PLAN
DU SITE
|
Représentation
de la Loi
chez des jeunes
et des chefs d'ebtreprise
Dans
ce chapitre, sont regroupées les
représentations de
l'autorité, c'est-à-dire
- les représentations que les
jeunes ont d'un patron- et comment les
chefs d'entreprise se représentent
leurs fonctions d'autorité et ce
qu'ils attendent des jeunes.
On peut se poser la question des
différence et des ressemblances
avec les représentations des
élèves et des
enseignants?
Puis seront rassemblées
les représentations du
cadre,
c'est-à-dire: - les
représentations que les jeunes ont
d'un cadre, de règles sociales et
professionnelles, et - les
représentations que les chefs
d'entreprise ont du respect de ce
cadre.
|
|
|
L'AUTORITE:
LES
REPRESENTATIONS DES
JEUNES
Pour certains jeunes, le
patron est un copain :
"... un patron, moi je le
respecte, je me mets en confiance en lui et si par
exemple on parle bien et tout, ça devient un
copain, y me paye un p'tit coup, la tournée
quoi. C'est bien si ça devient un copain,
mais en le respectant, la gentillesse et
tout...".
un copain qui est
compréhensif :
"...admettons, si c'est un
patron jeune ou un vieux par exemple, le jeune y me
comprendra mieux que le vieux..."
" ... les patrons, y sont
gentils, y sont cool avec toi ... y comprennent si
on explique les problèmes..."
Inversement, pour
d'autres jeunes, le patron est un ennemi
:
"..c'est un ennemi, je lui
dis bonjour, au revoir, et on parle pas, c'est
tout. Je lui adresse la parole pour ça,c'est
tout.. La plupart, c'est tous des cons, des
guignols..."
qui peut être
méchant:
"... ouais, parce que moi
comme j'étais avec un patron méchant,
c'était ça.. le fait de voir le
patron..."
et, de plus, un
faux-jeton;
"...le patron, y fait
semblant de m'aimer. Derrière mon dos, y dit
celle-là, elle fait mal son boulot, et
devant moi, tu fais bien le
boulot..."
qui peut devenir un
envieux:
"...y supportait pas que
j'étais devenu meilleur que lui, y
m'apprenait rien, y me
critiquait..."
Il est celui qui est
tout-puissant ; en effet, il
commande;
"... il est là pour
commander et donner du boulot..."
"normalement, une
entreprise, elle a toujours un
patron..."
"...ben..un patron y.. di
... y digère (sic : dirige) son entreprise
déjà... il sanctionne" "...le patron
sert à nous surveiller..."
"... il m'a viré
comme indiscipliné .. y voulait me frapper
... il a levé la main... ... après, y
va me renvoyer direct..."
il se met en
colère:
"...y va dire qu'est-ce
que t'as foutu encore..."
"...y va se mettre en
colère si y voit ses ouvriers en train de
buller..."
"...j'aime pas qu'on me
fasse des remarques, moi c'est les compliments que
j'accepte, pas les remarques..."
en
définitive, il fait peur:
"...j'avais un peu le trac
d'aller le voir dans son bureau
même..."
"... c'est la
réaction du patron qui me fait peur...
"
"...j'ai peur si je
réponds mal ou si je suis pas correcte avec
lui..."
On
peut constater par ces différents
exemples que les représentations
sont essentiellement d'ordre affectif
.
|
|
L'AUTORITE:
LES
REPRESENTATIONS DES CHEFS
D'ENTREPRISE
Pour certains chefs
d'entreprise, les jeunes ont des difficultés
avec l'autorité
" ... on rencontre souvent
des problèmes d'autorité, ils
n'acceptent pas les consignes. On est obligé
d'être directif pour faire comprendre la
méthodologie, le cadre. A partir du moment
où il y a assimilation, on peut alors
laisser une ouverture au jeune pour s'exprimer,
c'est alors un mode de relation différent
qui peut s'installer. Les jeunes qui n'ont pas
réglé les problèmes
d'autorité dans leur milieu familial
n'acceptent pas la première étape.
