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Des enjeux pour le système éducatif

Dany HAMON

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             La massification scolaire et l'allongement de la durée de la formation initiale tendent à conférer une place plus grande aujourd'hui à l'école pour intégrer socialement les élèves. Des changements s'opèrent aujourd'hui dans notre société dont le développement des TIC et notamment d'Internet apparaît révélateur. Leur intégration dans la formation et l'éducation est alors posé comme enjeu majeur.

             Si comme les précédents outils de communication, Internet peut être perçu comme un moyen de réformer le système éducatif et de s'adapter à l'évolution du monde du travail tout en ouvrant la voie à de nouvelles applications pédagogiques, il peut représenter également le " cheval de Troie " des intérêts économiques de l'Etat et des industriels.

             Nous pouvons donc nous demander à l'instar de S. Pouts-Lajus et M. Riché-Magnier [POUTS-LAJUS et RICHE-MAGNIER 98] si ses usages dans l'éducation ne raméneraient pas à un choix sur l'éducation elle-même. Ainsi que le soulignent ces auteurs, les TIC ont été depuis longtemps au cœur d'une controverse entre

- les partisans d'une école ouverte sur le monde dont le rôle est de produire des individus capables de s'insérer professionnellement et socialement dans la société telle qu'elle est,

- et ceux qui souhaitent une école protégée du monde extérieur, pour qui la mission de l'école est de former des individus libres et autonomes, capables de servir la société mais également de rester critique à son égard afin de pouvoir la transformer si nécessaire, au nom des valeurs de l'humanisme et de l'universalité.

Ces deux voies légitimes appellent en effet quelques questionnements.

             Nous pouvons nous demander en effet, dans quelle mesure les enjeux politico-économiques ne deviennent pas parfois prioritaires au regard des enjeux éducatifs.

             Les industriels de l'ERT (regroupant en une table ronde européenne les principaux constructeurs informatiques européens) avaient ainsi publié un rapport (suite à une réunion extraordinaire du G7 à Bruxelles en 1995) déplorant que le monde de l'éducation ne perçoive pas la nécessité du changement avec autant d'acuité que le monde économique et préconisait alors que la responsabilité de la formation leur soit définitivement attribuée. Ils déploraient avant tout le décalage existant entre la flexibilité professionnelle demandée par les nouveaux modes d'organisation des entreprises et la formation scolaire. Nous pouvons également nous interroger sur le refus pour l'école d'intégrer les idées et les objets de l'extérieur. Ne va-t-il pas conduire à un décalage entre l'école et la société et donc une démobilisation des élèves vivant dans un environnement extérieur très médiatisé ?

 

             Le développement des technologies numériques dans la société semble donc avoir accéléré la remise en question du système éducatif jusqu'à redéfinir le périmètre éducatif.

 

             Deux mondes se rencontrent aujourd'hui:

- celui des nouveaux médias porté en partie par des entreprises aux logiques marchandes et internationales

- et celui de l'enseignement, porté par une culture nationale (même si elle est fortement marquée par les décisions européennes) et la rigueur de programmes définis par les valeurs du service public.

             De leur statut accordé par les différents acteurs dépend donc la place des technologies au sein du système éducatif. Ainsi que le souligne H. Papadoudi [PAPADOUDI 00] leur insertion dépend souvent moins de leurs caractéristiques et performances techniques que de leur adéquation aux modèles culturels et relationnels qu'elles intègrent, ainsi que de leur adéquation à l'évolution générale des formes de vie relationnelle, des systèmes de valeurs et d'identification au sein de l'institution éducative. Les TIC peuvent alors révéler et rendre plus transparentes les valeurs de l'école.

             La plupart des gouvernements européens, encouragés par les initiatives communautaires ont donc mis en place de vastes programmes d'intégration des " nouvelles technologies " dans leur système d'enseignement avec une double mission. Il s'agit à la fois de stimuler et de structurer les industries du multimédia éducatif (équipement, infrastructure et contenus) et d'assurer la participation des représentants du système éducatif afin de garantir l'accès de tous à cette " société de la connaissance ", l'égalité des chances et la gratuité de cet enseignement.

