Introduction
Rassurez-vous : je vais essayer de partager
avec vous les récentes découvertes
des chercheurs scientifiques, mais cela en termes
simples et accessibles à tous. D'ailleurs,
je suis moi-même un psychothérapeute
praticien, au contact quotidien avec la
réalité de tous les jours, et non un
chercheur de laboratoire.
Teilhard de Chardin
disait, il y a un siècle : "
il existe trois infinis :
l'infiniment grand, l'infiniment
petit et l'infiniment complexe. A la
fin de XXe siècle, on a
entamé la domestication de
l'infiniment grand, avec la
conquête spatiale, celle de
l'infiniment petit, avec la fission
de l'atome et les
nanotechnologies
et le
programme du siècle à
venir concerne maintenant
l'infiniment complexe,
c'est-à-dire le cerveau et la
génétique.
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Plus récemment, Hubert Reeves
confirme, de son côté, que le cerveau
humain est, de loin, la structure la plus complexe
de tout l'Univers.
Depuis le lancement de la " décennie
du cerveau " (1990-2000) par une proclamation du
président des Etats-Unis (G. Bush), le 17
juillet 1990, les connaissances ont beaucoup
évolué, notamment grâce aux
nouvelles technologies d'imagerie médicale,
en particulier l'IRM (l'imagerie par
résonance magnétique) et la TEP
(tomographie à émission de positons)
- techniques que j'appellerai plus simplement le
"scanner " - qui permet de voir fonctionner le
cerveau en temps réel et au
millimètre près.
Je soulignerai au passage, les
différences importantes de fonctionnement du
cerveau des femmes et des hommes (à un
niveau statistique, bien entendu, puisqu'il y a de
nombreuses exceptions - ici même : on
considère, en effet, que 20 % des hommes
fonctionnent avec un cerveau de type "
féminin ", et 10 % des femmes, avec un
cerveau de type " masculin ").
Tout d'abord,
quelques chiffres pour illustrer la
complexité du cerveau
Nous possédons, environ 100
milliards de neurones (soit le nombre
d'étoiles de la Voie Lactée) et
plusieurs millions de milliards de synapses
dans le cerveau, soit 10 000 milliards de synapses
par cm3 de cortex (chaque neurone peut être
relié à plusieurs milliers d'autres).
Pour les décompter, au rythme de une par
seconde, il faudrait un million d'employés
à plein temps
pendant 100 ans ! Les
capacités de notre cerveau égalent un
ordinateur de la surface de la France + la Belgique
+ la Suisse, sur une hauteur de 10
étages.
Nous pourrions emmagasiner 125 000 milliards
d'unités d'information (bits), soit le
contenu des 100 millions de livres publiés
dans le monde depuis l'origine de
l'imprimerie.
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Les neurones se créent au
rythme hallucinant de 300 000 à la
minute, entre le 3e et le 7e mois
de la grossesse. Chaque neurone mesure
environ un millième de mm. Si on le
grossissait à la dimension d'un
grain de sable, on transporterait un
camion de dix tonnes.
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Mais un neurone n'est pas comme un simple
grain de sable : c'est une structure complexe de
400 000 macromolécules (la population de
la ville de Toulouse). Chacune a une fonction
définie : production d'énergie,
distribution de nourriture et d'oxygène,
police et douane, élimination des
déchets, etc. (soit tous les services d'une
grande ville). Chaque neurone est constitué
d'un corps cellulaire, d'un axone, de dendrites. Le
corps cellulaire comprend une membrane (sa peau),
du cytoplasme, un noyau
La membrane comporte
six couches de cellules qui filtrent à
chaque instant toutes les entrées et les
sorties (ions potassium, sodium, etc.). Le noyau
comprend les chromosomes, filaments où est
inscrit notre patrimoine génétique
(30 000 gènes de notre ADN - unique -
dont 70 % concernent notre cerveau). Ce
filament, dévidé grandeur nature,
s'étendrait jusqu'à la lune. Il
comprend une information, codée en 4
lettres, correspondant au contenu de 3 000 livres
de 300 pages (une pile de 20 étages
où " tout est écrit ") = notre " mode
d'emploi " personnel, enregistré dans
chacune de nos 60 000 milliards de
cellules.
