Quelques
définitions
apportées
par différents auteurs du 20 ème
siècle et qui donnent un premier
aperçu du concept.
- Robert Lafon,
linguiste universitaire de profession et
historien désigne la didactique comme
l'art d'enseigner exercé par un adulte
(1963).
- Pour Henri
Piéron, créateur de l'Institut
National d'Orientation Professionnelle
(INOP) qui deviendra plus tard l'INETOP, la
didactique est une science auxiliaire de la
pédagogie relative aux méthodes
les plus propres à faire acquérir
telle ou telle matière (1963).
- Quant à Gaston
Mialaret, président du Groupe
Français d'Education Nouvelle (GFEN)
et l'un des créateurs des sciences de
l'Education en France, la didactique correspond
à l'ensemble des méthodes,
techniques et procédés pour
l'enseignement (1979).
- Citons
également Adrien Douady, grand
mathématicien français, pour
qui la didactique des mathématiques est
l'étude des processus de transmission et
d'acquisition des différents contenus de
cette science décrivant et expliquant les
phénomènes relatifs aux rapports
entre son enseignement et son apprentissage.
(1984) .
Ainsi, pourrait-on dire que la
didactique est la science qui
s'intéresse aux méthodes et aux
contenus des enseignements en étudiant
comment les contenus d'une discipline sont
transmis et comment les élèves
se les approprient.
Si la didactique s'intéresse au
contenu d'une discipline, elle consiste
à en repérer les principaux concepts
qui s'y rattachent, à les explorer en
s'intéressant à leur histoire,
à leurs évolutions respectives et
à la façon dont ils ont trouvé
leur place dans l'enseignement.
La didactique étudie donc le
fonctionnement de ces concepts et les pratiques
sociales auxquelles ils renvoient ainsi que les
pratiques pédagogiques qu'ils sous-tendent.
Elle conduit alors à comprendre les
exigences d'un enseignement. Par
l'intérêt qu'elle y porte et les
activités de repérage, d'exploration,
d'étude et de compréhension, la
didactique semble bien qualifier une recherche qui
se rapporte à l'enseignement . C'est parce
qu'elle est à distance de
l'immédiateté pédagogique
qu'elle peut analyser l'objet du savoir à
travers ses différentes composantes et
définir les stratégies pour son
enseignement. Si on en conclut que la didactique
cherche à assurer la transmission optimale
des connaissances propres à une discipline,
on se place alors, exclusivement du
côté de l'enseignant.
Il apparaît cependant que
cette
science a
évolué
car elle ne s'intéresse plus
uniquement au "comment enseigner", elle tente
aussi de comprendre ce qui se passe dans la
tête de l'élève,
c'est-à-dire le "comment apprendre".
Ce déplacement au côté de
l'apprenant met en garde contre ce qu'on
pourrait appeler les effets " pervers " de la
didactisation ou du processus enseigner car,
plus l'enseignant se centre sur le savoir
qu'il enseigne, moins il laisse de place
à l'apprenant pour que ce dernier
construise lui-même le savoir à
apprendre.
" Enseigner " et
" Apprendre "
Citons, à ce propos, un extrait
du traité des sciences et des techniques de
la formation qui décrit les situations dans
lesquelles on veut transmettre, enseigner,
instruire, former, transformer :
" De
l'extérieur, on tire
l'élève hors de son état
d'enfant, on le dirige, on le modèle,
on l'équipe. Le savoir est
organisé et l'éducation
consiste en l'application de productions
externes destinées à le former.
On divise la matière à
enseigner en éléments qui
seront autant d'instruments grâce
auxquels s'exercera l'action de l'enseignant
sur le formé. Les méthodes
traditionnelles (expositives,
démonstratives, voire interrogatives)
correspondent le plus souvent à cette
catégorisation et l'on parle alors de
transmission de savoirs ".
La décomposition de la matière
(discipline) en différents
éléments distincts
c'est-à-dire, l'organisation de ce savoir en
vue de sa transmission ou dit autrement, la
transformation d'un " savoir savant " en un
" savoir enseignable " correspondrait donc,
pour une part, au travail didactique que
réalise l'enseignant.
