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Connaissance des élèves

Psychanalyse, neurosciences et neuropsychanalyse 

 "Pour apprendre le latin à John, il faut d’abord connaître John".

 

       "Avant d'enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, au moins faut-il le connaître. Qui se présente, aujourd'hui, à l'école, au collège, au lycée, à l'université ?" s'interroge Michel Serres dans un remarquable article du Monde. C'est aussi vrai psychologiquement que sociologiquement !

          Un enseignant passe 5 ans de sa vie à étudier la discipline qu'il enseignera et quelques jours ou semaines pour connaître les élèves ! Or au final, à qui l'enseignant s'adresse-t-il? A lui- même ou à des élèves? L'habitude est telle que nous pourrions trouver la question inconvenante! Et pourtant , demande-t-on à un réparateur de voitures de passer des années à étudier la "mécanique générale", la "mécanique céleste", la "mécanique de la relativité restreinte ou généralisée" -- que sais-je encore ? - sans lui faire découvrir des voitures et sans lui apprendre comment elles fonctionnent ? La comparaison est bassement matérielle et peu satisfaisante mais nous sommes tellement dans un "idéalisme" de la "transmission des connaissances" qu'elle peut faire choc....

          Peut être pourrait-on relire avec profit, sans forcément le suivre en tout, le pédagogue "John Dewey" (1859-1952), auteur de la phrase en exergue "Pour apprendre le latin à John, il faut d’abord connaître John". Il était déjà partisan de l'intégration de la théorie à la pratique, d'un enseignement centré sur l'enfant, et ses positions sont maintenant au centre de nos débats: <<Les enfants, affirme Dewey, n’arrivent pas à l’école comme autant d’ardoises vierges passives sur lesquelles l’enseignant inscrirait les leçons de la civilisation. Lorsque l’enfant entre à l’école, il est « déjà intensément actif, et il s’agit pour l’éducation de prendre en main cette activité, de lui donner une direction...L’enfant apporte également avec lui les intérêts et les activités du foyer et du voisinage dans lequel il vit, et il incombe à l’enseignant d’exploiter cette "matière première " en orientant les activités de l’enfant vers des "résultats positifs >> unesco.org/publications/dewey.PDF

          Fonder sa pratique sur une théorie: pas facile! surtout quand, apparemment, les théoriciens ne sont pas d'accord entre eux. On pensera plus utile de faire appel à des "recettes", des "gestes professionnels", des "bonnes pratiques", des "outils" qu'on croit facilement utilisables, et on préférera créer des stages de "maîtrise" de la classe plutôt que former les enseignants à la psychologie des groupes. En fait, ces recettes, outils, gestes, pratiques sont, eux aussi, basés sur une théorie: la théorie comportementaliste bien cachée et bien désuète...

 

          Un changement est peut être entrain de s'effectuer, bien ténu et lointain encore. Il a démarré, comme toujours aux Etats Unis vers les années 1990, (avec en particulier Damasio , professeur de neurologie à l'université de l'Iowa). Ce courant a abordé la France tout récemment sous l'impulsion de Daniel Widlöcher, psychanalyste, ancien président de l'Association psychanalytique internationale. Il consiste à rapprocher les diverses théories se rapportant aux fonctionnements humains (...les élèves sont des humains !). Ainsi il ne sera plus question de prendre pour prétexte leur opposition pour les traiter de négligeables.

          En effet, durant longtemps, on a opposé les "neurosciences", scientifiques, à la psychanalyse, somme d'hypothèses dépassées. Or on s'aperçoit qu'elles peuvent être utiles l'une à l'autre. <<On sait les risques que l’on prend à construire un parallèle entre modèles psychologiques et modèles cérébraux. Ne confondons pas les localisations cérébrales avec les topiques psychanalytiques ni les étiologies organiques avec les mécanismes psychogènes. Mais surtout évitons les risques d’un réductionnisme “tout neuronal” après avoir connu les excès du “tout psychique”. Neuropsychologie et psychanalyse ont des choses à se dire : il s’agit de trouver les mots et les concepts appropriés.>> Boris Cyrulnik. Le Carnet PSY 3/2005.

C'est ainsi que pourrait se constituer une nouvelle discipline la "neuropsychanalyse".

          Les enseignants peuvent- ils être absents de ces prémices qui se construisent et qui influeront certainement leur métier d'ici quelques années? Elles sont, de plus, pour eux un exemple de la nécessaire interdisciplinarité dans l'enseignement.

