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INTERDISCIPLINARITÉ, CLASSES HÉTÉROGÈNES

 

On reparle d'interdisciplinarité avec, en particulier, les TPE (travaux personnels encadrés); on parle aussi de mettre fin à l'hétérogénéité des classes; peut-être de rétablir des "filières"? Quel est le sens de tout cela? Les enseignants accueillent ces changements avec plaisir ou déplaisir (le plus souvent avec déplaisir!): cela facilite ou non le travail. Un changement de plus! Mais peut-on donner un sens à tout cela? dépasser le parti pris, voir ce qui se joue derrière ces changements apparemment incohérents ?

 

L'interdisciplinarité? Les savoirs changent bien sûr, mais ne sommes-nous pas avant tout "enseignants d'une discipline"? Nous aimons nous retrouver avec des enseignants de la même discipline pour échanger nos expériences, parler de nos découvertes, de notre savoir commun. L'interdisciplinarité nous oblige à sortir de ce savoir, de ce qui est connu pour aller vers le différent, l'inconnu, l'autre. Cela nous oblige à travailler avec des enseignants appartenant à d'autres disciplines, des enseignants différents, dont les préoccupations, les modes de penser, les méthodologies, les motivations nous surprennent parfois.

L'hétérogénéité des classes, cela nous pose problème. Nous ne pouvons pas aller à la même vitesse avec certains élèves qu'avec d'autres. Il n'est pas possible de faire les mêmes exercices avec tous, les mêmes devoirs. Nous sommes confrontés à des élèves tellement différents que nous ne pouvons pas réagir de la même façon avec tous.

Dans un cas comme dans l'autre il y a confrontation

au même et au différent.

 

Le même nous plaît dans le cas où il nous renvoie en miroir une image favorable de nous-mêmes. Qu'il est agréable d'avoir de "bons" élèves pour en conclure qu'à nos yeux et aux yeux des autres nous sommes un "bon" prof. Le "même" nous permet des échanges, presque d'égal à égal. Il nous est nécessaire pour nous retrouver, nous conforter.

Le différent nous enrichit, il nous fait connaître quelque chose d'autre, de nouveau, d'inconnu,

mais il est inquiétant parfois par son étrangeté, par les difficultés qu'il y a à l'aborder.

Autrement dit, nous avons besoin des deux:

du même et du différent.

De la même façon que nous avons besoin de relations avec des personnes des deux sexes (le même et le différent) sous des formes variées (amitié, amour, etc.) de la même façon l'école doit pouvoir permettre de rencontrer le même et le différent;

Les deux sont indispensables.

Des moments d'interdisciplinarité sont aussi utiles que des moments où l'on étudie une discipline en particulier. Les uns montrent les relations, les interactions entre différents éléments, les autres permettent d'approfondir de façon cohérente une question.

Des temps en groupes homogènes sont aussi utiles que des temps en groupes hétérogènes. Les premiers permettent l'approfondissement; les autres la rencontre de la différence.

 

Ce qui peut apporte cette richesse,

c'est le travail en groupe.

La classe ne peux plus être l'élément indivisible.

Groupe de TPE sur un thème donné où il y a motivation grâce au choix.

Groupe homogène disciplinaire pour approfondir un point ou pour "rattraper" une question.

Groupe hétérogène disciplinaire où les "bons" expliqueront aux "moins bons", les uns apprenant à expliquer (ce qui est utile dans la vie et dans bien des professions), ou s'apercevant en expliquant qu'ils n'ont peut être pas si bien compris que cela; les autres apprenant à poser des questions (plus facilement qu'avec le prof.) et bénéficiant d'un soutien.

Là encore l'instruction sera liée à l'éducation

(voir: Instruire et/ou Éduquer)

car la rencontre du même et du différent, l'acceptation de l'un et de l'autre, l'apprentissage à trouver de l'intérêt dans l'un comme dans l'autre sera formatrice de la citoyenneté.

Qu'il s'agisse de lutte contre le racisme, de lutte contre l'antisémitisme,

d'acceptation des élèves de cultures différentes (voir: Mieux comprendre nos élèves maghrébins),

de construction européenne (comment s'entendre avec l'étranger, le différent...),

dans tous les cas il s'agit d'une capacité à accepter la différence de l'autre sans renoncer à l'intérêt et à la légitimité du même.

Bien sûr tout cela peut paraître bien loin des T.P.E. ou des problèmes que nous nous posons devant nos classes hétérogènes, mais un enseignant (bac +5!) ne doit-il pas prendre un peu de distance par rapport à sa vie de tous les jours, à ses habitudes s'il veut participer à ce travail si important de construction de la personnalité de ses élèves, à la construction de l'école de demain?

<<La "coupure didactique" instaurée par Descartes, qui a isolé notamment l'âme du corps ou encore l'homme de l'animal, a permis de construire l'objet de science, nous explique Boris Cyrulnik, dans un entretien avec Edgar Morin sur France-Culture, en septembre 1995, mais aujourd'hui, poursuit-il, ce « cadeau » des objets partiels Cf. L'émission "A voix nue du 10 septembre 1995".aurait comme des effets maléfiques pour un Occident devenu « fragmenteur ». Aussi, il nous intime le devoir de relier, de réintégrer, après avoir découpé pour penser. Il s'agirait ainsi de revoir en conjonction ce qui a été disjoint, de faire la navette entre des savoirs compartimentés. Et pour cela, « nous ne pouvons plus penser seul », ajoute-t'il. Cyrulnik nous propose alors d'associer des gens de disciplines différentes pour éclairer un même objet d'études, tout en demandant à chacun de « rester lui même ». Il ne s'agit pas de refaire l'ONU, renchérit ironiquement Edgar Morin, pour aboutir à un « galimatias théorique » ou à un « oecuménisme des genres », mais par un long commerce, il s'agit que les chercheurs apprennent à dialoguer pour faire en sorte de faire communiquer les disciplines et d'inventer de nouveaux liens.>>

Tiré du livre: "Variations sur une leçon de mathématiques" sous la direction de Claudine BLANCHARD-LAVILLE

 

Réflexions de Mme Geneviève BERGER qui a été nommée à la tête du C.N.R.S.:

<<J'imagine un C.N.R.S. matriciel, avec des champs disciplinaires solides et des transversales interdisciplinaires. Déjà il y a une évolution dans ce sens, notamment chez les jeunes chercheurs. Mais il faut aller plus loin. L'interdisciplinarité doit faire partie de la culture de l'organisme, devenir un état d'esprit et être valorisée.>> (Le Monde 6/9/00)

Complément:

Voir le livre:

"RELIER les CONNAISSANCES (Le défi du XXI siécle)"

sous la direction de Edgard MORIN Ed. Seuil (1999)

Sur l'interdisciplinarité par Edgard MORIN

Une bibliographie sur les T.P.E.

La pensée de Luc Ferry

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Réactions:

<<Merci pour votre tutorial. Je suis professeur de cuisine. J'ai mon mémoire de titularisation sur l'interdisciplinarité entre les professeurs de l'enseignement général et les professeur de cuisine. Votre tutorial me permet de demarer. Cependant j'ai du mal a trouver la diference en inter pluri multi displinaire, co animation. Si jamais vous avez des liens je suis preneur merci d'avance>>

<<Ton éditorial m'a éclairé, car pour moi l'interdisciplinarité était synonyme de "tout différent". Je risquai de me perdre dans un tout où je n'aurai plus de repères, où je ne me retrouverai plus. Avoir SA classe, SES élèves, SA relation propre avec SA classe, SA matière, SES méthodes,... tout cela est sécurisant: on est seul avec soi-même... SE, SA, SES: adjectifs... possessifs!Se confronter aux autres: - c'est dangereux: je risque de me faire juger - c'est perdre ma sécurité affective - c'est déroutant: je risque d'être déposséder d'une partie de moi-même - c'est fatigant! On en passe du temps! - c'est l'incertitude: et pour quels résultats? car finalement, ce que je fais n'est pas si mal! pourquoi me compliquer la vie? D'ailleurs, on a toujours fait ainsi! quand je repense à mes professeurs, etc...>> (Jean Paul)

<<...à propos des échanges bons/moins bons à l'intérieur d'une classe: elle se fait très difficilement: une école le proclamait comme mode de fonctionnement et marchait par toute petite classe à l'intérieur desquels il y avait des binomes d'élèves. Ces binomes changeant suivant l'évolution des élèves et chaque élève pouvait (devait?) avoir le double rôle "expliqué" et "expliquant"... ça s'est plutot (très?) mal passé: certains élèves ne supportaient pas qu'un de leurs "égaux" leur explique quelque chose tandis que d'autres insultaient presque (voir vraiment) l'élève qui ne comprenait pas ce qu'on lui expliquait...>> (Muriel)

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