ENTRETIEN DE
CHRISTELLE
M - Pour toi,
qu'est-ce que tu ressens quand tu utilises des
nombres ou quand tu fais des opérations avec
les nombres
C : - ça
dépend pour quoi...
M-
Pourquoi ?
C -Si on
reçoit de l'argent, si on perd c'est plus
dur que si l'on en reçoit.
M- Pour
toi les chiffres te font penser à l'argent
?
C -Pas
qu'à l'argent aux numéros de
téléphone, aux codes pour les
mathématiques
M- Pour
les mathématiques tu vois comment les
chiffres ?
C- Pour les
opérations, pour faire les calculs de
pesées ou d'autres choses
M -Oui, mais
qu'est-ce que tu ressens ?
C : - On peut
faire des dessins... il y a des planches avec plein
de chiffres... oui pour faire du coloriage. On
obtient un dessin. On joint les 1, les 2, les 3, on
suit le trait et ça fait un autre
dessin.
M -Mais en
mathématiques ?
C -Je sais pas...
ça vit... des fois on a l'impression que
ça marche... c'est bête mais c'est
vrai.
M -ça
vit, c'est-à-dire ?
C - Par exemple le
6 on dirait un petit serpent qui s'enroule avec des
yeux.
M - Ah oui
!
C -Alors par
exemple chez moi, quand je fais des exercices, j'y
arrive bien et quand je suis devant ma feuille je
n'y arrive plus...
M -Alors comment
tu expliques cela ?
C -Moi je dis c'est
émotif.
M -Emotif,
pourquoi ?
C -J'ai peur de mal
réussir.
M -Est-ce que tu
as aussi peur devant les chiffres ?
C -Quand je vois
des fractions normales... et s'il y a des divisions
on croit de ne pas réussir... il y a plein
de chiffres... ça fait peur
M -Pourquoi cela
te fait peur ?
C -On est
habitué à certains chiffres... et pas
plus.
M -Quelles
habitudes ?
C : - Je sais
pas... quand on fait des fractions ... des
divisions... qu'elles sont plus grandes...
même au tableau j'ai toujours eu peur...
même les chiffres ... par exemple quand il y
a eu les grands nombres.
M -Qu'est-ce que
tu appelles les grands nombres ?
C Les divisions.
Y'a... vous mettez 1447 divisé par 400, je
sais pas ... 70 par exemple alors il faut faire des
grands chiffres... c'est beau ! enfin... on peut
dire que c'est beau.
M
-Mais?
C -C'est
impressionnant je sais pas comment dire
M -A la
fois c'est beau mais?
C -Mais quand la
division est finie pas seulement quand elle est
seule.
M -Quand elle
est terminée ?
C -Même quand
les chiffres se suivent : 1, 2, 3, 4, 5 et sont
alignés alors on dirait qu'ils veulent
marcher, ça fait marrant... ils se prennent
le bras.
M -Quand
ils sont alignés
C -Par exemple 1,
2, 3, 4 Ils sont ensembles et ils marchent vers les
opérations.
M
-Qu'est-ce que tu en penses ?
C -Je
trouve ça marrant ça me
plait.
M - Tu
aimes les chiffres ?
C -Je peux pas dire
que je déteste les chiffres. Au début
quand j'étais en primaire on faisait des
additions petites 24 + 32 puis après on
faisait 3450 + 2660 ... Je sais pas au début
c'est impressionnant.
M - C'est
la grandeur ?
C - Oui,
c'est la taille mais par exemple on fait 3x + 2y +
etc ... alors là c'est impressionnant. Quand
il y en a plusieurs... pas quand il y a
deux.
M - Quand
il y a beaucoup de chiffres ?
C C'est ça
qui m'impressionne.
M - Qu'est-ce
que tu ressens ?
C - Il faut
d'abord essayer de comprendre les chiffres
après essayer de faire l'exercice en
réfléchissant.
M - Pour
les chiffres il faut réfléchir
?
C - ça
dépend ?
M - ça
dépend ?
C - S'il y en a
beaucoup ou pas ; pour beaucoup il faut davantage
réfléchir.
M - Tu penses
que les chiffres sont importants ?
