Le
"genre": une question qui concerne tous
les enseignants.
He oui
! pas seulement les profs de SVT ! Nous
sommes tous concernés par cette
question dans notre travail d'enseignants.
Comment traitons-nous dans nos classes les
élèves garçons ou
filles? Punissons-nous davantage les
garçons (parce qu'ils le
réclament inconsciemment comme le
prétend un sociologue)?
Questionnons- nous davantage les filles
comme le déclare un
autre?
De plus "le
genre"
pose aussi les questions de la fonction de
l'enseignant (instruire
et/ou
éduquer),
de
l'interdiscplinarité
dans l'enseignement
et du type
de formation des enseignants en relation
avec certains objectifs (voir
Formation
personnelle des
enseignants)
|
Un
point qui me semble acquis: la distinction de 3
plans
(Voir Qu'est-ce
que le psychisme)
Le plan
biologique
|
C'est celui
du sexe, des hormones des chromosomes
avec, comme le précise
Marie-Françoise Bonicel, certaines
ambiguïtés anatomiques; c'est
le plan biologique dans lequel on utilise
les termes Mâle et Femelle
qui renvoient à ce que nous avons
de commun avec l'animal
(Darwin).
Mais
parler de sexe masculin ou féminin
introduit déjà quelque chose
de plus que le biologique.
|
|
Le
plan sociologique,
C'est-à-dire celui des
caractéristiques communes aux individus d'un
groupe; que ce groupe soit communautaire, national,
religieux, professionnel, sexuel....
On parlera alors de "comportement masculin"
ou "genre masculin" et de "comportement
féminin" ou "genre
féminin" pour caractériser des
sous-groupes. On dira par exemple qu'il y a des
mêtiers masculins et d'autres
féminins, que les hommes portent une
cravate, sont agressifs... que les femmes sont
tendres, portent des robes, que les garçons
jouent avec des armes et les filles avec des
poupées,... (affirmations très
relatives pas très éloignées
du stéréotype ou du
préjugé)
Le comportement est quelque chose
"d'extérieur" à l'individu; il
est visible par tout le monde (à la
différence de la honte ou de la
culpabilité, par exemple, qui sont des
sentiments "internes" à l'individu et
dont l'expression n'est pas forcément
visible).
Parler de "sexe masculin, féminin" c'est
déjà faire savoir qu'il ne s'agit pas
d'un animal. On introduit quelque chose d'autre que
le biologique puisqu'on définit ainsi des
caractéristiques de sous-groupes
sociologiques.
Le plan
psychologique,
c'est-à-dire ce qui
est particulier à un individu (un sujet
homme ou femme) pris isolément.
- On parlera alors
du ressenti: "je me sens un
homme", "je me sens une femme". C'est
la question de "l'identité
sexuelle " de l'individu. Elle renvoie
à la manière dont cet individu
perçoit et vit son sexe biologique et sa
place dans les sous-groupes sociologiques du
masculin et du féminin. Le féminin
et le maternel ne sont pas
lexclusivité de la femme, et les
hommes nont pas lexclusivité
du paternel et du masculin. Cette
identité sexuelle s'inscrit dans le
langage (c'est un homme, c'est une femme ou
encore c'est une meuf, c'est un
pédé, c'est un mec...)
- On parlera encore de
"désir
propre à un homme ou à une femme
donnée", de son "orientation
sexuelle" (désir
hétérosexuel, désir
homosexuel, désir pédophile,
désir pervers....), désir
associé, pour chaque individu à
des modalités, des fantasmes et des
conditions particulières.
L'imaginaire
a là toute sa place.
Les points
qui seraient à
approfondir
L'interaction du
biologique et du social
Dans quelle mesure un
"comportement masculin ou féminin "
dépend-il du biologique?
Dans
certaines sociétés le port
de la jupe est un comportement
féminin ailleurs c'est le contraire
(kilt écossais...). Certains
en concluront que le genre est une
construction purement
sociologique.
Dans
certains comportements le biologique
paraît avoir une importance
primordiale comme dans la
maternité. C'est ainsi que d'autres
y verront la cause purement biologique du
genre.) et le
biologique serait ce qui distingue de
façon irréfutable le
masculin du féminin
|
|
Dans certains cas
l'interaction paraît exister sans qu'on en
comprenne tous les ressorts
<<Un
comportement déviant
peut-il être prédit
par un examen du cerveau? Des
chercheurs allemands et danois
lancent un pavé dans la
mare en affirmant qu'une IRM
(imagerie par résonance
magnétique) permet
d'identifier de façon
fiable une attirance sexuelle
pour des enfants, et même
de distinguer l'orientation vers
les petites filles ou les petits
garçons>> Le MONDE
W.E 8/10/11
|
|
Statistiquement on
admet que les hommes manifestent plus
d'agressivité
que les femmes, mais on trouve des femmes
plus agressives que certains hommes.
Peut-on parler cependant d'un
comportement masculin agressif ? Ce
comportement serait-il lié à
l'action des hormones ou inscrit dans
certaines zones du cerveau, inscription
qui se serait construite au cours de
l'histoire personnelle du sujet
grâce à "la plasticité
du cerveau"? (Voir: Cerveau
féminin / Cerveau masculin par
Serge Ginger)
|
L'interaction
du biologique et du social avec le
psychologique
Ici intervient "la représentation que l'on a
de ce qu'est "une
personne"
(cette représentation est d'ordre
sociologique!)
