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La créativité à l'école: comment l'introduire?

 

             Pour ce faire, il faudrait davantage prendre en compte l'imaginaire à l'école. En effet c'est la personne dans sa singularité qui peut être créative, et ce qui fait la singularité d'une personne c'est son imaginaire. L'enseignant a de multiples occasions de créer, d'inventer des situations nouvelles, des dispositifs nouveaux. Le métier d'enseignant est un métier de création.

Une première version de ce texte est parue dans le livre ci contre

             A travers les bouleversements actuels de l'école, allons-nous passer de l'individu (l'individualisme? !) à la personne et retrouver une possibilité de développer la créativité à l'école et une certaine solidarité grâce à elle ?

             Pour ce faire il nous faudrait prendre en compte l'imaginaire. En effet c'est la personne dans sa singularité qui peut être créative, et ce qui fait sa singularité c'est son imaginaire à l'inverse de la logique mathématique qui nous fait ressembler aux autres car elle est commune à tous dans son agencement. (Voir : les deux logiques)

 

  " Prendre en compte l'imaginaire à l'école " ?

             Actuellement, à l'école, l'imaginaire est nié ou cantonné dans des chambres fortes telles que l'art et certains aspects de la littérature alors qu'il est présent partout. Ceci au nom d'une formation rationnelle des élèves, d'un esprit critique à leur inculquer. Or la " négation " est un des mécanismes de défense les plus forts aussi bien chez les personnes que dans les sociétés et on en sait les conséquences : Plus un aspect est nié plus il agit par en dessous, sans qu'on en soit conscient, il dévie les intentions les meilleures, il pervertit les décisions prises et on en voit des exemples partout ; ainsi, l'idée de carte scolaire était une bonne chose en soi mais comme on n'a pas tenu compte du " désir " des parents de trouver ce qui était " le mieux dans leur imaginaire " pour leur enfant, on s'est retrouvé avec des stratégies de contournement de la loi par le biais de choix d'options ou d'adresses fictives.

             Prendre en compte l'imaginaire, c'est le reconnaître, savoir qu'il existe, même dans ce qui peut paraître le plus rationnel (les maths) et en tenir compte ; savoir qu'il a deux faces : l'une leurrante, à dénoncer, ou plus exactement à analyser, pour qu'on puisse prendre ses distances par rapport à elle : c'est cela la véritable formation à l'esprit critique; l'autre créative, à encourager dans ses multiples aspects.

 

L'école est en plein bouleversement

             Je ne vois pas les changements actuels de l'école comme conséquences d'un " complot " de quelques-uns ou de l'intervention " d'un sauveur ". Je me représente plutôt ces changements comme résultats des mouvements de plaques tectoniques qui, sous la pression de certaines forces qui agissent en sous-bassement. et qui aboutissent, après quelques soubresauts plus ou moins brutaux, à la création d'un nouveau paysage avec parfois, hélas, des victimes.

 

Ces forces qui agissent en sous-bassement :

 

1) Les forces des jeunes qui ne supportent plus l'école telle qu'elle fonctionne ;

             On en voit les symptômes dans la montée de la violence à l'école ou les attaques sur les enseignants et, dans les cas les plus graves, dans les incendies d'écoles, ce qui ne s'était jamais vu auparavant.

- En effet comment ces jeunes pourraient-ils encore longtemps supporter une école qui garde des élèves de 17 ans assis sur une chaise 6 h par jour pour prendre des notes ? (Des réformes leur donnant plus d'autonomie seraient les bienvenues)

 

 - Comment supporteraient-ils une école qui prétend être la seule à leur apporter l'information alors que cette dernière circule partout et que la question est plutôt de juger de sa valeur, de savoir l'organiser et de créer de nouvelles formes d'utilisation.

La rigidité de la salle de classe

- Comment accepteraient-ils de se sentir maintenus dans un ordre approximatif par le carcan de notes de plus en plus nombreuses ("vous avez dans une classe de sixième de l'ordre de 10000 notes qui sont mises dans une année ! " nous dit l'Inspecteur Général Roger-François Gauthier ) et par des menaces de redoublement ou d'échec au bac alors qu'ils savent très bien que le redoublement est voué à disparaître pour raison d'inefficacité et de coût prohibitif et que chaque année plus de 80 % des élèves ont leur bac ?

 

             Ces jeunes sentent bien le décalage entre cette école et ce qu'elle devrait être; Ils deviennent de plus en plus réalistes, c'est-à-dire qu'ils se rendent compte de plus en plus du côté imaginaire des choix et du fonctionnement de cette école telle qu'elle est actuellement. On rencontre également ce décalage entre imaginaire et réalité dans la plupart des polémiques actuelles sur l'école! On le voit, tout particulièrement dans les diatribes dichotomiques : républicains/pédagogues ; Finkielkraut/Meirieu , instruire/éduquer.

 

2) Les forces mises en œuvre par les nouvelles technologies

- qui vont obliger les enseignants à travailler autrement (la machine prenant une place de tiers entre l'enseignant et le savoir : c'est la machine qui signale l'erreur et non l'enseignant qui condamne l'élève). Ces nouvelles technologies nécessitent des enseignants créateurs, capable d'inventer de nouveaux dispositifs d'apprentissage utilisant ces techniques.

- qui favoriseront les relations parents, élèves, enseignants dans les espaces informatiques de travail où la communication par mail est plus simple et rapide (au moins pour certains pour l'instant) qu'un rendez-vous à obtenir.

- qui prendront en compte les informations d'Internet et centreront davantage l'enseignement sur le tri et la recherche de la valeur de l'information que sur cette dernière.

 

 

3) La force de l'Europe qui, par ses comparaisons (PISA…), montre les décalages entre les discours imaginaires sur l'égalité des chances et la réalité dans les différents pays . Elle repère également les problèmes communs aux différents pays et cherche à y apporter des solutions communes qui s'imposeront alors, petit à petit, à tous, telles que la réforme du LMD (Licence, Master, Doctorat).

 

 4) La force culturelle qui pousse à prendre davantage en compte l'individu et plus seulement le collectif.              Cette force culturelle se manifeste dans l'apparition des parcours individualisés, de l'aide individualisée aux élèves sous toutes ses formes, de la reconnaissance des acquis individuels d'expérience, et également dans l'apparition de fonctions différenciées dans l'enseignement et dans la carrière d'un enseignant. Peut-être bientôt dans le recrutements sur profils de postes.

 

5) La force qui se fait jour (lentement, trop lentement !) dans la formation des enseignants sous la pression des cahiers des charges des IUFM qui parlent de compétences et non plus seulement de savoirs, d'analyse de pratique, de gestion des conflits, d'accompagnement individualisé des élèves et plus seulement de didactique des disciplines. Cette formation va maintenant dépendre des Universités et permettre des avancées plus importantes dans certaines d'entre elles au moins. Elle nécessiterait qu'on forme les enseignants à la créativité:

-leur faisant vivre dans leur formation des dispositifs variés avec analyse des avantages et inconvénients de chacun...

-en leur demandant d'inventer des nouveaux outils qui seraient expérimentés sur place dans des groupes...

 

Or la prise en compte de l'individu, n'est pas celle des personnes.

 

             Ces nouvelles dimensions individuelles sont souvent conçues avec une approche purement cognitiviste. On est donc encore loin de la prise en compte de cet imaginaire personnel et collectif ! Il faut bien reconnaître, d'autre part, qu'il est difficile d'enseigner à des personnes quand jusqu'ici on n'a enseigné qu'à des " classes ". Mais prendre en compte l'individu n'est-il pas une étape nécessaire et un progrès par rapport à l'état antérieur où seul le savoir disciplinaire comptait ?

             Finalement ne succombons pas au pessimisme ambiant : l'école change, trop lentement bien sûr, mais c'est comme un gros bateau qui se meut lentement.

 

Une étape pour le XXIe siècle : Prendre en compte l'imaginaire pour avoir une école créative.

 

- L'imaginaire des élèves : c'est la façon de reconnaître leur unicité, leur originalité, leur valeur, leur capacité de création ; et qu'en définitive ils sont des personnes et pas seulement des individus isolés les uns des autres dans un collectif classé en sous-ensembles : âge, sexe, origine sociale… L'élève comme personne garde ses caractéristiques individuelles, mais c'est dans son histoire personnelle, dès l'enfance, que s'est construit un stock d'images avec leurs arrangements en scénarios efficients par les peurs et les désirs qu'ils engendrent : c'est ce qui a façonné son imaginaire. C'est donc ce dernier qui en fait un être unique ; il est à la source de ses désirs de savoir, d'apprendre, de " se motiver " comme disent certains, de créer. C'est, en effet, lui qui est à l'origine de sa créativité. Nous avons bien besoin en France de développer cette dimension dans notre école pour l'utiliser dans notre pays et faire face à la mondialisation. Ainsi l'imaginaire devrait être de plus en plus à la source des projets des élèves pour qu'ils puissent s'y intéresser : Les TPE (Travaux Personnels Encadrés) en sont une amorce un peu trop " encadrée ". Les programmes pourraient être plus ouverts, plus souples, constitués de grandes orientations et non une liste de savoirs. On pourrait y inscrire, plus facilement, les projets des élèves et des enseignants, leur permettre ainsi de développer laur créativité.

 

 

- L'imaginaire des enseignants qu'on doit laisser s'épanouir dans des initiatives innovantes multiples ( voir le film " Dans les murs "…), dans des méthodes d'apprentissage multiples adaptées aussi bien à la personnalité de l'enseignant qui les pratique qu'aux élèves qu'il a en face de lui. Car c'est à travers son imaginaire que l'enseignant véhicule ses choix suffisamment investis pour intéresser les élèves et les amener à un apprentissage et non par des " bonnes pratiques " ou des " gestes professionnels " impersonnels. C'est son imaginaire qui le motive à devenir enseignant et à faire ses choix pédagogiques.

             Bien sûr cela doit être accompagné, équilibré, évalué au cours de confrontations des représentations des enseignants (où se manifeste l'imaginaire de chacun) dans des GAPP (Groupe d'analyse de la pratique professionnelle), dans l'encouragement au travail en équipes. Ces confrontations de représentations sont sans doute plus efficaces pour aboutir à des objectifs communs, à une efficacité plus grande dans l'aide aux élèves qu'une évaluation individuelle des enseignants à partir d'indicateurs dont le choix est souvent contestable et donc contesté ! L'évaluation qui enferme dans des catégories, sous-catégories et sous-sous-catégories... stérilise définitivement toute créativité des enseignants.

 

- L'imaginaire dans l'aide individualisée pour comprendre la source des difficultés des élèves. L'exemple de l'investissement imaginaire des mathématiques par les élèves montre bien qu'il n'y aura pas de véritable prise en charge des difficultés personnelles des élèves, de leur accompagnement sans tenir compte de cet aspect. Sinon le risque est grand que l'enseignant se contente de répéter avec un élève en difficulté ce qu'il a dit et expliqué déjà à toute la classe : cela restera très probablement sans effet pour cet élève. On en resterait alors à de l'enseignement individuel et non à l'accompagnement personnel de l'élève ce qui demande une capacité créatrice de l'enseignant pour s'adapter à la singularité de l'élève qui est en face de lui. Au contraire l'utilisation des disciplines comme " objets intermédiaires " où se projette l'imaginaire de l'élève avec ses peurs et ses désirs permettrait cet accompagnement personnel de l'élève.

             De la même façon qu'on utilise en formation d'adulte des instruments comme le photo-langage pour permettre aux stagiaires d'exprimer leurs représentations (donc leur imaginaire comme le précise Edgar Morin ), de même l'enseignant peut utiliser sa discipline pour permettre au jeune d'exprimer quelque chose de sa personne et pas seulement de l'élève ou de l'individu qu'il est. C'est ainsi qu'un garçon de 17 ans, littéraire, a peur d'être entraîné dans la folie par les maths, une fille, littéraire aussi, craint de se sentir proche (trop proche ?) des maths car " l'orage guette ". Il ne s'agit pas pour l'enseignant d'interpréter mais de laisser s'exprimer cet imaginaire pour le dédramatiser et lui permettre d'agir moins fortement dans le cas de blocages.

             Parler avec un jeune de biologie c'est souvent lui permettre de parler de sa relation à son corps et de l'imaginaire qui lui est lié, encore faut-il que l'enseignant ne cherche pas à jouer au psychothérapeute en interprétant, ni à fuir ce qui est dit à cause de ce que cela évoque pour lui. Demander à un jeune quel auteur de français il préfère ou quel auteur il aurait aimé avoir comme parents, c'est lui permettre une expression de son imaginaire " généalogique ", etc. Dans tous ces cas c'est autoriser une parole de la personne de l'élève dans ce qu'elle a de plus unique mais souvent aussi de ce qui lui fait peur et le gêne dans son apprentissage alors qu'elle peut devenir créatrice de désir d'apprendre. Laisser cette parole s'exprimer c'est dédramatiser ce noyau unique de la personne et l'inviter à s'en servir pour développer sa créativité plutôt que pour nuire à ses études.

 

- Prendre en compte l'imaginaire dans l'orientation, c'est permettre aux filles et aux garçons d'accéder à des métiers qui feront la part à leurs rêves (produits par leur imaginaire) et à la réalité. La plupart des difficultés d'orientation viennent peu d'un manque d'information, mais le plus souvent d'une difficulté de l'élève à exprimer ce qu'il veut : quel est son rêve et comment adapter ce rêve à la réalité. Le plonger directement dans des documents sur des métiers, des expériences professionnelles c'est tarir son désir de créer son propre cheminement vers un rêve qu'il est nécessaire d'entendre au préalable pour qu'il puisse s'adapter à la réalité. "Le déploiement des outils innovants mis en place par l'Onisep au printemps dernier : "Mon orientation en ligne" et le "Webclasseur", devenu maintenant un Passeport pour l'orientation" (Le café) peuvent être utile dans la mesure où ils sont interactifs et donnent une possibilité d'expression aux jeunes.

