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L'appropriation d'INTERNET

par les élèves de collège

Dany HAMON

            Soutenance le 12 décembre 2006 de la thèse de doctorat à l'Université de Paris VIII-Saint-Denis, sous la direction de Jacques CRINON, Professeur en Sciences de l'Education, IUFM de Créteil et Université de Paris VIII EA-ESSI . Le jury était composé des Professeurs Michèle GUIGUE (Université de Lille III), Elisabeth LAGE (EHESS Laboratoire de Psychologie sociale), François MANGENOT (Université de Grenoble III), Anna TERZIAN (Université de Paris VIII, Experice, Université de Paris XIII)

Notre étude (2003 et essentiellement 2004) a porté sur quatre collèges situés en Province (un collège de centre ville et un collège rural) et en région parisienne (deux collèges ZEP) issus de deux académies fortement orientées vers l'usage d'Internet au niveau du collège. Plusieurs sources de données ont été utilisées : deux questionnaires (654 et 135 élèves, 17 enseignants), des entretiens semi-directifs d'élèves (56), des chefs d'établissements (4), des enseignants (4) et des documentalistes concernés (2) ainsi que des entretiens informels avec d'autres enseignants de ces établissement. Une première démarche exploratoire avait permis des entretiens semi-directifs avec un chef d'établissement, deux enseignants et sept élèves d'un établissement de Province situé en périphérie d'une ville moyenne. Elle nous a conduit à particulièrement nous intéresser au sens que les élèves donnaient à leurs pratiques qui pouvait entrer en contradiction avec les premières observations des usages (la construction d'un site de collège dynamique).

            Principe général inspirant la recherche

 Notre questionnement est parti d'un constat souligné notamment par les rapports Joutard [JOUTARD 01] et Thelot [THELOT 04] : une démobilisation croissante des élèves de collèges envers leurs apprentissages scolaires.

            Le rapport Joutard sur l'évolution du collège, rédigé à partir de la synthèse d'un grand nombre d'études et de rapports sur le collège sur cinq années, a relevé un certain nombre de points saillants. Ainsi, bien que le collège soit reconnu comme " la seule institution qui résiste à la décomposition du tissu social et qui reste un lieu de référence ", une sorte de " digue ", un consensus ressort des différents travaux : " la dégradation d'intérêt que les élèves portent à leur scolarité de la sixième à la troisième. L'ennui et la perte de sens du travail scolaire semblent peu à peu gagner une majorité d'entre eux, même s'ils continuent à aimer le collège, mais comme lieu de vie où ils rencontrent leurs camarades ".

            Le rapport Thelot, issu de la Commission du débat national sur l'avenir de l'école a souligné également cette démotivation des élèves et le souhait des enseignants comme des parents d'y apporter une réponse rapide. La question " comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ? " est apparue comme le sujet principal de leurs préoccupations loin devant celui de " la violence à l'école ".

            Un certain nombre de facteurs semblent liés à cette démobilisation : Le collège est perçu par les élèves comme un lieu où la hiérarchie des disciplines est très présente, où l'hétérogénéïté extrême d'âge et de niveau scolaire des élèves peut parfois conduire au désengagement et au conflit plutôt qu'à l'enrichissement, un lieu où l'orientation par défaut semble également nuire à cette mobilisation attendue chez les élèves. Mais il s'agit également pour la majorité d'entre eux d'un manque de sens attribué aux apprentissages. Les enjeux éducatifs semblent en effet recouverts par une compétition plus grande pour une place dans la société et les élèves perçoivent cette école moyenne davantage comme un lieu d'évaluation que d'apprentissage.

            Face à ce constat, un certain nombre d'enseignants ont choisi de diversifier leur méthode d'enseignement (pédagogie différenciée, pédagogie de projet…) et d'utiliser des outils à forte charge symbolique tel Internet. Les élèves vont-ils s'emparer de ces dispositifs et se mobiliser davantage envers leurs apprentissages scolaires ?

Un choix culturel pour le système éducatif

            Depuis plus de trente ans, le système éducatif choisi régulièrement de faire appel aux TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) pour résoudre un problème d'enseignement, voire une " crise ". Ces technologies se sont ainsi succédées en vue de rationaliser le système éducatif, de le moderniser, de diversifier l'accès au Savoir et d'individualiser la formation [CHAPTAL 03]. Leur rôle et leur statut ont évolué au fil des époques. Ces technologies issues de différents champs (audiovisuel, informatique…) ont été parfois considérées comme objets d'enseignement, comme moyens au service de l'institution éducative ou encore comme éléments constitutifs du processus d'enseignement-apprentissage. Considérées comme " mineures ", les technologies audiovisuelles ont ensuite laissé une plus grande place aux technologies informatiques dites " majeures " [PAPADOUDI 00]. Pourtant malgré l'insistance de politiques ou de responsables souhaitant devancer ou répondre à la pression de l'opinion publique attiré par la modernité et surtout malgré leur appropriation par des enseignants volontaires et " novateurs ", ces technologies sont restées en marge du système éducatif.

            Aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire des technologies utilisées dans l'éducation, ces nouveaux moyens contribuent à créer l'essentiel de la richesse de la société [CHAPTAL 03]. Le réseau Internet connaît une expansion fulgurante sans commune mesure avec celle des précédents outils de communication. Objet de multiples enjeux, il est considéré par un rapport du PNUD (Programme des nations Unies pour le Développement) en 1999 comme aussi indispensable à la vie des humains que l'eau, la santé et l'instruction. Pourquoi cet engouement ?

