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Des enjeux pour les académies

et les chefs d'établissement

Dany HAMON

             En 1998, suite à la présentation officielle du plan PAGSI, le ministère de l'Education met en place des contrats de plans avec les académies chargées de favoriser la mise en oeuvre de sa politique gouvernementale dans les établissements, en s'appuyant notamment sur un dialogue avec les collectivités locales (les conseils généraux étant en charge de l'équipement des collèges). L'ensemble des académies s'accordent sur la nécessité de mettre en place une politique de soutien à l'émergence de nouvelles pratiques, mais elles doivent également prendre en compte l'exigence des collectivités locales concernant une garantie de résultats en contre-partie des investissements qu'elles engagent. Elles s'approprient les discours des décideurs pour rédiger leurs plans académiques triennaux concernant le développement de l'usage des TIC, leurs efforts étant principalement axés sur les infrastructures et les équipements matériels. Les projets dans un premier temps ne sont formulés qu'en termes très généraux, laissant aux chefs d'établissements et surtout aux enseignants le soin de les préciser.

             Des plans académiques de formation sont mis en place pour favoriser la réflexion autour des nouvelles pratiques pédagogiques, même si cette formation reste essentiellement technique. La majorité des académies souhaite s'orienter vers une culture de réseau, c'est pourquoi elles décident de mettre l'accent sur l'évolution du métier d'enseignant et les nouvelles façons d'enseigner ainsi que les nouvelles compétences que doivent développer les élèves. Chaque académie fixe des priorités, prévoit des expérimentations, fait des appels à projets (autour de thèmes), organise des rencontres mobilisatrices, diffuse des revues, des publications permettant de toucher les enseignants, les incitant à développer de nouvelles pratiques, avec la possibilité de faire parfois appel à des conseillés spécialisés dans les TICE. Les académies tentent également de travailler en réseau pour créer une nouvelle dynamique.

 

             Les deux académies choisies dans notre étude l'ont été pour leur volonté d'utiliser Internet dans les collèges, l'une étant située en région parisienne, l'autre en province. Nous constatons de nombreuses similitudes dans leur réflexion quant à leur rôle pour faciliter ces usages. Elles souhaitent notamment soutenir une promotion des TICE auprès des chefs d'établissements et s'impliquer davantage dans une démarche d'accompagnement des enseignants et une professionnalisation de la maintenance des matériels.

             Si chaque académie est chargée dans le cadre des plans académiques triennaux de définir une stratégie permettant de connecter les établissements au meilleur coût, de mettre en place des orientations et de créer une dynamique en faveur de l'utilisation des TIC dans ses départements, chaque établissement reste relativement autonome dans le choix de sa politique qui transparait dans le projet d'établissement. Ces projets deviennent alors primordiaux dans le choix de connexions et d'équipements en informatique, multimédia. Ainsi une véritable interaction entre le projet académique et les projets d'établissements se créé.

 

 Des enjeux pour les chefs d'établissements

             Les établissements deviennent le lieu d'un double processus d'intégration des TICE, provenant à la fois des décisions ministérielles mais aussi des intiatives de terrain souvent spontanées et individuelles qui sont ensuite structurées dans le cadre de projets d'établissements ou de réseaux d'écoles. Ces projets d'établissement mis en place grâce à la loi d'orientation de 1989 sont aujourd'hui encouragés par une politique nationale d'incitation et par une décentralisation des ressources et des responsabilités permettant d'inscrire le collège dans son environnement grâce aux partenariats avec des associations, des entreprises, des collectivités locales et régionales notamment.

             Un rôle plus important revient alors au chef d'établissement qui devient un véritable chef d'entreprise. Les établissements tendent à s'équiper progressivement mais la mise à disposition des matériels ne conduit pas toujours aux usages, c'est pourquoi ces efforts sont aujourd'hui soumis à un véritable projet. L'enquête ETIC (enquête sur les Technologies de l'Information et de la Communication) de la Direction de la Technologie (DT) et de la Direction de l'Evaluation et de la Prospective (DEP) évoquait au deuxième trimestre 2005 un nombre moyen de sept élèves par ordinateur dans les établissements du second degré. Mais ce chiffre ne permet pas d'observer une évolution des usages d'Internet, d'autant que ce moyen est englobé sous la dénomination TIC qui englobe également les logiciels, les cédéroms…Certaines académies offrent des chiffres plus précis mais ils ne recouvrent pas l'ensemble des collèges français.

