Hypothèses
de la recherche sur les modes de
relations à l'objet
mathématique à la base
de bien des pages de ce
site Je
pose comme hypothèse que:
Tout
sujet, qu'il soit élève,
professeur de mathématiques ou
mathématicien, établit avec
les mathématiques une certaine
relation
d'objet,
c'est-à-dire que le sujet a, avec
les mathématiques, une relation
«qui est le résultat complexe
et total d'une certaine
organisation
de la
personnalité,
d'une appréhension
plus ou moins fantasmatique des
objets
et de tels
types privilégiés de
défense
» (Laplanche, Pontalis. p.
404). -
Divers
types de mécanismes de
défense
utilisés à l'égard
des mathématiques -
Diverses
fonctions
des mathématiques
dans
l'organisation
de la
personnalité
La
notion d'objet est envisagée en
psychanalyse sous les aspects principaux
suivants : « En tant que
corrélatif de la pulsion, il est ce
en quoi et par quoi celle-ci cherche
à atteindre son but, à
savoir un certain type de satisfaction. Il
peut s'agir d'une personne ou d'un objet
partiel, d'un objet réel ou d'un
objet fantasmatique » (Laplanche,
Pontalis, p. 290). Appréhension
fantasmatique
de l'objet mathématique
Cette appréhension n'est pas le fait
de quelques individus isolés, mais le mode
d'appropriation de cet objet est valable quels que
soient le lieu et l'âge. (Voir:
Différents
fantasmes de type oral, anal, phallique, oedipien
projetés sur les maths
Des phénomènes sociaux et
culturels peuvent fournir des matériaux
intégrés à l'histoire
personnelle du sujet pour faire naître cette
fantasmatique des mathématiques.
(Voir:
Le
langage
mathématique
et
Interaction du psychologique et du
social Divers types de
mécanismes de défense
utilisés
L'attitude positive ou négative
à l'égard des mathématiques
est liée au choix de tel ou tel
mécanisme de défense
privilégié et l'anxiété
n'est pas un facteur corrélé avec
l'attitude, mais avec le choix des
mécanismes de défense utilisés
à l'égard des
mathématiques. Schéma
général des
diverses
représentations des maths Diverses fonctions des
mathématiques dans l'organisation de la
personnalité
Si les mathématiques sont ainsi
transformées par une certaine fantasmatique
et appréhendées au moyen de divers
mécanismes de défense, c'est parce
que le sujet y trouve son compte dans sa dynamique
psychique.
C'est-à-dire qu'il se sert de cet objet pour
lui faire remplir diverses fonctions dont il a
besoin pour son équilibre, pour la
satisfaction de ses pulsions ou pour la
structuration même de sa
personnalité.
Les attitudes à l'égard des
élèves des enseignants, loin
d'être le résultat de choix «
pédagogiques » du professeur, sont le
plus souvent provoquées par le type de
fonction joué par les mathématiques
pour ce professeur. Plusieurs questions se
posent au sujet du concept de "relation
d'objet".
Les mathématiques peuvent-elles
être considérées comme un
"objet" et en quel sens ? Si oui, cet objet est-il
contingent ou bien possède-t-il des
caractéristiques telles qu'il puisse
être parfois spécifique, singulier et
même prédisposant à des
fonctions particulières?
La notion d'objet est envisagée en
psychanalyse sous les aspects principaux suivants :
« En tant que corrélatif de la pulsion,
il est ce en quoi et par quoi celle-ci cherche
à atteindre son but, à savoir un
certain type de satisfaction. Il peut s'agir d'une
personne ou d'un objet partiel, d'un objet
réel ou d'un objet fantasmatique »
(Laplanche, Pontalis, p. 290).
En ce sens, il est évident
que les mathématiques sont un objet
réel pouvant satisfaire certaines
pulsions, par exemple la pulsion
épistémophilique (plaisir
éprouvé à
acquérir un savoir), mais, de
façon plus large, les
mathématiques peuvent devenir un
objet fantasmatique et dans ce cas,
satisfaire bien d'autres
pulsions.
Les mathématiques ne
supportent pas l'écart, en
particulier à cause de l'absence de
redondance dans leur
langage.