 

Internet "une conception du monde"

            Internet n'est pas seulement un objet technologique, il porte en lui " une conception du monde ", une culture, des valeurs et un projet qui concerne le rôle et l'organisation du système de communication de notre société. Son développement est porté par un certain nombre de discours, dont les dimensions recueillies nous portent à constater qu'Internet possède comme le précise J-L. Weissberg [WEISSBERG 99], " la double efficacité d'être à la fois une espérence et une expérience ". Il apparaît l'instrument de courants de pensée à priori fort divergents. S'il est taxé par le courant antimondialiste libéral (apparu à la fin des années 90) d'être entièrement instrumentalisé par le libéralisme, il reste néanmoins pour beaucoup un formidable moyen d'échanges de connaissances. Ces deux courants se sont cependant rencontrés autour d'intérêts communs. Les ultra-libéraux et les partisans de la contre-culture des années 60 [BRETON 97-00], sont tout autant hostiles à l'intervention des Etats. Les uns souhaitent un marché dénué de règles imposées par les gouvernements afin d'investir de nouveaux secteurs d'activités jusqu'alors protégés (éducation…) et les autres prônent la liberté de communiquer sans frontière ni loi. Ces deux visions se sont également retrouvées sous le thème de " la société de la connaissance ".

            Internet est d'abord apparu comme le vecteur de la " société mondiale de l'information ", participant fortement à sa richesse puis il est devenu le levier de " la société de la connaissance " par un glissement vers les contenus. Il s'agit alors d'une société d'idées et d'initiatives, dans laquelle Internet joue un rôle d'émancipation, et où de nouveaux comportements sont attendus notamment par les entreprises. Ainsi chacun doit être capable de tirer au mieux partie de ses connaissances et devenir un entrepreneur potentiel apte à développer son capital, à la fois responsable et autonome tout en restant lié aux autres [DENIEUL 99]. Ainsi est né le concept de " l'aprentissage tout au long de la vie ". Si l'objectif de ces échanges de connaissances est d'assurer la plus grande compétitivité possible des entreprises sur les marchés mondiaux, ils intéressent également les partisans de la Contre-culture qui y voient l'occasion d'une reconnexion globale de l'espèce humaine avec elle-même[LEVY 00]. Mais à un niveau utopique moindre, on constate que l'accès à cet espace d'échanges de connaissances séduit une population qui ne cesse de croître (un français sur deux en 2006), avec l'idée pour certains d'entre eux d'une autopromotion possible, de la réouverture du jeu social, dans un nouvel espace d'aventure qui valorise la liberté individuelle et satisfait le besoin d'agir [WOLTON 00]. Dans une société où les issues semblent particulièrement fermées, il va donner le sentiment de pouvoir " court-circuiter " ces blocages, de participer à la société et de créer une nouvelle solidarité mondiale. Il devient ainsi symbole de liberté, de la maîtrise possible du temps et de l'espace et va permettre a chacun d'agir comme bon lui semble sans filtre ni hiérarchie et en temps réel.

            Les dimensions psychologiques apparaissent donc essentielles dans l'intérêt pour l'usage d'Internet, rejoignant le profond mouvement d'individualisation de notre société. La dimension sociale est également révélée à travers la représentation d'un monde accessible à tous, donnant sa chance à chacun. Ainsi que nous le rappelle Jean Baudrillard [BAUDRILLARD 78], l'objet révèle la société qui le créé ou le fait émerger. Internet semble jouer un rôle actif dans cette mutation sociétale vers un autre projet de société.

            S'il est utilisé aujourd'hui dans la sphère familiale comme dans les entreprises, de nombreuses études internationales et nationales soulignent un accroissement des pratiques numériques des adolescents et notamment d'Internet. Cette situation n'est pas sans conséquence sur le rôle de l'école mais également sur la perception qu'en ont les apprenants qui baignent dans cet univers médiatique depuis leur plus jeune âge. Que se joue-t-il dans les pratiques scolaires liées à Internet au collège ?

 

Le choix d'une approche par les enjeux

            Loin d'être un simple vecteur d'informations, Internet doit donc être pensé dans le système éducatif en rapport avec les enjeux à la fois pour les offreurs (institution, enseignants) mais également pour les usagers, les apprenants.

- Qu'est-ce qui se joue dans ces pratiques ?

- Qu'est-ce que l'élève y investit ? Va-t-il ou non choisir de s'y impliquer et pourquoi ?

- Quels élèves ?

- Le sens que ces élèves vont donner à leurs pratiques d'Internet dans le cadre scolaire va-t-il effectivement les conduire vers une plus forte implication dans les tâches scolaires concernées par ces usages ?

Cette étude vise par une démarche compréhensive à rendre intelligibles les enjeux des usages d'Internet pour les différents acteurs instutionnels (contextualisation) et particulièrement pour les élèves dans le cadre scolaire.

- Des enjeux pour le système éducatif  

- Des enjeux pour les académie et les chefs d'établissements

- Des enjeux pour les enseignants et les documentalistes

- Que perçoivent les élèves à travers ces pratiques ? Les enjeux pour les élèves

Conclusion

 Bibliographie

 

Présentation de la thése
Des enjeux pour le système éducatif  
Des enjeux pour les académies et les chefs d'établissements
Des enjeux pour les enseignants et les documentalistes
Les enjeux pour les élèves
Conclusion
Thèse de Dany HAMON sur L'appropriation d'INTERNET par les élèves de collège

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