 

La capacité de créer des compromis avec les autres

 

             Nier l'imaginaire c'est laisser les idéologies (imaginaire collectif) devenir des " vérités " à l'origine des " chocs des civilisations " ou des " rapports de forces " dans lesquels la " vérité " doit l'emporter coûte que coûte et l'autre disparaître.

             Etre conscient de la part d'imaginaire qui est en nous, nous permet, au contraire, d'accepter celle de l'autre. C'est savoir que notre " vérité " n'est pas absolue et que l'autre a aussi " sa vérité ". Cela lui laisse une place et permet de créer un compromis avec lui. C'est ainsi apporter la tolérance dans les relations. Prendre en compte l'imaginaire à l'école c'est former les élèves, futurs adultes, à la capacité d'imaginer, de créer des compromis avec les autres.

 

La capacité de construire une solidarité raisonnée

 

             Prendre en compte son propre imaginaire c'est aussi, construire, créer avec les autres quelque chose de commun, un fantasme collectif, une idéologie commune, un imaginaire collectif commun ; mais en sachant la part justement d'imaginaire qu'il y a dans ce rapprochement, dans ce groupe que l'on forme. Ce qui amène à garder une distance par rapport à cet imaginaire collectif et à ce groupe, donc à ne pas fusionner dans des mouvements d'individus comme on peut en voir parfois dans les intégrismes de tous bords. C'est une façon de retrouver une solidarité de personnes, créatrice mais raisonnée.

 

Voir également

 

journaldunet.com/conseils-creativite

La créativité demande une indiscipline (Guy Aznard

L'école tue la créativité

Les écoles d'Europe font preuve de créativité et d'innovation avec les projets eTwinning en ligne

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Commentaire

Commentaires

<< Merci beaucoup pour votre travail. Celui-ci m’à énormément aider à faire ma dissertation

<<: J’ai été émerveillé par le contenu >>

<<Excellente ouverture sur la créativité dans l'enseignement qui est à encourager aussi bien chez les enseignants que chez les apprenants, enfants ou adultes. Merci de partager votre réflexion ! >>

<<Faire preuve de créativité c'est prendre le risque de se tromper, c'est oser. Ce qui suppose non seulement d'être encouragé par les situations pédagogiques créées mais aussi, vous le soulignez parfaitement, de desserrer le carcan de l'évaluation. Il convient à mon sens d'aller bien au-delà : l'évaluation doit être positive, se fonder sur les acquis de chaque jeune pour l'amener à acquérir d'autres compétences, à son rythme. Et non pas sanctionner chaque erreur (voire "faute") en retirant des points à partir d'une supposée norme, d'un curseur, évoluant il est vrai - mais artificiellement (mathématiquement ?) - pour tenter de prendre en compte la réalité du plus grand nombre... Il serait judicieux d'être plus radicale et d'inverser complétement les modalités d'évaluation en généralisant l'acquisition de compétences dans le cadre des paliers du socle commun.>>

<<Si l’enseignant se conçoit comme une source de savoir, l’école n’a plus aucune raison d’être,car il existe aujourd’hui d’autres moyens de transmission des connaissances plus performants.Il incombe à l’enseignant d’adopter des démarches pédagogiques où il déploie toute son originalité:l’enseignement est un art et quiconque ne peut pas y prétendre.

merci pour le plaisir que vous m’avez donné par la proposition de cette réflexion sur notre pratique ensignante>>

<<La créativité à l’école est un sujet essentiel pour notre société. Une approche pourrait être d’habituer les élèves ou étudiants à résoudre des problèmes avec le plus grand nombre de solutions.>>

<<Vous énoncez une série de points mettant en évidence une certaine sclérose du système qui n’a, maleureusement, rien de nouveau. Pour autant si il est possible de faire preuve d’imagination - et non d’innovation comme le prône les pédagodémagos - celle-ci ne peut se démarquer du quotidien des élèves et s’exonérer d’un certain pragmatisme. En ce sens, ouvrir l’école sur l’extérieur constitue, en l’état, un des rares espaces de créativité abordables pour tous les enseignants. >>

<<MERCI ! Très bon thème !!>>

<<Merci, cher ami, encore une fois de la grande qualité du travail mis en ligne, et ce toujours régulierement, c'est un vrai bonheur, Sur la créativité, je me permets de signaler un article sur le blog http://lewebpedagogique.com/diversifier/2009/09/15/1652/ >>

 << Enfin... la France s’éveille ! >>

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