Dans une phrase de langue
française, on peut souvent deviner
un signe absent. ce qui est rarement le
cas en maths
Une
autre raison est que les
mathématiques « constituent un
système très normatif,
j'irai jusqu'à dire qu'il est de
tous les systèmes auxquels on
introduit l'enfant, le système le
plus normatif d'entre eux ; c'est un
système qui tolère
très peu d'écart par rapport
aux normes et aux règles de son
fonctionnement et de la définition
des objets qu'il utilise. J'y insiste pour
indiquer un caractère de
l'activité mathématique qui
doit intéresser le psychanalyste
d'enfant et le psychologue, à
propos de l'étude du rapport que
l'enfant entretient avec les
mathématiques. Cette dimension du
problème est sans doute importante
» (Flagey)
Ainsi l'inconscient tient-il
compte des caractéristiques propres
des mathématiques pour s'en servir
comme objet. Il y a donc une certaine
spécificité de la discipline
mathématique par rapport aux autres
disciplines. (Histoire, géographie,
français, langues, sciences de la
vie ...)
Un texte de Freud sur l'analyse du livre la
Gravida de Jensen explique ce « compromis
» nécessaire entre l'activité
scientifique et la «
détermination inconsciente »
: «
La première est comme superficielle
et recouvre la seconde qui se dissimule en
quelque sorte derrière elle. On
pourrait dire que sa motivation
inconsciente (celle d'Hanold) sert de
paravent à la motivation
érotique inconsciente et que la
science s'est tout entière mise au
service du délire. Mais il ne faut
pas oublier que la détermination
inconsciente ne peut rien réaliser
qui ne satisfasse en même temps
à l'activité scientifique
consciente. Les symptômes du
délire, fantasmes et actes,
résultent ainsi d'un compromis
entre les deux courants psychiques; or,
dans tout compromis, il faut tenir compte
des exigences des deux parties en
présence. » (S. Freud, p.
186.)
Les caractéristiques des
mathématiques et leurs exigences
scientifiques représentent une face de
l'objet mathématique, l'autre face
étant ce qu'elles vont devenir après
introjection (mécanisme de
défense) dans le sujet ( Les maths
comme objet interne à la personne) ou
après projection (mécanisme de
défense) par le sujet de contenus
intérieurs à lui (les maths comme
objet externe). Il s'agira là de
l'aspect fantasmatique des
mathématiques. Dans quel sens peut-on
entendre cette expression "d'aspect fantasmatique"?
Dans un premier sens, le fantasme est
expression mentale de pulsion ; en ce
sens
il pourra
être l'expression du désir
portant sur des objets mathématiques (voir
par exemple Le
prof Dominique).
Mais il est aussi un instrument de
défense et un moyen de s'évader
de la réalité extérieure. En
ce sens, on se demandera si les
mathématiques ne sont pas utilisées
parfois pour créer un
autre monde,
un lieu d'évasion, par exemple.
Expression du désir ou
expression de la défense, le
fantasme est un accompagnement permanent
et inévitable du vécu
réel et avec lequel il est en
constante interaction ; il est donc
présent dans tous les individus et
non seulement chez le malade, comme le
croient certains. C'est au contraire quand
le fantasme vient à manquer que
surgit la maladie. Le fantasme est donc
propre à chacun, "une scène
où se joue le rapport du sujet
à l'objet de son désir et ce
rapport est impossible dans le
réel. Il arrive que crève le
cerceau de papier qu'est le fantasme ;
image d'une protection imaginaire fragile
qui cède sous une pression trop
forte. C'est alors le passage dans le
réel, l'acte meurtrier, le
délire, l'hallucination, la
folie".
Par leurs caractéristiques propres,
par le fait que les mathématiques se
présentent encore comme une langue, elles
peuvent être investies par
déplacement (mécanisme de
défense) comme le montrent R. Gori et B.
Gibello. Pourtant, l'objet est
l'élément le plus variable dans la
pulsion ; en quelque sorte, il a une certaine
contingence ; ceci ne signifie pas « que
n'importe quel objet puisse satisfaire la pulsion,
mais que l'objet pulsionnel, souvent très
marqué de traits singuliers, est
déterminé par l'histoire,
principalement l'histoire infantile de chacun
» (Laplanche, Pontalis, p.291).