Chacun de ces " livres " est
contrôlé avec précision : s'il
y a une faute de frappe d'une seule lettre dans un
ouvrage de 300 page, tout le livre est normalement
rejeté (fausse-couche spontanée). La
Nature a horreur des erreurs !
Ces neurones sont donnés à
la naissance. Il ne s'en crée que
très peu dans certaines régions comme
l'hippocampe (découverte
révolutionnaire de ces cellules souches, en
1998). En revanche, il en meurt de 50 à 100
000 tous les jours (mais à 80 ans, il en
reste cependant encore 70 %). Cet " élagage
" commence in utero - où sont
éliminés de 10 à 70 % de
neurones inutiles (" apoptose " ou suicide neuronal
programmé).
Tout ce qui n'est pas utilisé
s'atrophie et meurt. Le cerveau " s'use quand on
ne s'en sert pas " ! L'apprentissage est une
sélection ; l'oubli est indispensable pour
éviter la saturation. Cf. Google qui vient
d'indexer 1 000 milliards de pages (= un
dictionnaire épais de
35 000 km, soit
500 millions de Petits Larousses illustrés
côte à côte, qui feraient le
tour de la Terre). T. de Chardin avait
prédit il y a 50 ans la " noosphère "
des idées qui entoure la biosphère,
soit le " cyberespace " d'aujourd'hui.
Freud, quant
à lui, écrivait, dès 1920
:
"
La biologie est vraiment
un domaine aux possibilités
illimitées ; nous devons nous
attendre à recevoir d'elle
les lumières les plus
surprenantes, et nous ne pouvons pas
deviner quelles réponses elle
donnera dans quelques
décennies aux questions que
nous lui posons. Il s'agit
peut-être de réponses
telles qu'elles feront
s'écrouler tout
l'édifice artificiel de nos
hypothèses ! " -
écrivait Freud, en
1920
|
|
"
Quelques décennies " ont passé :
où en sommes-nous aujourd'hui
?
Aujourd'hui, nous assistons au
développement progressif de nouvelles
disciplines
aux États-Unis et peu
à peu, en France : la neuropsychanalyse
et les neurosciences sociales .
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Je vais maintenant entrer un peu
plus dans le détail des
recherches contemporaines, et je vais
citer quelques exemples concrets,
illustrant l'intérêt de
l'étude des neurosciences, non
seulement pour une exploitation
optimale des techniques
neurochirurgicales ou
psychothérapeutiques, mais aussi
pour notre vie
quotidienne.
Ces recherches ont
révélé de
nombreux aspects du fonctionnement
du cerveau qui étaient peu
connus auparavant, bien que souvent
pressentis intuitivement par
plusieurs précurseurs, tels
que Freud, Ferenczi, Reich ou Perls,
le fondateur de la
Gestalt-thérapie - qui
propose une approche globale,
holistique, intégrant les
cinq dimensions principales de
l'être humain : physique,
émotionnelle, cognitive,
sociale et spirituelle (que j'ai
symbolisée par un
pentagramme, une étoile
à cinq branches).
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Je voudrais souligner l'intérêt
des approches dites " psychocorporelles ", par
rapport aux approches traditionnelles,
essentiellement verbales, comme la
psychanalyse.
En effet, tout contact ou mouvement du corps
mobilise l'hémisphère droit du
cerveau, lequel est directement relié aux
zones limbiques profondes du cerveau
émotionnel - par " la voie perforante " -
liaison synaptique originale qui n'a pas son
équivalent dans le cerveau gauche, verbal et
rationnel.
Toute émotion est
accompagnée de production de
neurotransmetteurs spécifiques (on en
connaît aujourd'hui près d'une
centaine) qui modulent l'humeur et la
pensée. La plupart de ces neurotransmetteurs
circulent à l'intérieur du cerveau et
du corps de chacun, mais certains d'entre eux
diffusent dans l'environnement de l'organisme et "
touchent " ainsi l'interlocuteur qui se trouve
à proximité - que ce soit le
partenaire de le vie quotidienne ou le
psychothérapeute : je veux parler des
fameuses phéromones - qui constituent notre
réel " 6e sens ", le sens chimique, un des
éléments de ce qu'on appelle
habituellement l'intuition.
Notre 6e organe des sens, l'OVN (l'organe
voméro-nasal) est invisible à
l'il nu et situé dans la profondeur du
nez ; il est chargé de capter ces
phéromones (qui traduisent notre humeur
profonde). À chacune des six émotions
de base (joie, tristesse, peur, surprise,
colère, dégoût), correspond une
phéromone spécifique. L'OVN est
totalement distinct des voies olfactives, n'a
aucune odeur, et n'a aucune liaison directe avec
les zones corticales de notre cerveau conscient.
Ses informations sont donc totalement inconscientes
et touchent directement notre sensibilité
profonde, non verbalisable. Lorsque je dis "
Cette personne, je ne peux pas la sentir ! "
ou, au contraire, " cette autre personne m'est
d'emblée très sympathique ", je
ne sais généralement pas expliciter
pourquoi : nous avons tout simplement " des
atomes crochus " !
Je
soulignerai aussi l'importance de la
verbalisation a posteriori des affects
ressentis, qui seule permet l'enregistrement, "
l'engrammation " cérébrale des
expériences vécues, et donc leur
exploitation ultérieure.
C'est un peu comme lorsque nous avons
terminé un travail sur l'écran de
notre ordinateur : pour en conserver la trace et
pouvoir le retrouver et le poursuivre, il est
indispensable de donner un titre verbal au
document. Le titrage n'est pas le travail, mais un
simple repère. De même,
l'échange verbal n'est pas en soi un travail
thérapeutique, mais un
repérage.
Bien entendu, la parole peut
déclancher une émotion, et donc des
modifications neuronales (poussée de
dendrites et " buissonnement neuronal ", nouvelles
liaisons synaptiques, production de
neurotransmetteurs ou hormones
). Dans ce cas,
on peut dire que " Le Verbe s'est fait chair
" : la parole s'est incarnée et a
produit un effet, potentiellement durable. Mais la
plupart du temps, dans l'expérience
quotidienne, le processus est inverse :
l'émotion vient d'abord, spontanément
; elle n'est conscientisée et
verbalisée que dans
l'après-coup.
En fait, dans notre fonctionnement, tout
est circulaire et systémique
et les interrelations
biologiques, psychologiques et sociales sont
permanentes, et fonctionnent dans les deux sens :
l'appétit me fait saliver
et la salive
aiguise mon appétit ; " lorsque je pense
à Fernande, je b
", dit le
poète
et réciproquement
!
Une caresse ou un massage stimule la
production d'ocytocine
et l'ocytocine
développe mon besoin d'attachement, de
tendresse, de compréhension, de confiance et
d'amour.
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On a récemment
découvert que la
myélinisation des circuits de
liaison orbitaux-frontaux (isolation des
circuits par une gaine de myéline,
comme du " chatterton ") qui permet la
transmission de plus en plus sûre et
rapide de l'information (de 0,5 à
120 mètres à la seconde,
entre le bébé et
l'adolescent) et l'intégration des
informations sur l'état interne de
l'organisme (notre équilibre
physiologique, nos émotions, nos
pensées) et sur son environnement,
et donc une prise de décision
adaptée ;
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cette myélinisation n'est terminée,
en moyenne, qu'aux environs de 25 ans, bien plus
tard qu'on le supposait. Cela explique les
comportements parfois impulsifs des adolescents,
dont les émotions (limbiques) ne sont pas
encore suffisamment contrôlées par le
niveau corticofrontal (conscient et
volontaire).