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 Pour compléter-----

Pourquoi pas une nouvelle science dans le climat actuel de l'interdisciplinarité?

 

Voir:

France Culture Émission "Avec ou sans rendez vous"

La neuropsychanalyse avec Daniel Widlöcher

http://www.scienceshumaines.com/vers-une-neuropsychanalyse-dominique-chouchan_fr_24533.html

 

<< Le dialogue entre neurosciences et psychanalyse implique pour nous une mise en rapport de deux cadres d'interprétation, c'est-à-dire de deux façons différentes tant de production que d'interprétation de « données ». Il paraît évident que leur rencontre ne peut s'inspirer d'une quête de suprématie de l'une sur l'autre, mais devrait au contraire mener à une ouverture sur d'autres modalités de lecture, de déchiffrage et de compréhension, des modalités jusque-là inédites dans un domaine comme dans l'autre. En effet, la mise en rapport de ces deux domaines de recherche implique la possibilité de rendre explicite ce qui fonctionne de manière implicite ou évidente de part et d'autre'. Rendre explicite ce qui est implicite est le sens même de l'exercice multidisciplinaire.>> p.36

Toute notre école est encore beaucoup sous l'influence de Descartes: division de la réalité en disciplines, partir de la théorie pour aller vers les applications...La biologie et la psychanalyse nous montrent les erreurs de Descartes par l'un des fondateurs de la Neuropsychanalyse aux États Unis.

Voir:

 

Une nouvelle vision de la logique

 

<<Être rationnel, ce n'est pas se couper de ses émotions. Le cerveau qui pense, qui calcule, qui décide n'est pas autre chose que celui qui rit, qui pleure, qui aime, qui éprouve du plaisir et du déplaisir. Le c÷ur a ses raisons que la raison... est loin d'ignorer.

Contre le vieux dualisme cartésien et contre tous ceux qui voudraient réduire le fonctionnement de l'esprit humain à de froids calculs dignes d'un superordinateur, c'est en tout cas ce que révèlent les acquis récents de la neurologie : l'absence d'émotions et de sentiments empêche d'être vraiment rationnel.

Le professeur Antonio R. Damasio dirige le département de neurologie de l'université de l'Iowa, aux États-Unis, et enseigne à l'Institut d'études biologiques de La Jolla. Il est l'un des initiateurs de la Neuropsychanalyse aux États Unis.

 

"Société de la connaissance"? dit-on; mais quelle connaissance dans l'enseignement? Quelle place à la "fiction", à l'imaginaire?

Voir:

Dossier sur l'imaginaire

 

La créativité à l'école

 

 

 

 

<<Le point commun aux saynètes neuropsychologiques qui vont suivre peut ainsi s'énoncer : suite à diverses lésions cérébrales qui ont compromis le déroulement habituel de leur vie mentale, tous les malades que nous allons à présent rencontrer doivent affronter des situations très curieuses dans lesquelles leur cerveau-esprit les soumet à des informations inhabituellement contradictoires les unes avec les autres. Plutôt que de s'arrêter à la prise en compte de la nature pathologique de ces informations contradictoires - « C'est absurde ! Il y a un problème ! Je suis malade ! » -, ces malades vont systématiquement utiliser ces ingrédients, a priori incompatibles entre eux, pour imaginer une nouvelle fiction riche d'une signification qui, malgré son caractère absolument irréaliste, aura le mérite de satisfaire cet irrépressible besoin de produire un sens que chacun d'entre nous partage avec eux.

Nous découvrirons sans peine avec ces malades la nature proprement fictionnelle de ce constituant essentiel de notre activité mentale consciente, parce que ces fictions sont fantastiques, irréalistes et en parfaite contradiction avec la réalité.

Ces malades ne peuvent toutefois pas s'empêcher de les produire, sans le savoir, et d'y croire, certains qu'ils sont de leur exactitude et de leur réalité..... Mais ne nous y trompons pas, ce que ces malades nous révèlent - à travers les pathologies qui perturbent dramatiquement leurs capacités à produire des significations - vaut également pour chacun d'entre nous, sous une forme plus dissimulée, moins évidente à mettre au jour : chacun d'entre nous est un créateur de fictions.>> p.77

Les différents sens du mot inconscient recouvre des réalités dont il faut tenir compte dans l'enseignement

 

Voir:

Qu'est-ce que ce désir inconscient qui traverse l'humain, de part en part, de la naissance à la mort ?

