Élire,
c'est perdre
Elire, c'est retenir
parmi tous les possibles, l'élément
qui me correspond le mieux. Parmi tous ces galets
qui jonchent la plage, l'enfant en retiendra un qui
présente, à ses yeux, une
singularité et ses aspirations à la
belle forme, à la belle couleur, à
l'étrangeté. La condition de
l'élection est la nécessaire
variété. Elire, c'est choisir.
Choisir, c'est renoncer à tous les possibles
pour un seul. Renoncer, c'est perdre. "Omnis
determinatio est negatio" (Spinoza).
S'abstenir.
Universel/Particulier
Le galet retenu me
re-présente donc pour tout ou partie. Il est
une partie de moi qui se met hors de moi. Il me
présente sur un autre mode qui est le mien
tout en l'étant moins. Ainsi dans la
re-présentation le particulier passe-t-il
à quelque chose qui peut devenir universel,
au moins du général ou simplement
partagé.
Même et
Autre
Ainsi, dans
l'élection, de moi-Même je produis de
l'Autre. Ce n'est possible que dans une
démocratie. Dans la royauté, le Roi
re-présente Dieu , il est le lieutenant,
tenant lieu, de Dieu. Comme le dit Marcel Gauchet,
ici c'est le fondamentalement Autre, ici Dieu, qui
produit l'unité d'un peuple se retrouvant en
lui, du Même donc. Dans l'élection par
le Peuple, celui-ci produit du Même
c'est-à-dire qu'il se retrouve uni dans
celui ou ce pour quoi il a voté. Le pouvoir
est donc la représentation du Même et
dans ce mouvement de représentation, il
devient suffisamment Autre pour être garant
du Même
Agir
L'action politique, et
toute action en général, est tragique
car par sa logique propre elle engendre pour son
auteur des conséquences dont il ne s'est pas
douté. Ainsi, les moyens viennent-ils
contrarier les fins et les intentions. Et les
promesses.
Promesse
Elle est donc intenable
puisqu'à son stade, on ne peut
prévoir les effets propres de l'action. Elle
est intenable encore parce que tenue, elle
réduit le manque et par conséquent
l'espérance. L'homme - et la femme -
politique ne peut donc que mentir, pour conserver
l'espoir. La promesse dit le souhaitable, l'action,
le possible.
Individualisme
On pose la
société comme individualiste alors
qu'à y regarder de près jamais elle
n'a été aussi collectiviste ou
"collectivisatrice ". C'est-à-dire que se
sont multipliées le situations où
nous sommes ensemble sans l'avoir voulu :
supermarché, embouteillage, parc commercial,
parc de loisirs
Nous sommes rarement seuls et
quand nous le sommes c'est encore ensemble. Nous
sommes des millions d'êtres " alone together
" à regarder au même moment, dans la
même posture, le même écran.
L'individualisme moderne, c'est la
séparation des individus dans des formes
collectives.
Autonomie et
indépendance
Souvent confondues.
L'indépendance me permet de me
déplacer seul sans dépendre de
quelqu'un. Ainsi l'automobiliste est
indépendant. On confond auto-mobile avec
auto-nomie. Auto-nomos se fixer des règles
auxquelles on va se tenir et se les fixer
collectivement. L'usage de la technique
développe l'hétéronomie.
C'est-à-dire l'évolution des
individus dans des cadres qu'ils ne se sont pas
construits tout en demeurant indépendants
à l'intérieur.
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