On rencontre le même type
d'immaturité ou de dysfonctionnement
neuronal chez les autistes, et même chez les
personnalités limites (borderline) : leur
amygdale est hypersensible à tout stress,
tandis que leurs liaisons frontales sont, au
contraire, inhibées - ne permettant pas une
gestion saine de l'humeur et des passages à
l'acte.
La
psychothérapie est-elle une "
chimiothérapie " qui s'ignore
?
Les récents travaux des neurosciences
permettent de réaliser qu'en fait, tout
apprentissage (ou toute psychothérapie)
agit directement sur les circuits synaptiques et
modifie parallèlement la biochimie interne
du cerveau : la production des hormones et des
neurotransmetteurs (tout spécialement la
dopamine, la sérotonine,
l'adrénaline, la noradrénaline, la
mélatonine, les endorphines, la
testostérone, les
strogènes
).
Trois étapes
historiques
-Il y a quelques années encore,
on opposait volontiers la chimiothérapie
et la psychothérapie : les psychiatres
traditionnels souriaient, avec condescendance,
devant les affirmations des psychanalystes et des
psychothérapeutes, et considéraient
leurs méthodes comme des " distractions
mondaines à la mode ". Ils ne faisaient
confiance qu'aux médicaments, dûment
contrôlés par les laboratoires,
après des tests en " double-aveugle " (ni le
prescripteur, ni le patient ne savent quel produit
est utilisé), les comparant à des
placebos.
Après la révolution des
antibiotiques en médecine infectieuse, vint
la révolution des neuroleptiques en
médecine mentale : enfin, on met au point
une série de molécules qui agissent
directement au niveau du cerveau, et modifient le
comportement (tranquillisants,
antidépresseurs, stimulants,
antidélirants ou neuroleptiques). En 1952,
Henri Laborit introduit un nouveau produit
psychotrope (qui se dirige vers le psychisme), le
largactil, qui permet la suppression progressive de
la camisole de force dans les hôpitaux
psychiatriques, la remplaçant par ce qu'on a
appelé (non sans quelque exagération)
" la camisole chimique ".
On sait que la France
détient le triste record du monde
d'utilisation des psychotropes (on en
consomme 3 fois plus que nos pays voisins
: l'Allemagne, l'Angleterre ou l'Italie) :
le Temesta est devenu " l'aspirine de la
psyché ", et un million et demi de
nos concitoyens consomment aujourd'hui du
Prozac. Ces nouveaux médicaments,
pour efficaces qu'ils soient, ne sont pas
dénués d'effets secondaires
regrettables : somnolence, perte
d'initiative, trous de mémoire,
baisse sensible de la libido
voire
même suicide - notamment en cas
d'interruption inopinée d'un
traitement chez un jeune (dont les
circuits frontaux de contrôle sont
encore immatures).
- Dans un second temps, au lieu
d'opposer chimiothérapie et
psychothérapie, on les a
associées : la
psychothérapie permet en effet, de
prolonger et d'élargir l'effet d'un
traitement médicamenteux et d'en
diminuer progressivement le dosage ;
tandis qu'à l'inverse, la
chimiothérapie permet de
préparer, d'accompagner ou de
prolonger une approche psychologique, en
apaisant l'angoisse ou en coupant le
délire.
- Mais voici que nous entrons
aujourd'hui dans une troisième
phase : non plus opposition, ni simple
complémentarité, mais
identité d'un processus à
deux faces : on prend conscience que,
finalement, certaines
psychothérapies sont des
chimiothérapies qui s'ignorent. En
effet, leur action entraîne des
modifications neurophysiologiques et
biochimiques, rapides et durables (on a "
réamorcé la pompe "). Avec
l'avantage majeur qu'elles sont
strictement personnalisées et
dosées spontanément par
l'organisme - et cela, parfois au
milliardième de milligramme
près, tout comme notre organisme
surveille sans cesse le taux du sucre dans
le sang, celui des vitamines ou des
Oméga 3, ou encore du fer ou du
zinc (sans lequel nous n'aurions pas
d'odorat).
