Aussi
faut-il quelque part dans notre esprit, dans notre
façon d'être, ménager un
"sas", opérer une mise en latence des
pensées ou des données
inconciliables, pour que le petit enfant qui se
socialise puisse aller vers l'autre sans trop de
reniements, en douceur.>>(p.201)
<<Le passage d'un espace culturel dans
un autre nécessite un espace
intermédiaire, un sas de mise en
latence des éprouvés inconciliables
des deux espaces culturels. En somme un espace
de "non menace.>>(p.23)
L'enfant
d'origine étrangère comme "analyseur"
de l'école
<<L'enfant d'origine
étrangère est un véritable
analyseur de l'institution scolaire qui oublie ou
refoule la réalité psychique de
l'élève, ce qui provoque
résistance et
défense>>(p.24)
L'école
peut jouer ce rôle de
"sas"
<<J'ai parlé du "groupe des
pères" qui empêche l'enfant du
père défaillant d'être "hors
repères". Ces pères sont aussi
des "pairs", et ce groupe de pairs peut se
constituer dès l'école et au sein de
l'école. J'ai introduit cet
exposé en parlant de ma rencontre avec
l'école qui a balisé mes
repères identitaires pour mieux asseoir mes
rapports de filiation et d'affiliation. Je
voudrais conclure par l'école, qui est pour
moi un formidable espace médiateur et
intermédiaire, un lieu de nidification
culturelle, un ouvreur de perspectives, porteur de
création. L'école est un passage
à traverser, un pont entre la famille et la
société.>>(p.205)
comme le
psychanalyste dans son travail
<<Ainsi notre imaginaire est
structuré par la langue et tout
particulièrement par notre langue maternelle
et pour les immigrés, dont je fais partie,
par le français également qui impose
ses signifiants. Face à ces patients avec
qui je partage l'appartenance culturelle et la
transplantation, mon travail consiste à leur
offrir un espace intermédiaire où ils
peuvent être entendus dans leur langue
d'origine et/ou dans la langue du pays
d'accueil. J'essaye de leur offrir un espace
de médiation, un espace hors menace
où leur soi privé (horma) et leur soi
social se rencontrent sans s'affronter grâce
à l'étayage sur le thérapeute
lors du transfert et du
contre-transfert.>>(p.247).
Médiation
Que signifie-t-elle? que confronté
à la différence (culturelle,
sexuelle, etc...) deux attitudes ont cours
d'ordinaire: le rejet ou le déni. Mais
si on veut aller plus loin, aider l'autre à
sortir de cette impasse, il faut
momentanément lui offrir un sas, ne
serait-ce que dans notre tête, dans notre
façon de l'accueillir. Je veux dire par
sas un lieu de non-conflit, de non-destruction: moi
ou l'autre, un lieu de non-violence qui permet de
l'accompagner pour que le sujet puisse pacifier les
deux contraintes qui se battent en lui et en faire
des alliés pour un changement sans
reniement. Lui permettre ce débat
intérieur pour qu'il puisse faire la part
des choses et aller de l'avant, telle serait la
fonction de cet espace de médiation. De la
confrontation avec d'autres cultures peut
naître un apprentissage et un
élargissement de l'espace intérieur
du sujet, seule parade à l'intégrisme
intellectuel, mental et psychique. La culture
peut fonctionner ici comme un espace transitionnel
et médiateur. Elle est un contenant
pour la psyché tout comme le corps l'est
pour la pulsion. L'interculturel est une
école de reconnaissance et de connaissance
qui permet d'appréhender que l'autre n'est
nullement le même.>>(p.284)
Textes
tirés de la thèse d'État de
Hossaïn BENDAHMAN
Réactions:
<<Je suis
à la fois touchée et stimulée
par le travail de Hossaïn Bendahman.
Immigrée britannique,
gestalt-thérapeute et enseignante
travaillant avec des élèves
majoritairement d'origine maghrébine, je
cherche depuis longtemps le moyen de relier ces
différents aspects de mon être et d'en
faire sens. Ce travail sur la
transculturalité, que j'aimerais lire en
entier, m'a subitement éclairée, me
donnant aussi bien l'envie de me mettre en
mouvement qu'une direction possible. Merci, thank
you, chokran....>> Frances 5/07
<<votre these
va-t-elle être publiée ; ce travail
sur la transculturalité me devient chaque
jour plus indispensable, merci>>
<<Père,
Mère, Grand-mère ...en passant par la
tiédeur du hammam et la froideur du sevrage
... comme par un tourbillon de
révélations ...pour qu'entouré
de djinns les mots me conduisent jusqu'au sas ...Ce
moment-sas dans la thèse du Docteur
BENDAHMAN me pousse à expliciter la teneur
de mes
remerciements...
Depuis ce
moment-sas j'ai pu mettre dans une nouvelle
perspective le travail que j'ai commencé
depuis janvier 2000.
Merci pour ce
voyage entre ici et la-bas; Moi qui fût et
toujours sera entre ici et la-bas. Aussi pour ce
bref instant de
sérénité.>>
Karime
|