 

<<Certes, il y a dans les théories psychanalytiques, rebaptisées outre-Atlantique « psychodynamiques », un aspect sectaire et polémique, chacun se pensant détenteur de la vérité, de sorte qu'un examen serein et objectif devient un véritable exploit. En résulte le dilemme de se trouver en face de données tout à la fois passionnantes, fort bien structurées, restituées dans un système excellemment cadré, que l'on voudrait tellement approfondir, tout en en mesurant les défauts béants, avec ses affirmations péremptoires et non scientifiquement prouvées. On pourrait à l'infini démonter et discuter tous les arguments qui ont été déployés pour ou contre les théories psychanalytiques ; je me limiterai à ce qui m'a paru essentiel.

On pourrait développer les polémiques qui depuis Freud marquent les relations entre les écoles de psychanalyse ; je ne les examinerai pas.

Ma position ici se résumerait volontiers ainsi : à présent que les explorations sur l'inconscient prennent l'importance que l'on sait dans le domaine cognitif, peut-on laisser à l'abandon tout cet énorme autre pan de l'étude de l'inconscient ? Vraie ou fausse, cette méthode d'approche me semble mériter davantage qu'un simple mépris ou une simple ignorance. Ce chapitre se propose de résumer ce qu'un non-psychanalyste pense pouvoir retenir de la psychanalyse et de sa valeur explicative.>> p. 166

La possibilité d'évolution et de progrès personnels est une réalité. Les neurosciences et la psychanalyse le montrent. C'est un aspect indispensable du fondement de l'enseignement. 

Voir:

Définition de la plasticité neuronale (Wikipédia)

Les neurones et la créativité

<< À de rares exceptions près, avec le temps, tout a fini soit par s'installer dans les certitudes et les a priori, soit par déboucher sur des débats spéculatifs et confus. Pour caricaturer, d'un côté, des neuroscientifiques sûrs d'eux-mêmes, le plus souvent réductionnistes, à la quête d'une étiologie biologique des maladies mentales, cherchant la voie vers une molécule salvatrice. De l'autre, des psychanalystes rejetant le plus souvent les neurosciences pour défendre leurs propres conceptions, au point de se prendre aussi dans les pièges du réductionnisme, s'accommodant en tout cas du clivage, au risque de devenir obscurantistes....Ce que démontre le phénomène de la plasticité, c'est que l'expérience laisse une trace dans le réseau neuronal, en modifiant l'efficacité du transfert d'information au niveau des éléments les plus fins du systèmes''.

C'est-à-dire qu'au-delà de l'inné, au-delà de toute donnée de départ, ce qui est acquis au gré de l'expérience laisse une trace qui modifie ce qui était. Les connexions entre les neurones sont modifiées en permanence par l'expérience et les changements sont tant structurels que fonctionnels. Le cerveau doit donc être envisagé comme un organe extrêmement dynamique, en relation permanente avec l'environnement de même qu'avec les faits psychiques ou les actes du sujet.>> p.19

La communication de pensée: un concept utile à l'enseignant aussi bien pour comprendre ce qui se passe entre lui et un élève ou un parent que dans les phénomènes de groupe.

Voir:

Critique du livre:

La psychanalyse en dialogue

<<La communication de pensée

D. Widlöcher. — J'ai inventé le mot, j'ai proposé un néologisme, mais la mention du phénomène ou de la série de processus que l'on peut nommer ainsi est présente dans toute théorie psychanalytique : depuis la distinction psychanalyse-suggestion, le débat entre Freud et Ferenczi sur la télépathie et la transmission de pensée, jusqu'aux théories contemporaines sur l'intersubjectivité, en passant par la question de l'empathie, du transfert-contre-transfert, ou du discours à l'autre. C'est surtout à partir des années 1950 que les évolutions de la pratique ont suscité des remises en cause diverses, dont certaines convergent vers la description de ce que j'appelle « copensée ». Ce terme peut être entendu comme la traduction du Gedankenübertragung de Freud, transmission ou transfert de pensée, comme de façon exemplaire, dans l'induction hypnotique.