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Une biochimie subtile et
personnalisée
Ainsi, par exemple, une injection d'un
milliardième de gramme d'ocytocine
(l'hormone qui fait monter le lait, et qu'on a
baptisée l'hormone de l'attachement - voire
de l'amour) suffit à induire aussitôt
un comportement maternel chez une femelle vierge
(rate ou brebis) . On sait aujourd'hui que cette
ocytocine est produite non seulement lors de
l'accouchement, mais aussi à chaque contact
physique, lors d'un massage, pendant la caresse
d'un bébé, pendant tout
échange de tendresse, ou encore à
l'occasion d'une relation amoureuse.
Aucune administration d'un médicament
externe ne peut prétendre s'adapter aux
variations subtiles et permanentes des dosages
hormonaux de chaque patient : chaque repas, mais
aussi chaque émotion, modifie cet
équilibre. Rappelons, à titre
d'exemple, que tout succès (amoureux,
sportif, social ou intellectuel) peut doubler
instantanément le taux de
testostérone dans le sang ; quant à
un orgasme, il multiplie
par quatre le taux
de la testostérone et des endorphines !
Cette poussée subite de testostérone
explique le comportement - somme toute surprenant -
des joueurs de football qui viennent de marquer un
but, et qui se " sautent " dessus, dans un
élan érotique spontané,
où encore celui des vainqueurs de Formule 1
automobile qui, dans leur excitation sexuelle,
ouvrent une bouteille de Champagne
pour "
l'éjaculer ", au lieu de la boire
!
Rappelons-nous que la même
testostérone gère à la fois
l'agressivité, mais aussi le désir
sexuel - y compris, chez la femme, bien sûr.
C'est donc l'hormone de la conquête, aux deux
sens du terme (conquête amoureuse et
conquête militaire). Ces deux pulsions
fondamentales de vie - et de jeunesse - (survie de
l'individu par la défense agressive du
territoire, et survie de l'espèce, par la
copulation) sont en fait très liées ;
elles se côtoient d'ailleurs dans
l'hypothalamus, séparées simplement
par une zone de quelques millimètres
entre la zone de l'agressivité et celle de
la sexualité : la zone de gestion du plaisir
!
Hérédité
et acquis (génétique et
plasticité)
Il en est de même de l'éternel
faux problème de l'inné et de
l'acquis.
Est-il possible de
développer des aptitudes chez
nous-mêmes ou chez nos enfants, ou de
modifier des comportements ou des ressentis, si
tout est prédéterminé par nos
dispositions héréditaires
?
Malgré toutes les
idéologies démocratiques et fort
sympathiques, il n'est pas contestable que nous
ne naissons pas égaux : il y a des grands
et des petits, des blonds et des bruns, des
Noirs et des Blancs, tout comme il y a des
personnes plus intelligentes et d'autres moins
douées, que ce soit pour les
mathématiques, pour le sport ou la
musique.
Alors,
tout serait-il joué à la naissance
? Heureusement, non ! Nous ne sommes ni
prisonniers de nos gènes
ni libres
pour autant !
En chiffres très arrondis, les
chercheurs considèrent aujourd'hui que notre
caractère peut se répartir en trois
tiers environ. Il apparaît :
o pour 1/3
héréditaire : chromosomes du noyau de
la cellule (notre ADN, hérité
directement de nos parents et ancêtres)
;
o pour 1/3 acquis :
bain culturel, éducation, exercice ou
entraînement, circonstances fortuites
ou psychothérapie ;
o pour 1/3
congénital, c'est-à-dire acquis
pendant la vie intra-utérine ; ainsi, par
exemple, l'embryon est féminin pendant les
premiers jours , et la masculinité est une
lente conquête, hormonale puis
éducative et sociale. En
réalité, la fille n'est pas un
garçon qui a perdu son pénis mais le
garçon est une fille qui a gagné un
pénis. (L'envie de pénis est une
hypothèse non vérifiée par
l'expérience : ainsi, chez les transsexuels,
on trouve aujourd'hui
cinq fois plus d'hommes
désirant devenir une femme, que de femmes
voulant devenir un homme !).
