M. -Nous
allons parler des chiffres. Pour toi, qu'est-ce que
représentent les chiffres
?
S.
-Quelque chose d'assez dur, de très
difficile... enfin pour moi c'est une science assez
spéciale... c'est les gens intellectuels...
tout est intellectuel mais ça, il faut
encore plus de concentration...
M. - De
la concentration ?
S. - Je pense,
oui
M. -
Pourquoi ?
S. - Pour
réfléchir, pour les mesures...
enfin... le travail d'architecte ne doit pas
être facile du fait qu'il faut
mesurer, faire des plans... reproduire...
schématiser...
M. -
Les métiers qui utilisent les
chiffres...
S. - Ils
sont difficiles. Oui, se tromper dans les
laboratoires... les gens qui font des analyses de
sang... s'ils se trompent, cela peut coûter
une vie humaine... pour les globules blancs... il y
en a beaucoup... beaucoup, puis et l'angoisse des
cancers de leucémie. Les personnes qui font
ça doivent se sentir responsables de la vie
du... un peu du client... pas leur dire
d'erreurs... il faut faire ça calmement,
c'est sûr
M. -
Et, en dehors de cette responsabilité
est-ce qu'il y a d'autres risques
?
S. - Des calculs
faux... mais ça revient un peu au
même.
M. - C'est
gênant de faire des erreurs avec les chiffres
?
S. - C'est
très embêtant, si par exemple nous
sommes dix à faire et puis, bon c'est
seulement une qui ne trouve pas une erreur... je
me trompe donc c'est grave par rapport aux
résultats des autres.
M. -
Est-ce que tu vois tous les nombres de la
même façon ?
S. - Oui
à peu près... le 7 on dit que
ça porte bonheur... sinon, je peux pas dire
que j'en ai tellement de
préférés... non... le 13 on
dit que ça porte malheur, je ne crois pas.
Vendredi dernier c'était le vendredi 13 et
il ne m'est rien arrivé de
particulier.
M. - Tu
n'as pas une
préférence...
S. - Non ...
non. M. - Non ... S. - Les centaines... les
milliers... M. - Qu'est-ce qui est différent
pour eux ? S. - Quand on part de 10 et qu'on
rajoute 3... zéros... enfin... ça
peut faire des millions. M. - Oui... alors... S. -
Je pense que les chiffres c'est important, on peut
partir de 10 pour arriver à des nombres...
des milliards... les chiffres sont un peu
l'infini... on peut jamais
s'arrêter...
M. -
ça va toujours plus loin
?
S. - Je
pense jusqu'à l'infini
M. - Et
à l'infini ?
S. - Oui, enfin,
ça doit s'arrêter un
jour
M. - Comment
cela s'arrête ?
S. - Je pense
pas que les gens, si vous voulez, aient le courage
et le temps de compter à l'infini...
tout le temps jusqu'au plus... jusqu'au
maximum...
M. - Tu
penses qu'il faudrait beaucoup de
courage,?
S. - Je pense,
je pense
M. -
Oui
S. - Oui,
enfin ça finit jamais malheureusement; c'est
nous qui commandons en
énumérant.
M. - Pourquoi
malheureusement ?
S. - C'est pas
sûr, c'est tellement vaste. On sait pas
où ça va comme par exemple
quelqu'un peut être centenaire ou mourir
beaucoup plus jeune.
M. - Et
comment tu vois l'infini ? quelles idées tu
te fais de l'infini ?
S. - Je
sais pas... je ne me l'imagine pas très
bien... je pense ... enfin, moi je n'ai que dix
huit ans... je ne vois pas très loin
l'avenir si vous voulez ... je pense que... je
pense pas grand chose.
M. - Si
tu devais le décrire ?
S. -
ça ne finit jamais. L'infini peut apporter
des dates de bonheur, des dates de malheur comme un
décès... je crois, enfin... il y a
certaines dates qu'on se souvient toujours dans la
tête. L'infini c'est un peu une angoisse, on
ne sait pas trop ce qui va se passer au long d'une
vie... on peut le voir très large ou
très étroit selon les peurs. Les
années devant soi, on se dit : est-ce que
l'on va être heureux ? est-ce que notre
travail nous plaira... il peut y avoir du
très mal... Tous les malheurs qui peuvent
arriver malheureusement dans l'existence d'une
personne... les opérations... in... enfin la
mauvaise santé... avoir pas de travail...
(les choses comme ça...)
M. -
Oui
S. - Je
dirais ... enfin pour les êtres humains ce
qui est fini c'est au moment où on
arrive à la mort ... c'est
fini...
M. -
Qu'est-ce que tu penses du zéro
?
S. - C'est
un chiffre triste du fait... bon... il n'a...
pas... il a de l'avenir mais pas du passé
... zéro c'est ce qu'il y a de plus bas.
C'est un chiffre enfin pour moi qui n'a pas de
valeur ... c'est sûr... que quand il y a un
un devant ça fait 10... ça n'a pas de
valeur ou c'est très mauvais, en
général pour les notes quand on a
zéro c'est que c'est mauvais.
M. -:
Mauvais
S. - Je
pense oui... oui, ça démarre à
partir de zéro
M. - Quel est
son rôle alors dans les nombres
?
S. - Il
commence, à compter à partir de 10,
et... à chaque dizaine 20 on rajoute 3
pour faire 30, c'est là qu'il a son
importance, enfin le plus où l'on s'en
sert.
M. - Le
zéro est utile ?
S. -
Indispensable ? euh c'est un peu la base de calcul,
ça part de là
M. - Pour les
nombres pairs et les nombres impairs qu'est-ce que
tu penses
S. - Pairs,
c'est 2, 4, 6, 8,
M. -
Oui.
