DEFINITION DU CONCEPT DE SYSTEME -
ACTE
JL LM, TSG TM http://www.mcxapc.org/ouvrages.php?a=display&ID=48
Le premier paradoxe de la
théorie tient à ce qu'elle est
présumée définir une
méthode de recherche d'un objet qu'on aurait
au préalable, sinon déjà
trouvé, au moins su définir, de telle
façon qu'on puisse le reconnaître
ultérieurement !
Sur ce paradoxe ont achoppé la
plupart des traités : contraints :
d'initialiser le processus par une
définition et une seule, ils inhibent leur
progression ou se contraignent à des
contorsions intellectuelles qui dégradent la
théorie en une collection
d'éphémères recettes.
Convenons à leur décharge que L. von
Bertalanffy lui-même ne les a pas directement
mis en garde, en proposant à l'occasion une
définition du système aussi pauvre
que possible : il semble en premier lieu que la
définition des systèmes comme "
ensemble d'éléments en interaction "
est si générale et si vague qu'on ne
peut pas en tirer grand-chose. Ceci n'est cependant
pas vrai (L. von Bertalanffy, 1968-1973, p. 37).
Hélas ! Car on montrerait sans peine que
cette définition analytique et ensembliste a
fourvoyé bien des chercheurs qui ne
perçurent pas le passage qu'elle autorisait
avec d'autres définitions, au moins aussi
fécondes .
Pour échapper à cette
contradiction formelle, nous avons suivi, quasi
spontanément, un autre itinéraire que
celui de " la définition d'abord " : plus
détourné sans doute, mais
peut-être plus " public ".
En partant de l'histoire d'une
intention, celle de la recherche des
méthodes pour bien conduire sa raison et
donc pour représenter honnêtement le
monde connaissable, nous avons progressivement fait
émerger un paradigme qui s'exprime
correctement par un idéogramme (celui de la
figure 2.5). Il nous est loisible alors de baptiser
Système Général la description
de ce schéma qui a semblé typifier
les articulations essentielles du discours auquel
on se référait. Cette description
(plutôt que cette définition) est sans
doute générale et intentionnelle,
mais son exposé devrait nous suffire
à reconnaître un tel objet artificiel
lorsque nous le rencontrerons : un objet qui, dans
un environnement, doté de finalités,
exerce une activité et voit sa structure
interne évoluer au fil du temps, sans qu'il
perde pourtant son identité unique.
De façon plus triviale, mais
peut-être plus mnémonique :
- quelque chose (n'importe
quoi, présumé identifiable)
- qui dans quelque chose
(environnement)
- pour quelque chose (finalité ou
projet)
- fait quelque chose (activité =
fonctionnement)
- par quelque chose (structure = forme
stable)
- qui se transforme dans le temps
(évolution)
ou encore, en acceptant une
définition passe-partout du mot objet :
Cette définition par
congruence de cinq concepts communément
entendus constitue une construction suffisamment
formalisée pour être communicable et
intelligible. Elle se justifie par sa
généralité (elle est
compatible avec toutes les définitions
usuelles du concept de système) et par son
objectif avoué : fournir un support
explicite à un mode normatif de conception
de modèles de phénomènes
perçus par un observateur (concrets ou
abstraits, tangibles ou intangibles). Elle se
reconnaît directement héritière
d'une pratique scientifique fort
développée depuis le XVIIe
siècle, pour laquelle le mot système
caractérisait un mode de
représentation (un modèle, donc)
général et pourtant spécifique
(image d'enchevêtrements et de combinaisons
multiples) . Il est plus de cent
désignations d'objets ou de
phénomènes fort divers qui
s'introduisent par le préfixe "
système " sans que celui-ci les uniformise :
il révèle quelques traits communs
à tous, confusément perçus,
celui par exemple de leur complexité
présumée. Cette invariance n'est-elle
pas significative ? C'est sans doute par l'examen
des histoires du mot système que l'on
trouvera la plus sérieuse
légitimation de ce concept et de sa
définition contemporaine. Ce sera
précisément en faisant uvre
d'historien des sciences, des philosophies et des
arts et techniques que les systémiciens
contemporains parviendront à rassembler les
traits permanents associés à la
conjonction exceptionnelle que l'on nomme
désormais le système
général.
Idéogramme du SG, repris de MSCx p40
Ci dessous
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