             Le taux d'équipement de chaque collège peut être un indicateur de la culture de l'établissement, mais elle sera davantage perçue à travers l'emplacement alloué aux machines (salle de classe, salle dédiée, CDI, placard…). La mise en service de services d'accompagnement et d'assistance doivent permettre aux enseignants de pouvoir s'appuyer sur des médiateurs spécialisés, comme c'est le cas en entreprise, mais ce sont souvent les enseignants eux-mêmes ou les animateurs TICE qui occupent ces fonctions.

             Nous avons interrogés les chefs de quatre établissements situés dans deux académies différentes. Notre analyse s'appuie essentiellement sur les entretiens approfondis, mais elle est complétée par les réponses des questionnaires.

             Les pratiques utilisant Internet dans le cadre scolaire sont diversement encouragées par les chefs d'établissement qui ont généralement plutôt une position attentiste, partagés entre deux visions, entre deux mondes portant des valeurs différentes, celui de leur génération et celui qui change et qu'ils doivent accompagner. Ils déplorent pour la plupart d'entre eux que les enseignants ne s'adaptent pas assez rapidement aux évolutions informatiques permettant notamment de rentrer les notes et évaluations des élèves et dans le même temps, ils estiment que les élèves choisissent la solution de facilité lorsqu'ils recherchent des documents sur Internet, les utilisant pour leurs exposés sans une réflexion adaptée.

Deux univers s'opposent:

- l'un porte des valeurs stables d'un monde immuable fait de livres et d'odeurs qui s'imprègnent, du temps nécessaire à la réflexion, d'une validité garantie des connaissances, alors que

- l'autre est un monde en mouvement qui fuit, qui change, un univers de faux-semblant fait d'images, de publicité, de facilité opposée à l'effort. Cet univers est entré malgré tout pour certains dans l'univers de l'école. Il s'invite de façon inéluctable et il faut apprendre aux élèves à s'en protéger car ils semblent manquer de maturité face à ce mal nécessaire. Il est possible de retarder l'accès des élèves à cette brèche ouverte sur ce monde grâce à un encadrement solide.

Pourtant Internet est aussi un moyen d'améliorer la gestion des cours et peut apporter de la convivialité au sein de l'établissement. Ces chefs d'établissements y voient un intérêt pour motiver leurs élèves en permettant d'enseigner autrement, en actualisant, en modernisant et en rendant plus ludiques les cours. Ainsi l'un de ces chefs d'établissement reconnait que des élèves en grande difficulté s'investissent de façon déconcertante dans ces pratiques. Ils osent interroger des personnes, prennent plaisir à écrire des articles pour le site du collège, sont capables de rester concentrés longtemps sur une tâche alors qu'ils sont considérés comme des élèves agités. L'usage d'Internet permer donc de les " poser ". Ils se sentent valorisés, reconnus, ce qu'avaient déjà souligné plusieurs études et notamment celle du programme ACOT (Apple Classrooms of Tomorrow) (1985-1995) aux Etats-Unis [HAYMORE SANHOLTZ, RINGSTAKK et OWYER 97].

             Mais si pour un chef d'établissement, ce sont les élèves les plus faibles qui vont profiter de ces pratiques, pour un autre, les élèves les plus fragiles risquent d'être complètement déstabilisés par Internet car ils n'ont pas la réflexion et les connaissances nécessaires pour garder un regard critique sur les informations condamnées par la loi qui circulent sur le web (sites nazis, pornographiques...). Ils se disent néanmoins tout à fait favorables aux échanges entre classes via le réseau tout en reconnaissant qu'ils sont encore peu pratiqués dans le cadre du collège.

             Ces chefs d'établissement sont donc à la fois ouverts à ce changement tout en gardant une certaine méfiance. Certains vont donc garder une position plutôt attentiste préférant reléguer le choix de la mise en place d'une véritable dynamique aux enseignants, tandis que d'autres commencent à s'impliquer doucement en accompagnant ce changement inhérent à notre société.

Présentation de la thése
Des enjeux pour le système éducatif  
Des enjeux pour les académies et les chefs d'établissements
Des enjeux pour les enseignants et les documentalistes
Les enjeux pour les élèves
Conclusion
Thèse de Dany HAMON sur L'appropriation d'INTERNET par les élèves de collège

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