Michèle
- En fait je crois que je m'intéresse
plus aux gens qu'aux maths.
N. - Cela vous
surprend?
M. - Oui, non, cela ne
me surprend pas, je le sais. Ce qui me surprend,
c'est que ce soit si difficile à expliquer.
Je me verrais à la rigueur dans dix ans
enseigner autre chose que des maths, mais je ne me
verrais pas faire des maths autrement qu'en
enseignant.
N. - Les maths n'ont
leur raison d'être que dans la mesure
où il y a un autre?
M. - Oui... oui, mais
de toute façon c'est pareil pour les
élèves. Quand ils font un exercice de
maths ils ne le font que dans le but de transmettre
ce qu'ils ont découvert. C'est très
rare, les élèves qui font des maths
pour eux.
N. - Les maths sont un
objet qui se transmet?
M. - Oui... pas
seulement un objet, mais un langage, une
façon de s'exprimer; à la limite un
code. N'importe qui fait des maths pour transmettre
quelque chose, un message, une communication. Un
élève, quand il fait des maths en
classe, c'est soit pour communiquer avec le groupe
où il est, soit pour communiquer avec le
prof, soit pour le faire lire à ses parents,
ça n'est pas gratuit!
N. - Les maths
seraient un moyen de communication?
M. - Mais de
communiquer quoi?
N. - Oui, on peut se
poser la question. »
Pour Michèle qui est
surprise que ce soit si difficile à
expliquer, les mathématiques sont
en priorité un moyen de
communication. Sa représentation ne
l'aide pas à comprendre que pour
d'autres les mathématiques puissent
être par exemple un plaisir
solitaire.
Dans mes rencontres avec ces
professeurs et avec beaucoup d'autres, il
m'est ainsi apparu évident qu'il
n'était jamais question de
transmission de connaissances
qu'accompagnée ou même
enchevêtrée dans une
transmission d'autre chose de l'ordre de
l'imaginaire.
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