S. - Pour vous
dire la vérité, je ne vois pas la
différence, enfin sauf pour les
numéros des immeubles
M. - Et pour
les petits nombres ou les grands nombres est-ce que
tu as une
préférence?
S. - J'aime
bien... les petits, bon ils sont plus faciles
à retenir, ils sont plus courants on
s'en sert dans la vie de tous les jours,
dès que ça dépasse 3 chiffres
et même moins ça me fait
peur.
M. - Peur
pourquoi ?
S. - J'ai peur
de ne plus me rappeler et puis peur de me tromper
dans la monnaie ou de faire des
bêtises tout court pour acheter quelque
chose... et je trouve... on s'en sert
beaucoup, c'est plus difficile à
écrire, oui et puis quand on pense qu'un
chiffre peut changer le résultat de
quelque chose et que cela peut faire tout
tromper...
M. - A
lors...
S. - C'est
très important, souvent c'est au chiffre
près et sur une lettre si on oublie le
dernier chiffre la personne ne reçoit pas
la lettre... la lettre est perdue
M. -
Oui
S. - C'est
vraiment la chose indispensable... tout le monde
doit savoir un minimum , pour l'argent, pour
le commerce...
M. - Et toi
?
S. - Moi
j'aimerais pas faire d'erreurs devant les
commerçants, connaître l'argent,
savoir compter et vite... avoir le
réflexe... en attendant mes parents me
disent, les commerçants peuvent
abuser ou augmenter de prix ou rendre mal la
monnaie... c'est bien pour eux et mal pour
le client...
M. - Tu crois
qu'un jour...
S. -
J'espère me débrouiller chez un
commerçant, pas faire des bêtises...
pas faire de chèques sans provisions... des
âneries qui peuvent coûter la prison...
savoir gérer son budget...
M. -
Est-ce que tu trouves de l'ordre dans les nombres
?
S. - Non,
malheureusement, ça peut aussi bien marcher
à l'endroit qu'à l'envers mais c'est
sûr, il faut une base, par exemple ou de
dizaines en dizaines ou pour les francs un franc
après l'autre.
M. -
Oui...
S. - C'est
sûr que quand on va chez un commerçant
il est content qu'on lui donne de l'argent. Il aime
mieux avoir une grosse pièce de 5 francs que
des petites pièces dorées et puis
même que ça à la même
valeur on a l'impression que ça à
plus de valeur quand c'est regroupé que
lorsque on a une pièce que des
petites...
M. -
C'est la même valeur ?
S. -
Oui... oui réellement ça a la
même valeur... j'ai l'impression que c'est
plus, si on perd les petites pièces
ça s'éparpille
partout...
M. - Et
la grosse ?
S. - C'est
plus embêtant mais on est content d'avoir une
grosse pièce; c'est plus, ça
reste plus.
M. -
Oui
S. - Et
puis on fait plus attention pour ne pas la
dépenser car on se dit, si on
dépense ça, après on
n'a plus rien.
M. -
Oui
S. - Oui, c'est
sûr
M. - Est-ce
que tu penses que les chiffres sont utiles
?
S. - Oui,
indispensables pour tous les numéros de
téléphone. On s'en sert enfin des
dizaines de fois par jour, sans s'en rendre
compte.
M. - C'est
important
S. -
Vraiment
M. - -
Est-ce qu'on pourrait s'en passer
?
S.
- Non je pense qu'on peut pas... ne serait-ce que
lorsqu'on part en voyage, les
kilomètres, c'est important de pouvoir
compter sur les autoroutes quand on va arriver
au lieu.
M. - Est-ce
tu te souviens comment tu as appris les chiffres
?
S. - Pas
tellement... C'était mélangé
avec le français dans les petits livres...
Daniel et Valérie
M. -
Oui
S. - Je n'ai pas
de souvenirs précis.
M. - Tu avais
appris facilement ?
S. -
Jusqu'à... après je me
mélangeais... non pas tellement... on peut
pas dire que j'ai appris facilement...
j'avais toujours l'impression que c'était
quelque chose de difficile... que ce
n'était pas pour moi et que c'était
pour les mathématiciens... ça me
faisait toujours peur.
M. -
Oui
S. - Oui,
vraiment, vraiment, j'avais peur
M. - Et pour
la table de multiplication ?
S. - Je la
savais dans l'ordre jusqu'à 6, mais je l'ai
apprise très difficilement chez un
orthophoniste et dans le désordre je ne
l'ai jamais sue.
M. - Tu avais
des difficultés ?
S. - A retenir,
oui... c'est ça... si vous voulez. Elle me
faisait apprendre et à la fin de la
séance je me rappelais plus.
M. - Pour
quelles tables ?
S. - La 7,
la 8, la 9, la 10.
M. - La 10
aussi ?
S. - Oui, oui
d'abord on nous dit que si on sait jusqu'à 5
on savait les autres et j'ai jamais
compris... non je n'arrivais pas.
M. - Est-ce
tu as la mémoire des nombres
?
S. -
Jusqu'à 2 chiffres mais pas 3... 3 ça
me fait peur, 2 j'arrive mais 3 non...
j'inverse les chiffres souvent, le premier
devient le dernier, le dernier devient le
premier...
M. - Et tes
parents comment ça va avec les chiffres
?
S.
- Maman avait du mal. Elle me disait qu'elle avait
du mal et... papa... ça allait
normalement... Maman a eu un an de retard, papa
il suivait normalement... ça allait...
ça allait...
Qu'est-ce
qui vous a frappé dans cet
entretien?
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