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Anthropologie du corps et modernité

David Le Breton

Editions P.U.F. ISBN: 2-13-055247-1; 4 éme éditions (2005) 11 €

Dernière de couverture

« Nos sociétés font du corps une entreprise à gérer au mieux. Sa valeur intrinsèque tient au travail exercé à son propos. Il faut mériter sa forme et la plier à sa volonté. Dans un monde où règne la désorientation du sens, nombre d'acteurs, trouvent prise sur leur exitence à travers une discipline du corps. A défaut de contrôler sa vie, on contrôle au moins son corps. » (Postface inédite)

Publié pour la première fois en 1990, cet ouvrage a inauguré une série de nombreuses publications consacrées au corps devenu au fil de cette décennie « l'un des analyseurs majeurs des sociétés contemporaines, un fin révélateur du statut de l'individu ». L'homme occidental se découvre un corps, lieu privilégié du bien-être, du bien-paraître, signe de l'individu et de sa différence. Mais ce corps est aussi un lieu de précarité, de vieillissement qu'il faut combattre pour conjurer la perte et tenter de maîtriser l'insaisissable. Deviendrait-il une structure encombrante dont il faudrait se défaire ?

David Le Breton est professeur à l'Université Marc-Bloch de Strasbourg. Auteur de nombreux ouvrages,Il a publié aux PUF Sociologie du corps (Que sais-je n° 2678), et dans la collection Quadrige : Conduites à risque — L'interactionnisme symbolique, de Blumer à Goffman.

Table des matières

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 — L'insaisissable du corps

Le mystère du corps, 13 - « Vous nous avez apporté le corps », 16 - Polysémie du corps, 22.

CHAPITRE 2 — Aux sources d'une représentation moderne du corps :l'homme anatomisé

Le corps populaire, 29 - Une anthropologie cosmique, 33 - Les reliques, 36 - Le corps intouchable, 38 - ,Naissance de l'individu, 39 - Invention du visage, 42 - La montée de l'individualisme, 44 - Le corps, facteur d'individuation, 46 - L'homme anatomisé, 47 - Léonard de Vinci et Vésale, 50 - La Fabrica de Vésale, 53 - Le corps comme le reste, 60.

CHAPITRE 3 — Aux sources d'une représentation moderne du corps: le corps machine

La révolution galiléenne, 63 - Le corps dans la philosophie cartésienne, 67 - Le corps surnuméraire, 72 - L'animal-machine. 75 - Le corps sur le modèle de la machine, 77 - Une « anatomie politique », 78 - Ouvertures, 80.

CHAPITRE 4 — Aujourd'hui, le corps

Le savoir biomédical, 83 - Les savoirs populaires du corps aujourd'hui, 84 - Le manteau d'Arlequin, 88 - Une communauté perdue ?, 89.

CHAPITRE 5 — Une esthésie de la vie quotidienne

Quotidien et connaissance, 93 - Le corps en situation extrême : un détour vers le quotidien, 97 - La respiration sensorielle du quotidien, 102 - La dominance du regard, 105 - Les lieux où l'on vit, 109 - Bruits, 111 - Odeurs, 115.

CHAPITRE. 6 — Effacement ritualisé ou intégration du corps 125

Le corps présent-absent, 125 - Les rites d'effacement. 131 - Le corps exposé, 135 - Le corps escamoté. 139 - Les ambiguïtés de la libération du corps 143.

CHAPITRE 7 — Le vieillissement intolérable : le corps défait 145

Le corps indésirable. 145 - Le vieillissement. 147 - Images du corps, 150 - Le regard de l'autre, 153.

CHAPITRE 8- L' homme et son double : le corps « alter ego »157

Un nouvel imaginaire du corps, 157 - Le corps, marque de l'individu, 159 - Le corps alter ego, 163 - Le corps surnuméraire. 168 - De l'insaisissable du monde moderne au saisissable du corps. 171 - Catégories sociales, 175 - Ie secret du corps, 177.

CHAPITRE 9 - Médecine et médecines : d'une conception du corps à des conceptions de l'homme 191

Etat des lieux, 181 - Crise de l'institution médicale, 184 - Savoir sur l'homme, savoir sur l'organisme, 186 - Une anthropologie résiduelle. 187 - L'efficacité symbolique, 190 - L'efficacité médicale, 192 - L'effet placebo. 194 - Autres médecines, autres anthropologies. 196 - I,e guérisseur et la modernité, 199.

