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Les tensions systémiques

 Ces réformes qui nous tombent dessus

 

           <<Tous les mois (et en particulier durant les vacances!) arrivent de nouvelles réformes. Elles nous tombent dessus. L'une paraissant détruire l'autre. Comment faire face à tous ces changements qui paraissent sans liens, sans suite, dépendant d'un changement ministériel et compliquant notre travail , en tous cas en nous en rajoutant toujours? >>

C'est ce que ressentent certains enseignants:

           <<Bonjour, je dois débattre sur les parcours croisés ? découvertes ? mardi dans mon collège !!!! j'aimerais votre avis sur ce nouvel avatar de l'Education nationale . avez-vous des infos ? des expériences ? connaissez-vous les retombées sur les horaires actuels ( je suis en Maths et on nous a déjà sucré 1/2 heure sur les anciens horaires pour se lancer ds les parcours diversifiés !! on est au minimum ) pour ma part je considère que c'est un boulet de plus au pied . faut-il se lancer maintenant alors qu'un prochain ministre sera très certainement ( vu le B... actuel ) en poste en mars prochain ?? merci de vos avis éclairés et souhaitons nous bonne chance !! >>

 

Essayons de proposer une lecture des évolutions actuelles

pour nous permettre de donner du sens à ces changements

           D'une part, certains parlent d'une crise qui provoque émiettement, clivage, morcellement de la société.

             Il est souvent question:

- de " l'inquiétude du retour au sujet ", à "l'individualisme"

« d'hétérogénéisation », « d'état d'émiettement de la société »,

-du « temps des tribus », de « mitage »: les guerres locales, de tribus, d'ethnies.

- de « fragmentation » des savoirs,

- de « paradigme identitaire qui s'effondre », en particulier les "identités professionnelles",

- de " l'apparition des particularités régionales ", des "langues régionales", "locales",

- du "souci de différenciation des individus " qui oblige tel fabricant, par exemple, à sortir en même temps dix-neuf modèles différents de voitures.

 

             Les diverses réformes dans l'Éducation Nationale peuvent alors apparaître dans cette optique comme autant de fragments sans cohérence, au bon vouloir d'un ministre peu assuré du lendemain.

           D'autre part il existe des phénomènes de globalisation.

             Dans de nombreux domaines, nous sommes spectateurs d'une globalisation inquiétante.

             Dans le commerce, les emplois fuient par délocalisation, le centre des échanges se déplace de l'Atlantique vers le Pacifique. L'arrivée de l'Euro a globalisé la monnaie.

             La dérèglementation et le décloisonnement des marchés financiers, accélérés par l'informatique, préparent un marché mondialisé qui paraît échapper à tous.

             La télévision nous permet de vivre les évènements situés en n'importe quel point du globe, en temps réel.

             Maintenant, « Quand on s'appelle Gates, on pense « global », on compte en milliards de dollars et on ne vise qu'un marché : la terre ». ( L'expansion, 25 juillet 96, p.12)

             L'information se globalise. (Internet). Plus généralement, se constituent des réseaux scientifiques et technologiques qui relient les centres de recherche et les grandes entreprises et qui , à la fois, aident au progrès, mais, parfois, accentuent les inégalités. Ces réseaux sont aussi utilisés pour des activités criminelles qui passent ainsi les frontières.

             Dans cette optique les réformes peuvent paraître une "libération sauvage" qui nous échappe complètement .

            Ces constatations, plus ou moins évidentes ou familières à beaucoup, masquent peut-être une globalisation moins large mais importante tout de même, dans d'autres domaines ;

             En médecine: on ne soigne plus « un cancer » mais une personne qui a un cancer. On peut lui proposer à côté d'un traitement chimique, une psychothérapie. Les médecines douces n'ont-elles pas tiré leur succès de leur prise de conscience plus rapide de ce besoin? En France, la centration actuelle,par certains, sur les psychotropes représenterait une dernière résistance à cette globalisation de la personne...

             La publicité, elle-même, a compris depuis longtemps qu'il ne fallait pas s'adresser seulement à la raison mais également au cœur...

