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DU SITE

La peur d'apprendre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qu'est-ce qu'apprendre?

Ce n'est pas comme on le pense parfois: "enregistrer" des connaissances ou "absorber" des connaissances.

C'est une action

ou plutôt une interaction de l'apprenant avec la réalité extérieure à lui, inconnue.

Cela demande

- d'accepter de rencontrer des règles, des limites (règles de grammaires, de maths..)

- de se confronter avec ses insuffisances, ses manques (on ne sait pas tout) et de passer par des incertitudes, des tâtonnements (des essais, erreurs)

- donc d'accepter d'abandonner ses certitudes ( même pour des adultes ce n'est pas toujours facile!)

- c'est pouvoir intégrer un groupe sans en être le "chef", être comparé, jugé.

- c'est accepter de recevoir des réponses des autres, des autres présents (le professeur) et de ceux du passé (le savoir accumulé par les générations).

c'est en quelque sorte être capable de se soumettre.

Certain garçons vivent même cela comme une position féminine:

<<je suis pas une gonzesse; c'est pour les meufs>>

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela fait peur à certains

Cette peur va se traduire par

* une instabilité continuelle; une impression d'inattention, de dispersion

* une intolérance à la frustration: on veut "tout, tout de suite"

* un refus de s'identifier à celui qui sait et le désir, au contraire, de l'agresser

* un besoin de fuite devant tout travail intellectuel (pour cela on répond n'importe quoi pour se débarrasser et fuir la question; on répond "mécaniquement" sans réfléchir, surtout.

En effet, le travail intellectuel, la réflexion oblige à se pencher sur "son intérieur" (son psychisme).

Or le désordre extérieur du jeune n'est que le reflet de son désordre interne qui lui fait peur.
D'où également son impossibilité d'exprimer des sentiments (internes); il reste dans le descriptif ou l'agression.

Demander d'apprendre à un jeune en difficulté c'est lui demander de se pencher sur

son chaos intérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le refus d'apprendre

est le signe d'une grande angoisse

Habituellement, réfléchir, créer, c'est partir d'images internes reliées à des "noeuds cognitivo-émotionnels" puis progressivement en détacher la forme cognitive pour en faire un concept (abstraction)

Autrement dit on va de l'image au cognitif en desserrant le noeud de l'interaction cognitivo-émotionnelle.

Image ----> Cognitif

Pour le jeune en difficulté le processus s' inverse; il va du cognitif à des images dangereuses en resserrant le noeud cognitivo-émotionnel.

(le cognitif=réfléchir=se pencher sur son psychisme=faire face au chaos interne=affronter des images angoissantes=peur)

Cognitif ----> Images dangereuses

C'est-à-dire que toute question intellectuelle le renvoie à des images internes dangereuses

qui le font fuir pour ne pas être confronté à ce danger

 

 

  

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
L'apprentissage de l'école n'est pas premier,

il dépend de ce qui s'est construit dans l'intérieur du sujet (son psychisme) durant son histoire personnelle.

Il n'y a pas de théorie de l'apprentissage sans théorie de ce qu'est le psychisme et de sa construction.

Or le désir de savoir s'est construit à partir d'énigmes dont l'enfant cherche la solution:

énigmes liées à son origine, à la différence des sexes, à la relation entre son père et sa mère, etc...énigmes dont il donne des solutions fantasmatiques plus ou moins angoissantes qui vont infiltrer ensuite tous ses autres savoirs.

On a alors les processus:

vouloir savoir--->plaisir--->culpabilité

ou encore:

absence de savoir--->frustration--->agressivité--->angoisse

 

On trouve des restes de ces fantasmes dans le langage de tout le monde:

(oralité): "avoir soif de connaissances", "se nourrir de cette conférence", "recracher ses connaissances", "avoir une indigestion du cours", "dévorer un livre"...

ou bien:

(analité): "pisser de la copie", "torcher sa copie", "rendre un torchon", "se faire chier au cours"...

On trouve des restes de ces fantasmes également chez des bons élèves: (voir exemples)

 Voir des illustrations d'infiltration de fantasmes dans les savoirs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors que faire?

Diminuer les causes d'angoisse

Tout ce qui peut être stressant: jugement, comparaison etc... est à manier avec prudence

 

Mettre en place des cadres

* cadre dans la classe: l'ordre (structuration) externe peut aider à mettre de l'ordre (structuration) à l'intérieur du jeune.

* cadre de réflexion: comme le cognitif ne peut directement jouer ce rôle, il sera nécessaire de passer par des "objets intermédiaires" autrement dit d'utiliser une médiation.

Ces objets devront avoir

- un côté fantasmatique pour rentrer en résonance (et donc motiver) avec les peurs du jeune,

- un coté structurant, culturel, pour contenir, apprivoiser ces peurs.

 

Serge Boimare propose de passer par les mythes qui permettent de structurer les fantasmes donc les peurs.

Agnès Chavanon raconte elle-même des histoires avant de demander aux adolescents d'en raconter à leur tour. (Revue: Culture en mouvement n°34)

On peut sans doute également trouver d'autres objets intermédiaires: le dessin, la peinture, la danse, le théâtre,...

