Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

 

AFFECTIVITÉ ET INVARIANTS OPÉRATOIRES

thèse soutenue par: Benoît MAURET dans l'U.E.R. de Sciences de l'Éducation de PARIS V sous la direction du Professeur Gérard VERGNAUD .

Nous en donnons ici des extraits et des synthèses qui sont évidemment choisis de façon subjective.

PLAN DU SITE

       Le mot même d'invariant semble étranger à toute pénétration de l'affectivité.

           Toute tentative de vouloir montrer une intrication possible entre les invariants opératoires et l'affectivité semble relativement paradoxale. Piaget (1)

           Cependant l'observation en situation nous montre combien ces même invariants constitués des savoirs socialement déterminés peuvent se trouver modifiés lorsqu'ils constituent la représentation privée d'un sujet. C'est pour cette raison qu'à la suite de Vergnaud il nous apparaît indispensable de distinguer l'invariant "représenté" (le signifié) et l'invariant "représentant" (le signifiant) provenant d'un savoir constitué socialement.

           Pour mieux comprendre les déformations et les dysfonctionnements de l'invariant "représenté" par rapport à l'invariant "représentant" pris comme élément de référence nous serons amenés à le dissocier selon les éléments suivants:

* La matérialité (les éléments qui le déterminent)

* La structure (syntaxique, rhétorique, etc...)

* Sa signification (sens privé et sens social)

           C'est autour de ces trois principales composantes que nous chercherons les modes d'intrication possible entre l'affectif et le cognitif.

           L'invariant "représenté" est lui-même composé d'éléments langagiers conventionnels et de signes naturels ou artificiels qui lui confèrent sa morphologie et sa matérialité. Dans une dynamique représentative, l'invariant peut se présenter sous l'expression d'un énoncé en tant que production linguistique ou d'une scène sonore, spatiale, fixe ou dynamique etc... C'est-à-dire tous les éléments qui peuvent participer aux possibilités de la réalité perceptive et intellective. Nous retrouvons la relation décrite par Claude Hagège (2) entre l'énoncé et le système de langue selon un point de vue morphosyntaxique.

           Cette composante de l'invariant "représenté" contribue à établir des relations d'objets avec le sujet qui l'a construite.

           Ainsi chaque mot, chaque lettre, chaque phonème, chaque chaîne de mots définissent directement ou par contamination des relations où peuvent apparaître de nombreux mécanismes affectifs. Selon le sens que le sujet leur attribue et selon la perception qu'il privilégie, consciemment ou inconsciemment, nous retrouvons tous les mécanismes d'investissement : fantasmes,mécanismes de défense, transferts etc... Par conséquent à partir des signes/signifiants que constitue l'invariant "représenté" s'organise une dynamique pulsionnelle. Cette dernière est également constituée d'éléments cognitifs. Il s'agit d'un premier niveau d'intrication entre l'affectivité et le cognitif.

           Le deuxième niveau intervient dans la dynamique qui utilise le nouveau signifié "représenté" comme un nouveau signifié "représentant". C'est-à-dire un signifiant privé qui lui-même pourra subir des mécanismes d'investissement dans la relation d'objet qu'il entretient avec le sujet. Nous pouvons avoir ainsi de nombreux niveaux de rapports internes, liés à la dynamique psychique, et intégrés dans la dynamique d'un schème. Ces rapports internes, vécus par le sujet lui-même, sans relation avec le monde extérieur, sont l'objet de déviations qui peuvent perturber le fonctionnement du schème et même parfois éclipser l'objectif de sa mise en action.

           A ce mouvement de représentation interne à l'appareil psychique peut s'associer une dynamique de contamination par la suite d'investissements affectifs. Si un élément E1 d'un invariant "représenté" entre en relation avec un élément E2 d'une représentation R2 qui entre elle-même en relation avec un élément E3 puis E4, E5...En, des représentations R3, R4, R5...Rn, alors un élément Ei dans cette chaîne associative peut subir un mécanisme d'investissement pulsionnel qui pourra venir contaminer l'élément E1 de départ et lui conférer une dynamique affective transférée.

           Ainsi tel mot, telle figure participant à l'énoncé d'un invariant "représenté" pourront subir des investissements affectifs par suite des relations qu'ils établissent avec d'autres représentations.

Exemple

Pour reprendre la thèse Kléinienne de contamination entre les équivalents symboliques : nourritures, connaissances et ventre de la mère, nous pouvons considérer que tout élément d'un invariant "représenté" entrant en relation avec une représentation elle-même en relation avec la mère pourra en retour subir par contamination des investissements semblables.