C - Oui ! parce que
par exemple on a deux mains, si on avait pas les
chiffres qu'est-ce que l'on dirait ? Les mains bien
sûr
M - C'est utile
?
C - C'est utile et
ça sert pour la comptabilité, pour
apprendre à compter... S'il n'y avait pas
les chiffres comment on apprendrait à
compter ?
M - Est-ce que
les chiffres peuvent être dangereux
?
C - Oui, si on a un
grand calcul et si on se trompe. Par exemple, mon
père est métreur; alors il doit
donner des prix sur une fenêtre, sur une
vitrine et s'il se trompe d'un chiffre, d'un
nombre, ça peut tout changer il faut qu'il
arrive exactement au même prix.
M - Pour lui
c'est un danger...
C - Oui, il doit
être très prudent et se relire, se
relire...
M - Il doit
être attentif !
C - Oui, même
dans les magasins, si la boulangère dit un
pain au chocolat 7 francs, c'est important, elle
peut perdre des clients. Les chiffres peuvent jouer
des tours. Pour les maths si je marque un autre
chiffre, mon résultat est faux.
M - A cause
seulement d'un chiffre ?
C - Il faut se
méfier. C'est un peu dangereux. Il y en a
qui joue avec mais moi je n'y jouerais pas;
ça peut entraîner des choses graves.
Si mon père se trompe d'un certain million
il peut être "viré".
M - Et en classe
?
C - C'est
grâce aux chiffres qu'on apprend à
compter... aux chiffres... disons...
M - Alors
en mathématiques comment tu vois les
chiffres ?
C -
Ils sont sérieux, il faut les mettre
là où il faut les mettre.
M -On ne peut
pas les manipuler n'importe comment
?
C - Non, il faut
avoir une règle.
M - Une
règle ?
C - Un
règlement sinon on y touche pas, il reste
à sa place
M - Si on y
touche sans règlement
C - Ca va faire des
embrouilles, des 'bric-brac".
M - Des
"embrouilles"
C - Ça
serait le fouillis, les chiffres n'aiment pas qu'on
les déplace comme on veut. Ils n'aiment pas
ça, 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9... Ils se
suivent à la queue leu leu. Si le chef
s'arrête à dix...
M - Le chef,
c'est lequel ?
C - C'est le
dernier qui commande le groupe.
M -
Comment tu vois le groupe ?
C - Ils se
suivent... et quand... je m'arrête à
dix : le chef il dit 8 va à droite ! 9 suit
le huit... il le fait. S'il n'y a pas un chef des
chiffres ils continuent à marcher sans
qu'ils aillent à droite ni à
gauche.
M - Ce serait le
désordre ?
C - Oui... les
chiffres ils n'aiment pas tellement la
pagaïlle Par exemple si vous voyez un fouillis
de chiffres vous essayez de les remettre en place
en mettant le chef en premier pour qu'il essaye de
commander le groupe.
M - Alors tu
trouves les chiffres organisés
?
C - Oui, car il y a
toujours un chef.
M - Le chef
c'est lequel ?
C - Non, le grand
c'est lui qui commande... mais comme c'est à
l'infini... il faut que ce soit nous qui
arrêtions.
M - Sinon,
si cela ne s'arrêtait pas qu'est-ce qui se
passerait ?
C - On serait
envahi par les chiffres comme les
insectes.
M - Oui, que
faire !!!
C -
Oui ! je sais pas ce qu'il faudrait faire, il
faudrait les emprisonner.
M - On ne
pourrait peut-être pas
C - Oui il faudrait
les écraser car les insectes on les
écrase. Quand on a une fourmilière on
les écrase... On n'a pas le choix
malheureusement... pour les chiffres ça
serait pareil...
M - Est-ce
que tu as des nombres préférés
?
C- Non.
M - Tu n'as pas
de préférence ?
C - Non.
M - Qu'est-ce
que tu penses du zéro ?
C -
Zéro c'est une mauvaise note. On est nul
enfin quand on a zéro ça me fait
aussi penser à des bulles.
M -Des
bulles...
C -Des bulles de
savon.
M
-Oui.
C -Il n'est pas
beau... c'est rond... ça n'a pas de
forme...
M
-Oui...
C -Et puis j'aime
pas... quoi... je préfère un à
un zéro.
M -Il te fait
penser
C -Aux mauvaises
notes.
M
-Oui...
C -Oui.
M -Et l'infini
qu'est-ce que tu en penses ?
C -ça
grandit de plus en plus quand on compte, et
ça peut envahir toute une
pièce...
M -Comment tu le
vois?
C -Très
loin.
M -Comment
?
C -Et ben... je
suppose qu'on le verra jamais... peut-être
nos enfants ?
M -Si tu devais
le décrire à quelqu'un, comment tu le
verrais ?
C -Toutes les
couleurs... oui
M
-Oui
C -Toutes les
couleurs avec des petits bonhommes des autres que
nous
M
-Oui
C - Et dedans
presque des robots, des machines
M - Et les
nombres
C - Ils sont
dans les machines et avec nous. On pourrait
peut-être se balader avec les maisons en
briques... ça sera d'autres voitures... les
produits exprès... électriques. Les
nombres peuvent se transformer en hommes et quand
ils veulent ils se mettent en nombres... toujours
le même. C'est très grand... beaucoup
de montagnes... beaucoup de sable... de la mer...
un petit peu et des fleurs... beaucoup de fleurs...
pas au même endroit que le sable... c'est
séparé.
M - Oui
c'est comme ça que tu vois l'infini
?
C - Oui,
c'est comme ça.
M - Est-ce que
tu ressens une différence entre nombres
pairs et nombres impairs ?
C - Oui, les 2, les
4, les 6 ceux là, je
préfère
M - Pourquoi
?
C - Parce que
ça tombe toujours juste que les autres par
exemple 3 et ben il y a toujours une personne qui
est en trop, même pour 5, pour 7
etc...
M - Tu
préfères...
C - Les nombres
pairs... ça tombe toujours juste... on peut
partager par 2, le 4, s'il y a deux personnes qui
se plaisent pas ensemble ils peuvent se partager 2
fois 2.
M -
Oui
C - Oui,
ça se partage mieux.
M - Est-ce que
tu as une préférence entre les petits
nombres et les grands nombres ?
C - Ça
dépend pourquoi.
M - Pourquoi
?
C - Pour les
achats les petits nombres
M - Et en
mathématiques ?
C - ça
dépend pour quelles opérations... par
exemple les divisions ou les soustractions...
enfin... très grand... les opérations
trop compliquées...
M - Et
alors
C - Pour les petits
nombres, pour faire les opérations c'est
plus facile.
M - Pour
l'apprentissage des nombres dans les petites
classes comment cela s'est
passé?
C - Un par
un
M -Comment
?
C -
interrogeait,
M -
Oui
C - Je sais
plus.
M -Et
alors?
C - J'avais un
petit peu des difficultés.
M - Pour quels
chiffres ?
C - A partir de
10
M - Pourquoi
?
C - Je sais
pas
M - Et pour la
table ?
C - On
faisait par carrés deux fois 4 on mettait 8
carreaux. On entourait les carreaux... Il y avait
des cubes. Il fallait construire des petits
carrés... enfin... des bandes... on avait
des ardoises aussi...
M - Pour
apprendre les tables ?
C - Oui
c'était assez dur.
M -Comment
?
C - A
l'ardoise, il nous disait 3 x 7 il fallait alors
écrire
M -
Ça allait?
C - Ça
dépend
M - Comment
?
C - Si je
m'en rappelais j'ai un problème de
mémoire
M - Pour
lesquels ?
C - Surtout 8 et 9,
8 fois 9, 9 fois 9, 9 fois 6 enfin vers la fin de
la table de 9, de 8, de 7...
M - Là,
tu avais des difficultés ?
C -Ben... un
jour jusqu'à 5 et l'autre jour
jusqu'à 10
M - Et
maintenant ?
C -
Maintenant ... non
M - Ca
va
C - ça
va ... oui
M - Est-ce
que tes parents réussissaient avec les
nombres ?
C - Oui, mon
père est fort
M -
Oui...
C : - Oui
ça va...
Qu'est-ce
qui vous a frappé dans cet
entretien?
Qu'avez-vous
entendu?
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l'analyse de cet entretien faite par le
chercheur.
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