Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

PLAN DU SITE

 

Quelles Maternelles voulons-nous?

 

            <<François Hollande porte son effort en priorité sur le primaire. " j'ai décidé de faire de l'école maternelle et de l'enseignement primaire une priorité de mon action". Il annonce le renforcement de l'encadrement au primaire, inférieur effectivement à la moyenne des pays de l'OCDE. " Je m'engage à ce que le principe dit "de plus d'enseignants que de classes" soit adopté et mis en oeuvre", promet-il. Il créera aussi une obligation d'accueil en maternelle à 3ans et promet une remontée du taux de scolarisation pour les enfants de moins de 3 ans en zone prioritaire.>> Cafepedagogique (9/2/12 )

 

Jusqu'à présent je voyais deux positions sur les maternelles:

             * La première,, qui consiste, semble-t-il , à vouloir remplacer une partie des maternelles par une structure plus économique "Les jardins d'éveil"("Il n'y a pas besoin de bac+5 pour changer les couches"). Même si le souci d'économie est légitime, est-ce sur les maternelles qu'il faut en faire? Que des responsables veuillent faire des économies n'est pas, non plus, une raison suffisante pour rejeter leurs réformes! Et, faire de l'école maternelle une "école comme les autres" (c'est-à-dire où l'on s'instruit),  laisse entendre une représentation de l'enfant comme un "petit homme" sans stades d'évolution et sans besoins propres.

             * La deuxième consiste à dire: les maternelles françaises sont les meilleures du monde: il ne s'agit donc pas de les changer; mais il faut seulement permettre à plus d'enfants de deux ans de pouvoir y être intégrés: c'est là qu'on peut rendre le plus de services aux enfants des milieux défavorisés ou en difficulté. Créons donc de nouvelles maternelles sur le même modèle. Mais c'est ne pas tenir compte suffisamment de l'épuisement de nombre de ses enseignants. Ils n'en peuvent plus de la charge d'enfants de plus en plus difficiles, d'instructions nouvelles et d'évaluations en tout genre.

Aucune de ces deux positions ne me satisfaisait pleinement

             La première, parce que les maternelles ne sont pas le lieu où les économies sont à faire, même si je crois qu'il faut en faire. Il serait préférable de les trouver dans le fonctionement des lycées, comme je l'ai dit par ailleurs

             La deuxième, parce que je pense que les temps ont changé depuis l'époque où les maternelles française étaient un modèle pour les autres pays. On les a, entre autres et malheureusement, obligées à changer en donnant une place plus grande à "l'instruction et à l'évaluation".

 

  Plusieurs considérations seraient à prendre en compte si des changements se faisaient:

             - On admet aujourd'hui (alors que c'est connu depuis longtemps: Freud...) que bien des choses se jouent pour l'enfant avant 4 ou 5 ans, il est donc préférable d'agir dans cette période. Plus tard, (soutiens, rattrapages, aides individualisées....). les chances d'être efficace pour résoudre le problème de ces jeunes sortis du milieu scolaire sans diplôme et en échec sont plus faibles.

             - Le problème qui se pose en maternelle n'est pas directement celui de "connaissances"manquantes" et donc à faire acquérir (même s'il peut apparaître sous la forme d'un vocabulaire insuffisant) mais celui des difficultés relationnelles de certains enfants; je m'explique:

* Les enfants qui arrivent en maternelle ont une compétence plus ou moins grande de contact avec la réalité, avec le monde; certains diront qu'ils sont plus ou moins attentifs, qu'ils sont plus ou moins curieux. Il y a une différence, par exemple, entre un enfant qui dit "je suis un avion et je m'envole vers la lune" et celui qui demande" Pourquoi l'avion ne tombe pas par terre?"...Il est bien évident que plus un enfants a un contact meilleur avec la réalité plus il aura envie d'apprendre et de facilités à le faire car sa relation aux objets disciplinaires (calcul, histoire...) est de même nature que sa relation à la réalité.

             * Les enfants ont une compétence de "modes de relation aux autres" plus ou moins large, c'est-à-dire une capacité à utiliser différents modes de relation ou au contraire une tendance à un "enfermement" dans un mode unique. C'est ainsi que l'on voit des enfants qui ne sont pas capables d'autres relations que celles d'agresser les autres ou de se faire agresser . On ne s'étonnera pas qu'ils soient agressifs également vis-à-vis de l'école, du calcul ou de la maitresse! D'autres ne savent que "fusionner" avec l'autre dans une dépendance entière. Ils travailleront peut-être pour faire plaisir à la maitresse mais sans véritable intérêt pour l'objet d'étude.