Ils se bloquent, ils partent. L'étape de
l'assimilation de nos méthodes est capitale-
pour ne pas tomber dans l'erreur, nous avons des
impératifs
économiques..."
Ils
apprécient ceux qui savent où sont
les limites :
" ... j'apprécie
les jeunes qui ont de la personnalité, qui
ne vont pas subir l'influence des autres, qui
savent où sont les limites...
"
D'autres chefs
d'entreprise ont l'impression que les jeunes leur
sont hostiles
"pendant l'entretien, je
l'ai ressentie sur la défensive, comme si
elle entendait mes questions comme des
pièges..."
" ... elle donne
l'impression de craindre quelque
chose..."
Les
représentations portent
essentiellement sur la recherche
d'efficacité.
On
notera cependant des points communs car
les représentations du patron
ennemi sont également ressenties
par les chefs d'entreprise
|
|
LA
REPRESENTATION DES CHAMPS SEMANTIQUES:
L'AUTORITÉ
|
Les
représentations des jeunes illustrant les
vécus actuels
|
Les
représentaions des chefs d'entreprise
illustrant leurs exigences
|
copain / gentillesse /
confiance / gentil / comprendre / cool / ennemi /
con / guignol / semblantd'aimer / supporte pas
critique / surveiller / colère /
sévère / s'énerve / peur /
trac
|
consigne / directif /
méthodologie / cadre / assimilation /
méthodes / capitale / pas tomber dans
l'erreur / impératifs économiques /
personnalité / pas subir / savoir les
limites
|
Il est
vraisemblable que cette distorsion des
représentations provoque des
difficultés dans l'insertion des jeunes. Les
efforts de ces derniers risquent, dans le contexte
de l'entreprise, de porter sur la recherche d'une
relation affective en décalage avec la
demande d'efficacité de la part des
professionnels. Des comportements de fuite de la
part des jeunes sont à craindre si leur
besoin de reconnaissance affective n'est pas
satisfaite.
|
LE
CADRE:
LES
REPRÉSENTATIONS DES
JEUNES
|
Pour beaucoup de jeunes,
le cadre se définit en termes d'horaires
à respecter
"...faut
être à l'heure, toujours à
l'heure..."
"...il y a plusieurs
règlements, être à l'heure au
boulot, quitter à la même heure, pas
arriver en retard d'une heure..."
"... ah oui ! y faut pas
arriver en retard, voilà, c'est ça
qui z'aiment pas les patrons ... faut arriver
à l'heure pile, ce serait mieux-j'aime bien
arriver à l'heure pile..."
horaires qui
s'assouplissent en cas de retard :
"...les bons ouvriers,
déjà d'une, faut pas qui soivent en
retard. Admettons, si ils commencent à 8
heures et qui z'arrivent à 9 heures, c'est
un retard..."
"...les petits retards, si
c'est un bon patron, y dira rien..."
"... si vous commencez
à 14 heures, faut pas venir à 14
heures 30... "
ou qui se
rigidifient concernant l'heure de
départ:
"... je faisais mes 20
heures, je quittais à
l'heure..."
Le cadre a un
caractère d'obligation-:
"...faut être-faut
pas .... on a pas le droit ... on peut pas-c'est
obligé .. ça se fait pas...
"
et implique la
recherche de justifications :
"...si y a une bonne
excuse, normalement y dira rien..
" ... moi, je
téléphone au patron et je dis
excusez-moi, je peux pas venir cet après
midi parce que y a mon père qu'est malade, y
a personne chez moi qui va le garder" "...
imaginons que j'aime pas ce boulot, que j'ai pas
envie d'y aller, je trouverais une bonne excuse, je
dirais que je suis malade, j'ai une grippe, j'ai
mal à la tête-je sais pas, ou je vais
à l'hôpital..."
il fournit des
occasions de revendications
"... c'est pas normal, pas
de pause, surtout pour nous les femmes parce que
des fois on est obligées... "
"...si j'ai pas de pause,
j'arrêterai de travailler quand même,
je prendrai une pause moi-même, sans rien lui
dire, un quart d'heure..."
