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Le statut et la fonction des représentations

dans les situations de formation

Extrait d'un mémoire de Marie Liesse Nimier

             Nous interrogerons le concept de représentation dans sa capacité à éclairer l'acte d'apprendre, d'abord avec Edgar Morin puis avec Gérard Malglaive, Piaget et Damasio.

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             Edgar Morin explique ce qu'est une représentation en disant qu'elle est " une synthèse cognitive - il y a donc un aspect cognitif dans la représentation - dotée des qualités de globalité, de cohérence, de constance, de stabilité - si la représentation est stable et cohérente il est, par conséquent, difficile de la faire changer, ce qui explique la difficulté de tout apprentissage - elle (la représentation) est obtenue par un processus de construction - c'est donc la personne qui construit sa propre représentation à l'intérieur d'elle-même car elle ne vient pas de l'extérieur, par exemple de l'enseignant ou du formateur - à partir du résultat de l'action du réel sur nos sens - la représentation a donc bien quelque chose à voir avec la réalité - mais également des acquis de notre mémoire ".

             Autrement dit, la représentation est le processus d'une activité de construction mentale du réel. Cette élaboration s'effectue à partir des informations que l'individu reçoit par l'intermédiaire de ses sens mais aussi des acquis liés à son vécu, à ses expériences personnelles, à son éducation, à sa culture, aux relations entretenues avec autrui au cours de son histoire et qui demeurent gravées dans sa mémoire. Ces informations sont codées, organisées, catégorisées dans un système cognitif global. Tout à la fois, les représentations antérieures filtrent, trient et élaborent les informations reçues et, en retour, peuvent parfois être complétées, limitées ou transformées, ce qui donne naissance à de nouvelles représentations.

 

             Gérard Malglaive reprend également cette description de l'appareil cognitif avec la notion de Système de Représentation et de Traitement (SRT) . Il explique les deux étapes qui constituent le fonctionnement du système mental.

- Une étape d'assimilation qui consiste à prendre une situation nouvelle et à " digérer " cette situation dans le cadre déjà construit.

- Une étape d'accommodation qui consiste à modifier le cadre sur les caractéristiques de la nouvelle situation.

             On peut comparer cette description à celle de deux pistons qui marchent en alternance et qui sont la base du processus d'apprentissage.

 

             On retrouve ces deux mécanismes indissociables dans la théorie développée par Jean Piaget pour expliquer le fonctionnement de l'intelligence. Pour lui aussi, l'accommodation est un aménagement des structures cognitives ou des connaissances en fonction de nouvelles données et l'assimilation, un mouvement d'intégration d'éléments de l'environnement à l'intérieur de l'individu. Il introduit en outre, la notion d'équilibre en expliquant qu'il peut y avoir perturbation quand il y a contradiction entre les représentations déjà construites et les informations nouvelles qui arrivent. C'est le conflit cognitif, c'est-à-dire le moment où l'assimilation ne fonctionne plus de façon efficace pour préserver l'équilibre et où l'accommodation se met en marche pour permettre l'adaptation qui engendrera un nouvel équilibre . Le conflit cognitif s'inscrit donc dans un acte où " apprendre " se définit comme un processus évolutif de modification et d'appropriation du réel.

 

             D'après Edgar Morin, les reconstructions se font également à partir " de nos fantasmes, qui nous font privilégier certains aspects plutôt que d'autres ".

             Ainsi, tout individu en percevant des éléments du " réel " va mobiliser différents éléments personnels chargés de fantasmes et de pulsions pour construire des outils avec lesquels il va penser et agir. La rencontre entre des éléments matériels constitués par nos impressions du monde extérieur et des éléments formels fournis par notre subjectivité implique une interaction cognitif / affectif dans la construction du système de pensée. La subjectivité, fruit de l'imaginaire, de la sensibilité, constitue la partie affective qui va activement participer à la mise en place de mécanismes de défense dominants.

             Ainsi, les outils de pensée s'organisent et se consolident en fonction de ces mécanismes et le système devient extrêmement rigide. Sa construction se fait à l'intérieur de l'individu et échappe à la conscience et à la rationalité. Elle induit pourtant les opinions, les attitudes et les actes de l'individu. En d'autres termes, le choix du comportement qui va être adopté est fonction de la représentation qui est faite sur tel ou tel " objet ".

 

La conception d'Antonio Damasio complète ces théories sur le fonctionnement du système cognitif quant il déclare qu'

" il ne semble pas judicieux d'exclure de l'explication du fonctionnement mental la capacité d'exprimer et de ressentir les émotions. Cependant, c'est ce que font bon nombre d'interprétations des processus cognitifs, pourtant scientifiquement reconnues, qui ne prennent tout simplement pas en compte les émotions et leur perception. On considère généralement que la capacité d'exprimer et de ressentir des émotions ne concerne que des entités insaisissables, qui ne méritent pas qu'on y prête autant d'attention qu'au contenu tangible des pensées bien que ce dernier soit néanmoins affecté par elles. La perception des émotions, en raison de ses liens inextricables avec le corps, se manifeste en premier au cours du développement, puis garde une prééminence qui imprègne subtilement notre vie mentale. Puisque le cerveau est le public obligé du corps, la perception des émotions l'emporte sur les autres processus perceptifs. Et puisqu'elle se développe en premier, elle constitue un cadre de référence pour ce qui se développe ensuite, et par là, elle intervient dans tout ce qui se passe dans le cerveau et notamment dans le domaine des processus cognitifs. Son influence est immense "

 

.             Il semble donc nécessaire d'intégrer la dimension affective dans l'acte d'apprendre, car elle peut réveiller chez l'apprenant des situations d'apprentissage passées vécues comme traumatisantes.

Dans un tel cas, la représentation peut devenir un frein, pour ne pas dire un obstacle à l'apprentissage. Dès lors, si cette phase de réminiscence, de souvenir n'est pas soutenue, accompagnée, l'individu peut entrer dans une phase de retrait, de refoulement de la représentation, de rejet de ce temps d'errance, de flottement entre l'investigation et la structuration du nouveau savoir.

             Il convient de situer le statut et le rôle des représentations dans les situations de formation comme éléments constitutifs de mécanismes de résistance et d'adaptation du sujet-apprenant.

             Nous retiendrons également que la confrontation des représentations d'un individu avec celles portées par l'environnement agit, certes, sur l'identité cognitive, mais aussi sur la personnalité psycho-affective ; apprendre devient ainsi un acte intrinsèquement personnel où l'apprenant doit être en mesure de supporter non seulement les mises en question de ce qui a fait ce qu'il est devenu, mais aussi les risques de tout engagement dans l'action.

Voir: Représentation de l'illétrisme et du phénomène illettrisme
 

Voir également:

Dossier illettrisme

http://www.illettrisme-ressources.com/index.html

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