CHAPITRE 10 - Les hiéroglyphes de lumière : de l'imagerie médicale à l'imaginaire du corps 203

Un monde devenu image, 203 - Le corps mis en regard, 206 - Un imaginaire de la transparence, 208 L'épuration de l'imaginaire du dedans, 210 - L'imaginaire du dehors, 217 - Le savoir et le voir, 223 - L'imagerie mentale : le regard de l'imaginaire. 226.

CHAPITRE 11 - La voie du soupçon : le corps et la modernité 229

La voie du soupçon. 229 - Le corps en pièces détachées, 231 - Des modèles humains presque parfaits, 239 - Des grossesses hors de la femme, 241 - La procréation sans sexualité, 243 - L'utérus occasionnel, 245 - Le foetus contre sa mère, 251 - Un risque anthropologique majeur?, 252 - L'écorce de l'homme, 253 - Machine ou organisme, 259.

POSTFACE : 265

BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES CITÉS 279

Un passage

<<Ouvertures

Depuis le XVlIe siècle une rupture avec le corps s'est amorcée dans les sociétés occidentales. Sa position au titre d'objet parmi d'autres, sans dignité particulière, le recours banalisé dès cette époque à la métaphore mécanique pour en rendre compte, les disciplines, les prothèses correctrices qui se multiplient. Autant d'indices parmi d'autres qui laissent entrevoir le soupçon qui pèse sur le corps et les volontés éparses de le corriger, de le modifier à défaut de le soumettre totalement au mécanisme. Un fantasme implicite, informulable bien sûr, est sous-jacent, celui d'abolir le corps, de l'effacer purement et simplement ; nostalgie d'une condition humaine qui ne devrait plus rien au corps, lieu de la chute.

La technique et la science contemporaines s'inscrivent dans le droit fil de cette quête qui ne s'est depuis lors jamais démentie : comment faire de ce brouillon qu'est le corps un objet fiable, digne des procédures techniques et scientifiques. La science est dans une relation étonnamment ambivalente avec le corps : il est son anti-modèle, elle le contourne, elle cherche à s'en débarrasser, en même temps elle cherche sans cesse à le dupliquer avec ses moyens propres et de façon maladroite. Peut-être toute l'histoire de la science n'est-elle que l'histoire des corrections opérées sur les insuffisances (à ses yeux) du corps, d'innombrables biffures pour échapper à sa précarité, à ses limites. Tentation démiurgique aussi de l'imiter, d'agir techniquement sur lui. Aujourd'hui une autre facette se dévoile, toujours plus évidente : la lutte contre le corps dévoile sa structure cachée, le refoulé qui la soutenait : la peur de la mort. Corriger le corps, en faire une mécanique, l'associer à l'idée de la machine, c'est échapper à cette échéance, c'est gommer « l'insoutenable légèreté de l'être » (M. Kundera). Le corps, lieu de la mort en l'homme. N'est-ce pas ce qui échappe à Descartes à la manière d'un lapsus quand dans ces Méditations l'image du cadavre s'impose spontanément à son raisonnement pour nommer sa condition corporelle : « Je me considérai premièrement comme ayant un visage, des mains, des bras, et toute cette machine composée d'os et de chair, telle qu'elle paraît en un cadavre, laquelle je désignai du nom de corps. » Image d'autant plus troublante qu'elle est moins nécessaire et même insolite.

L'assimilation du corps au mécanisme bute contre le résidu qu'elle est contrainte de négliger sous peine de s'invalider : l'homme. La complexité infinie de la condition humaine liée à la dimension symbolique est une limite à laquelle se heurte l'analogie courante entre le corps (voire l'individu) et la machine. Le corps confronté à ces procédures de rationalisation fait figure d'animal logé au coeur de l'être, insaisissable, sinon de façon provisoire et parcellaire. Le corps, vestige mufti. millénaire de l'origine non technique de l'homme.

Faute des origines que nombre de procédures s'efforcent de corriger. L'assimilation mécanique du corps humain, qui laisse étrangement l'épaisseur humaine de côté, traduit dans la modernité la seule dignité qu'il soit possible de conférer at. corps. L'admiration des chirurgiens ou des biologistes devant le corps dont ils essaient de pénétrer les arcanes ou celle plut candide du profane se traduisent par le même cris Quelle merveilleuse machine que le corps humain. » p.80

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