Les
mathématiques
comme
refuge
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- N. Vous avez dit
tout à l'heure aussi que les
mathématiques peuvent être un refuge,
dans quel sens ?
- M. Oh ! bien,
comme n'importe quelle activité,
quand on a des problèmes par
ailleurs, pour éviter d'y penser,
pour se donner une activité,
ça je pense que c'est le cas pour toutes
sortes d'activités.
- N. Une occupation
d'esprit, quoi ?
- M. Une occupation
d'esprit, c'est d'autant meilleur de ce point de
vue, je pense, qu'elle demande une très,
très forte concentration, donc, quand on est
accroché à une recherche, si elle
avance un petit peu, il est évident
qu'on arrive à effacer
complètement; ... enfin, je ne
sais pas si tout le monde est comme ça, moi,
je ne peux pas travailler très longtemps, ni
beaucoup, mais j'ai besoin d'une très,
très forte concentration, mais quand j'y
arrive, je fonctionne très vite en
effaçant complètement le
reste, ce qui fait que c'est
un très bon refuge de ce point de
vue.>>
Tiré de
"Entretiens avec des mathématiciens".
Voir: Ma
Bibliographie
Les maths comme
Autre
monde
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La
forêt vierge
mathématique
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<<Mais pratiquement
quand on fait de la recherche, c'est pas tout
à fait comme ça que ça se
présente. Bon, si vous voulez, c'est une
comparaison que j'emploie souvent avec mes
étudiants: les mathématiques, celles
de la recherche, c'est une espèce
de forêt vierge: pas
tellement à explorer,
mais où il faut percer:
vous avez un certain point à atteindre, vous
savez que c'est à peu près par
là, et il faut percer.
Et si vous percez comme ça tout droit ... il
y a des gens qui font ça; ça permet
même de diversifier un petit peu les races de
mathématiciens: c'est qu'il y a des gens qui
ont une force extraordinaire. Ils y vont au
coupe-coupe, ils scient tous
les arbres qui sont devant eux, ils y vont au
bulldozer; et ils ont une telle force qu'ils
arrivent à faire des choses
intéressantes. Mais je crois que ce n'est
pas ça qu'il faut faire.
Ce qu'il faut
faire, c'est un petit peu tâter le
terrain ... puis alors, là, il y
a évidemment le flair.
Se dire: bon ! si je vais tout droit,
c'est très broussailleux par
là, il vaut peut-être mieux
un peu obliquer et là, ça à
l'air plus clair, etc. et puis alors, à
chaque fois que vous avez devant vous un
gros obstacle, une montagne, un roc ...
il ne faut jamais aller devant il faut toujours
essayer de tourner ... et je crois qu'il y aurait
aussi toute une analyse de l'histoire des
mathématiques à faire, ce sera
l'histoire du détour.>>
Tiré de
"Entretiens avec des mathématiciens".
Voir: Ma
Bibliographie
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