Mais je préfère parler de communication de pensée parce qu'il s'agit du processus associatif lui-même, de l'acte de pensée associatif et non seulement de l'induction d'un contenu représentatif par une incitation adéquate. Mon idée est que le courant associatif est lui-même inductif et, dans la psychanalyse, il induit des rencontres entre deux champs associatifs, deux réseaux de pensée extérieurs l'un à l'autre, qui donnent naissance à des points de rencontre, comme des « points de capiton » d'après la formule heureuse de Lacan.>> p. 55. Ancien président de l'Association psychanalytique internationale, Daniel Widlôcher est professeur émérite de psychiatrie à l'université Paris-VI.il est l'initiateur du courant neuropsychanalytique en France.

Quelle relation du corps et de l'esprit utilise t-on à l'école? Autrement dit sur quelle conception de l'homme, et donc de l'élève, s'appuie-t-on dans notre enseignement?

Voir:

Dossier sur le corps

Une nouvelle conception de la personne

Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Cette phrase a résonné à mes oreilles durant toute mon enfance, comme elle continue de résonner aux oreilles de tous ceux qui assistent à l'office religieux le plus célébré dans notre culture : la messe. Comment pareille proposition n'éveillerait-elle pas l'intérêt d'un enfant pour sa propre dualité ? À plus forte raison s'il entend également dire à propos de la naissance du monde : au commencement était le verbe, et le verbe s'est fait chair. La parole précéderait donc historiquement la matière ? Quant à l'esprit, est-ce lui qui devancerait le corps ? Mon propre esprit, arrimé à cette croyance millénaire, m'a peu à peu entraîné et sans me demander mon avis, dans l'exploration de questions touchant à l'assemblage de ces deux matériaux, constitutifs des créatures humaines. Et la réflexion engagée ici, située sur l'axe immense des travaux qui parcourent cette continuité entre réalité biologique et réalité psychique, prolonge en fait mon premier travail, consacré à la question psychosomatique'.

Ce domaine mêlait alors les données corporelle et psychique, supposées interdépendantes par les théories en psychosomatique. Bien qu'empiriquement admise par les personnalités les plus rationnelles à travers le monde, cette interdépendance n'est toujours pas éclairée par des démonstrations scientifiques probantes.

La douleur physique à l'école (sports, handicap...)

Voir:

Critique du livre: La douleur physique

 

<<Avant tout, le modèle freudien de la douleur corporelle, vous l'avez vu, revêt une valeur heuristique indiscutable puisqu'il nous éclaire pour construire une théorie rigoureuse de la douleur mentale. Mais au-delà de cet éclairage, il m'a surtout permis de bien cerner le facteur psychique agissant dans la formation de toute douleur corporelle, quelle qu'elle soit. Rappelez-vous en effet l'idée freudienne de base que nous avons formalisée ainsi : il n'est de douleur que supportée par le surinvestissement narcissique de la représentation de l'endroit lésé du corps. Une telle hypothèse me semble si riche de perspectives que je n'hésiterais pas à la proposer aux neurophysiciens qui chercheraient à dévoiler les ressorts intimes de la douleur.

Vous voyez, nous n'en sommes plus à attendre que la science actuelle vienne confirmer les anciennes élaborations psychanalytiques ; bien au contraire, nous invitons la science de demain à prolonger la thèse du surinvestissement de l'image mentale de la région endolorie. Je suis convaincu que cette thèse freudienne du surinvestissement deviendra un concept clé dans les futures recherches de la neurophysique de la douleur.

Cela dit, votre question me fournit l'occasion de tenter un tableau comparatif entre les propositions freudiennes - tout particulièrement celles formulées dans l'« Esquisse » - et les hypothèses neuroscientifiques. Je commenterai ensuite la théorie de la douleur proposée récemment par un éminent représentant des neurosciences, Antonio R. Damasio"

Je vais donc essayer de relever les points de rencontre les plus frappants entre psychanalyse et neurosciences. Je pense en particulier à la définition de la mémoire que nous identifions partiellement à l'inconscient et que les neurologues expliquent par un stockage d'images dans les neurones. Une autre question est celle du rythme des pulsions au regard du rythme de propagation de l'influx nerveux. A la fin, je traiterai de la relation entre la structure en réseau du Moi et l'ordre spatial du système neuronal. Vous le voyez, nous avons beaucoup de travail devant nous.>> p.102

Voir également:

Le cerveau, une merveille de la nature

Impact des neurosciences :

quels enjeux éthiques pour quelles régulations?  

 

france-info.com/-2010-05-02-la-neuropsychanalyse

 

Neuropsychoanalysis - Building Bridges Between Psychoanalysis, Neuroscience, Psychology and Psychiatry

http://www.neuropsa.org.uk/

 

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