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MATHEMATIQUE ET AFFECTIVITE  AU QUEBEC

             Nous avions participé en 1979 à une recherche et une publication;

"Atelier de lectures sur les attitudes des élèves à l'égard des mathématiques" dirigées par Richard Pallascio dans le cadre de PERMAMA (formation continue Québécoise). Cette recherche avait été faite grâce à un questionnaire (Voir le Questionnaire et les résultats)

             L'équipe de Richard Pallascio et de Louise Lafortune présente maintenant un ouvrage collectif:

"Pour une pensée réflexive en éducation"

Ed. Presse de l'Université du Québec(2000)

             Nous vous présentons des passages d'un chapitre:"Approche philosophique des mathématiques et affectivité"

             Ce travail est, bien sûr, fait dans une culture plus proche de l'américaine que de certaines cultures européennes, mais il est justement intéressant de percevoir les convergences.

 

CONCLUSION

             Dans une recherche qui se termine (CRSH, 1997-2000) actuellement, nous visons à étudier l'évolution de facteurs affectifs (réactions affectives, concept de soi, croyances attributionnelles de contrôle, croyances et préjugés) alors que les enfants expérimentent l'approche de Philosophie pour enfants adaptée aux mathématiques. Pour réaliser cette recherche, nous avons adapté et validé des questionnaires existants portant sur les réactions affectives (Fennema et Sherman, 1976), sur le concept de soi (Harter, 1982) et sur les croyances attributionnelles de contrôle (Skinner, Chapman et Baltes, 1988) ainsi qu'un questionnaire que nous avons conçu portant sur les croyances et préjugés véhiculés à l'égard des mathématiques (Lafortune, Mongeau et Pallascio, 2000).

 

             La collecte de données issue du prétest a permis d'analyser les liens entre les résultats obtenus aux différents questionnaires. Trois constatations ont attiré notre attention: 1) les quatre tests mesurent des aspects relativement différents de l'attitude à l'égard des mathématiques qui peuvent être examinés de façon distincte ou globalement à l'aide d'un indice rassemblant les différentes mesures; 2) seul le test portant sur le concept de soi en mathématiques est significativement corrélé aux résultats au test de mathématiques; 3) le test portant sur les croyances et préjugés est plus faiblement corrélé avec les autres tests reliés aux attitudes (réactions affectives, concept de soi et croyances attributionnelles de contrôle).

 

             Ces résultats nous amènent à proposer des prospectives de recherche. Il serait intéressant de réaliser une recherche où le concept de soi des élèves à l'égard des mathématiques serait étudié auprès d'élèves du début des études primaire à la fin des études secondaires pour mieux saisir son évolution en regard de la réussite en mathématiques. Cela permettrait d'envisager des interventions mieux adaptées à la situation concrète des élèves. Par ailleurs, compte tenu des objectifs du nouveau programme de formation visant le développement de la pensée critique des élèves, il semble nécessaire d'étudier les relations entre les croyances et préjugés et les résultats scolaires en mathématiques autant par une collecte de données quantitatives que qualitatives. Cela permettrait de mieux comprendre l'impact d'un tel programme, comme celui de PPEM, visant à développer la pensée critique des élèves.

 

             Les résultats de la recherche qui se termine permettront de mieux saisir l'évolution de facteurs affectifs lorsqu'un enseignant ou enseignante utilise une approche philosophique en mathématiques afin qu'ils discutent de concepts associés à cette discipline et qu'ils réfléchissent sur les mythes, préjugés, croyances, stéréotypes et idées préconçues véhiculés à propos des mathématiques. Ces résultats permettront de connaître l'influence de cette approche et, ainsi, d'évaluer les possibilités de transfert de cette approche dans l'enseignement des mathématiques tant au primaire qu'au secondaire. (pages 203-204)

CONCEPT DE SOI EN MATHÉMATIQUES: ESTIME DE SOI ET CONFIANCE EN SOI
APPROCHE PHILOSOPHIQUE 

DES MATHEMATIQUES

             Legendre (1993, p. 234) définit le concept de soi comme « l'ensemble des perceptions et des croyances qu'une personne a d'elle-même, ainsi que les attitudes qui en découlent ». Le concept de soi correspond à la représentation que l'individu a de lui-même par rapport à sa capacité d'accomplir une tâche. C'est une notion reliée à l'estime de soi et plusieurs auteurs considèrent que ces deux dernières expressions renvoient à une même réalité. Legendre (1993, p. 234) les distingue: il définit le concept de soi comme « l'ensemble des perceptions et des croyances qu'une personne a d'ellemême, ainsi que les attitudes qui en découlent », et l'estime de soi comme « la valeur qu'un individu s'accorde globalement » (p. 560). Selon Ruel __~1987), le concept de soi se construit à travers les expériences quotidiennes et les comparaisons que l'on fait entre soi et les autres. Les expériences sont perçues d'une certaine façon, interprétées en succès ou en échec, confrontées aux caractéristiques que l'on s'attribue, influencées par les perceptions des autres (ou plutôt par l'idée que l'on se fait des perceptions des autres) et comparées avec ce que l'on perçoit des expériences des autres. On aboutit ainsi à une sorte de synthèse, une image de soi dans un champ d'expérience donné selon le jugement plus ou moins positif que l'on porte sur cette image (Ruel, 1987). En mathématiques, le concept de soi influence la perception que l'élève a de ses compétences dans cette discipline. C'est en quelque sorte la représentation que l'élève se fait de ce qu'il peut faire en mathématiques; le concept de soi peut donc être positif ou négatif, réaliste ou irréaliste. (page 192)

             Dans une recherche déjà terminée (CRSH, 1995-1998), nous avons constaté que l'approche de Philosophie pour enfants (PPE) adaptée aux mathématiques a permis aux élèves de développer des habiletés de pensée complexe (Daniel, Lafortune, Pallascio et Schleifer, 2000). Dans cette même recherche, nous avons réalisé une démarche exploratoire portant sur les attitudes des élèves à l'égard des mathématiques. Nous constatons que, dans une situation où l'enseignante aime les mathématiques et où les attitudes des élèves à l'égard des mathématiques ne sont pas trop négatives, cette approche a permis d'améliorer leurs attitudes à l'égard de cette discipline (Lafortune, Daniel, Pallascio et Schleifer, 2000). Ce dernier résultat étaie notre hypothèse selon laquelle les élèves des classes dont les enseignants et les enseignantes utilisent l'approche de Philosophie pour enfants adaptée aux mathématiques développeraient des attitudes positives à l'égard de cette discipline.

             Nous considérons que cette approche place les élèves dans un contexte réflexif, car elle leur permet de « philosopher » en communauté de recherche sur des concepts philosophico-mathématiques (infini et indéfini, beauté des mathématiques, vérité mathématique, zéro et rien ... ) et mathématiques (existence d'un cube parfait, caractéristiques des figures géométriques ... ), sur des démarches scientifiques, ou encore sur des croyances par rapport aux mathématiques l'enseignante doit tout connaître, il faut un talent supérieur pour réussir ... ). Dans ces communautés de recherche, les élèves partagent leurs points de vue sur les mathématiques et discutent certains mythes et préjugés véhiculés par rapport à cette discipline. (pages 184-185)

Voir: Livres sur la philosophie pour les jeunes par l'équipe québécoise

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