             Plus un enfant sait diversifier ses modes de relation, plus il est "socialisable" car, sachant s'adapter aux autres enfants, il s'intègrera facilement dans une classe puis dans la vie. De plus il saura "travailler en équipe" si les enseignants de l'école montrent eux-mêmes l'exemple d'un travail en équipe

Exclu à 3 ans…

 <<En Angleterre, près de 300 enfants de 3 ans ont été exclus au moins temporairement de leur école pour agression, révèle le parti conservateur. Au total c'est plus de 4 000 enfants de moins de 6 ans qui ont connu des exclusions pour agression sur un enfant ou un adulte. Les conservateurs demandent plus de pouvoir et d'autorité chez les professeurs pour mater ces trublions.>> Cafépedagogique

<            <Il est légitime de savoir constater les difficultés croissantes et graves de maîtrise de la lecture et de l’écriture chez les jeunes. Car savoir mettre les mots, c’est nous permettre d’apprivoiser la vie, c’est ce qui fait qu’elle est vivable. Ne pas pouvoir le faire est donc grave. Mais si la réponse donnée à ce problème est de proposer un apprentissage de la lecture et de l’écriture plus tôt, à l’école maternelle, c’est une erreur majeure.>>"C’est un assassinat de l’école maternelle", Catherine Dolto-Tolitch.

             * Les enfants qui nous arrivent sont plus ou moins "angoissés", cela se traduit, entre autres, par de l'agitation, de l'instabilité, ce que certains appellent "de l'hyperactivité" ou au contraire un apparent "enfermement" dans un silence qui désarçonne bien des enseignants. L'angoisse peut être parfois une bonne chose et un stimulant pour apprendre (voir Jean Pierre) mais il ne faut pas qu'elle soit trop grande. Cependant un enfant angoissé qui travaille dans une ambiance calme et structurante peut apprendre ( voir "La peur d'apprendre".)

 

On voit que les objectifs de l'école maternelle pourraient être :

             - développer la capacité de contact de l'enfant avec la réalité, en particulier en lui apprenant à supporter la "frustration" (car la réalité est frustrante!) . L'enseignant doit savoir frustrer l'enfant dans ses désirs d'immédiateté et du "tout avoir": il doit le faire en fonction de chaque enfant et suivant son état. Une frustration trop importante renferme l'enfant, une trop faible l'empèche de grandir. D'où la difficulté du métier d'enseignant!

 

             - développer les divers modes de relations de l'enfant dans le groupe par le jeu, la création de situations diverses qui stimulent l'enfant et lui permettent de vivre des relations de modes différents; et par la relation individuelle que l'enseignant établit avec lui.( Voir: Le jeu à l’école maternelle Anne-Marie DOLY). Ne pas répondre à son agressivité par de l'agressivité, savoir manifester des émotions, de la tendresse, de la colère pour lui faire connaître des régistres de relation auxquelles il pourra faire appel par la suite.

             <<Bien que nous ne voulions nullement minimiser l'importance des relations précoces pour le développement ultérieur (voir tout particulièrement les chapitres 1, 2 et 3 ci-après), notre idée était que ce livre devait reconnaître à sa juste valeur l'importance de la scolarité et le potentiel «thérapeutique» de la relation entre l'élève et son professeur. L'enseignant n'est pas un «thérapeute» – ce n'est d'ailleurs pas son rôle –, mais sa relation aux enfants qu'il a en charge contient un potentiel réparateur et développemental immense.>> La relation d'apprentissage

             - l'apprentissage de la "mise en mot" des sentiments vécus par l'enfant dans les diverses circonstances de la classe,avec l'aide des autres enfants et du maître (par exemple, à l'occasion de la description de situations vécues dans les jeux). Ce sera pour lui l'occasion de construire un vocabulaire plus riche et dont le sens restera attaché à du vécu.

             -de le faire vivre dans un climat de sécurité, de confiance en soi et dans les autres, propice à calmer en partie son angoisse, en évitant en particulier ce qui est évaluation anxiogène pour lui et pour ses parents (ce qui renforce l'angoisse de l'enfant!) (Voir: l'école maternelle, fonction paternelle?)

             Bien sûr, tout cela peut se faire avec des travaux "scolaires" classiques d'écriture ou de lecture, mais en leur donnant une position d' "objets intermédiaires". L'important est alors de savoir où l'enseignant mettra l'accent, sur la connaissance ou sur la relation? sur l'évaluation du savoir ou sur l'enrichissement de la relation? Cela demande une conscience de ce qui se passe entre l'enfant et l'adute et une capacité à garder une certaine distance par rapport à ses propres sentiments.

             C'est ce travail qui offrira à l'enfant une possibilité plus grande de "construction de connaissances" avec entre autres un développement du vocabulaire indispensable au développement de l'enfant.

             Car ce qu'on oublie trop souvent, c'est que le mode de relation que l'enfant s'est construit avec ses parents, les objets, ses camarades, ses enseignants sera son mode de "relation d'apprentissage".

