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Quelques réflexions

sur les questionnaires interactifs

             Plusieurs questionnaires interactifs ont été mis sur ce site, d'autres suivront (je l'espère ! ) . Ils ont suscité de l'intérêt et des réactions nombreuses que je trouve intéressantes et qui m'encouragent. C'est pourquoi j'ai eu envie de vous présenter ces quelques réflexions.

Les questionnaires interactifs:

Quelle relation à vos élèves avez-vous?

Quel Prof de maths êtes-vous?

Questionnaire sur votre écoute

             Tout d'abord je suis frappé par le fait que malgré le chapeau très explicite du questionnaire <<ATTENTION/ Ceci n'est évidemment pas un "test"; c'est juste un exercice donnant l'occasion d'une réflexion sur ses relations aux élèves.>> certains l'ont considéré , malgré tout, comme un test qu'on approuve :<<Félicitations pour ce test.>> ou qu'on refuse: <<Test beaucoup trop "basique" pour signifier quoi que ce soit. Sans aucun intérêt pour qui réfléchit un tant soit peu à sa pratique. Un gadget, même pas ludique. Accorder de l'intérêt à ceci (de la part d'un site pédagogique) est le reflet d'une lamentable incompétence>>.

           Je peux y voir, peut-être, la représentation qu'on a de la psychologie comme "moyen de tester, de dévoiler" la personne et le manque de connaissance dans cette discipline, ou encore l'influence de journaux qui présentent ce genre de questionnaire comme des" tests". Des tests (comme le Rorschach ou le T.A.T.... ) sont des instruments infiniment plus complexes qui s'utilisent dans des conditions bien particulières et le plus souvent dans une batterie de tests ; un questionnaire, comme ceux de ce site, n'est donc pour moi qu'une façon d'attirer l'attention sur une question et de donner l'occasion, pour ceux qui le veulent, d'y réfléchir. Mais ...soyons indulgents quand nos élèves lisent mal un texte !

             Le deuxième aspect qui m'a frappé est le grand intérêt rencontré par ce genre de questionnaire. Près de 1300 professeurs de mathématique ont rempli le questionnaire sur la représentation des maths et près de 2500 enseignants ont rempli le questionnaire sur la relation aux élèves. Pour ce dernier plus de 75% le trouvent intéressant ou très intéressant et 21% peu intéressant ou pas intéressant; les réactions ont de plus été très nombreuses. Ce fait est en lui même, peut être, significatif d'une conscience plus grande chez les enseignants de l'influence de leur personnalité dans les processus d'apprentissage et qu'il est important qu'ils apprennent à mieux se connaître pour améliorer leur enseignement.

 

             Le troisième aspect est la grande variété des réactions à ce questionnaire, non seulement comme on l'a vu plus haut pour "l'approuver" ou le "rejeter" mais également pour exprimer des sentiments divers:

le plaisir de se sentir "confirmé": <<C'est agréable de voir mis en exergue ce qui fait ma spécificité soigneusement cultivée (ma relation aux élèves prime ; éducation par l'exemple, valorisation des personnes quel que soit leur niveau dans la discipline, etc). Les élèves me disent : vous n'êtes pas un prof comme les autres : j'ai eu confirmation en voyant les statistiques du questionnaire... Merci pour ce test "intelligent" !>> ou encore: <<Un questionnaire de ce type mais moins réducteur, serait certainement plus intéressant. Ceci dit les résultats me correspondent assez bien>> ou au contraire l'étonnement devant des différences par rapport à l'attente; <<Si le test est valable, je suis un peu étonnée d'avoir obtenu 0 à NM. J'essaie, en effet de développer l'autonomie de mes élèves. Il est vrai, que, le programme étant chargé, je les incite plutôt à développer cette autonomie en dehors des cours. En fin d'année, leur autonomie me semble relativement satisfaisante. Est-ce un fantasme de ma part ? Pour les autres questions, ce test me paraît assez réaliste.>> ou encore: << Je suis très surprise en voyant les résultats de ce test, qui ne correspondent pas à l'idée que je me faisais de moi-même en tant qu'enseignante. Je croyais pourtant avoir pris la mesure de tout cela depuis bien longtemps.>>

             l'intérêt de s'évaluer pour progresser: <<C'est très intéressant. Je savais déjà que je maternais beaucoup car j'ai toujours pensé qu'un cours, surtout en collège, passe aussi par l'affectif mais avec un cadre au niveau de la discipline. En fait, je pense qu'il faut enseigner sa matière de façon passionnée mais en ayant une main de velours dans un gant de fer. Globalement, ce test m'a intéressée pour voir en quoi je peux m'améliorer car mes relations aux élèves sont assez bonnes mais cette année, l'apprentissage des règles de vie : lever le doigt avant d'intervenir, respecter la parole de l'autre, ranger ses chaises ... ) ont été plus longues à être intégrées. ( prof d'hist géo )>> ou encore: << j'aimerais avoir plus souvent l'occasion d'évaluer ma pratique avec notre institution et avoir des conseils ; ce questionnaire est très intéressant et vais le faire connaître à mes collègues>>

           Le désir, la demande de quelque chose en plus, une formation: << Trop bref cela doit être suivi par une réflexion personnelle, voir une formation. >> ou des réponses aux questions qu'on se pose: <<On se croirait à l'IUFM, des constats, mais pas de réponses connais-toi toi -même!>> ou encore: <<Quelle remédiation apportée face à ces résultats?!>> ; <<Un exercice très intéressant mais pour lequel il serait sans doute enrichissant de pouvoir disposer de clefs pour espérer progresser.>> ou au contraire le remerciement de trouver dans le site ce qu'on cherche: <<Amusant mais aussi assez révélateur. Ce que j'ai le plus apprécié sont les renvois aux lectures sur les tendances. merci: votre site est toujours aussi enrichissant .>> ...

             Cela me fait penser que ce questionnaire agit comme un objet de projection (comme les maths, comme toutes les disciplines sans doute! et aussi comme les élèves) c'est-à-dire que chacun va porter son attention, son regard sur l'aspect ou les aspects que sa personnalité et son histoire personnelle privilégient, c'est cela qui entraîne cette variété de représentations du questionnaire mais également sa limite :<<Le milieu d'enseignement est totalement mis de côté et c'est dommage.Un exemple : je vis en Guyane, les élèves tutoient tout le monde, y compris le directeur et ce sans obligatoirement y voir un besoin de proximité.>>). Mais c'est aussi cette variété qui montre la difficulté du métier d'enseignant et sa spécificité :

<<Un test, c'est toujours amusant; on se laisse prendre à ce jeu d'alter ego où chacun cherche à saisir à la fois sa singularité ( avec un peu de coquetterie) et son universalité ( avec beaucoup de soulagement) dans les réponses des autres. C'est pourquoi ses résultats, dans un premier temps, peuvent décevoir, irriter, par leur incapacité à dessiner justement des contours psychiques un peu rassurants à des situations complexes parfois angoissantes par leur radicale singularité. Mais dans un second temps, voici un petit jeu bien réconfortant, parce que la curiosité que les enseignants lui manifestent et la variété de leurs témoignages attestent une fois encore de l'existence de ce qui fonde ce corporatisme irréductible des enseignants: Pas celui qu'une opinion mal informée des réalités du métier nous prête péjorativement , mais plutôt ce que Pascal Bouchard appelle "l' inconscient professionnel" de notre "corps enseignant" , dont l'unité se cimente dans le partage de cette douloureuse et exaltante expérience d'humilité et de pugnacité que fait vivre à chaque instant cet acte impossible auquel on ne renonce pas : enseigner.>>

 

Quelques éléments chiffrés

A prendre comme hypothèses plus que comme résultats!

Vous et vos élèves

Si on regroupe , pour chaque tendance, les pourcentages obtenus en 3 catégories 0+1: tendance faible; 2+3: tendance moyenne; 4+5: tendance forte

             On voit que l'attitude de recherche de maîtrise de la classe est plus importante que l'attitude de recherche d'une autonomie des élèves. On peut le comprendre vu les difficultés actuelles! Mais la recherche d'une certaine autonomie (comme celle des TPE par exemple) ne serait-elle pas une façon (parmi d'autres) d'aider à résoudre ces difficultés?

             La "bonne distance" par rapport aux élèves parait désirée par la plupart: la proximité trop grande ou l'éloignement trop important sont rejetés.

             La discipline paraît l'investissement principal des enseignants avec le risque comme disait un IG de "s'enfermer dans cette discipline".

