >> Robert
Musil Que
savons-nous des émotions
?
Parmi
les définitions
colorées par leur
époque et leur posture
idéologique, je
m'appuierai volontiers sur
celle-ci. Elle offre l'avantage
de présenter un visage de
complexité, dans une
alchimie entre intérieur
et extérieur, corps et
psyché, soi et
l'autre.... En
voyageant dans la
littérature
professionnelle sur le
thème des objets
intermédiaires qui
était ma
préoccupation initiale,
j'ai croisé au fil des
rivages et des courants, un
florilège de termes en
parentèle et de notions
associées qui rendent
compte de la richesse du concept
utilisé, de ses
développements et de ses
applications... Dans
une société
où la réussite
sociale constitue la
référence,
où la concurrence à
l'école, dans la vie
professionnelle et dans la
cité favorise
l'individualisme, où la
compétition internationale
redistribue les cartes des
premiers et des derniers à
l'aune du PIB, le concept
d'estime de soi donne lieu
à de multiples
publications et
réflexions, notamment sur
son impact dans les
apprentissages scolaires, comme
s'il fallait un antidote aux
surenchères de
l'efficacité. Dieu
merci (je profite d'utiliser
cette interjection tombée
dans notre langage commun, avant
qu'elle ne soit prohibée
par un gardien du temple
sourcilleux d'une
laïcité
épurée de ses
sources patrimoniales),
Quand
j'étais enfant ou
étudiante, notre langue
nommait le " genre humain
", le genre masculin,
féminin ou neutre en
grammaire, et accessoirement "
le mauvais genre " qui
qualifiait les comportements de
femmes ou hommes, peu
recommandables, au regard des
normes du moment. Depuis cette
époque trop lointaine, je
ne me souviens guère
d'avoir eu l'occasion d'utiliser
ce mot... L'adage
populaire " la curiosité
est un vilain défaut ",
s'il m'a laissé de vagues
traces de culpabilité, n'a
jamais réussi à
entraver la mienne. Dans mon
imaginaire nourri de livres et
d'expériences
enracinées dans l'enfance,
la curiosité avec son
corolaire, le plaisir, sentait un
peu le soufre. "On
n'a jamais l'occasion de faire
une deuxième fois une
première bonne
impression." B. Shaw. Il
me
semble que dans mes plus
lointains souvenirs, je devais
porter à l'égard de
l'évaluation une certaine
suspicion. Mon enfance me laisse
des traces de ma
perplexité d'alors face
aux images évocatrices de
la pesée des âmes.
Le jour du grand soir celles-ci
devaient être
dirigées vers les lieux
adaptés : Paradis ou
Enfer. Les
uns estiment que les
décisions venant du
Ministère sont
déconnectées de la
réalité du terrain
et sont destinées à
rester " lettre morte ".... Pour
d'autres les innovations ou
expérimentations, "
menées en bas " n'ont pas
d'impact sur l'ensemble du
système... L'
enseignant m'est apparu ainsi
comme une figure
emblématique de cet
individu qui doit à la
fois lutter pour son existence
sociale et trouver du sens
à son action ailleurs que
dans l'immédiateté.
Les secousses qui traversent notre planète de part en part, les exigences de la mondialisation riche de potentiels et de risques, les évènements qui ont frappé la France ces derniers temps, et ceux qui déchirent depuis trop longtemps les peuples, nous invitent à l'urgence d'une véritable conversion individuelle et collective pour transformer en levier, une crise qui pourrait être désastre, et en faire une chance pour l'humanité... <<Jai
eu la chance de rencontrer Marie-Françoise
au cours dun stage de deux jours dans le
cadre de ma formation de formateur. Plusieurs
années après, sa force et son
enthousiasme maccompagnent toujours et je
puise souvent dans ces 2 jours et ce quils
ont inscrits en moi. Je retrouve au travers de ses
articles, sa formidable capacité de
transmission entre légèreté et
profondeur, lucidité et espérance.
Merci pour tout ce bon et beau partage.>>
Michèle <<Merci
Nimier pour ces documents toujours très
intéressants car ils nous interpellent dans
ce qui nous rassemble" l'humain" dans toute sa
complexité! Et dans notre métier de
formateur on ne peut le nier et il faut faire
preuve de psychologie pour l'aborder. A
bientôt pour d'autres lectures.
>>
"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir comme des idiots."
Martin Luther King