           Ces transferts observés peuvent conférer à la composante affective un aspect dynamique et de ce fait une énergétique comme l'a souvent évoqué Piaget.

 

           En réalité tout dépend dans quel repère nous nous situons. Nous pourrions également considérer une mobilité des éléments cognitifs si l'on se réfère à l'organisation affective et ses structures. Pour reprendre la métaphore de Piaget nous pourrions également considérer que les éléments cognitifs "alimentent" et permettent le fonctionnement du "moteur" affectif. Mais nous pensons que ce serait encore introduire une dichotomie qui selon nous n'existe pas.

           Aussi nous préférerons considérer l'intrication déjà au niveau de l'invariant en tant qu'élément constitutif du schème entre l'affectif et le cognitif. L'un ne peut exister sans l'autre, l'un est dans l'autre.

           Pour revenir au micro élément que constitue le mot nous devons également considérer qu'il était porteur dans le système représentatif de tous les éléments contextuels et expérimentaux auxquels il a déjà participé. Il constitue donc un agrégat affectivo-cognitif qui existe avant même qu'il participe à la construction de l'énoncé langagier d'un invariant "représenté".

           A l'intérieur de l'énoncé, le même mot continue son évolution affectivo-cognitive vers un enrichissement successif de ses représentations. Il se transforme dans une dynamique liée aux effets des assimilations et des accommodations dans l'interaction avec les milieux extérieurs mais aussi avec le champ conceptuel représenté qui peut devenir également un signifié / signifiant et développer un deuxième niveau d'interactivité.

           Ainsi nous pouvons considérer deux flux de variabilité du complexe affectivo-cognitif autour de l'élément d'un invariant "représenté".

           Un premier flux est alimenté par le courant interactionniste en relation avec l'extériorité du sujet c'est-à-dire son domaine perceptif.

           Le deuxième flux est alimenté par un courant interactionniste en relation avec l'intériorité du sujet comprenant l'ensemble des représentations dont il dispose.

           Ces deux flux rencontrent l'un comme l'autre des mécanismes perturbatoires conscients ou inconscients faisant obstacle à des interrelations possibles et facilitant ou empêchant des communications soit intra-sujets soit entre le sujet et le milieu.

           Nous avons décrit une intrication de l'affectif et du cognitif au niveau des composantes les plus élémentaires; il en serait de même pour des groupements de mots, d'images et de sons... Au niveau des langages nous retrouvons les structures morphosyntaxiques qui contribuent à donner du sens à l'énoncé. Ces groupements de signes / signifiants de l'énoncé d'un invariant "représenté" constituent un nouveau signifiant plus élaboré (rapport au tout par rapport aux parties) qui se comporte comme un "complexe affectivo-cognitif". C'est le sens privé attribué à ce complexe qui orientera les différentes relations d'objet. En élargissant les significations collectives, le sujet élabore des signifiants "motivés" qui structurent une dynamique symbolique.

           Nous prendrons comme exemple le schème du dénombrement avec les mots - nombres comme signifiants. Ces représentations de mots(3) en grande partie acoustique permettent le passage des processus primaires au secondaires. ainsi le mot-nombre trois , comme nous l'avons observé dans notre recherche expérimentale, peut devenir le substitut symbolique de la dynamique oedipienne de la triangulation. Ces correspondances symbolique expliquent en partie les difficultés pour le très jeune enfant à dénombrer correctement une collection.

           Dans notre analyse du rapport des invariants d'un schème à l'affectivité nous avons pu observer différents niveaux d'intrication. Nous retiendrons principalement que l'invariant "représenté" est avant tout une construction privée du sujet ou intervient la diversité et la singularité de son expression symbolique. Compte tenu de l'importance des invariants dans la structuration du champ des représentations nous considèrerons sa portée à l'intérieur même du schème(4)

Vos  Réactions

Adresse mail facultative

Commentaire

Affectivité dans:
les invariants opératoires
les inférences ou calculs
les règles d'action
les prédictions ou attentes

 

Textes tirés de la thèse de Benoît MAURET , Nombres et affectivité

dans l'U.E.R. de Sciences de l'Éducation de PARIS V sous la direction du Professeur Gérard VERGNAUD

Sommaire de la thèse de Mauret

Ethnologie et nombre

Entretien avec Sophie
Entretien avec Christelle
Approche de l'intrication de l'affectif et du cognitif

Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur