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Les enjeux pour les enseignants et les documentalistes

de l'appropriation d'INTERNET par les élèves de collège

Dany HAMON

Evolution des techniques!!!

             Les enseignants du second degré accueillent dans le cadre du collège unique, des élèves de niveaux parfois très hétérogènes, avec pour objectif de préparer les uns à des études longues tout en assurant une formation utile aux autres dans un souci d'égalité et d'efficacité. Ils gardent une certaine autonomie dans chaque établissement concernant le choix de leur pédagogie même s'ils sont appelés à définir de façon commune le projet d'établissement. Ils vont donc essayer de construire leur propre pédagogie en fonction des directives, de ce qu'ils perçoivent de leur environnement (élèves, parents, collègues…) et de leur valeurs. Principaux détenteurs des savoirs scolaires, ils ont la responsabilité de les transmettre de façon intelligible à leurs élèves.

             Cependant, ces savoirs encyclopédiques apparaissent concurrencés aujourd'hui par d'autres savoirs auxquels accèdent les élèves en dehors de l'établissement (logiciels éducatifs, ressources Internet…). Les enseignants peuvent alors faire le choix de se saisir des mesures incitatives en faveur de l'usage des TIC et les utiliser selon leur propre logique ou choisir de les ignorer.

             La plupart des enseignants sont souvent considérés par les politiques et les industriels promoteurs des TIC comme des obstacles aux innovations pédagogiques, en raison de leur conservatisme.

             Cependant A. Chaptal [CHAPTAL 03] note que cette position de stabilité peut être dûe également aux nombreuses contraintes professionnelles qu'ils ont à gérer comme un programme particulièrement chargé ou des horaires peu souples au niveau du collège.

             D'autres se sont déjà investis fortement dans la mise en place et l'usage de précédentes technologies et ont pu être déçus au point qu'il est pour eux aujourd'hui urgent d'attendre avant de penser à s'impliquer à nouveau.

Toutefois certains enseignants jouent depuis longtemps un rôle actif à travers des expérimentations sur le terrain. Ils sont souvent à la base de projets-pilotes, récupérés ensuite par les institutions qui leur ont néanmoins permis cette marge de manœuvre.

 

             Dans le cadre de notre démarche exploratoire, deux enseignants de technologie ont été rencontrés. Lors de cette seconde étape, les disciplines concernées étaient l'histoire-géographie (collège centre ville), les sciences de la vie et de la terre (collège rural) et le latin pour les deux collèges ZEP (Zone d'Education Prioritaire), les deux enseignants organisant des échanges par Internet entre leurs classes de niveaux différents (5e et 3e).

             Ces enseignants ont été choisis grâce aux sentinelles que sont les conseillers TICE des académies, capables, de par leurs connaissances des pratiques et des acteurs de terrain, de nous informer au mieux pour la constitution de notre corpus. Ils nous ont orientés vers des enseignants reconnus pour leur forte expérience dans le domaine, mais très peu nombreux en réalité.

             Ces enseignants utilisent depuis plusieurs années les TICE dans leur classe (depuis 30 ans pour le plus expérimenté) et ont une pratique effective d'Internet qu'ils ont découvert grâce à leur curiosité intellectuelle. Certains sont plus aguerris que d'autres en raison de l'ancienneté et de la régularité de leurs pratiques, mais tous sont passionnés et se sont particulièrement investis dans leur travail. Néanmoins les pratiques utilisant Internet restent marginales dans le cadre des collèges très différents visités.

             Si nous pouvons ressentir l'amorce d'une nouvelle situation par l'intérêt porté par de nouveaux professeurs à cette démarche, la situation reste fragile et dépend pour l'instant de la détermination de ces enseignants pionniers dans le domaine. Le turn-over des jeunes enseignants ne peut faciliter l'habitude nécessaire à ces pratiques qui demandent un temps long pour se mettre en place, comme ce fut d'ailleurs le cas pour l'enseignement plus traditionnel. Nous constatons que dans certains établissements, les échanges entre enseignants ont plus souvent lieu dans le cadre de forums spécialisés dans la discipline qu'à l'intérieur du collège où la règle est toujours le " chacun chez soi " et où la culture d'expertise existe peu.

             Les IDD (Itinéraires De Découverte) permettent cette ouverture. L'exemplarité des pratiques semble susciter un grand intérêt chez certains enseignants mais également la réprobation d'autres qui réfutent cette vision et ces méthodes d'apprentissage d'autant plus qu'elles sont parfois médiatisées. Face à l'incompréhension de leurs collègues et malgré le soutien de leur inspection académique dans la plupart des cas, les enseignants auteurs de ces dispositifs ont le sentiment d'un grand manque de reconnaissance de l'Institution. Ils ont pourtant accompli un énorme travail bien au-delà des heures prévues pour leur enseignement. Certains vont donc se décourager d'autant que les conditions sont plus difficiles (manque de soutien, de matériel, démarche solitaire…).

 

L'apport des pratiques pour les élèves selon les enseignants

             Ils estiment que l'apport de ces pratiques pour les élèves, réalisées dans le cadre des IDD ou des cours, reste très variable. De façon commune ils citent néanmoins des cas d'élèves faibles qui tirent nettement avantage de ce genre de situation au niveau de l'estime de soi et de la reconnaissance des autres. Il peuvent également s'intéresser davantage à la discipline. Mais leurs difficultés sont aussi soulignées.

             Ces pratiques ont souvent rendu leurs élèves plus autonomes et dynamisé le cours, voire au-delà, la communauté des apprenants, grâce à un travail collaboratif (récupération de textes et d'images à retravailler, discussions virtuelles, échanges avec d'autres classes).

             Toutefois, les élèves les plus " scolaires " semblent rejeter ce dispositif qui ne fait pas sens dans leur parcours scolaire. Beaucoup d'élèves ont d'ailleurs des difficultés à s'adapter à cette forme d'apprentissage qui entre en contradiction avec les méthodes traditionnelles adoptées généralement par leur établissement.

             Certains enseignants considèrent essentiellement cet apport au niveau technique pour leurs élèves tandis que d'autres évoquent davantage leur motivation, le plaisir des apprentissages, de se cultiver mais aussi une plus grande maturité des élèves, une plus grande assurance chez les plus timides.

 

Les conditions favorables à ces pratiques relèvent selon ces enseignants :

- de l'Institution (assurant des équipements adéquats, une organisation plus souple, la possibilité d'enseigner à des groupes restreints, une certaine liberté et le temps nécessaire aux enseignants pour expérimenter ce domaine). Les IDD constituent un cadre favorable à ces usages mais ils ne sont que ponctuels.

- de l'équipe pédagogique (créant une dynamique)

- des parents d'élèves (accordant leur confiance aux enseignants)

et bien entendu des enseignants eux-mêmes qui doivent en effet construire un dispositif à partir d'un projet pédagogique banalisant l'usage d'Internet en interaction avec d'autres outils. Ils doivent en outre avoir une bonne maîtrise à la fois de la technique et de la discipline et une certaine rigueur pour mener à bien leur projet. Il est également nécessaire d'avoir une certaine ambition pour leurs élèves et considérer au-delà de leur discipline, une approche culturelle de ces usages.

 

Les enjeux pour les documentalistes

             Etant donné le faible nombre de personnes interrogées, il s'agit d'une première approche de leurs enjeux. Les enseignants-documentalistes assurent une partie de la formation méthodologique concernant l'usage d'Internet et sont généralement à la disposition des élèves pour les aider dans leurs recherches au CDI (Centre de Documentation et d'Information).

             Les documentalistes interrogées évoquent d'ailleurs des situations très différentes, l'une devant faire face à de difficiles conditions d'exercice de son métier et ne pouvant œuvrer que très progressivement en faveur de ces pratiques, l'autre peut le pratiquer quotidiennement même si des difficultés demeurent (manque de temps et accueil restreint du nombre d'élèves).

             Toutefois une représentation commune semble apparaître en rapport avec Internet (un outil complexe) et les élèves (plutôt immatures intellectuellement face à cet outil). C'est pourquoi elles préconisent de façon sous-tendue une formation adaptée.

 

 Des contextes d'usages très variés

             Selon ces différents enjeux institutionnels et pédagogiques, nous constatons des cadres d'usages très divers :

Une même volonté politique est affichée par les deux académies concernées mais avec des priorités selon les collèges (situation, projet d'établissement). Ces établissements diffèrent tant au niveau des objectifs poursuivis par les enseignants (de l'alphabétisation numérique à une plus grande implication dans leurs apprentissages) qu'au niveau des équipements (de sept ordinateurs dans une salle exigüe peu accessible à quinze ordinateurs dans une salle multimédia très moderne accessible tous les midis en dehors des cours notamment).

             Internet est utilisé en cours (de façon épisodique ou régulière, à partir d'un ordinateur au fond de la classe ou d'un par élève), dans les IDD associant deux disciplines, au CDI mais aussi dans le cadre du club Internet ou dans une salle multimédia accessible le midi.

 

             En cours, les élèves utilisent Internet dans plusieurs disciplines. En technologie (la formation des TIC est incluse dans le programme) en histoire-géographie, en Sciences de la Vie et de la Terre, en français, en mathématiques, en langues (actuelles et anciennes), en arts plastiques…Nous pouvons remarquer d'ailleurs que les enseignants d'histoire-géographie ainsi que ceux de langues anciennes ont été des pionniers des usages d'Internet formant des communautés particulièrement dynamiques.

             Le CDI est utilisé principalement par les élèves non connectés à l'extérieur (collège rural et ZEP). Ils vont y faire des recherches scolaires demandées par leurs enseignants pour la très grande majorité d'entre eux.

             Le club Internet permet de faire des recherches personnelles et scolaires dans un lieu convivial encadré par les enseignants volontaires ou des animateurs.

 

             Les pratiques varient également (de quelques heures en cours, plusieurs heures dans le cadre des IDD ou régulières dans le cadre de tous les cours). Intéressons-nous de plus près à ces pratiques.

Des pratiques diverses:

 

Ainsi, pour les élèves du collège ZEP de banlieue nord de Paris,

tous les cours de latin ont lieu en demi-groupes dans la salle multimédia. Les pratiques dépendent du niveau des élèves et du travail attendu. Parfois l'enseignant leur donne des recherches à faire à partir d'un carnet d'adresses spécifique afin qu'ils ne perdent pas trop de temps. D'autres fois, il estime que les élèves sont capables de faire les recherches par eux-mêmes, mais il leur met tout de même son carnet d'adresses en " favoris " afin qu'ils aient un premier filtre s'ils le désirent. Différents types de travaux sont donc réalisés par les élèves dans le cadre de ce cours :

- des recherches rapides sur le web à partir d'un questionnaire en latin (les réponses sont attendues en latin). L'objectif est de tester la rapidité des élèves à faire des recherches mais aussi de tester leur capacité à lire les langues anciennes et de façon non linéaire.

- la réalisation de petits dossiers (sur les Etrusques, la Gaule de Jules César…) plutôt au troisième trimestre à partir de tableaux du Louvre par exemple via les services de Louvre-edu. L'objectif est d'apprendre à mieux connaître différentes civilisations anciennes tout en apprenant l'utilisation d'Internet (recherche documentaire, production des pages web).

-la correspondance avec d'autres classes situées dans d'autres établissements. L'objectif est de demontrer aux élèves que le latin n'est pas seulement une discipline où on apprend des déclinaisons par cœur ou de simples déchiffrements de textes mais peut être aussi un instrument de communication même par jeu. Des échanges ont été réalisés avec deux autres établissements, dont l'un était situé aux Etats-Unis, avec un double objectif, la révision de la grammaire et des connaissances sur la civilisation (mythologie et vie quotidienne). Les mêmes livres de latin et les mêmes sites Internet constituaient la base de ces exercices pour les différents établissements. Ces échanges avec des élèves d'origines et d'âges différents devaient permettre de faire sauter les barrières de la classe. Un réseau dynamique s'est constitué alimenté par des experts dans le domaine qui ont pu aider par exemple à l'interprétation d'un passage de texte, en liaison avec un tableau exposé au Louvre. Des rencontres multimédia sont aussi organisées entre classes de l'académie autour d'un jeu questions-réponses.

             Le tableau interactif est également expérimenté dans ces classes de latin depuis 2004. Ces élèves utilisent Internet dans d'autres cours (technologie, arts plastiques..)

 

Les élèves du collège ZEP de banlieue sud de Paris

font de la recherche documentaire (récupération de textes et d'images à retravailler) réalisent donc des échanges (discussions virtuelles, travail collaboratif) avec leurs camarades cités précédemment.

Les élèves sont aussi invités à continuer d'échanger sur les forums internationaux de latin, particulièrement dynamiques, en dehors du cadre scolaire.

Les échanges avec une classe de province ont déjà permis à une classe précédente de traduire des recettes de plats antiques (dont le plat préféré de César) puis de les préparer avant de les déguster lors d'un banquet antique en fin d'année. Mais arrivé depuis peu dans ce collège l'enseignant intègre progressivement Internet dans son cours.

Ses élèves utilisent une messagerie simultanée en interne. Elle permet aux élèves de poser des questions à l'enseignant sans perturber le cours " en posant une question à voix haute toutes les trois secondes " et à l'ensemble de la classe de lire la réponse si les élèves le souhaitent.

 

Les élèves du collège rural

utilisent plutôt des logiciels et de façon épisodique Internet dans les cours (recherche documentaire, visite de musées virtuels…) mais davantage dans le cadre des IDD (Itinéraires de découverte) et pour satisfaire au B2I (cours de technologie).

Les accès à Internet à partir d'un poste dans certaines classes ne peuvent permettre des recherches individuelles mais une visualisation collective.

             Les IDD permettent de croiser les sciences de la vie et de la terre et les mathématiques autour d'un thème commun comme " le corps en chiffres ".Les élèves doivent dans le cadre de ce projet construire des énigmes sur le corps humain à partir de données chiffrées. Ils construisent un questionnaire grâce au logiciel " Hot potatoes " qui permet de créer des pages web. Les énigmes des différents groupes sont réunies ensuite sur un mini-site en vue d'être proposées à d'autres élèves de 5e qui devront alors faire une " chasse au trésor ". Des affiches sont créées pour les prévenir du début du jeu. Ils peuvent résoudre ces énigmes en se connectant sur ce site à partir de la salle multimédia en dehors des heures de cours. Plusieurs lots sont mis en jeu. Les élèves producteurs pourront participer à leur tour lors de l'IDD du second semestre en répondant aux questions de leurs camarades sur un autre thème.

 

Les élèves du collège de centre ville de Province

utilisent Internet essentiellement dans le cadre des IDD notamment parce que les classes peuvent être divisées en deux. Les IDD représentent douze heures par discipline soit vingt-quatre heures pour les élèves mais en réalité quatre heures sont consacrées généralement aux usages d'Internet dont deux heures de recherche documentaire.

             Un de ces IDD a permis à des classes de 4e de faire un voyage en Angleterre. Les élèves ont fait une première recherche sur un thème précis (personnage ou monument célèbre) en relation avec leur voyage, puis ont recueilli des informations sur place permettant de compléter cette recherche et enfin créer une page web à destination du site du collège. Ils devaient envoyer à tour de rôle par équipe un compte-rendu à leur enseignant via Internet (textes et photos prises grâce à l'appareil photo numérique du collège).

             Les parents pouvaient accéder à ces informations mises en pages par l'enseignant.

Un autre IDD en relation avec les sciences de la vie et de la terre a porté sur le thème de la canicule de 2003. Les élèves devaient problématiser le sujet puis faire des recherches en gardant un regard critique sur les données recueillies et la validité des sites questionnés avant de créer une page web.

Présentation de la thése
Des enjeux pour le système éducatif  
Des enjeux pour les académies et les chefs d'établissements
Des enjeux pour les enseignants et les documentalistes
Les enjeux pour les élèves
Conclusion
Thèse de Dany HAMON sur L'appropriation d'INTERNET par les élèves de collège

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