Les parts héréditaire et
congénitale semblent donc importantes :
ainsi, par exemple, chez les vrais jumeaux
garçons (homozygotes), si l'un est
homosexuel, l'autre l'est aussi dans 60 % des cas ;
chez les faux jumeaux
(hétérozygotes), on ne le constate
que dans 30 % des cas, soit deux fois moins
souvent, et dans 6 % seulement de la population
générale.
Pour de nombreuses aptitudes ou
prédispositions - telles que l'intelligence,
le don pour la musique, le sport, et même
l'optimisme - on retrouve ces trois tiers
(héréditaire, acquis in utero, acquis
pendant la vie), dans des proportions
légèrement variables. Ainsi face
à un même événement,
chacun voit " le même verre à
moitié vide ou à moitié plein
"
|
De toute façon, il
ne s'agit que de
prédispositions qui peuvent
être soit
développées, soit
inhibées par
l'éducation (ou par la
psychothérapie) - lesquelles
favorisent ou neutralisent
l'expression des gènes sous
forme de protéines (comme l'a
démontré Eric Kandel -
professeur à
l'université de New York, qui
poursuit ses recherches à 80
ans
comme moi ! - et vient
d'obtenir le Prix Nobel, en l'an
2000).
L'hérédité
n'est donc pas une " fatalité
" !
Il convient de souligner, au
passage, qu'un accroissement de 20 %
seulement transformerait un homme normal
(1,85 m) en géant (2,20 m), ou
encore un bon coureur, en véritable
champion. La psychothérapie peut,
de même, transformer un gros
dépressif
en dépressif
léger !
voire en homme
heureux !
Cette plasticité
fondamentale du
cerveau
se maintient tout au long de la vie,
jusqu'à un âge avancé
: ainsi, on vient encore de confirmer
récemment par des techniques
d'imagerie cérébrale que la
surface du cortex représentant la
main gauche s'élargit
régulièrement chez les
violonistes, pendant que les aires
d'orientation spatiale vont jusqu'à
doubler chez les chauffeurs de taxi
londoniens (Londres est
célèbre pour la
complexité de son trafic). Mais la
plasticité (apprentissage) est
maximale à certaines
périodes clé : in utero, de
12 à 26 mois, à
l'adolescence (de 8 à 12 ans
surtout)....
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Trois
ultimes remarques
o Le nombre de femmes qui consultent (et
aussi qui offrent leurs services en
psychothérapie) est environ 3 fois
supérieur à celui des hommes (qui
hésitent beaucoup à livrer leur
ressenti) ;
o Notons l'intérêt de stimuler
les malades : ils guérissent plus vite
lorsqu'ils sont près d'une fenêtre,
(ouverte sur le monde). De même, il importe
de stimuler les personnes âgées (vous
avez bien compris qu'une retraite passive induit un
vieillissement rapide) ;
o La mode des " nouveaux pères " -
qui langent et caressent leur bébé -
les amène à produire beaucoup plus
d'ocytocine (ce qui les rend plus doux et
sympathiques
mais cela au détriment de
leur agressivité et de leur production de
testostérone, qui peut diminuer de 33 % !).
On assiste d'ailleurs aujourd'hui à une
rapide démasculinisation des hommes, sous
l'action conjuguée de facteurs biologiques,
écologiques, culturels et sociaux. De plus,
la pollution chimique, et notamment l'invasion des
matières plastiques, stimulent les
strogènes . Au total, la production de
spermatozoïdes a chuté de moitié
en 30 ans !
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