" ... si y veut pas me la
donner, je la prends quand même, et
là, je m'éclate.."
le cadre
représente aussi des contraintes sur
l'aspect extérieur:
"... faut être bien
habillée, bien coiffée tout le temps,
bien maquillée, faut être bien
vue...faut pas faire la tête, la tronche...
"
" ... quand tu vas chez un
patron, faut pas être maquillée
n'importe quoi, avoir les cheveux en l'air,
fringuée en jean arraché, comme une
babanne.."
il fait l'objet de
jugements
" ... tous les patrons y
jugent au niveau de la tête et des
vêtements, c'est infaillible
ça..."
"... mon patron, y me
jugeait car j'avais une boucle d'oreille et pis mes
vêtements, y me disait que c'était pas
bien, ça faisait trop
babanne..."
"...quand je l'ai
rencontré, il a été
choqué quand y m'a vu, c'était ma
tête qui lui revenait pas..."
c'est pourquoi il
est contesté :
"... moi, je trouve que
c'est injuste, c'est injuste, la personne aime
s'habiller comme elle veut, quoi, on est dans un
pays libre, on est libre, y a une
démocratie, on s'habille comme on veut, on
fait qu'est-ce qu'on veut..."
" ... je vais la mettre
à l'endroit (la casquette), ou comme je
veux..."
"...j'avais un jean
troué et un blouson Scott, de la bonne
marque quand même..."
et donne, alors, des
occasions de provocation :
"... moi, les patrons je
les teste pour savoir. Des fois, j'arrive 2 ou 3
fois en retard et aussi avec la boucle d'oreille.
Quand y m'a fait une remarque, j'en ai mis
plusieurs, toute une barrette. Y m'a dit ici, c'est
pas la rue, c'est le domaine travail. Tu vois,
comme ça je connais son caractère, sa
façon de penser quoi..."
"...on avait acheté
3 bouteilles et on les a bues, je me suis fait
virer. Y m'ont dit que j'étais plein, mais
c'était pas vrai, y savent pas ce que c'est
être plein, 3 bouteilles, c'est
rien..."
Le cadre, c'est
aussi un mode de relation qui implique une
reconnaissance de la hiérarchie
.
"c'est un patron, on va
pas dire "tu", on va dire "vous", je dis vous
à tous mes patrons même s'il est
gentil avec moi... "
ou, au
contraire la recherche d'un terrain
d'égalité
"... ça
dépend si le patron me dit que je peux dire
"tu". Une fois, j'ai dît "tu" et le patron
m'a dit on a pas élevé les cochons
ensemble. Mais lui il peut me dire "tu", moi
ça me dérange pas, mais lui,
ça le dérange..."
" ... je le tutoyais parce
qu'il était bien, quoi..."
et parfois, de
moyens de séduction :
" ... je vais m'habiller
sexy. Faut que je sois belle. Je sais pas, avec un
caleçon, un truc à la mode. Je vais
mettre les cheveux frisés,
lâchés, bien, tranquille. Etre belle,
c'est bon..."
Ces
différents exemples montrent que
bien des jeunes connaissent le cadre
(horaires, habillement ... ) mais
cherchent à y échapper parce
qu'ils n'en ont pas compris le
bien-fondé.
|
|
LE
CADRE:
LES
REPRESENTATIONS DES CHEFS
D'ENTREPRISE
|
L'aspect extérieur
des jeunes provoque, chez certains patrons, de la
méfiance
"...quand je reçois
un jeune, je regarde s'il porte des boucles
d'oreille, s'il a des chaussures propres. Les
cheveux aussi sont un critère, pas de
cheveux longs..."
car, outre le
sentiment d'avoir, parfois, l'impression qu'on leur
manque de respect
" ... il n'enlève
même pas sa casquette quand il rentre dans
mon bureau..."
il peut surtout
être un obstacle dans un cadre professionnel
:
" ... l'aspect physique
est important car le métier exige un contact
constant avec une clientèle. Nous voyons
arriver des jeunes filles qui ne sont guère
féminines, avec des couleurs de
vêtement tristes..."
".Les conditions de
travail exigent un soin et une propreté des
cheveux permanents suite à la chaleur et aux
émanations d'odeur et de vapeur. Elle n'a
pas paru manifester de souci dans ce domaine...
"
"....elle a une allure
triste, elle fait malheureuse, c'est pour ça
que je ne l'ai pas mise au bar... ... ils ont des
tenues vestimentaires qui
pèchent..."
"... on l'a pas mis en
relation avec les clients à cause de sa
coupe de cheveux..."
Le comportement
vis-à-vis des horaires est, pour eux, une
mesure de la motivation des jeunes
:
"...il est
irréprochable en ce qui concerne
l'assiduité et la ponctualité,
surtout en fin de journée. En effet, il sait
partir à l'heure juste. A 17 heures 30, il
enfile sa veste et il part et j'ai même
l'impression qu'il ne serait pas de bon ton de lui
demander de rester un peu plus
longtemps..."
" ... vous avez des jeunes
qui viennent quand ça leur
chante..."
"... ils ont l'oeil
fixé sur la montre... "
"...les horaires hors
norme leur sont particulièrement difficiles
à accepter..."
Ils sont, parfois,
déconcertés par un certain manque
d'éducation :
"....une fois, avec une
jeune fille que j'avais prise en stage, la
mère qui m'appelle un soir pour me dire que
sa fille ne viendrait pas le jour même car
elle était malade. Pas la fille ! C'est la
mère qui était malade ! Mais le plus
drôle c'est l'heure à laquelle elle
appelle pour prévenir 17 heures !...
"
" ... le soir, il part
sans prévenir, on le cherche, on ne sait pas
où il est, donc on devine qu'il est
parti..."
mais demeurent
intransigeants sur des comportements j'm'enfoutiste
ou malhonnêtes
".-nous avons surpris dans
les réserves des jeunes qui buvaient en
cachette... " "...les jeunes ? vous les voyez assis
sur un carton en train de fumer une cigarette...
".
"..ils ont leurs copains
qui viennent les voir... ".
"..ils se cachent pour
fumer, utilisent les produits pour leurs besoins
personnels, volent..."
On peut
constater par ces quelques exemples que
les chefs d'entreprise considèrent
principalement le respect du cadre comme
une nécessité liée
aux exigences d'un métier et
à leur propre code
moral.
|
|
PRESENTATION
DES CHAMPS SEMANTIQUES: LE
CADRE
|
Représentations
des jeunes illustrant leur connaissance du
cadre
|
Représentations
des chefs d'entreprise illustrant leurs
demandes
|
heure / pas de retards /
coiffée / habillée maquillée /
bien vue / présentable propre / belle /
travail / vous
leur résistance au
cadre
y faut / quitter / excuse /
j'aime pas / pas envie / obligé / pile /j'ai
mal / injuste / libre / je veux / pas normal /
pause / teste / dérange / je
m'éclate
|
critère / coupe de
cheveux / féminine / pas sa casquette /
aspect physique allure / tenue / important /
constant permanent / exige / accepter /
prévenir / soin / propreté souci /
besoin plus longtemps / horaires hors
nonne
|
Une fois encore,
cette distorsion des représentations qui
illustrent, chez les jeunes, leurs
résistances aux contraintes peut
entraîner chez eux des conduites
inappropriées faute d'une juste
interprétation de ces
contraintes.
|
http://www.illettrisme-ressources.com/index.php