             A propos du temps: Autrefois les découpages du temps étaient nets : il y avait le temps des études, celui du travail et celui de la retraite. On parle maintenant de formation continue durant toute la vie, de temps choisi, de mi-temps, de temps libre, d'année sabbatique... On parle, de même, de globalisation annuelle des horaires. Le télétravail ne permet plus très bien de distinguer le temps chez soi et le temps au bureau.

             La logique mathématique, elle-même, s'y met : de binaire (discrète) , elle devient continue sur le segment global [0,1] pour devenir alors la logique floue.

             L'hypertexte casse la linéarité du texte et permet d'en avoir la globalité à sa portée, à tout instant.

             La frontière entre les disciplines tend à disparaître: biologie, chimie et physique se rapprochent; les nanotechnologies unissent la mécanique et l'éléctronique. (voir Le Monde du 19/1/02)

 

             On pourrait dire que, partout, insensiblement, la vision d'une réalité morcelée, découpée, linéaire, évolue vers une représentation plus globale.

             Ou encore que des plans différents apparaissent interagissant entre eux: ainsi les "neurosciences" peuvent être considérées comme un plan intermédiaire entre la "biologie" et le plan du psychisme (psychanalyse), ces plans ne pouvant plus être "isolés".

 

Plus exactement,

          Il existe une tension entre : cette tendance à la globalisation et la fragmentation décrite plus haut;

une tension entre le « local » et le « global ».

             L'évolution actuelle pourrait encore être considérée comme l'expression du passage d'une conception purement « analytique » à une conception «systémique » du monde avec ses différents plans interagissant les uns sur les autres dans laquelle on prendrait en compte les tensions existantes.

 

Le risque c'est de nier ces tensions en supprimant une polarité:

-Comment tenir compte du marché global des films sans nuire à la diversité culturelle locale (voir la polémique de Jean Marie Messier)

-Comment reconnaître les langues régionales (locales) sans nier la langue nationale (globale)?

-Comment permettre un marché mondial sans uniformiser tous les produits et ne plus respecter les productions locales?

-Comment garder une globalité de l'Éducation Nationale (diplômes, mutations, programmes...) tout en permettant une adaptation locale au plus près des personnes (quel degré de décentralisation)?

Tout cela se traduit par des "tensions"

             Il n'est pas toujours facile de tenir les deux bouts de la chaîne, de tenir compte du local et du global par exemple.

 

             Les extrémistes (politiques, religieux, etc...) sont des personnes qui justement ne supportent pas les tensions. Ils préfèrent, par exemple, choisir une force et nier l'autre sur des sujets tels que:capital/travail; marché/Etat; compétition/solidarité.

             Assumer les tensions c'est accepter la complexité de la réalité, ne pas chercher à la simplifier trop. Accepter de penser que les autres qui ne pensent pas comme nous ont aussi une part de vérité. En un mot avoir la tolérance comme "valeur".

 

Selon le principe hologrammatique utilisé par Edgar Morin

« Le tout est d'une certaine façon inclus (engrammé) dans la partie qui est incluse dans le tout. >>

             Ainsi l'école est dans la société, et la société est présente dans son école : les tensions de la société se retrouvent donc ainsi dans l'école.

             Les résistances que nous sentons en nous à l'égard des réformes multiples ne sont alors que l'expression d'un désir d'équilibre de ces tensions existantes dans l'adaptation aux changements du monde.

Finalement deux sentiments coexistent en moi

- A la suite de Freud, conscient de cette blessure narcissique et de cette incapacité à maîtriser notre histoire personnelle, je me demande si nous ne nous faisons pas illusion en prétendant influencer l'évolution de la société ?

Ne nous échappe-telle pas de toutes façons ?

