AFFECTIVITÉ
et INFÉRENCES
OU CALCULS Nous en
donnons ici des extraits et des
synthèses qui sont
évidemment choisis de façon
subjective.
Les
inférences se construisent à la suite
de propositions. Elles permettent de tirer des
conséquences d'un fait.
Nous
distinguerons donc la structure qui assure
le fonctionnement des modes de déduction
et les objets sur lesquels opèrent
les déductions. Deux sources possibles
peuvent alimenter les mécanismes
d'inférence :
Une
première source endogène, conduit
à un travail d'investigation sur les
facteurs "représentés" intervenant
dans le schème comme les invariants, les
règles d'action, les représentations
associées.
Une
deuxième source correspond aux
éléments du réel qui
participent au fonctionnement du schème. Il
s'agit d'une analyse des interactions avec les
éléments signifiants
extérieurs au sujet et qui alimentent le
schème.
Dans les
deux cas nous pouvons observer des
constructions affectivo-cognitives permettant le
fonctionnement du schème. Si nous
considérons les déductions
construites à partir des facteurs
"représentés" nous retrouvons
différentes relations d'objet. Les
invariants, les règles d'action peuvent
comme nous l'avons déjà
analysé faire émerger toute une
dynamique pulsionnelle qui participera aux
constructions des inférences, à leur
fonctionnement ou à leur dysfonctionnement.
De la même façon, les
inférences s'appuyant directement sur les
éléments du réel s'organisent
nécessairement en signifiés qui se
structurent dans un réseau de
représentations. Nous retrouvons par
conséquent les mêmes
possibilités d'émergence de
constructions affectivo-cognitives.
En ce qui
concerne l'aspect fonctionnel des
inférences, il renvoie essentiellement aux
mécanismes de la
pensée.
D'une part nous
trouvons les constructions
hypothético-déductives où
interviennent la logique et la cohérence
d'une situation. Nous nous intéresserons
plus particulièrement au raisonnement
logico-mathématique. Dans les calculs
numériques ou algébriques, les
démonstrations géométriques
etc... peuvent apparaître différentes
dynamiques affectives. Nous avons montré
tout au long de notre recherche, les relations aux
objets chiffres qui facilitent l'émergence
de nombreuses dynamiques pulsionnelles et en
particulier dans les activités
numériques. Diviser par 2 n'aura pas le
même sens que de diviser par 3 et de
même entre petits nombres et grands nombres
etc... Mais il s'agit du contenu sur lequel
opèrent les inférences et nous avons
déjà mis en valeur les
possibilités d'intrication entre l'affectif
et le cognitif en ce qui concerne les invariants et
les règles d'action.
Pour ne
considérer que l'aspect fonctionnel des
inférences nous soulignerons
l'importance du choix des hypothèses, et la
rigueur que véhicule ce type de
pensée. Toute démonstration
s'organise autour d'une chronologie et d'une forme
nécessaire et rigide. De ce fait elle peut
établir chez les sujets des relations
d'objets distincts en fonction du vécu
singulier de chaque individu. L'ordre induit par
ce type d'activité de pensée
deviendra le substitut de l'ordre établi par
un univers parental strictement structuré
avec une forte composante surmoique. Ainsi tel
sujet pourra retrouver dans la forme
démonstrative et rigoureuse d'une
activité mathématique un cadre et un
repère protecteur, un refuge rassurant
tandis que tel autre sujet la rejettera en se
sentant opprimé, contraint et prisonnier
d'un système trop normatif. Jacques Nimier
l'a très bien montré en
considérant la relation aux
mathématiques sous le
mode de la
maîtrise
: "Les mathématiques
considérées comme une expression du
Surmoi dans sa forme régulatrice et
acceptable pour le Moi peuvent servir à
aider le sujet dans sa propre structuration. Ce
sujet utilise le mécanisme d'introjection
qui lui permet d'assimiler les qualités
d'ordre et d'unité qu'il attribue aux
mathématiques". Mais aussi sous le mode
persécuteur avec une représentation
négative des mathématiques : "Ces
mathématiques dangereuses sont vécues
sous forme de divers fantasmes; pour les
élèves, ce sont les
mathématiques qui les transforment en
machines, qui amènent des destructions dans
le monde, qui dépoétisent les choses,
etc...". Par conséquent nous retrouvons dans
la relation à l'expression
mathématique, l'ambivalence qui met en
évidence l'intrication et une structuration
réciproque entre les facteurs affectifs et
cognitifs. C'est l'activité cognitive par
contamination qui structure l'activité
affective et c'est l'activité
affective qui également par contamination
structure l'activité cognitive pour ne
constituer en définitive qu'une seule et
même entité
affectivo-cognitive.
Toujours
sous l'aspect fonctionnel des
inférences nous pouvons
également observer d'autres formes
de pensée. Il s'agit du
jugement et de la pensée symbolique
qui sollicitent certainement encore plus
l'émergence de conduites
affectives. Le plus souvent intuitive,
cette pensée est fortement
influencée par des
mécanismes inconscients du fait
qu'elle échappe à un langage
structuré et qu'elle s'organise
principalement dans des enchaînements
associatifs.
Facilitatrice d'expressions
fantasmatiques, elle évolue par
discontinuité, qui
génère hasard, rupture et
cahots.
Comme
pour les invariants et les règles
d'action nous venons d'observer
l'intrication entre les dynamiques
cognitives et affectives pour les
inférences et les calculs. Nous
distinguerons cependant cette
dernière composante des deux
précédentes du fait qu'elle
constitue une fonction du système
psychique en participant activement
à la pensée. Inférer
est un acte. Par contre, les invariants et
les règles d'action constituent des
objets. Même s'ils peuvent
participer et se mettre au service de la
pensée en tant qu'outils, ils ne
constituent pas une fonction en soi.
Exemple:
Si nous prenons comme exemple le
schème du
dénombrement, nous
observerons que les deux modes de
pensée peuvent se
superposer. Devant une collection
d'objets à
dénombrer
l'élève devra faire
un choix pour un
déplacement spatial en
réalisant des groupements
et des alignements qui
respecteront les invariants et
les règles d'action
nécessaires. Sa perception
des unités sera
orientée par des
morphologies particulières
qui influenceront son choix dans
les stratégies possibles.
Ces prises de décision
relèvent à la fois
d'activités cognitives
mais aussi d'activités
affectives conscientes ou
inconscientes. De la même
façon, devant
l'énoncé d'un
problème,
l'élève devra
isoler du contexte les
éléments
nécessaires à sa
résolution. De sa
faculté de juger et
d'inférer si tel
élément est
pertinent ou non, de sa relation
aux objets de
l'énoncé
dépendra l'organisation,
l'efficacité et la
réussite de la solution.
Nous connaissons l'importance de
l'habillage de
l'énoncé et le
rôle du clivage grands
nombres / petits nombres pour la
réussite à un
problème.
Nous
soulignerons par conséquent la
nécessité de distinguer le
signifié objet du signifié
fonction qui par son efficience participe
certainement davantage à
l'intrication entre l'affectif et le
cognitif. Dans les inférences mais
aussi pour les objets sur lesquels portent
les inférences peuvent s'articuler
à la fois des activités
cognitives et affectives indissociables.
De la même façon, la
quatrième composante du
schème présentée par
Vergnaud correspond également
à une fonction : il s'agit des
prédictions et des attentes qui se
réfèrent à des
activités de la
pensée. dans
l'U.E.R. de Sciences de l'Éducation de
PARIS V sous la direction du
Professeur
Gérard VERGNAUD