LA
PAROLE
La
parole de celui qu'on écoute n'est
pas seulement composée de
mots. -un versant
cognitif qui est l'ensemble des mots
prononcés effectivement, mais
aussi: - Un versant
qui est comme l'eau courant dans cette
rivière et qui est ce que l'auteur
dit de lui-même par sa parole, par
son ton, ses émotions, ses erreurs,
ses débordements, ses fuites, ses
chemins de traverse, etc... C'est l'espace
subjectif.
Certaines
personnes qui maîtrisent parfaitement ce code
ont un langage qui, en définitive, ne dit
presque rien.
À
l'inverse, d'autres ont un langage tellement hors
code, tellement personnel qu'on ne les comprend
plus.
C'est
une dialectique code-corps
(cognitif-émotionnel)
qui permet la communication.
La parole
infiltre le corps et celui-ci la relaie,
la supplée dans son
message.
Cela suppose
l'écoute de cette partie subjective, sa
voix, ses mots comme " substance sonore "
avant même de prêter attention au
message proprement dit. - Est-ce une
manifestation de puissance pour
m'impressionner ? Est-ce pour lui un "
mur sonore " que je ne peux ni
contourner, ni traverser et qui a pour
fonction de m'empêcher de lui
adresser la parole? - Est-ce un
prolongement de lui-même
qu'il me tend narcissiquement pour que je
l'admire ou pour me fasciner comme le font
certains serpents vis-à-vis de leur
proie ? - Celle-ci
m'est-elle offerte
parcimonieusement de façon
à me la faire désirer
? - S'agit-il
d'un discours fleuve dans lequel je
risque de me noyer ? D'un torrent qui peut
tout emporter ? -S'agit-il de
m'intimider? de m'envoyer un message de
tendresse? - Le ton
est-il charmeur ? dur ? implorant
?
Il y a aussi les
mots utilisés, l'évitement phobique
de certains ou au contraire l'utilisation
incantatoire de certains autres, les lapsus...
Je ne peux entendre
son désir qu'en restant attentif
à ce que cette "masse sonore "
provoque en moi. Exemple:
Une phrase
très banale : " J'ai trois enfants "
peut être prononcée avec beaucoup
d'émotion ; alors qu'une phrase de contenu
apparemment plus angoissant : " Je me fais
chahuter ", peut être
énoncée très
calmement.
Si quelqu'un dit,
par exemple: " Ça ne va pas, j'ai
le cafard ", l'envie de lui répondre "
Tu verras, demain ça ira mieux,il y aura
du soleil et tu reverras la vie en rose ", ne
servira que notre désir de lui dire : "
Je ne veux pas entendre tes ennuis, ton
émotion me gêne."
Cette
émotion est le signe que la parole
exprime cette subjectivité, elle
est un élément important de
ce qu'il me dit et de ce qu'il
désire que j'entende. Ainsi, dans la parole
elle-même, prise comme symptôme,
on peut dire que se
trouvent des nuds d'interactions
cognitivo-émotionnelles
une interaction
entre un code de l'ordre du
cognitif et quelque chose
qui vient de la personne qui est de
l'ordre de l'expression
émotionnelle. (voir
Psychisme) «
Les
mots de nos discours quotidiens ne sont
rien d'autre que magie devenue pâle
» (Freud). Peut-être vaut-il
mieux qu'elle soit pâle : il arrive
que le pouvoir magique des mots soit
dévastateur. Jubilation d'Hitler
quand il découvre en 1919 dans
quelque brasserie munichoise comment la
parole peut fasciner un auditoire : «
Ce dont j'avais toujours eu la prescience
se trouvait confirmé : je savais
parler. » Plus tard ses
éructations contribueront à
faire d'un peuple une masse n'ayant qu'une
seule voix, celle du Führer. Voir le
film de Leni Riefenstahl Le Triomphe de la
volonté et ce qu'en dit Primo Levi
: « Si vous avez vu au cinéma
les dialogues d'Hitler avec la foule, vous
avez assisté à un spectacle
effrayant. Il se formait une induction
mutuelle. Hitler répondait à
la réaction que lui-même
provoquait.
» p.21 "En marge des Jours"
J.B. Pontalis. NRF Ed. Galimard
(2002) <<salam
alikoum wa rahmate allah; un site très
intéressant,très important,je suis
étudiante en psychologie clinique et je le
trouve très efficace.>>
Amina <<Très
fréquente cette manière de
répondre des "banalités", même
affectueuses pour tenter de ne pas simpliquer
dans une relation chargée
daffectivité.>> <<Site
très interessant>>
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