Poursuivons la lecture de cet
l'extrait :
"
dans l'autre perspective, les
pédagogues mettent l'action propre du
sujet apprenant à l'origine de toute
connaissance. Pour cette raison, on dit
actives les méthodes qu'ils
préconisent, dans la mesure où
l'apprenant est lui-même, l'artisan de
sa propre construction. L'individu agit par
son action elle-même. Le
déterminant de l'action est
l'apprenant ; et l'objet, qui sert à
l'éducation, est soumis à ses
initiatives. On parlera alors d'acquisition
et de construction de connaissances
".
Il est donc aussi question de
méthodes qu'elles soient
expositives sous la forme d'un exposé
magistral, démonstratives avec des
exercices d'application, interrogatives dans
le cadre de questions - réponses ou
actives avec des situations où
l'action et l'initiative de l'apprenant
prédomineront.
Les choix techniques
opérés par l'enseignant en fonction
des éléments de connaissance qu'il
souhaite transmettre relèveraient aussi du
champ didactique. Ainsi, le " jeu " qui se
mène entre l'enseignant,
l'élève et le savoir ou leur mise en
relation semble pouvoir composer un
système
: le système didactique .
La relation
entre la pédagogie et la
didactique
reste toutefois un point à
éclaircir. En effet, la didactique
mentionnée comme science auxiliaire de la
pédagogie laisserait-il entendre une forme
de complémentarité entre les deux et,
si tel est le cas, qu'est-ce qui les distingue
alors ?
Appuyons-nous à nouveau sur
quelques définitions. Jean-Marie Labelle,
maître de conférences en sciences de
l'éducation à l'Université
Louis Pasteur de Strasbourg déclare que
la pédagogie est la conduite ou
l'accompagnement de celui qui s'éduque. Il
met l'accent sur les aspects relationnels de
l'apprentissage. Pour Georges Lerbet, directeur de
la collection " Cognition et Formation ", si la
didactique procède de la gestion de
l'information, le domaine de la pédagogie
est celui de l'économie de la
médiation ou de la communication" . Pour
Jean Claude Filloux, la pédagogie d'abord
" art " est devenue " science
d'éduquer " car il s'agit de
développer un corps de connaissances sur la
problématique psychologique en jeu dans le
rapport enseignant / enseigné de même
que sur le rapport de l'apprenant aux contenus.
Enfin, pour d'autres auteurs, on trouve un lien de
subordination de la pédagogie à la
didactique parce que la première
constitue la composante appliquée de la
seconde.
Puisque la didactique est
étroitement rattachée à
une discipline, on pourrait la situer comme
la dimension qui s'intéresse au
phénomène " apprendre
quelque chose " ce qui nous
amènerait à considérer
la pédagogie comme la dimension
qui s'intéresse plus
particulièrement au
phénomène " apprendre
quelque chose à quelqu'un
".
Dans cette optique, c'est aussi la
relation entre l'enseignant, l'élève
et le savoir qui est en jeu et qui compose une
situation : la situation pédagogique.
La pédagogie met donc davantage en avant la
posture de l'enseignant dans l'action, son style et
sa manière d'agir pour être un
facilitateur, un médiateur de
l'appropriation des savoirs par des apprenants.
Même si les champs d'application
de la didactique et de la pédagogie peuvent
être souvent confondus ou se chevaucher, nous
présenterons en synthèse d'une part,
ce qui nous semble représenter les
principales caractéristiques qui peuvent
contribuer à différencier ces deux
concepts et, d'autre part, le triangle
pédagogique de J. Houssaye , auteur de
nombreux ouvrages de sciences de
l'éducation, qui met en schéma la
situation de formation par un positionnement de
différents éléments
évoqués dans cette page.
CARACTERISTIQUES
DIDACTIQUE
|
PEDAGOGIE
|
Relève
d'une recherche
disciplinaire
|
Relève
d'une mise en uvre
pratique
|
Centrée
sur le contenu
|
Centrée
sur l'action
|
Information
|
Communication
et médiation
|
Enseignant /
Savoir
|
Enseignant /
Apprenant
|
Aspects
cognitifs
|
Aspects
relationnels
|
Prise en compte
de l'objet
|
Prise en compte
du sujet
|
SCHEMATISATION
|
SAVOIR
|
|
TRAVAIL DIDACTIQUE
|
|
RAPPORT AU SAVOIR
|
ENSEIGNANT
|
RELATION PEDAGOGIQUE
|
APPRENANT
|
|