             Mais l'aspect qui me frappe c'est la différence qui existe dans les résultats avec le sous ensemble des professeurs de mathématiques (une partie du questionnaire sur les maths avait trait à l'attitude à l'égard des élèves):

Tendances
Faible

0+1

Moyenne

2+3

Forte

4+5

Maitrise
5,2%
39,9%
54,9%
Autonomie
57,7%
38,6%
3,6%
Proximité
56,1%
38,2%
5,7%
Eloignement
65,4%
31,3%
3,3%
Relation aux élèves plus que la discipline
47,7%
49,1%
3,2%
Anxiété
22,4%
70,2%
7,4%

Pour les profs de maths on trouve:

             Pour l'ensemble des enseignants on trouve une attitude anxieuse moyenne de 70,2 % alors que chez les profs de maths il y a une attitude anxieuse faible de 77, 3 %; les autres résultats ne présentant guère de différence.

             Autrement dit les mathématiques seraient (pour les enseignants de maths et non pour les élèves!) une protection contre l'anxiété. Cela peut être illustré par un événement de ma vie!

Tendances
Faible
Moyenne
Forte
Maitrise
9,1%
43,4%
47,6%
Autonomie
60,1
35,8
4,0%
Proximité
42,6%
44,7%
12,7%
Anxiété
77,3%
19,7%
2,9%

             En juin je faisais fonction de Président de jury de Bac de Terminale C après avoir enseigné toute l'année les maths à ce niveau. Position de responsabilité. En septembre de la même année ( 3 mois plus tard donc ), je me trouvais devant un amphi de 150 futurs comptables dans un IUT de Gestion des entreprises pour leur enseigner la psychologie! Là, j'ai senti brutalement la perte de la protection donnée par les maths: ces étudiants n'en avaient rien à faire de la psycho ("cette discipline pas scientifique" "qui ne sert à rien" "dont le coefficient est très faible")! alors qu'en terminale C les maths "c'est sérieux", "c'est important"!

La différence de représentation des mathématiques dans deux populations différentes induisait chez moi une anxiété plus ou moins grande. On peut comprendre, de même, combien les représentations des mathématiques induites par la presse auprès des élèves peuvent avoir leur importance.

 

Représentation  des mathématiques

             Voici les données des diverses représentations des mathématiques chez des enseignants de cette discipline

Représentation

Faible
Moyenne
Forte
Exemple
idéalisée
RI
42,3%
42,1%
15,6%
Brigitte et l'étai mathématique
comme "Loi surmoïque"
SU
95,2%
4,6%
0,2%
Les maths au service du surmoi
comme "Loi structurante"
ST
33,7%
45,8%
20,4%
Dominique et l'outil maths
comme "Objet de mort"
OM
43,8%
51,8%
4,3%
Le berger et la folie des maths
comme "Forme de pensée"
MP
30,9%
53,2%
15,9%
Entretien avec le Professeur Berge

             Utilisation de "l'objet maths" par la personnalité de l'enseignant (Voir: Hypothèses de la recherche sur les modes de relations à l'objet mathématique)

Utilisation

Faible
Moyenne
Forte
Exemple
au service de l'idéal du Moi
IM
22,8%
44,9%
32,3%
Brigitte et l'étai mathématique
au service du Moi Idéal
MI
90,6%
9,0%
0,4%
Les maths au service du surmoi
fonction d'isolation
FI
71,8%
25,8%
2,5%
Rosine s'enferme dans les maths

François qui prend ses distances

fonction de communication
FC
38,7%
48,2%
13,1%
Les mathématiques comme moyen de communication
surinvestissement des maths
SM
76,0%
20,9%
3,1%
Un témoignage d'une enseignante sur son "goût" des mathématiques
investissements plus diversifiés
ID
57,5%
38,5%
4,1%

             Les représentations qui paraissent les plus courantes chez les enseignants de mathématiques sont les mathématiques comme "forme de pensée" et comme "loi structurante", vient ensuite la représentation des maths comme "objet idéalisé" . Les maths comme "loi surmoïque" est rejeté massivement; par contre les mathématiques comme "objet de mort" est moins rejeté: certains enseignants ressentiraient-ils les maths comme pouvant les priver de liens affectifs, de sentiments,en comparaison avec ce que peuvent vivre des enseignants d'autres disciplines?

 

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Commentaire

Réaction

<<je viens de faire le test sur l'écoute ; je ne suis par enseignante, ni formatrice....mais ai des reponsabilités d'encadrement de personnel, ce ui nécessite donc beaucoup d'écoute bravo pour ce site , qui me réconcilierait..presque avec ma représentation des "profs" de l'éducation nationale! j'ai surtout vu les fleurs de vos cactées.>> 8/07

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