Les paradoxes qui
s'en dégagent
Cette expérience à
provoqué, chez moi, un choc et une réflexion.
J'y ai vu de vrais "paradoxes"
:
-comment
des
formateurs, à la pointe des
nouveautés techniques,
pouvaient-ils se contenter d'utiliser seulement
le procédé de transmission des
connaissances le plus ancien, le plus classique,
qu'est le "cours ex cathedra" (exposé,
exemples, exposé, exemples...) enrichi,
il est vrai, de l'utilisation d'un tableau noir
moderne ( diapos et projections
d'ordinateur)?
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-comment
pouvait-on
envisager de présenter le moyen le plus
"interactif"
,
Internet,
en se refusant
à toute interactivité avec la
salle?
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-comment
pouvait-on
présenter Internet, qui
révolutionne le mode de
pensée,
dans un
discours linéaire, déductif,
exhaustif, alors que, au contraire, celui-ci met
en valeur la réflexion par associations
d'idées (les hyperliens) et participe
à un rééquilibrage entre
les cerveaux droit et gauche (
voir
: la nouvelle
logique)
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J'ai vu, là
encore, le décalage qui peut
exister
entre "le fond"
(la technique la plus en
pointe: Internet)
et "la forme"
(la transmission la plus
ancienne possible, en l'occurrence).
(Voir:
le schéma;
forme-fond)
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La
cohérence
Ceci n'est pas sans
importance:
1°)
Je suis
persuadé qu'une
information ne passe bien que s'il y a
"cohérence" entre la forme et le fond
(c'est ce
que j'appelle le Principe
d'isomorphisme).
Un formateur qui fait une conférence
sur le travail de groupe sans l'organiser
lui-même en proposant des périodes de
travail de groupe, a peu de chance d'avoir de
réels résultats ( "Je vous dis qu'il
vaut mieux faire comme cela, mais je fais
autrement"). L'attitude des formateurs
modélise plus profondément le
comportement des stagiaires ( identification) que
ce qu'ils racontent.
2°)
La technique, à
elle seule, ne peut résoudre une
question.
- Distribuer des télévisions
dans tous les établissements (avec le vieux
fantasme des super prof qui feront des cours, alors
que les autres expliqueront) et les
télés se retrouvent dans les foyers
d'élèves!
- Former les enseignants à
l'informatique (expérience "l'informatique
pour tous", des stages d'un an pour certains
enseignants. ..) et, d'après le rapport de
l'inspection générale, les
ordinateurs restent dans les placards; seul Thomson
en a bénéficié!
- Brancher
lycées et collèges sur Internet, ce
n'est pas suffisant pour que cette technique
produise ses fruits.
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Dans
tous ces cas on ne tient pas compte du
FACTEUR HUMAIN.
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Le changement de technique
s'accompagne
d'un changement dans
l'équilibre
de la personne
qui enseigne,
forme ou subit la
réforme
(les
tentatives de réforme, dans de nombreux
domaines le montrent suffisamment!)
Au cours de cette soirée sur
Internet, je suis sûr que les formateurs ont
été ravis de sentir le public, en
partie, bien sûr (mais quand on fait une
conférence on ne voit que cette partie!),
fasciné par ce qu'ils disaient.
Leur plaisir était, sans doute, dans
cette fascination ou dans le plaisir de celui qui
sait par rapport à celui qui ne sait pas
etc...
Changer
de méthodologie ce n'est pas
seulement changer de technique, c'est
aussi être capable de renoncer
à un plaisir
(séduire,
fasciner, se sentir celui qui sait, qui
comble l'autre etc...)
pour trouver un
nouveau plaisir dans la nouvelle
façon de faire.
|
Ce n'est pas facile, c'est prendre un
risque. Il est plus simple de garder sa
méthode habituelle même si à la
longue elle perd de sa cohérence avec ce qui
est dit.
Le changement de
technique demande un changement dans
l'équilibre de la personne,
(Voir
formation psychologique)
|
Des
questions que je me pose
Est-ce que Internet va
changer les modes de relations?
Quelles sont les nouvelles
"normes" (règles) plus ou moins
inconscientes qui apparaissent dans ces relations?
(non-hiérarchie? tutoiement?...?)
Quelles sont les
caractéristiques de ces relations?
(éphémères? informatives?
superficielles?...)