             Des enseignants de maternelle font déjà ce travail, soit parce qu'ils se sont formés (à leurs frais!), soit intuitivement par la mise en place d'un cadre dans leur classe, les jeux qu'ils organisent. Mais ils sont souvent gênés par la rigidité des programmes. Ne serait-il pas préférable que ces objectifs soient clairement dits et que la formation s'en suive afin que les enseignants puissent être fiers du rôle qu'ils ont dans le développement de la personne de l'enfant, futur élève?

 

Mais évidemment il faudrait:

1) que les classes de maternelle ne dépassent pas 15 enfants ( nombre maximum d'un petit groupe au sens psychosociologique). Car c'est dans le cadre d'un "petit groupe" qu'un travail approfondi sur les relations peut se faire.

2) que la formation des enseignants de maternelle soit repensée (la licence de maths par exemple ne me paraissant pas suffisante, non pour "changer les couches"(!) mais pour assurer les objectifs proposés plus haut. Un bac+5 pour les enseignants de maternelle se justifie par la complexité du travail sur les relations, mais pas le bac+5 actuel! Ceci ne peut se faire que progressivement et en attendant il faudrait miser sur une véritable formation continue pour les enseignants en poste actuellement. Le "cahier des charges pour une formation des enseignants des écoles maternelles" est, peut être, un premier pas dans cette direction puisqu'il parle d' "une formation pédagogique poussée : connaissance des mécanismes d'apprentissage du langage par exemple, des phases du développement psychologique et physiologique de l'enfant jusqu'à 6 ans". (Voir: Cafépédagogique)

 

En ne voulant maintenir qu'un statu quo, le risque est de:

             - développer dans l'opinion publique l'idée de l'inutilité d'un bac+5 de maths ou d'histoire pour les maternelles. Les "jardins d'éveil " dont les meilleurs resembleront, peut être, aux "Maisons vertes de Françoise Dolto", seront alors une "structure intermédiaire originale" entre la créche et l'école maternelle. Pour les autres il s'agira d'une garderie animée par des personnes de bonne volonté mais sans formation appropriée. Car là se situe l'acceptation ou non de cette nouvelle structure. Par qui seront-elles animées? Quelle formation auront reçu les personnes y intervenant?

             - de transformer le travail relationnel des enseignants de maternelle en une orientation vers la médicalisation des "cas graves" repérés dans les classes pour les confier à des "spécialistes" .

             L'enfant indocile, l'enfant turbulent, l'enfant triste, à en lire le dernier rapport de l'INSERM et les projets en cours pour le dépistage des troubles de santé mentale à l'école, entrera bientôt dans la catégorie de l'enfant à risque du trouble des conduites. L'enfant maladroit deviendra un porteur de T.A.C (trouble de l'acquisition de la coordination). Dans cette logique, toute difficulté de l'enfant devant un apprentissage sera le signal d'alarme d'un risque de trouble ou le signe d'un échec, d'une compétence non acquise. Si la difficulté insiste, elle deviendra un dysfonctionnement cognitif ou comportemental à classer dans une catégorie nominative existante ou sera l'objet d'une nouvelle catégorie. Ainsi les premiers tâtonnements et les heurts de l'enfant au mur du réel de la lettre, manifestations d'une tentative d'élaboration d'un symptôme, seront traités du côté du risque des troubles spécifiques du langage oral et écrit. Le dysfonctionnement diagnostiqué a tendance aujourd'hui à être nommé handicap, condamnant ainsi une relecture possible, pour privilégier une rééducation et des aménagements pédagogiques. L'enfant prévenu Doris Peronny

             <<l'école maternelle française qui est présentée (Dans le numéro 53 de la Revue internationale d'éducation de Sèvres), par Gilles Brougère sous un éclairage international qui est tout à fait original. Il la voit comme "une exception française", bien à l'abri des débats internationaux qui agitent les autres préscolaires. L'école maternelle est une école qui "s'appuie sur la dévalorisation des autres espaces d'apprentissage". Elle initie le basculement de chaque enfant dans la culture scolaire, ce qui est un trait proprement national. Pour G Brougère ce qui caractérise cette culture scolaire c'est à la fois le rejet de la diversité des autres cultures (par exemple la culture familiale) et le fait qu'elle soit "centrée sur l'enseignant et non sur l'enfant". En ce sens ce svaleurs sont "oppressives", voire "rhétoriques" et il invite à "déscolariser" la maternelle avant que d'autres la fassent disparaître à travers les "jardins d'éveil">>. Voir Cafépédagogique

 

  On peut voir également différentes opinions:

 

LA NOTION D'EXPLOIT DANS LA PETITE ENFANCE (Pdf)

Dossier sur l'école maternelle du cafépédagogique

La maternelle : une école à défendre et conforter (SGEN)

Quel avenir pour l'école maternelle? (UNSA)

Pourquoi les enfants pauvres réussissent-ils moins bien à l'école?

Vos  Réactions

Adresse mail facultative

Commentaire

Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur