Principe
général inspirant la
recherche
Notre
questionnement est parti d'un constat
souligné notamment par les rapports Joutard
[JOUTARD 01] et Thelot [THELOT 04]
: une démobilisation croissante des
élèves de collèges envers
leurs apprentissages scolaires.
Le rapport Joutard sur
l'évolution du collège,
rédigé à partir de la
synthèse d'un grand nombre d'études
et de rapports sur le collège sur cinq
années, a relevé un certain nombre de
points saillants. Ainsi, bien que le collège
soit reconnu comme " la seule institution qui
résiste à la décomposition du
tissu social et qui reste un lieu de
référence ", une sorte de " digue ",
un consensus ressort des différents travaux
: " la dégradation d'intérêt
que les élèves portent à leur
scolarité de la sixième à la
troisième. L'ennui
et la perte
de sens du travail scolaire semblent peu à
peu gagner une majorité d'entre eux,
même s'ils continuent à aimer le
collège, mais comme lieu de vie où
ils rencontrent leurs camarades ".
Le rapport Thelot, issu de la
Commission du débat national sur l'avenir de
l'école a souligné également
cette démotivation des élèves
et le souhait des enseignants comme des parents d'y
apporter une réponse rapide. La question "
comment
motiver et faire travailler efficacement les
élèves ?
" est
apparue comme le sujet principal de leurs
préoccupations loin devant celui de "
la
violence à
l'école
".
Un certain nombre de facteurs semblent
liés à cette démobilisation :
Le collège est perçu par les
élèves comme un lieu où la
hiérarchie des disciplines est très
présente, où
l'hétérogénéïté
extrême d'âge et de niveau scolaire des
élèves peut parfois conduire au
désengagement et au conflit plutôt
qu'à l'enrichissement, un lieu où
l'orientation par défaut semble
également nuire à cette mobilisation
attendue chez les élèves. Mais il
s'agit également pour la majorité
d'entre eux d'un manque de sens attribué aux
apprentissages. Les enjeux éducatifs
semblent en effet recouverts par une
compétition plus grande pour une place dans
la société et les
élèves perçoivent cette
école moyenne davantage comme un lieu
d'évaluation
que d'apprentissage.
Face à ce constat, un
certain nombre d'enseignants ont choisi de
diversifier leur méthode
d'enseignement (pédagogie
différenciée,
pédagogie de projet
) et
d'utiliser des outils à forte
charge symbolique tel Internet. Les
élèves vont-ils s'emparer de
ces dispositifs et se mobiliser davantage
envers leurs apprentissages scolaires
?
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Un choix culturel pour le
système éducatif
Depuis plus de trente ans, le
système éducatif choisi
régulièrement de faire appel aux TIC
(Technologies de l'Information et de la
Communication) pour résoudre un
problème d'enseignement, voire une " crise
". Ces technologies se sont ainsi
succédées en vue de rationaliser le
système éducatif, de le moderniser,
de diversifier l'accès au Savoir et
d'individualiser la formation [CHAPTAL 03].
Leur rôle et leur statut ont
évolué au fil des époques. Ces
technologies issues de différents champs
(audiovisuel, informatique
) ont
été parfois considérées
comme objets d'enseignement, comme moyens au
service de l'institution éducative ou encore
comme éléments constitutifs du
processus d'enseignement-apprentissage.
Considérées comme " mineures ", les
technologies audiovisuelles ont ensuite
laissé une plus grande place aux
technologies informatiques dites " majeures "
[PAPADOUDI 00]. Pourtant malgré
l'insistance de politiques ou de responsables
souhaitant devancer ou répondre à la
pression de l'opinion publique attiré par la
modernité et surtout malgré leur
appropriation par des enseignants volontaires et "
novateurs ", ces technologies sont restées
en marge du système
éducatif.
Aujourd'hui, pour la première
fois dans l'histoire des technologies
utilisées dans l'éducation, ces
nouveaux moyens contribuent à créer
l'essentiel de la richesse de la
société [CHAPTAL 03]. Le
réseau Internet connaît une expansion
fulgurante sans commune mesure avec celle des
précédents outils de communication.
Objet de multiples enjeux, il est
considéré par un rapport du PNUD
(Programme des nations Unies pour le
Développement) en 1999 comme aussi
indispensable à la vie des humains que
l'eau, la santé et l'instruction. Pourquoi
cet engouement ?
Internet "une conception
du monde"
Internet n'est pas seulement un objet
technologique, il porte en lui " une conception du
monde ", une culture, des valeurs et un projet qui
concerne le rôle et l'organisation du
système de communication de notre
société. Son développement est
porté par un certain nombre de discours,
dont les dimensions recueillies nous portent
à constater qu'Internet possède comme
le précise J-L. Weissberg [WEISSBERG
99], " la double efficacité d'être
à la fois une espérence et une
expérience ". Il apparaît l'instrument
de courants de pensée à priori fort
divergents. S'il est taxé par le courant
antimondialiste libéral (apparu à la
fin des années 90) d'être
entièrement instrumentalisé par le
libéralisme, il reste néanmoins pour
beaucoup un formidable moyen d'échanges de
connaissances. Ces deux courants se sont cependant
rencontrés autour d'intérêts
communs. Les ultra-libéraux et les partisans
de la contre-culture des années 60
[BRETON 97-00], sont tout autant hostiles
à l'intervention des Etats. Les uns
souhaitent un marché dénué de
règles imposées par les gouvernements
afin d'investir de nouveaux secteurs
d'activités jusqu'alors
protégés (éducation
) et
les autres prônent la liberté de
communiquer sans frontière ni loi. Ces deux
visions se sont également retrouvées
sous le thème de " la société
de la connaissance ".
Internet est d'abord apparu comme le
vecteur de la " société mondiale
de l'information ", participant fortement
à sa richesse puis il est devenu le levier
de " la société de la
connaissance " par un glissement
vers les contenus. Il s'agit alors d'une
société d'idées et
d'initiatives, dans laquelle Internet joue un
rôle d'émancipation, et où de
nouveaux comportements sont attendus notamment par
les entreprises. Ainsi chacun doit être
capable de tirer au mieux partie de ses
connaissances et devenir un entrepreneur potentiel
apte à développer son capital,
à la fois responsable et autonome tout en
restant lié aux autres [DENIEUL 99].
Ainsi est né le concept de "
l'aprentissage tout au long de la vie ". Si
l'objectif de ces échanges de connaissances
est d'assurer la plus grande
compétitivité possible des
entreprises sur les marchés mondiaux, ils
intéressent également les partisans
de la Contre-culture qui y voient l'occasion d'une
reconnexion globale de l'espèce humaine avec
elle-même[LEVY 00]. Mais à un
niveau utopique moindre, on constate que
l'accès à cet espace
d'échanges de connaissances séduit
une population qui ne cesse de croître (un
français sur deux en 2006), avec
l'idée pour certains d'entre eux d'une
autopromotion possible, de la réouverture du
jeu social, dans un nouvel espace d'aventure qui
valorise la liberté individuelle et
satisfait le besoin d'agir [WOLTON 00].
Dans une société où les issues
semblent particulièrement fermées, il
va donner le sentiment de pouvoir " court-circuiter
" ces blocages, de participer à la
société et de créer une
nouvelle solidarité mondiale. Il devient
ainsi symbole de liberté, de la
maîtrise possible du temps et de l'espace et
va permettre a chacun d'agir comme bon lui semble
sans filtre ni hiérarchie et en temps
réel.
Les dimensions psychologiques
apparaissent donc essentielles dans
l'intérêt pour l'usage d'Internet,
rejoignant le profond mouvement d'individualisation
de notre société. La dimension
sociale est également
révélée à travers la
représentation d'un monde accessible
à tous, donnant sa chance à chacun.
Ainsi que nous le rappelle Jean Baudrillard
[BAUDRILLARD 78], l'objet
révèle la société qui
le créé ou le fait émerger.
Internet semble jouer un rôle actif dans
cette mutation sociétale vers un autre
projet de société.
S'il est utilisé
aujourd'hui dans la sphère
familiale comme dans les entreprises, de
nombreuses études internationales
et nationales soulignent un accroissement
des pratiques numériques des
adolescents et notamment d'Internet. Cette
situation n'est pas sans
conséquence sur le rôle de
l'école mais également sur
la perception qu'en ont les apprenants qui
baignent dans cet univers
médiatique depuis leur plus jeune
âge. Que se joue-t-il dans les
pratiques scolaires liées à
Internet au collège
?
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Le choix d'une approche
par les enjeux
Loin d'être un simple vecteur
d'informations, Internet doit donc
être pensé dans le
système éducatif en rapport
avec les enjeux à la fois pour les
offreurs (institution, enseignants) mais
également pour les usagers, les
apprenants.
-
Qu'est-ce qui se joue dans ces
pratiques ?
-
Qu'est-ce que l'élève y
investit ? Va-t-il ou non choisir de
s'y impliquer et pourquoi ?
- Quels
élèves ?
- Le
sens que ces élèves vont
donner à leurs pratiques
d'Internet dans le cadre scolaire
va-t-il effectivement les conduire vers
une plus forte implication dans les
tâches scolaires
concernées par ces usages
?
Cette
étude vise par une démarche
compréhensive à rendre
intelligibles les enjeux des usages
d'Internet pour les différents
acteurs instutionnels (contextualisation)
et particulièrement pour les
élèves dans le cadre
scolaire.
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- Des
enjeux pour le système éducatif
- Des
enjeux pour les académie et les chefs
d'établissements
- Des
enjeux pour les enseignants et les
documentalistes
- Que
perçoivent les élèves à
travers ces pratiques
?
Les enjeux pour
les élèves
Conclusion
Bibliographie
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