Internet ne favorise-t-il pas
l'imaginaire (on s'imagine son correspondant plus
qu'on ne le connaît vraiment)?
Internet ne favorise-t-il pas
la "relation à distance" plus
rassurante?
Que recherche-t-on? (des
informations sûrement, mais quoi encore?
être reconnu? montrer qu'on
existe?...)
Ces relations auront-elles
une influence sur les relations "classiques"
(celles où on s'embrasse, se touche, vibre
à une même émotion,
c'est-à-dire où le corps a une
place)? Est-ce qu 'elles les remplaceront? les
exacerberont, au contraire, par un effet
systémique?
Vos idées, vos
impressions m'intéressent; j'en ferai, peut
être, un autre Éditorial.
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Réactions
<<C´est
très intéressant ce que vous avez
écrit sur cette conférence sur
Internet et la coherence qu´il devrait avoir
entre forme et fond . Je me demandais aussi une
chose très semblable . Est il posible
qu´un formateur donne une conférence
sur didactique des mathématiques de deux
heures sur comment on doit construire les
connaissances en interaction et a la fin demande au
public ¿quelqu´un veut poser une
question? Il fait ça seulement par politesse
parce vraiement il n´est pas
intéressé que personne lui pose
aucune question . Il semble être simplement
la forme habituel de finir le conference et le
public sache que au plus on peut poser un ou deux
questions. Je travaille dans une academie de
mathématique virtuel
www.academia-universal.com alors j´ai un peu
d´experience en e-learning . Avec Internet on
devient plus concient de ce qu´on peut et de
ce qu´on ne peut pas faire avec
l´ordinateur .Internet peut nous apporter tout
l´information que nous désirons et
alors je crois qu´il est évident que ce
que devient vraiement important ce n´est pas
l´information elle seule mais
l´abilité de l ´intégrer
avec notre connaissances et qu`elle se transforme
en significative et outile pour chacun . Avec
Internet j´ai devenu plus conscient que
l´apprentissage ce fait pas a pas . Quand un
étudiant me demande que je lui apprenne a
résoudre plusieurs exercices je lui explique
et lui envoie par "mail" seulement le
prémier ; j ´attends sa réponse
et s´il a compris le prémier je
continue avec les autres . Parce que quel valeur a
t´il que je lui résoudre tous si peut
être il n´a compris ni le plus simple ?
C´est semblable a votre conference ... Si
quelqu´un avait une doute importante au
début de la conference Quel profit peut lui
obtenir de la conference s´ il doit attendre
deux heures pour avoir parfois
l´opportunité de poser sa question ?
Enseigner avec Internet m´a chanché ma
point de vue quand j´entre le salon de classe
. Je me réssiste a répeter ce
qu´on a déjà dans les livres
parce que l´information qu´on peut
trouver n´importe où devient moins
importante mais j´éssaie d
´intégrer des connaissances (qu´on
ne trouve pas souvent dans les livres) , de les
faire significatives et je pense a faire tout les
choses que les élèves ne pourront pas
trouver ni dans les livres ni dans Internet .
Pardon pour mes erreurs de français merci
pour m écrire Bien cordialement.>>
Bernardo Camou (Un enseignant de
L'Uruguay)
<<Quelques
réactions "sur le vif", à propos des
questions finales :
- "On s'imagine son
correspondant plus qu'on ne le connaît
vraiment"... Cela a l'air trop vrai pour être
juste... Dans les "relations classiques", en
va-t-il vraiment autrement ?...
- J'observe avec
attention la façon dont mon fils
(bientôt 14 ans) a investi Internet, autour
des jeux en réseau (jeux, mais aussi chats,
sites, ICQ, etc.). Je ne suis pas certain que ses
"copains virtuels" soient plus "imaginaires" que
ses copains "classiques". J'ai parfois l'impression
contraire : moins de hasard, plus de
sélection (y compris "éthique" :
honnêteté dans les jeux,
capacité à aider les
débutants, etc.)... La "nouveauté" la
plus frappante, c'est l'abolition des
barrières d'âge - enfin une technique
qui nous éloigne d'une des pires tares de
notre "ordre" social...
- la "relation
à distance" est-elle vraiment "plus
rassurante" ? Là encore, ce n'est pas si
simple... Cela dépend beaucoup des
systèmes de valeurs des uns et des autres
(et des profils psychologiques sous-jacents ?).
Voir toutes les frilosités (ou pire !) que
suscite l'accélération du
(très ancien) processus de mondialisation...
Voir, plus directement, les fantasmes parentaux
récurrents du détournement de mineur
par Internet !!! Relation à distance =
confrontation à l'inconnu, à la
frustration, à la perte, au
risque...
- l'effet
systémique de renforcement de relations
"incorporées" est plus vraisemblable, mais
j'ai l'impression qu'il est déjà
à l'oeuvre : en ville, où les
relations ordinaires sont plus distanciées
qu'à la campagne d'où je viens, les
relations amicales sont plus "proches", plus
"physiques" (on s'embrasse,
s'étreint...).
- Internet
déplace les frontières (mais il ne
les abolit pas) : dès qu'on l'investit un
peu, on se retrouve dans une nouvelle "nation" : la
francophonie...
- Internet
substitue pour une bonne part une diffusion des
informations sur un mode horizontal ... ce qui
abolit tous les filtres traditionnels ou "modernes"
: édition, médias, mandarinat, etc...
Probablement, à terme, un "bond
démocratique"...>>
<<La relation
à distance plus rassurante, oui,
certainement. Le fait d'être incognito aussi,
l'utilisation de pseudo est monnaie courante sur le
net.
Pour moi, le
principal intérêt d'avoir Internet
c'est de pouvoir écrire, envoyer des images
et des sons en même temps à l'autre
bout de la planète en 3 clics. Et la
rapidité de la chose, plus besoin d'attendre
4 à 5 jours des nouvelles (plus
fraîches du tout) de la famille.
J'ai une amie avec
laquelle je corresponds par mail uniquement et
presque tous les jours. Sans ça, elle ne
m'écrirait que tous les 36 du mois et
encore...>>
Rien ne remplace
deux bras, des baisers, la chaleur d'un corps!Je
viens de lire "des questions que je me pose" et
vraiment ce sont lesquestions qui nous viennent en
tête quand on déborde du cadre
établi,par moi bien sur, de l'utilisation
d'internet.J'ai commencé réellement
à utiliser internet quand mes
élèves ont commencé une
correspondance avec des garçons et des
filles du même âge C'est d'ailleurs le
prof correspondant qui m'a fait connaître
votre site. La première année, nous
n'avions qu'un ordinateur par classe, les
échanges se faisaient mais plus lentement et
j'avais en tête un programme à voir
donc priorité à l'académique.
Les enfants étaient intéressés
mais il n'y a pas eu de réelle base
d"établie. Par contre cette année,
les relations entre les enfants sont
évidentes. Le contact est plus
spontané et le désir de mieux se
connaître est tangible. Ils ont
enregistré des cassettes; entendre la voix
de leur correspondant était important, tout
autant qu'échanger des dessins, des cartes
et même quelques petits cadeaux. On voit que
les enfants ont besoin d'aller au delà du
virtuel. Ils ne se posent pas trop de questions. Je
me suis fait un nouvel ami. De quoi a-t-il l'air?
je veux le connaître. Qu'est-ce qu'il aime,
que fait-il pour se distraire? Est-ce que comme les
enfants, j'ai voulu mieux connaître la
personne qui faisait le même travail que moi
de l'autre côté de l'océan?
nous avions des intérêts communs
puisque les découvertes des enfants nous
fascinaient. Il me plait énormément
ce monsieur de l'autre côté de
l'océan. On aime lire mais pas la même
littérature, les mêmes chanteurs nous
ont émus et il y a le quotidien, les
contraintes de la vie, les rêves et on se
retrouve à raconter nos espoirs sans pudeur
à son nouvel ami. Mais on est des adultes et
les adultes laissent cette
spontanéité aux enfants. Alors ils se
posent beaucoup de questions qui ne les rendent pas
toujours heureux. Cette correspondante par internet
nous permet de mieux connaître les gens je
pense, surtout lorqu'on se sent très attirer
par eux. Dans une même ville, je crois que
l'aspect physique aurait pris plus rapidement le
dessus....Je ne sais pas....ce sont le plus souvent
les mots que j'utilise pour expliquer ce nouveau
sentiment qui est né sur
internet.Voilà un peu brièvement ce
que m'a inspiré votre éditorial
.
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