 

L'attitude de l'enseignant

 Ces élèves en difficulté poussent l'enseignant au découragement, ils provoquent un sentiment d'impuissance, de culpabilité et parfois de haine.

Serge Boimare définit l'attitude nécessaire de l'enseignant vis-à-vis de ces jeunes de la façon suivante:

<<J'ajouterais même qu'ici nous touchons à la qualité essentielle, primordiale du pédagogue qui travaille avec ces enfants. Je la résumerai ainsi: avoir la disponibilité psychique suffisante pour réussir à répondre à toutes ces demandes d'aides perverties par la quête affective et la provocation, sans rompre le dialogue, sans se sentir blessé, sans devenir sadique, sans se laisser manipuler, sans sombrer dans la démagogie ou, le laisser-faire>>p.14

Il dit que pour y arriver il est nécessaire de mener

<<une réflexion sur le type de réponse que l'on donne à ces enfants en fonction de sa personnalité, de son passé éducatif et de ses projets pédagogiques. L'idéal pour mener cette réflexion est sans doute le groupe style Balint animé par un spécialiste des relations humaines, qui a aussi une expérience de l'enseignement>> p.14

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  


                  
                  
 

 

 

Cette page est faite avec l'aide de:
L'enfant et la peur d'apprendre

Serge BOIMARE

Édition DUNOD (1999)

Forme et formation du rapport au savoir

Nicole Mosconi, Jacky Beillerot, Claudine Blanchard-Laville

Édition L'Harmattan (2000)

La relation de savoir

(Contribution psychanalytique)

Pierre Gaillard

Thèse de Doctorat Psychopathologie fondamentale et psychanalyse

Paris VII (1995) sous la direction du Professeur Pierre Fedida

<Réactions:

<< Je viens de commander le livre de S. Boimare et j’espère y trouver des réponse et une aide pour mon fils. Je le retrouve dans votre article... C’est difficile d’être témoin de la peur d’apprendre, la peur de se tromper, ne pas faire pour ne pas mal faire... Nous mettons des choses en place et avons l’impression d’être souvent à côté !>>

<<Un dossier simplement condensé à l’essentiel, efficace, qui permet d’appréhender le problème concrètement! Un peu d’analyse transactionnelle pour la communication et le pédagogue à de quoi travailler efficacement... Merci beaucoup. Laurent>>

<<Bonjour, je suis sans voix, j ai 46 ans, et j ai l impression que vous parlez de moi. Je n ai à ce jour pu me réaliser. C est en cherchant à comprendre pourquoi je suis comme ça, que je suis tombée sur votre site. Je ne sais pas s il est trop tard pour moi. Intérieurement je me suis toujours traiter d idiote, de bête, incapable de comprendre et d apprendre, à tenter de faire bonne figure... Merci, pour votre étude, c est un début de compréhension pour moi. Cordialement, Malika.>>

<<en savoir un peu plus monsieu serge et c est quoi pour vous la dyslexie .c est la peur d apprendre ou un probleme mental>>

<<Je vais faire travailler mes élèves de troisième sur ce dossier très bien construit qui parait si clair. Merci pour votre contribution.>>

<<Quand je lis ce texte, je me retrouve dans ma classe de CP/Ce1, avec un de mes élèves. J'ai installé dès la rentrée un coin peinture, pensant qu'il serait utile pour ce genre de situation. Quand l'atelier fonctionne, je sens effectivement des tensions qui diminuent. Malheureusement, je me retrouve alors devant ma peur de "mal faire". Ainsi, même si je suis intimement convaincue de l'intérêt de cet espace, je ne sais pas le justifier vis-à vis de l'institution ou des parents, qui désirent plus que tout que leurs enfants "travaillent"...

Du coup, l'atelier est très peu ouvert et je ne suis satisfaite ni des temps où il fonctionne ni des temps où il ne fonctionne pas ! Je suis toute nouvelle dans la profession et je vois poindre là un questionnement sur les limites de mon métier, de ce que je suis sensée y pratiquer et sur la place que je dois tenir. Quant à la disponibilité psychique, il y a beaucoup de moments où le nombre de sollicitations et les impératifs de la classe (en tant que groupe, lieu, temps, réalité institutionnelle...)font qu'elle n'est pas au rendez-vous ! >> Cécile 2/07

<<Bonjour, Merci pour cette page qui donne des clées de réflexions et rassure aussi un peu. Je suis T2, j'ai une CLIS avec des enfants parfois violents et qui ont effectivement "peur d'aprendre", je voudrais travailler sur les mythes, pouvez-vous me donner des référence bibliographiques de mythes racontés aux enfants ? Merci encore>> Marie 9/06

<<Ills (les enseignants) découvrent ainsi que les comportements "d'automath" de leurs élèves ne sont souvent qu'une réaction de défense devant la peur de paraître stupide, car quoi de plus humiliant que de donner l'impression de ne rien comprendre à ce qui "est" logique, puisque la compréhension des mathématiques est abusivement identifiée à "l'intelligence".>> Lettre des Directeurs d' I.R.E.M à Jack Lang, 12/11/2000.

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