             Ce discours est repris par le premier ministre français Lionel Jospin en août 1997 annonçant la volonté du gouvernement d'engager la France dans " la société de l'information " et le développement des TIC comme une priorité et un grand chantier pour l'éducation nationale. En janvier 1998, il présente le Programme d'Action Gouvernal pour la Société de l'Information [PAGSI 99] qui doit concerner chaque ministère. Il justifie son choix en précisant qu'Internet est un espace de liberté qu'il faut préserver et offrir au plus grand nombre tout en maîtrisant les excès. L'utilisation du réseau doit permettre de nourrir une vie démocratique, plus ouverte et participative, ouvrant de nouveaux champs à la libre communication des pensées et des opinions en accord avec la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Il charge son ministre de l'Education nationale, de la recherche et de la Technologie , Claude Allègre, de développer le usages des TIC à tous les niveaux d'enseignement, de former l'ensemble des personnels, d'encourager fortement la mise en réseau et les équipements des écoles ainsi que les expérimentations de techniques innovantes en partenariat avec les collectivités locales et des partenaires du secteur privé. Toutefois, les modalités d'application ne sont pas précisées.

             Les programmes considérés comme des cadres de référence pour les enseignants apparaissent alors comme des facteurs très importants de l'intégration des TIC dans le système éducatif. Ainsi l'apprentissage d'un certain nombre de savoir-faire, de compétences et de connaissances relatives au traitement de l'information doivent être évaluées dans le cadre des disciplines et obtenir un certificat reconnu par l'Etat, le B2i. Ce Brevet Informatique et Internet a donc été créé en 2000 afin de répondre à la banalisation de l'usage des TIC dans la vie courante et la vie professionnelle. Il a été officiellement généralisé dans les collèges en 2002. Mais cette attestation validant un ensemble de compétences acquises par les élèves de primaire et de collège n'est pas considérée obligatoire par les enseignants en raison du flou utilisé dans les textes quant à sa mise en place [DEVAUCHELLE 03] aussi ce brevet tarde à être généralisé dans les pratiques.

             Un autre dispositif créé par J. Lang en 2000, les IDD (Itinéraires De Découverte) et mis en place à la rentrée 2002 favorise l'usage d'Internet bien qu'il ne soit pas explicitement mis en rapport dans les textes. Il s'agit pour les élèves concernés par le cycle central du collège (5e et 4e) de pouvoir approfondir des programmes en associant deux disciplines appartenant à quatre domaines (la nature, le corps humain, les arts et les humanités,, les langues et les civilisations, la création et les techniques). Ces IDD doivent s'établir sur une période de douze à treize semaines et donner lieu à une production réalisée individuellement ou collectivement (maquette, cédérom, film, spectacle, texte…). Ils sont l'occasion d'une première appropriation des méthodes de recherche documentaire. L'objectif principal selon A. Giordan [GORDIAN 02]. est de briser la vision traditionnelle du cours qui place les enseignants seuls détenteurs du savoir face à des élèves ignorants et passifs. Ces IDD vont être un espace possible de promotion de toutes les innovations pédagogiques et donc des TIC.

             D 'autres décisions concourent à une place plus importante pour Internet au sein du système éducatif, comme la loi d'orientation projet pour l'avenir de l'école présentée à l'Assemblée nationale en janvier 2005. Elle concerne l'ensemble des connaissances et compétences indispensables pour l'élève, insérés dans un socle commun. L'un des cinq savoirs fondamentaux à acquérir au niveau du collège vise " la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication ". Par ailleurs deux impulsions essentielles ont été données par la Direction de la Technologie (DT) à savoir la naissance du SCHENE (schéma numérique d'éducation) considérant que tous les programmes des tous les niveaux doivent comporter des TIC et d'autre part la mise en place des ENT (Environnements Numériques de Travail) ainsi que des bouquets de ressources grâce au regroupement des éditeurs de production numériques.

             Des efforts semblent donc être entrepris par les gouvernements successifs pour intégrer les TIC et notamment l'usage d'Internet dans le système éducatif. Cependant de fortes craintes ont été exprimées lors du colloque InterTICE 2005 réunissant les académies de Versailles, Paris et Créteil concernant un retour en arrière des politiques éducatives, d'une régression vers une politique qui ne mettrait en avant que les aspects techniques de la formation à Internet pour les élèves

.

             La valeur réelle des discours institutionnels se concrétise sur le terrain notamment par les budgets alloués. Les collectivités territoriales sont en charge de mettre à disposition des enseignants les matériels nécessaires pour répondre à ces nouvelles exigences.

Présentation de la thése
Des enjeux pour le système éducatif  
Des enjeux pour les académies et les chefs d'établissements
Des enjeux pour les enseignants et les documentalistes
Les enjeux pour les élèves
Conclusion
Thèse de Dany HAMON sur L'appropriation d'INTERNET par les élèves de collège

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