LA MÈRE
<<Dans ce milieu
traditionnel, la demande de l'enfant est
satisfaite immédiatement et
constamment, le plus souvent sur un mode
oral, et ce durant très longtemps
(deux ans en moyenne, voire
plus). Cette réponse orale
immédiate et souvent
associée à des manipulations
corporelles: bercements, massages, jeux
corporels, etc..qui font que très
précocement " l'enfant s'ouvre sur
un monde extérieur sur un mode
actif". Tout semble être fait durant
cette période pour éviter
à l'enfant toute
frustration. Il y a là un
facteur de sécurisation et un
support concret de l'investissement de la
mère comme seul "bon
objet".>>(p.56)
<<En
définitive, l'empreinte laissée par
ces coutumes se retrouve chez l'adulte sous forme
d'une "fixation orale à la mère" et
corrollairement d'une quête d'assurance et de
sécurité.>>(p.59)
<<Dès
lors on encourage toutes les manifestations viriles
du garçon, selon les valeurs
sociales. Ainsi le garçon en
colère passe souvent sa rage sur sa soeur et
ce ne sont pas les principes éducatifs
traditionnels qui peuvent décourager les
manifestations agressives à l'égard
de celle-ci. Elle, (la mère) va
jusqu'à l'encourager en lui disant " tu es
un homme, donne lui des coups, elle n'est qu'une
pisseuse.>>(p.70)
<<A ceci il
faut rajouter ce fait qui ressort clairement du
discours de mes sujets. La fille fait peur
à l'homme et l'angoisse. Cette angoisse
liée à la perte d'honneur dont la
fille porte la menace est liée à la
virginité de la fille...En
définitive, elle est la
révélation de la virilité de
l'homme. Tout se passe comme si c'était
elle qui détermine les critères de la
virilité...c'est à ce niveau qu'il
faut comprendre le profond attachement du
maghrébin à sa mère, à
sa soeur et à sa
grand-mère. Elles sont les seules
à pouvoir lutter contre les maléfices
d'autres femmes qui lui sont
destinés. C'est là un
conditionnement de l'homme dès les premiers
jours de sa vie où la femme devenue
mère, prend sa revanche sur le monde
masculin en s'imposant comme l'unique
intermédiaire avec le monde invisible de nos
fantasmes et angoisses.>>(p.72/73)
<<Le
maghrébin malgré son
apparence "macho" craint
énormément la femme et sa
puissance occulte et n'a confiance en fin
de compte qu'en sa parenté
féminine. Le mépris
qu'il affiche à l'encontre de la
femme n'est qu'un mécanisme de
défense qui camoufle sa peur de la
femme.>>(p.158)