-
Conçoit-on la personne comme une
unité homogène?
On pourra alors parler de
"son désir" et caractériser
la
personne par ce désir "c'est un
hétérosexuel", "c'est un
homosexuel", "c'est un pervers"...
Dans ce cas il sera facile
d'attribuer ce désir à une cause
unique dans une vision d'un tout biologique ou
d'un tout culturel.
On cherchera, par
exemple, à dépister les
comportements délinquants chez les
enfants de moins de 3 ans (voir: "Un
projet de fichage des écoliers de
maternelle mobilise syndicats et
parents"; Café
Pédagogique);
On croira possible de
changer rapidement certains comportements,
uniquement par des changements culturels; en
donnant du travail aux jeunes
délinquants, par exemple.
- Ou
conçoit-on la personne comme
"clivée"
avec une partie consciente
et une partie inconsciente?
Parties construites, aux
cours du temps, à partir de multiples
identifications (mimétismes diront
certains); identifications à des
personnes: père, mère, substitut
paternel ou maternel, soeur, frère...
puis enseignant, héros... le long de son
histoire personnelle et unique..
Constructions à
l'origine de "polarités"
diverses formant "un
système". La personne n'est plus
vue comme "une unité
homogène" autour d'un désir,
d'une volonté lui permettant d'atteindre
un but... mais comme "un système
dynamique" dont les
éléments sont des polarités
qui entrent en interaction,
parfois sous forme de "conflits
psychiques" plus ou moins
conscients.
C'est ainsi que, pour une personne
donnée, une polarité a pu se
construire le long de son histoire
personnelle par identification à
des femmes et une autre par identification
à des hommes; cette personne pourra
ainsi ressentir une de ses
polarités correspondant à
son sexe biologique et une autre
complètement différente. Il
peut s'en suivre des conflits
identificatoires et toujours des
manques par rapport à ce
qu'on souhaiterait; manques qui sont
à la base des
désirs.
C'est ainsi que se pose souvent la
question "suis-je un homme ou une
femme?"("Suis-je un meck, suis-je
une meuf?") qui est justement la
question du névrosé
(contrairement à la question du
psychotique qui est:"est-ce que
j'existe?"). C'est souvent une
question qui surgit au moment de
l'adolescence d'où l'importance de
l'attitude de l'enseignant qui peut
amplifier cette incertitude du jeune ou au
contraire le rassurer.
|
|
<<Nous
pouvons considérer la
bisexualité psychique comme un
espace darticulation du
féminin et du masculin autorisant
lidentification à son propre
sexe, et au sexe de lautre et donc
à la rencontre sexuelle.
Cette
bisexualité est présente
dès les origines de la vie sous une
forme indifférenciée. Elle
est dorigine narcissique, se situe
du côté des identifications
primaires et secondaires.
>>
BISEXUALITE
PSYCHIQUE ET IDENTITE
SEXUELLE
|
C'est dans
un travail personnel de
reconnaissance, d'acceptation et
d'intégration dans les
activités diverses de sa
vie courante, de ces diverses
parties d'elle-même (de sa
bisexualité entre autre)
qu'une personne réussit
à se "reconnaître
homme ou femme". C'est par ce
travail que se construisent "les
écarts" possibles avec la
programmation biologique et
sociologique dont parle
Didier
Martz.
|
|
Un
garçon, pour devenir un homme, a
besoin d'entrevoir sa partie
féminine, de l'accepter et de
l'intégrer dans ses
activités sans culpabilité
ni honte.
Une fille, pour
devenir une femme, abesoin d'entrevoir sa
partie masculine, de l'accepter et de
l'intégrer dans ses
activités sans culpabilité
ni honte.
Si un désir prédomine consciemment,
cela n'empêche pas d'autres désirs,
inconscients peut-être, de faire leur
apparition au cours du temps (à
l'adolescence, à l'age adulte...) ou sous
l'influence de rencontres ou
d'évènements. Et ce n'est pas parce
qu'il y a désir qu'il y a "passage à
l'acte".
C'est une représentation plus "complexe" de
la personne qui ne permet plus des jugements
simplistes à l'emporte-pièce: "c'est
un homo", c'est un "pervers", car les désirs
sont multiples à des degrés divers
chez une même personne... C'est une
représentation qui permet aux enseignants de
voir l'importance qu'ils ont, vis-à-vis des
jeunes, dans la construction de leur
"identité sexuelle". Leur
exemple, leur attitude, leur parole ont un effet
sur cette construction.
|
Il reste dans cette représentation
à comprendre comment le biologique
et le social peuvent avoir une influence
sur la construction et l'expression de ces
polarités (par exemple certaines
cultures, par leur "permissivité"
ou par leurs "choix dominants", peuvent
"autoriser ou interdire" à un sujet
d'extérioriser un de ses
désirs), et comment ces
polarités peuvent s'inscrire dans
le biologique, en particulier dans le
cerveau grâce à sa
"plasticité".
Comme le dit Marie
Françoise
Bonicel
"Nature et culture sont
indisisociables". Ne retenir qu'un
aspect fait partie de notre désir
de simplifier la réalité ou
de créer des polémiques
plutôt que de chercher à
comprendre la complexité de cette
réalité dont une partie nous
échappe toujours.
|
|