<<Dans un sens, c'est le système entier qui, par sa fragilité interne, prête main-forte à l'action initiale. Plus le système se concentre mondialement, ne constituant à la limite qu'un seul réseau, plus il devient vulnérable en un seul point (déjà un seul petit hacker philippin avait réussi, du fond de son ordinateur portable, à lancer le virus I love you, qui avait fait le tour du monde en dévastant des réseaux entiers). Ici, ce sont dix huit kamikazes qui, grâce à l'arme absolue de la mort, multipliée par l'efficience technologique, déclenche un processus catastrophique global.>> Jean Baudrillard; Le MONDE 3/11/01

- Malgré tout, croyant à une influence possible de l'homme sur la société, il me semble probable que la prise de conscience de toutes ces tensions, c'est-à-dire, en définitive, de la complexité de la réalité, peut avoir des effets positifs.

 En effet, nous avons constaté dans nos stages, que:

la prise de conscience :

- de la complexité des personnes amène une tolérance à l'égard de l'autre, une acceptation plus grande de la différence vécue comme non dangereuse,

- de la complexité des systèmes et des institutions, amène à une compréhension des difficultés que peuvent avoir leurs managers.

Alors, il faut trouver l'endroit où agir sur ce système pour être efficace.
 

           On pourra étudier certaines tensions (il y en a d'autres) de notre institution Éducation Nationale

* La personne comme système de tensions internes

 

Tensions entre le rôle et la personne *

*Tension entre inovateurs et administratifs

Tensions personne/groupe

 

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<<Comme toujours un concentré d'intelligence. Une approche de la problématique qui renvoie à la notion de tension. Or il y a un problème du systémisme avec cette notion tension qui est entendue implicitement comme une force, ce qui entraine à des notions d'équilibres ou "déséquilibres dynamiques" qui nous amènent en plein mécaniscisme. Le systémique est alors un néo mécanisme. Pourtant même la physique ne sait pas ce que c'est qu'une force. Pour l'Humanisme Méthodologique on peut trouver plans pour des "tensions" qui sont tensions humaines. Celui des Sens qui relève de la dimension spirituelle de l'humain. Celui de l'existence où on retrouve différentes manifestations des Sens comme tensions. On va trouver les tensions intentionnelles comme endogènes, celles du sujet (et leur diversité). Les tensions attentionelles comme tensions exogènes attractives de l'objet (d'attention). Les tensions qui résultent de la conjugaison des deux dans l'extension ou projection dans le devenir. Elles sont aussi vécues comme affectation réciproque (le champ de l'affectivité). On retrouvera aussi la tension force, factuelle; la tension qui fait trajectoire et tous les champs où tout cela fait mouvement. Tout cela pour dire la complexité de cette notion qui ne suffit pas à comprendre le lien entre l'unité et la diversité, le semblable qui est à la fois autre et même, en humanité. Une approche de la question http://?journal.coherences.com/?article396.html >>

<<Bravo Jacques. Toujours présent sur l'essentiel du moment>>

<<Pour l'heure les différentes réformes ne visent qu'une chose : faire de l'éducation un produit et de ce fait le traiter comme tel.Plus question de culture, de solidarité, de rééducation, de formation,mais des couts à réduire, des objectifs à atteindre. L'éducation comme l'industrie doit être rentable et comme tout commerce rentable à ceux qui en font commerce et pas pour ceux qui la consommeront. Le business des éditions scolaires, la diminution du nombre d'enfants scolarisés en petite section sont là pour nous rappeler une donnée essentielle aujourd'hui: vos enfants doivent nous rapporter plus et nous faire dépenser moins. La culture et l'éducation sont des luxes que certains maintenant ne peuvent plus s'offrir et la disparition de l'ascenseur social en est la preuve. Issu d'un milieu modeste, il est certain qu'aujourd'hui , je ne pourrai pas bénéficier du système éducatif qui m'a été offert il y a trente ans, qui portant ne bénéficiait pas des lumières de moults chercheurs en pédagogie et ne se fixait pas des objectifs innombrables et des livrets de compétences détaillés à l'excès. Alors c'est la faute à la mondialisation? Pas sûr, une mondialisation humaniste et solidaire est envisageable.>>

<<Bravo ! comme d’hab !!>>

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